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REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE
En partant des modèles de la croissance économique, un certain nombre d’études ont mis en évidence la corrélation entre l’ouverture et la croissance économique. Cependant, cette relation peut s’avérer plus complexe si l’on tient compte des divers canaux de transmission de la croissance économique.
Les modèles de croissance endogène ont mis en avant, de manière plus explicite, certains mécanismes d’acquisition du progrès technologiques et le contexte d’ouverture qui pousse les entreprises à être plus compétitives, à attirer les capitaux étrangers.
Une des conséquences de l’ouverture est donc le libre accès au marché des biens et à celui des investissements. Et si durant les années 70, les pays étaient trop fermés pour laisser entrer les capitaux étrangers, les défis majeurs des années 90 reposent sur le rendement du capital dans un monde concurrentiel. La question qui peut se poser est de savoir si les pays ouverts disposent de ressources suffisantes, en termes organisationnels ou de connaissances, pour assurer la rentabilité des investissements.
Certains facteurs entrent en ligne de compte pour stimuler la croissance économique. Il s’agit notamment de la scolarisation (Benhabib & Spiegel, 1993), de l’existence des infrastructures (Hall et Jones, 1999) et d’autres facteurs assez divers et globaux comme la qualité des institutions politiques et légales (North, 1990). Car, si en Asie, l’ouverture commerciale a conduit au rattrapage technologique, c’est qu’elle s’est accompagnée d’une augmentation des capitaux étrangers, d’une hausse des taux d’épargne intérieure et de la transparence du marché et de l’esprit d’entreprise et de concurrence. Par contre, les processus d’ouverture commerciale et d’afflux des capitaux n’ont pas fonctionné avec succès pour d’autres pays. Ce constat d’échec pourrait même s’étendre à la plupart des pays pauvres si l’on suppose que certains d’entre eux ont adopté les politiques d’ouverture dans le cadre des réformes économiques des années 80.
Malgré cela, il ne s’agit pas de remettre en question la stratégie d’ouverture commerciale, car plusieurs études dont celle de la Banque Mondiale (2001) ou celle de Sachs et Warner (1995) ont apporté des arguments en faveur de cette orientation économique. Mais le fait que certains pays sachent tirer profit de l’ouverture commerciale et d’autres non, démontre que d’autres facteurs tels l’investissement étranger, l’organisation des marchés contribuent à la réussite économique. L’ouverture constitue un avantage pour certains pays alors qu’ailleurs il pourrait s’avérer insuffisant. C’est à ce titre que certaines études se demandent si l’adoption des politiques d’ouverture pourrait conduire à la croissance économique (Rodriguez et Rodrik, 1999).
Ainsi, en l’absence d’un environnement concurrentiel et d’une organisation solide, on risque de penser que les pays en développement ne peuvent pas bénéficier des avantages de l’ouverture.
Il existe donc plusieurs facteurs par lesquels se transmettent les effets de croissance, l’ouverture ne constitue qu’un de ces canaux ; les avantages de l’ouverture reposent entre autres sur l’allocation optimale des ressources et l’accès à une technologie plus avancée. Harrison (1996) a souligné que la relation existant entre l’ouverture et la croissance économique pouvait prêter à confusion par le fait qu’elle était associée à d’autres facteurs. Elle a conclu que seules les études économétriques pourraient contribuer à lever les équivoques. C’est à ce titre que nous proposons d’effectuer un test économétrique de la relation entre les politiques d’ouverture et la croissance économique. Mais avant de procéder aux estimations, nous revenons sur certains faits marquants de la revue empirique.
Des études empiriques ont été réalisées pour les pays en développement. C’est à cette occasion que Chenery et Syrquin (1989), ont testé la significativité de plusieurs variables structurelles et ont montré que ces variables sont pertinents dans l’explication de la croissance économique particulièrement pour un échantillon de pays en développement dans les années 1960.
Balassa (1987) a analysé la croissance économique entre 1963 et 1984 dans un groupe de pays en développement. Il a divisé les pays selon qu’ils soient tournés vers l’intérieur ou tournés vers l’extérieur. Il conclut que la performance des économies tournées vers l’extérieur dépasse celle des économies orientées vers l’intérieur au milieu des années 1970.
