Les théories de la demande de monnaie
Les théories de la demande de monnaie
Introduction
C’est l’offre de monnaie fait chez les économistes l’objet d’un certain consensus, car le système bancaire lui seul assure la création monétaire et la mise en circulation de la monnaie auprès des agents non financiers, il n’en va pas de même pour ce qui est de la demande de monnaie émanant des ménages et des entreprises. Les autorités monétaires peuvent contrôler approximativement la quantité nominale de monnaie en utilisant, des instruments tels que le taux de réserve obligatoire, les opérations sur le marché monétaire (open market) et le niveau du taux de réescompte. La quantité réelle de monnaie dépend du niveau général des prix, du fait que les agents économiques modifient leurs encaisses monétaires contre d’autre biens et services. Ce sont les encaisses monétaires réelles qui comptent dans la fonction d’utilité des individus. Donc la demande de monnaie s’exprime aussi en termes réels. Construire une fonction de demande de monnaie n’est pas une astuce facile pour esquiver le débat sur les principes de l’économie monétaire. Cela insiste au contraire à s’interroger sur la genèse et le statut particulier de ce bien particulier. Pourquoi les agents économiques détiennent de la monnaie alors qu’elle ne procure aucune utilité directe?
Les économistes mettent l’accent sur l’analyse des comportements des agents économiques non fournisseurs de monnaie. La recherche dans cette direction permet de construire les fondements microéconomiques de la théorie de demande de monnaie: L’approche de l’équilibre général, qui applique la théorie générale de la demande à la de monnaie de monnaie. Alors la demande de monnaie doit être analysée dans le contexte général de la théorie néoclassique du comportement des consommateurs. L’approche par motif de détention d’encaisse qui a critiqué l’approche de l’utilité directe rendue par la monnaie, et postule une théorie de demande de monnaie spéciale. Car, pour ce courant, la monnaie est un bien unique et dispose de caractéristiques spécifiques. La demande de monnaie est la quantité de monnaie (l’encaisse) que les ménages et les entreprises désirent détenir en fonction de certaines variables économiques. La détermination de cette fonction et sa vérification constituant le domaine même de l’étude de la demande de monnaie.
Les théories de la demande de monnaie retiennent deux déterminants principaux, une variable d’échelle et une variable de rendement. La connaissance de la nature et les facteurs déterminants la fonction de demande de monnaie apparaît comme une condition nécessaire à l’élaboration d’une politique monétaire efficace et appropriée. L’analyse de causalité et de la stabilité de la demande de monnaie est un élément essentiel pour la compréhension et la prévision des effets sur l’économie réelle de la variation de l’offre de monnaie.
D’une manière générale, les théories de la demande de monnaie sont abordées selon deux approches : L’approche Keynésienne qui s’attache à expliquer les motifs de détention de la monnaie et l’approche monétariste qui applique la théorie générale de la demande et l’équilibre général à la demande de monnaie. Les études récentes ou contemporaines ont été consacrées principalement au domaine de modélisation et des tests empiriques que de développer de nouvelles théories. Mais, malgré cette nouvelle direction de recherche, des déterminants nouveaux étaient incorporés à la fonction de demande de monnaie, principalement, ceux liés au concept de l’internationalisation de l’économie et la libéralisation financière59 .
La théorie quantitative
Les premières versions de la relation quantitative.
