Le textilome, encore appelé gossypiboma, est le terme technique consacré par l’usage dans les milieux hospitaliers pour désigner un corps étranger textile, telle une compresse chirurgicale ou un champ opératoire, accidentellement laissé dans le corps d’un patient au cours d’une intervention chirurgicale. Le premier cas dans l’ère moderne d’un corps étranger, retenu lors d’une intervention chirurgicale, a eu lieu en 1859, quand une éponge de mer naturelle a été égarée dans une plaie chirurgicale. A cette époque, semble-t-il les éponges de mer étaient utilisées pour absorber le sang, mais les informations précises de cette affaire sont très sommaires [28]. L’incidence réelle des textilomes est difficile à déterminer, d’une part en raison des réticences à signaler les cas découlant de crainte de répercussions juridiques et d’autre part en raison de quelques formes asymptomatiques qui passent souvent inaperçues. Les textilomes intracrâniens sont rares .les trois quarts des textilomes sont secondaires a des interventions digestives ou gynécologiques [25]. Il représente une complication iatrogène considérée comme la faute médicale par excellence, avec des conséquences médico-légales lourdes aussi bien pour le patient et sa famille que pour le chirurgien responsable. La fréquence rapportée dans la littérature est de 1/1 000 à 1/10 000 [35].La multiplicité et le manque de spécificité de ses présentations rendent son diagnostic difficile .Le développement de la neuroimagerie avec l’avènement de la tomodensitométrie et de l’IRM a permis de mieux poser le diagnostic de certitude. Le traitement est chirurgical ; C’est dans ce contexte que nous avons mené cette étude afin de dégager les aspects épidémiologiques cliniques paracliniques et les principes thérapeutiques de ces textilomes.
GENERALITES
Définition
La neurochirurgie concerne la chirurgie du système nerveux et de ses enveloppes méningées et osseuses à savoir : l’encéphale, la moelle épinière, les nerfs périphériques, le crâne et la colonne vertébrale. On peut la subdiviser en 2 grandes parties :
– la neurochirurgie traumatologique ou neurotraumatologie : Celle-ci s’adresse aux traumatisés du système nerveux et de ses enveloppes.
– La chirurgie neurologique (en dehors de la traumatologie) : Il s’agit essentiellement de la chirurgie des tumeurs, des malformations du système nerveux, du crâne et de la colonne vertébrale et des infections. Cette discipline demande de l’expertise, une extrême rigueur et une grande exigence des différents acteurs afin de garantir le meilleur résultat pour le patient. Les complications survenant après une chirurgie intracrânienne restent redoutables malgré les progrès de la neuroradiologie et des procédures neurochirurgicales. Elles sont lourdes de conséquences et impliquent des attitudes ciblées selon la complication. Le risque d’une reprise chirurgicale reste possible.
Intérêt
La chirurgie intracrânienne est largement répandue du fait de la fréquence de pathologies intracrâniennes telles que les traumatismes crânio-encéphaliques, les tumeurs intracrâniennes et les hydrocéphalies. Les complications post opératoires de la neurochirurgie intracrânienne peuvent avoir des conséquences dramatiques conduisant au décès (risque vital) ou à des séquelles neurologiques permanentes (risques fonctionnels). Comme pour toute chirurgie, la neurochirurgie intracrânienne n’échappe pas au risque d’infection nosocomiale.
L’infection est une prolifération microbienne ayant pour conséquence des réactions cellulaires, tissulaires ou générales, se traduisant le plus souvent par un syndrome inflammatoire [2].
– Elle est dite nosocomiale si elle se développe chez un patient hospitalisé depuis au moins 72H alors qu’elle n’était pas présente en période d’incubation lors de l’admission du patient.
– L’infection est dite postopératoire lorsqu’elle survient dans les suites immédiates ou lointaines d’une intervention et qu’elle est directement en rapport avec cette dernière.
Les infections postopératoires typiquement hospitalières occupent la troisième place (soit 20%) des infections nosocomiales. L’infection postopératoire est une complication grave pouvant compromettre le pronostic vital ou fonctionnel et de ce fait anéantir l’acte chirurgical. Les statistiques portant sur la fréquence des infections postopératoires classent celles du site opératoire en second rang après les infections urinaires. Les complications infectieuses postopératoires constituent un problème majeur en chirurgie. L’infection nosocomiale est la 1ère cause de morbidité et de mortalité en chirurgie. Elle augmente le coût et la durée du séjour hospitalier. La prévention de ces infections doit être la préoccupation de toute l’équipe chirurgicale et passe par le respect de l’hygiène. Les mesures de surveillance postopératoire sont indispensables pour un dépistage précoce d’une complication et une instauration rapide d’une thérapeutique adéquate. L’utilisation des antibiotiques en prophylaxie entraine une diminution du nombre d’infection postopératoire, mais cela obéit à des indications bien précises.