Sachs et Warner (1995) ont classifié les pays en deux groupes, ouverts et fermés à partir d’une évaluation de leurs politiques commerciales, ainsi que d’un ensemble d’autres critères. Ils ont montré que les revenus par tête convergent au sein du groupe de pays ouverts, mais pas au sein du groupe de pays fermés, bien que leur travail puisse être critique sur plusieurs aspects, notamment en ce qui concerne le caractère subjectif de classification des pays, ils apportent globalement de bonnes preuves de l’effet positif que l’ouverture aux échanges exerce sur la convergence des revenus par tête. Quant à Rodríguez et Rodrick, ils trouvent que ces résultats sont fortement dépendants du poids dans la régression du PIB par tête. Si on remplace ce poids par le logarithme du PIB par tête et si on utilise la méthode de White (1980), le problème d’hétérocédasticité apparaît.
Coe, Helpman et Hoffmaister (1997) soulignent que ce ne sont pas les échanges eux mêmes qui entraînent automatiquement un transfert de technologie et une croissance de la PTF. Afin de bénéficier des technologies avancées et du savoir étranger, il est important d’échanger avec des pays qui sont en mesure de les offrir. Puisque l’essentiel de la recherche et développement est effectuée dans un petit nombre de pays développés, les PED gagneraient en échangeant avec ces pays.
Une estimation sur les données de panel en coupe transversale réalisée par Baldwin et Seghazza (1996), a montré que la croissance est tirée par l’investissement et induite par l’ouverture.
Harrison (1996), a montré que les estimations des effets de l’ouverture sont plus solides quand on emploie des données d’échantillon : les variations de certains indicateurs de l’ouverture aux échanges parviennent alors à expliquer en partie la diversité des taux de croissance ultérieurs selon les pays. Bien que ces résultats ne soient pas vrais de tous les indicateurs de l’ouverture aux échanges, les corrélations trouvées sont systématiquement significatives.
Sachs et Warner (1997) en particulier se sont concentrés sur un échantillon de 117 pays classés en deux groupes : ceux qui ont protégé les droits de propriétés et ont conservé le libre échange au cours de la période 1970-1989 et ceux qui ne l’ont pas fait. L’indice d’ouverture qu’ils ont construit était basé sur cinq critères : les barrières non tarifaires, les niveaux de tarifs moyens, les taux de change du marché parallèle, l’existence ou non des monopoles publics sur les principaux produits d’exportation et le fait que l’économie soit ou non socialiste. Ils ont trouvé qu’en moyenne, les économies les plus ouvertes croissaient de 2 à 2,5% de plus que les autres. Cependant, la robustesse des indices d’ouverture aux échanges de Sachs et Warner a été critiquée par Harrison et Hanson (1999).
Emilio Sacerdoti, Sonia Buschwig et Jon Tang (1998), ont identifié les facteurs qui déterminent la croissance de neuf pays d’Afrique de l’Ouest. Ils ont calculé le stock de capital humain et utilisent trois variables : le nombre d’années de scolarité par travailleur dans le primaire, le nombre d’années de scolarité par travailleur dans le secondaire, l’indice de qualification de la main d’œuvre calculé sur la base d’une indexation des salaires de la fonction de croissance liée aux facteurs de production et aux variations de la productivité totale des facteurs.
Les variables explicatives sont alors élargies à l’écart entre le taux de change du marché parallèle et officiel, les variations des termes de l’échange, du degré d’investissement des économies et du ratio du déficit budgétaire sur le PIB ainsi que l’inflation.
L’impact du stock de capital physique et des variables de politique sur la PTF a montré que l’écart des taux de change parallèle et officiel, les termes de l’échange et le déficit budgétaire ont une influence significative sur la croissance et que l’ouverture commerciale et l’inflation affectent faiblement la croissance.