BODIN réfléchissant au milieu du XVI siècle dans ses controverses avec DE MALESTROIT à la hausse des prix en France et en Espagne, attribuait cette hausse à l’afflux d’or et d’argent en provenance du Nouveau Monde60.Il relie donc la hausse des prix à un supplément de monnaie métallique mis en circulation. BODIN ne généralisait pas ses conclusions en une véritable théorie, c’est-à-dire l’apparition d’une proportionnalité entre les variations la quantité de monnaie et celle des prix. L’idée de proportion (les prix varient en proportion directe de la quantité de monnaie en circulation) est perçue pendant le XVII siècle par LOOKE, devenue la base de la théorie dans la période classique. David HUME en 1752, pose de façon très claire cette logique mécanique. L’idée que le pouvoir d’achat de la monnaie est inversement proportionnel à sa quantité En conséquence il aboutit à l’idée importante que la monnaie est neutre: La quantité de monnaie en circulation n’a pas d’incidence sur l’activité économique( la sphère réelle).Le mécanisme de la hausse des prix induit par une variation de la quantité de monnaie ,commencera à être précisée par CANTILLON (1755)61.Il déclarait que la monnaie additionnelle, utilisée par la consommation ,provoque un supplément de demande qui entraîne une hausse des prix des biens demandés . L’offre ne s’ajustait pas immédiatement. Mais cette hausse n’est pas nécessairement proportionnelle ; elle n’est pas non plus immédiate , elle se fait « par degrés » et en plus les effets ne portent pas de façon
uniforme sur tous les produits et le niveau générale des prix , car les hausses peuvent être différenciées. En fin CANTILLON proposait la notion de la vitesse de circulation de la monnaie (V), ce n’est donc pas le stock de la monnaie (M) en lui même qui est important mais le flux circulant qui en découle sur la période (MV).
Les premières formulations sont proposées par deux auteurs dont les analyses convergent et se complètent : Jean-Baptiste SAY (1803)62 et David RICARDO (1817)63.Leur vision de la monnaie s’appuie sur deux grands principes .Pour le premier auteur la loi des débouchées qui affirme que « les produits s’échangent entre les produits » et l’offre crée sa propre demande. La monnaie ne servait donc être conservée pour lui même mais seulement moyen de règlement. Elle n’est qu’un voile qui masque la réalité des échanges. Pour le deuxième auteur RICARDO, la neutralité de la monnaie qui s’accorde à la première loi, la monnaie ne modifie en rien la réalité des échanges. Elle n’est qu’un moyen de règlement et n’a par elle même, aucune autre valeur pour les agents qui la détiennent: elle n’est jamais détenue pour elle-même mais pour ce qu’elle est susceptible d’acheter. La quantité de monnaie détermine seulement le prix « absolu » en unité de compte sans pouvoir jouer sur les prix relatifs des marchandises. Jean Stewart MILL (1848)64 reformule à son tour la théorie quantitative. Il a prit en compte à l’inverse de RICARDO, la vitesse de circulation de la monnaie. Il écrit « la valeur de la monnaie est en raison inverse de sa quantité multipliée par ce l’on appelle la rapidité de sa circulation ». Plus encore il a confirmé que la thésaurisation (la monnaie retirée provisoirement de la circulation) n’exerce aucun effet sur les prix. Ainsi pour les classiques, les agents économiques ne détiennent de la monnaie que parce que celle-ci permet d’effectuer des transactions. La monnaie est exclusivement transactionnelle. Elle n’est pas demandée pour elle même mais elle est uniquement l’intermédiaire des échanges.
En dépit de ces travaux pionniers des auteurs classiques, ce n’est qu’au début du XX siècle que vont apparaître les formulations algébriques complètes de la relation quantitative en ouvrant la voie à l’analyse quantitative de la demande de monnaie.
Les équations quantitatives.
L’équation générale des transactions (Equation de Fisher).
L’idée centrale de la théorie quantitative de la monnaie (TQM) est que la monnaie n’exerce d’influence que sur le niveau général des prix. La première formulation date de 1911ou l’économiste Américain Irving FISHER publia l’ouvrage « The Purchasing power of money » FISHER va donc réactualiser, selon ses propres termes « la vieille théorie quantitative de la monnaie » en formalisant l’idée d’une liaison entre quantité de monnaie en circulation et prix. L’auteur n’a pas formulé la demande de monnaie de manière explicite, mais plutôt sous la forme de la vitesse de circulation de la monnaie. Le principe d’une telle équation consiste à rapprocher, en les déclarants
égaux, un flux de paiement monétaire et un flux d’échanges de biens et services. FISHER s’intéresse au volume de transactions que peuvent effectuer les unités monétaires en circulation : S’il existe n biens (xi) dont les prix sont (pi) la valeur de des échanges peut s’écrire de la façon suivante: le volume totale des transactions pendant une période donnée.La quantité de monnaie qui a permet les échanges (M) à en moyenne été utilisée un certain nombre de fois (V) appelé aussi vitesse de transaction. Si la monnaie est un étalon de valeur on peut alors écrire l’équation de l’échange.