On rencontre actuellement des germes multi résistants aux antibiotiques et cela est dû à l’antibiothérapie aveugle. Ainsi, en Europe et aux Etats-Unis la prévalence des infections postopératoires est estimée à 1,9à 2% en chirurgie générale. En Afrique le taux des complications postopératoires est élevé car il se situe entre :
– 7% pour N’Dayissaba [35] au Burundi en 1992.
– 8,6% pour Doumbia [10] en Côte D’Ivoire en 1984.
– 13,4% à Dakar en 1992 pour Camara E[4].
Ce risque est probablement favorisé par les faibles capacités de défense du liquide cérébrospinal et par l’immunodépression qui suit toute intervention avec effraction des méninges. En plus des conséquences humaines importantes se rajoute un coût économique et financier non négligeable.
RAPPEL ANATOMIQUE
Le cuir chevelu
Le cuir chevelu ou le scalp est l’ensemble des tissus mous qui recouvrent le crâne. De la superficie à la profondeur, on distingue :
● La peau avec un derme richement vascularisé et épais.
● Le tissu sous cutané, constitué d’un tissu graisseux lobulé et cloisonné par des travées conjonctivo-élastiques.
● La galéa ou épicrâne, aponévrose continue, comme un tendon, tendue entre le muscle frontal en avant, le muscle occipital en arrière et les muscles auriculaires latéralement.
● L’espace sous-aponévrotique constitué de tissu conjonctif très lâche et relativement avasculaire.
● Le périoste crânien (péricrâne) est une mince membrane recouvrant la table externe de la voute crânienne à laquelle adhère assez faiblement, sauf au niveau des sutures et des fosses temporaux.
Le crâne
Situé à la partie postéro-supérieure de la tête, le crâne est une boite osseuse contenant l’encéphale et les méninges. Il comprend quatre os impairs médians qui sont : le frontal, l’ethmoïde, le sphénoïde et l’occipital; deux os pairs et latéraux qui sont le temporal et le pariétal. Il est subdivisé en une voûte de base.
Les méninges crâniennes
1-La dure-mère : composée de deux feuillets, très vascularisée, adhérente au niveau des sutures et peu adhérente au niveau de la voûte.
2-L’arachnoïde : réseau fibreux conjonctif, elle s’adapte à la forme générale de la dure-mère.
3-La pie-mère : Mince, transparente et vasculaire, elle recouvre entièrement l’encéphale sans lui adhérer.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I-INTRODUCTION
I-1-Définition
I-2-Intérêt
II. RAPPEL ANATOMIQUE
II-1-Le cuir chevelu
II-2-Le crâne
II-3-Les méninges crâniennes
II-4-Les espaces méningés
II-5-L’encéphale
II-5-1-Le cerveau
II-5-1-1-La configuration externe du cerveau
II-5-1-1-1-Les sillons de la convexité cérébrale
II-5-1-1-2-Les lobes cérébraux
II-5-1-1-3-Les commissures inter hémisphériques
II-5-1-2-La configuration interne du cerveau
II-5-1-2-1-Noyaux gris centraux
II-5-1-2-2-La substance blanche
II-5-1-2-3-Le système ventriculaire
II-5-1-2-4-L’hypophyse
II-5-2-Le tronc cérébral
II-5- 3- Le cervelet
III-HISTORIQUE
IV-PHYSIOPATHOLOGIE
V-DIAGNOSTIC POSITIF DES TEXTILOMES INTRACRANIENS
V-1/CLINIQUE
V-2/ L’IMAGERIE
V-3/EXAMEN ANATOMOPATHOLOGIQUE
V-4-LES ELEMENTS DU DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
V-4-1 -SEMIOLOGIE CLINIQUE DES TUMEURS CEREBRALES
V-4-2 -EXAMENS COMPLEMENTAIRES
DEUXIEME PARTIE
I-METHODOLOGIE
I-1-CADRE D’ETUDE
I-1-1-Infra structure
I-1-2-Personnel
I-2-Type d’étude
II-1-Présentation des observations
II-2-RESULTATS
II-2-1-EPIDEMIOLOGIE
II-2- 2-CLINIQUE
II-2-3-EXAMENS COMPLEMENTAIRES
DISCUSSION
III-1-EPIDEMIOLOGIE
III- 1-1-L’incidence
III-1 -2-L’AGE ET LE SEXE
III-1 -3-LA NATURE DU CORPS ETRANGER
III-1 -4-FACTEUR DE RISQUE
III-2-CLINIQUE
III-2-1-Circonstances révélatrices
III-2- 2-Les signes cliniques
III-3-EXAMENS COMPLEMENTAIRES
III-4-TRAITEMENT
III-4-1-BUT ET PRINCIPES DU TRAITEMENT
III-4-2 /MOYENS THERAPEUTIQUES
III-4 -3 -INDICATION
III-5-EVOLUTION
III-6-PREVENTION
III-6 -1-UTILISATION DE MARQUEUR RADIO-OPAQUE
III-6 -2-LE DECOMPTE CHIRURGICAL
III-6 -3-UTILISATION DE RADIOGRAPHIES
III-7-CONSEQUENCES MEDICO-LEGALES
CONCLUSION