Greenaway, Morgan et Wright (2002) ont utilisé des données en coupe transversale sur une série couvrant 783 pays. Le modèle de régression qu’ils ont spécifié inclut non seulement une mesure d’ouverture mais aussi diverses autres variables de contrôle : le revenu initial par tête, le ratio de l’investissement intérieur à la production et un indice des termes de l’échange. Ils ont aussi utilisé trois indicateurs d’ouverture dont l’indice de Sachs Warner et un indice base sur les tarifs nominaux moyens, la mesure des restrictions quantitatives sur les importations et la prime moyenne du marché parallèle. Contrairement aux études antérieures, Greenaway, Morgan et Wright ont utilisé un modèle de régression dynamique pour investiguer les effets de retards potentiels. Ils ont découvert que l’ouverture aux échanges semblait avoir un impact identifiable sur la croissance, cet effet est robuste par rapport à l’indicateur utilisé. Cependant, dans le même temps, l’effet de croissance a une forme de courbe en J. L’impact initial de l’ouverture aux échanges sur les taux de croissance de la production est faible et négatif. Ce n’est qu’au fil des temps que cet effet devient positif. Ce résultat a des implications sur la soutenabilité des réformes commerciales.
Les travaux empiriques publiés au cours des années 70 ont utilisé principalement des régressions en coupe transversale sur un ensemble de pays. Ils utilisent souvent des coefficients de corrélation simple entre la croissance des exportations et le PIB ou des coefficients de corrélation entre, d’une part, un ensemble d’indices représentant l’ouverture ou les politiques commerciales des pays et, d’autre part, la croissance à long terme. Ces études ont été présentées dans les travaux d’Edwards (1989 et 1993) et ont conclu généralement un lien étroit entre l’ouverture et la croissance économique.
L’apparition de la nouvelle théorie du commerce international et la théorie de la croissance endogène a conduit à concentrer les recherches empiriques sur les canaux par lesquels l’ouverture peut influencer le taux de croissance. En général, l’effet de l’ouverture sur la croissance passe par trois voies : la formation du capital physique (croissance tirée par l’investissement et induite par l’ouverture), du capital humain (croissance tirée par les compétences et induite par l’ouverture) et du savoir (croissance tirée par la technologie et induite par l’ouverture).
Dans ce cadre, une bonne manière d’évaluer un impact indirect de l’ouverture sur la croissance consiste à établir un modèle à équations simultanées. Jusqu’à aujourd’hui, ce modèle n’a jamais été réalisé. Cependant, certains auteurs comme Baldwin et Seghezza (1996) ont trouvé, en réalisant une estimation en trois étapes sur des données en coupe transversale et en estimant des équations séparées, une croissance tirée par l’investissement et induite par l’ouverture. Ce résultat a été confirmé par celui de Lee (1993) et (1994) en deux étapes. D’autres travaux ont été réalisés au moyen de techniques de cointégration et ont montré une croissance tirée par la technologie et induite par l’ouverture.
Harrison (1996) revient sur les définitions possibles des indicateurs d’ouverture. Il utilise sept indicateurs rencontrés souvent dans la littérature et trouve, en réalisant des estimations OLS, souvent une relation positive entre ces indicateurs et la croissance économique. Dans un deuxième temps, l’auteur regroupe les analyses sur la causalité de la relation entre la croissance du PIB et l’évolution des exportations et /ou des importations. Les conclusions de cette étude sont mitigées et ne permettent pas d’affirmer que cette relation joue dans un seul sens.
Pritchett (1996) a regroupé plusieurs indicateurs qui ont été souvent rencontrés dans la littérature. Il a étudié la corrélation entre ces indicateurs et a trouvé que la plupart ne sont pas corrélés entre eux. L’explication présentée est que chacun de ces indicateurs n’exprime qu’une partie du concept d’ouverture. Ils sont ainsi incomplets et ne permettent pas de synthétiser globalement une politique d’ouverture tournée vers l’extérieur.
L. Fontagné et J. Guerin (1997) ont indiqué que les conditions internes déterminent les résultats de l’ouverture d’un pays. En effet, si certaines conditions sont remplies, capital humain qualifié par exemple, l’ouverture joue un rôle de catalyseur de la croissance en activant la réaction de l’économie face aux chocs extérieurs.
Mlambo et Oshikoya (2001) ont montré qu’au niveau microéconomique, les théories modernes de l’investissement prennent en compte quatre principaux facteurs dans la spécification de la fonction d’investissement. Il s’agit de l’anticipation des conditions futures du marché, les contraintes financières des firmes, la situation des firmes sur le marché boursier, et les incertitudes économiques et politiques. Au niveau macroéconomique, ils montrent que la croissance du revenu nationale, les politiques fiscales et monétaires et la politique du taux de change seraient les principaux déterminants de l’investissement dans les PED. Cette relation entre croissance du revenu national et formation de capital découle du modèle de l’accélérateur flexible, avec l’hypothèse que la fonction sous-jacente suppose une relation fixe entre le stock de capital désiré et le niveau de l’output réel.