Ou M’ et V’ désignent respectivement le total des dépôts transférables à l’aide des chèques, et leur vitesse de circulation. L’équation de FISHER se présente comme une identité. Cette dernière est stable, et elle ne dépend en fait que du volume des transactions en valeur réelle et des facteurs structurels. Pour FISHER la quantité de monnaie M est déterminé de manière indépendante des trois autres variables et peut être considérée à tout moment comme une donnée. Le volume de transactions T lui aussi peut être considéré comme une donnée en se référant aux hypothèses des classiques. La valeur d’équilibre de P est déterminée par l’interaction avec les trios autres variables. Mieux, si les valeurs de T et de V sont constantes. A l’équilibre, le niveau général des prix P est déterminé par et proportionnellement à la quantité de monnaie. C’est mettre en évidence une relation de causalité. Il s’agit donc du passage de l’équation des échanges à la théorie quantitative de monnaie dont il est nécessaire d’introduire des hypothèses67 .
Partant de l’équation des échanges, la théorie quantitative classique propose les hypothèses suivantes : Première hypothèse: Le volume total des transactions T est exogène et égale à la production totale multiplié par une constante. La production est déterminée par les conditions du marché du travail (plein emploi) et le stock du capital physique (la fonction de production) et la constante dépend d’éléments structurels comme la technologie et d’éléments techniques, tels que le nombre des étapes entre la matière première et le produit fini. On pose T égale à T est une constante à court terme.
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Table des matières
Introduction générale
CHAPITRE I Monnaie, Agrégats et situation monétaire en Algérie
1.1 Définition de la monnaie
1.2 Les raisons de l’apparition de la monnaie
Conclusion
CHAPITRE II Les théories de la demande de monnaie
2.1La théorie quantitative
2.1.1Les premières versions de la relation quantitative
2.2Les équations quantitatives
2.2.1L’équation générale des transactions (Equation de Fisher).
2.2.2L’équation sur revenu
2.2.3L’équation quantitative de Cambridge
2.3La théorie keynésienne de la demande de monnaie
2.3.1Motif de transaction
2.3.2 Motif de précaution
2.3.3 Motif de spéculation
2.3.4 La demande globale de monnaie
2.3.5 Motif de finance
2.3.6 Davidson et le motif de financement
2.3.7 Insuffisances du model Keynésien
1.4 Les prolongements de l’analyse Keynésienne
2.4.1 Demande d’encaisse de transaction en termes de gestion de stock
2.4.2 La demande de monnaie de précaution
2.4.2.1 Le coût d’opportunité
2.4.2.1 Le coût d’illiquidité
2.4.3. La demande de monnaie de spéculation (théorie de portefeuille)
2.4L’analyse de la demande de monnaie de Kalecki
2.5 La théorie quantitative moderne (L’Analyse Monétariste)
2.5.1 Résultat empirique du modèle de Friedman
2.5.2 Critiques de l’analyse de Friedman
2.6 Les théories sous-jacentes (TQM)
2.6.1 Patinkin
2.6.2 Critiques sur les effets d’encaisses réelles
2.6.2.1 Critique néo-classique
2.6.2.2 Analyse de Hahn
2.6.2.3 Analyse de Clower
2.6.2.4 L’analyse de Cagan
2.6.3 Critique du modèle
2.6.4 La théorie Héréditaire et Relativiste de Allais
CHAPITRE IIILa conduite de la politique monétaire : enjeux et controverses
3.1 L’efficacité de la politique monétaire
3.2 Débat contradictoire des deux grandes écoles
3.2.1 L’analyse Monétariste
3.2.2 L’analyse Keynésienne
3.3 Recommandations Théoriques et Empiriques
3.3.1Les théories macroéconomiques sous-jacentes
3.3.2 L’homogénéité et la demande de monnaie.
3.3.3 La politique monétaire et La Nouvelle Macroéconomie Classique
3.3.4 La politique monétaire et les nouveaux Keynésiens
3.3.4 La politique monétaire en économie ouverte
3.3.4.1 Le modèle de Mundell-Fleming
3.3.4.2L’approche monétaire de la balance des paiements
3.3.4.3 Le modèle de Dornbusch (rigidité des prix et anticipation)
3.3.4.4 Les cycles économiques et le rôle de la politique monétaire
3.3.5 La politique monétaire et la théorie fiscale des prix
3.4 La Conduite de la Politique Monétaire en Algérie
3.4.1 Le rôle de la banque centrale durant la gestion de l’économie planifiée
3.4.2 Crédits aux banques commerciales
3.4.3 Les avances de la banque centrale au trésor public
3.4.4 Les réformes économiques et la politique monétaire
3.4.5 La politique monétaire de la période d’après 1998
CHAPITRE IV La spécification de la demande de monnaie
4.1 Définition de spécification
4.1.1Identification et simultanéité
4.1.1.1 Problème d’identification
4.1.1.2 L’approche à dominante économétrique
4.1.2L’approche empirique
4.1.3Le problème de simultanéité
4.2 Définition des variables de la fonction de demande de monnaie
4.2.1 La variable expliquée: la monnaie
4.3 Les variables explicatives
4.3.1 La variable d’échelle
4.3.1.1 Les anticipations adaptives
4.3.1.2 Les anticipations rationnelles
4.3.2 Le choix de la variable d’échelle
4.3.3 Les variables des coûts d’opportunité
4.3.3.1 Le rendement des actifs alternatifs
4.3.3.2 Le rendement de la monnais
4.3.4 Le processus d’ajustement des encaisses monétaires
4.3.4.1 L’ajustement partiel
4.3.4.2 La justification théorique
4.3.4.3 L’ajustement du coût et l’ajustement de prix
4.3.5 Economie des séries temporelles
4.3.6 Propriétés de base des séries temporelles
4.3.6.1 Stationnarité
4.3.6.2 Autocovariance
4.3.6.3 Corrélation et fonction d’autocorrélation
4.3.6.4 Fonction d’autocorrélation (ACF)
4.3.6.5 Autocorrélation partielle
4.3.7 Processus autorégressif d’ordre p
4.3.7.1 Processus autorégressif d’ordre 1
4.3.8 Processus Moyenne mobile
4.3.8.1 Processus MA(1)
4.3.8.2 Processus MA(q)
4.3.8.3 Processus ARMA (p,q)
4.3.8.4 Saisonnalité: Saisonnalité multiplicative
4.3.8.5 Processus VAR (vecteur auto régressif)
CHAPITRE V Etude Econométrique de la demande de monnaie en Algérie
5.1 La Cointegration une méthode d’analyse de la fonction de demande de monnaie
5.1.1 Présentation de la méthode de cointegration utilisée
5.2 Le choix des variables
5.2.1 L’Agrégat monétaire
5.2.2 Le déflateur
5.2.3 La variable d’échelle
5.2.4 Le coût d’opportunité
5.2.5 Les autres variables explicatives
5.3 Point méthodologique
5.3.1 Tests de Racine Unitaire
5.3.2 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)
5.3.3 Test de Phillips-Perron
5.3.4 Test de KPSS
5.4 La présentation Graphique de la stationnarité
5.5 Test statistique des la stationnarité
5.6 Test de cointégration
5.7 L’estimation de la foction de la demande de monnaie
5.8 Test de stabilité de la foction de la demande de monnaie
5.9 La modélisation VAR
Conclusion Générale
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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