Shift, Wang et Arreaga (2002) ont analysé l’effet de la diffusion de la technologie Nord-Sud et Sud-Sud sur la PTF et ont trouvé que les extemalités de R&D Nord-Sud et Sud-Sud ont un effet positif sur la croissance de la PTF. Toutefois, l’effet des premières est plus important que celui des secondes.
Quant à Sawides et Zachariadis (2003), ils ont étudié l’effet de la diffusion internationale de technologie sur la croissance de la PTF des PED. Leurs résultats montrent que la R&D étrangère a un effet positif plus important sur la croissance de la PTF que sur la R&D produite dans les PED. Ramzi et Blecker (2004) estiment que l’existence des contraintes du côté de la demande lorsqu’un nombre élevé de PED adopte simultanément une stratégie de promotion des exportations des produits similaires a reçu relativement peu d’attention. Et, pour tenter de combler cette lacune, ils ont testé empiriquement l’existence d’une contrainte supplémentaire résultant de la promotion simultanée des exportations par beaucoup des PED avec des données de panel de 10 pays développés et 18 PED et une version modifiée de Blecker (2002). Les coefficients estimés suggèrent que les effets prix de beaucoup de PED sont significatifs. En outre, les exportations des PED se concurrencent entre elles, plutôt qu’avec les pays industrialisées.
Alfaro, Chanda, Kalemli-Ozcan et Sayek (2004) ont montré que l’IDE favorise la croissance dans les pays dont les marchés financiers sont suffisamment développés. Un autre aspect rendant aussi favorable l’IDE à la croissance est la crédibilité des politiques d’ouverture. En effet les théories de l’investissement mettant de plus en plus l’accent sur l’importance du risque et de l’incertitude dans la décision d’investir ou non (Dixit et Pindyck, 1994). L’absence de crédibilité dans les politiques commerciales d’ouverture peut être perçue comme un facteur de risque qui peut décourager l’investisseur aussi bien étranger que domestique. Cependant, les investisseurs étrangers peuvent être plus sensibles à ce facteur que les investisseurs locaux qui ont une plus grande connaissance de l’environnement politico-économique du pays hôte. Le manque de crédibilité peut entraîner une fuite de capitaux vers d’autres pays. A cet effet, Rodrik (1991) confirme que la probabilité de revirement des politiques affecte négativement l’investissement.
Loungani P. et Razin A. (2001) notent que les flux d’IDE peuvent procurer différents types de gains aux pays bénéficiaires. L’IDE favorise le transfert de technologie, en particulier sous forme de nouveaux types d’intrants de capital fixe, que les investissements financiers ou le commerce de biens et services ne peuvent assurer. L’IDE peut aussi promouvoir la concurrence sur le marché intérieur des intrants. L’IDE s’accompagne des programmes de formation du personnel des nouvelles entreprises, ce qui contribue au développement des ressources humaines du pays d’accueil. Les bénéfices engendrés par l’IDE ont des effets positifs sur les recettes fiscales du pays hôte. Les flux d’IDE sont des capitaux à long terme et ne peuvent donc pas quitter le pays aussi facilement aux premiers signes de difficultés. L’IDE devrait donc, contribuer à l’investissement et à la croissance dans les pays récepteurs. Contrairement aux capitaux à court terme, ces investissements sont considérés comme étant meilleurs en raison de ses avantages.
Pour l’Afrique subsaharienne, parmi les variables testées, la croissance du PIB, l’ouverture de l’économie vers l’extérieur et la variabilité du taux de change effectif réel se sont avérées être les variables clés qui attirent les IDE dans la région [Bhattacharya A., Montiel P. J. et Sharma S. (1997)]. Les principaux facteurs qui ressortent de cette étude sont : le taux d’investissement privé et le niveau d’ouverture de l’économie vers l’extérieur – avec des effets positifs et le niveau d’endettement, le taux d’intérêt international, l’inflation et enfin l’indice de risque politique- avec des effets négatifs. Les coefficients de la régression révèlent que la FBCF et l’endettement extérieur jouent le rôle le plus important pour attirer les IDE dans la région.
CARACTERISTIQUES DE L’ECONOMIE MALGACHE
HISTORIQUE DE L’ECONOMIE MALGACHE
L’étude de cas de Madagascar permettrait de mieux appréhender l’analyse du développement à travers les structures économiques du pays ainsi que les politiques de développement menées, tout en les cadrant dans les stratégies théoriques admises pour un meilleur développement. L’annexe 4 montre en détail les différentes politiques adoptées à Madagascar depuis 1960 jusqu’à 2005.
De l’indépendance à nos jours, les indicateurs macroéconomiques de Madagascar ont connu des grandes phases : des phases d’expansion et des phases de récession.
La nouvelle République:1960 à 1971
De 1960 à 1971, on note que de grandes réalisations sociales, des efforts dans l’entretien des infrastructures ont été effectués. Pour l’essentiel, l’autosuffisance alimentaire existait. Avant 1972, le pouvoir d’achat évalué à partir du PIB, bien que de manière très timide, augmentait aussi à cette période. Le taux de croissance annuel moyen atteignait 3,6%. La situation était bonne, Madagascar exportait une grande quantité de produits tropicaux de base. La balance commerciale était pratiquement équilibrée. A côté des entreprises privées, coexistaient des structures dites socialisantes, c’est-à-dire des coopératives des fermes d’Etat, des syndicats de communes. Les prix des produits de consommations courantes étaient stables.
Dans la limite de ces résultats, on rappellera d’abord que, même si le pays connaît une croissance légèrement supérieure à la croissance démographique, on ne peut pas qualifier cette situation de véritable décollage économique car les conditions de production restent précaires; la croissance n’est pas encore irréversible et encore non cumulative. Un sentiment d’injustice découlant des inégalités financières, économiques entre les Malgaches et les étrangers a commencé à se propager et a expliquée pour une part les nouvelles orientations économiques après 1972 (année de changement de régime politique).
La période de l’étatisation : 1972 à 1981
A cette période apparaissait le concept d’une véritable stratégie de développement économique de Madagascar en réaction à la domination étrangère qualifiée de néo-colonialisme des années précédentes. La nouvelle orientation économique du pays se basait sur deux axes fondamentaux: le nationalisme et le socialisme. L’idée force était «une maîtrise populaire de l’économie ». Pour cette période, les objectifs économiques étaient clairs, les moyens mis en œuvre étaient bien définis et les résultats obtenus étaient significatifs.
De 1972 à 1981, cette deuxième période était celle de l’étatisation de l’économie malgache. Elle est marquée par l’intervention croissante de l’Etat par la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie tels que les banques, les assurances, les grandes sociétés commerciales coloniales, les sociétés sucrières etc., le monopole de l’Etat sur certains produits agricoles et la fixation de leurs prix, la politique de l’investissement à l’outrance (vers la fin des années 70) ; la création monétaire et emprunts extérieurs (1978-1980) pour financer les déficits budgétaires. Le Gouvernement a signé un nouvel accord de coopération avec la France. Dans cet accord, Madagascar n’est plus dans la zone Franc. Les investisseurs privés étrangers ne se sentant plus en sécurité étaient partis. La période considérée a été caractérisée par le choix d’un régime économique socialiste.
Les systèmes financiers à Madagascar ont bien connu une forte évolution. Des changements notables interviennent dans les années 80. Conscient du rôle primordial des banques dans le développement économique, Madagascar a procédé à la nationalisation des institutions financières existantes et à la création de nouvelles banques détenues en majorité par les pouvoirs publics. Le secteur bancaire est devenu un outil de la promotion du développement, et va connaître à ce titre un interventionnisme public marqué. Les gouvernements maintiennent le contrôle sur les taux d’intérêt dans le but de minimiser les coûts des crédits aux entreprises publiques et à certains secteurs dits prioritaires, en croyant que les taux d’intérêt faibles peuvent stimuler l’investissement. Mais, les entreprises publiques financées n’avaient pas de souci de rentabilité, on assiste à une mauvaise gestion de ces entreprises. Dans cette situation, le secteur bancaire n’arrive plus à remplir deux de ses rôles fondamentaux : assurer l’allocation optimale des ressources et la surveillance des dirigeants d’entreprises. Il en résulte un sous-développement des systèmes financiers.
Les interventions des pouvoirs publics dans le secteur financier n’étaient pas la seule cause du sous-développement de celui-ci, on dénombre aussi la faiblesse de l’environnement légal, la dégradation de l’environnement macroéconomique (faible croissance, niveau d’inflation et de déficit budgétaire élevé…) et une faible régulation du système financier.
L’année 1978-1979 des investissements à outrance marque le véritable dérapage économique et financier de Madagascar. Des successions de déséquilibre se sont poursuivies :
Le déséquilibre budgétaire : le saut que fait la valeur du déficit de 1977 à 1978 (7 à 20,6 milliards de FMG) est remarquable et malgré l’augmentation de recette, le déficit a enregistré un bond extraordinaire. La cassure du déficit budgétaire est très nette à partir de 1978-1979 (voir annexe 1)
Le déséquilibre monétaire et financier : Pour une part, les investissements à outrance ainsi que les charges accrues de l’Etat (subvention, fonctionnement des sociétés d’Etat…) dues à son intervention croissante dans l’économie ont été financés en partie par les avances de la Banque Centrale au Trésor Public autrement dit, par la planche à billets dont l’effet inflationniste est évident. Dès le début des années 80, Madagascar rentre dans une période inflationniste incontrôlable (largement supérieur à 12 % par an). L’économie malgache est entrée dans une phase d’endettement aussi bien interne qu’externe. L’emprunt auprès de la Banque Centrale passe de 8 milliards en 1977 à 42 milliards de FMG en 1979, tandis que l’emprunt net à l’étranger passe d’environ 4 milliards par an en 1977 à 31 milliards pour la seule année de 1979. Une fois de plus, l’annexe 2 confirme la rupture survenue en 1978 en ce qui concerne l’endettement du pays. On voit nettement l’explosion de la dette en 1978-1981, cela aura des conséquences sur les paiements extérieurs.
Déséquilibre des paiements extérieurs : comme on l’a mentionné, la sortie de la zone-franc a marqué une ère nouvelle dans la politique des paiements extérieurs de Madagascar. Elle implique l’obligation de la gestion des réserves extérieures. Or, la situation des réserves extérieures s’est fortement dégradée avec les deux chocs pétroliers et la détérioration des termes de l’échange pour certains produits exportés (voir annexe 3). Si les réserves extérieures du pays s’élevaient à 12 milliards FMG en 1975, l’équivalant de 2 mois d’importation, elles s’épuisèrent petit à petit, pour tomber à 240 millions en 1979. Le déficit des paiements malgré les contrôles stricts était inévitable à cause de la hausse particulière du prix du pétrole alors que l’énergie constituait les 45 % des valeurs des importations malgaches.
La période de l’ajustement structurel: 1982 à 2003
La situation économique se détériorait. Sous l’impulsion des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, FMI, etc.), Madagascar a entrepris des programmes d’ajustement structurel. C’est le retour au libéralisme économique et redressements économiques. Depuis 1988, une amorce de la libération de l’économie a été enregistrée. Elle a mis en place le fondement du développement économique : la libéralisation des prix, le désengagement de l’Etat en début de 1997, l’assainissement des finances publiques, et la dévaluation de la monnaie nationale. Pendant cette période, on a eu deux crises majeures perturbantes : celle de 1991 et de 2002.
Les réformes sur le système financier sont focalisées sur la réduction de la répression financière. La libéralisation financière vise à relâcher le contrôle de l’Etat sur les taux d’intérêt, à la diminution des réserves obligatoires, à l’abandon complet ou partiel de l’encadrement du crédit, à la privatisation du secteur bancaire et financier, à une meilleure réglementation du système financier et à la mise en place de mesures visant à promouvoir la concurrence dans le secteur financier ( KPODAR, 2003)
Le taux de croissance moyen par habitant a chuté entre 1991 et1996 et l’inflation a atteint plus de 50%. La période 1997-2001 a été marquée par une certaine stabilité et le début d’un décollage économique avec des retombés sociales faibles. Il y a eu un rétablissement progressif de la situation, une amélioration de l’environnement. C`était le retour de la confiance des bailleurs de fonds. Depuis, l’économie est devenue un peu libéral.
Période de libéralisation : 2003 jusqu’à nos jours
Les mesures sur les programmes d’ajustement structurel ont théoriquement pour effet de relancer l’épargne, l’investissement et la consommation. Cependant la libéralisation financière n’a pas eu les effets escomptés, les résultats sont mitigés. La libéralisation financière ne s’est pas accompagnée du développement du système financier. Le système financier à Madagascar est dominé par les banques commerciales, qui représentent approximativement 95 % du total des actifs du système, suivies par les institutions de micro-finance et les autres institutions financières non bancaires. Le développement du secteur financier a été un des objectifs majeurs du Gouvernement malgache depuis le début des années 1990. D’abord, un processus de privatisation et de libéralisation du secteur avait été lancé, puis relayé par un objectif d’accroître l’accès à la finance rurale. L’accent est mis sur l’amélioration de l’accès aux services financiers par : (i) l’élargissement de la base des participants, des produits et instruments des marchés; (ii) l’amélioration des infrastructures légales et financières; et (iii) le renforcement de la supervision du secteur financier, surtout des institutions financières non bancaires, dont les assurances, les caisses privées de pension, les services financiers postaux et les institutions de micro-finance. La mise en œuvre de la stratégie serait ensuite appuyée par les partenaires techniques et financiers y compris la Banque mondiale. Aujourd’hui, la capacité d’un pays à atteindre une croissance accélérée et soutenue est perçue comme étant déterminée par : (i) son ouverture commerciale et financière de manière à bénéficier des progrès technologiques et ainsi renforcer sa compétitivité ; (ii) ses avantages géographiques tels que sa proximité avec les centres névralgiques du commerce mondial et un climat tempéré qui lui permet d’éviter les épidémies et les chocs climatiques ; (iii) ses investissements dans les ressources humaines qui sont le principal déterminant de sa croissance à long-terme; et (iv) de l’existence d’institutions politiques qui lui assurent une bonne représentativité, le respect des droits de propriété et une utilisation optimale et transparente des ressources dans le pays.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE :CADRE DE L’ANALYSE
CHAPITRE 1 : CONCEPT THEORIQUE DE L’OUVERTURE
SECTION 1 : REVUES THEORIQUES
1.1. Les théories de développement libéral
1.2. Les théories de développement tiers-mondistes
SECTION 2 : REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE
CHAPITRE 2: CARACTERISTIQUES DE L’ECONOMIE MALGACHE
SECTION 1 : HISTORIQUE DE L’ECONOMIE MALGACHE
1.1. La nouvelle République:1960 à 1971
1.2. La période de l’étatisation : 1972 à 1981
1.3. La période de l’ajustement structurel: 1982 à 2003
1.4. Période de libéralisation : 2003 jusqu’à nos jours
SECTION 2 : LES AGREGATS ECONOMIQUES DE MADAGASCAR
2.1. L’évolution globale de la croissance.
2.2. Evolution de l’IDE
2.3. Evolution de l’ouverture économique
2.4. Evolution de l’éducation
2.5. Evolution FBCF
2.6. Evolution de l’aide extérieure
2.7. Evolution du taux d’inflation et de la masse monétaire
2.8. Evolution de la dépense de l’Etat
DEUXIEME PARTIE :APPROCHE ECONOMETRIQUE
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU MODELE ET DES RESULTATS
SECTION 1 : PRESENTATION DE LA METHODOLOGIE ET SPECIFICATION DU MODELE
1.1. Approche méthodologique
1.2. Spécification du modèle
SECTION 2 : RESULTATS DU MODELE
2.1. Stationnarité des variables
2.2. Stationnarité des résidus
2.3. Estimation du nombre de vecteurs de cointégration
2.4. Estimation du modèle à correction d’erreur
2.5. Validation des hypothèses sur les résidus
2.6. Test de causalité d’Engel Granger
2.7. Décomposition de la variance
2.8. Analyse impulsionnelle
CHAPITRE 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
SECTION 1. INTERPRETATION DES RESULTATS
1.1. Interprétation du paramètre d’ajustement
1.2. Interprétation de la relation de long terme
1.3. Interprétation de la relation du court terme
1.4. Interprétation de la décomposition de la variance d’erreur
1.5. Interprétation d’une fonction impulsionnelle
SECTION2 : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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