Les techniques végétales au service de l’aménagement durable des zones humides
Nous avons constaté précédemment que la Marne et ses baignades ont été des éléments fondateurs du développement de la ville. Encore aujourd’hui, malgré l’urbanisation dense, les bords de Marne sont les lieux de détente et de loisir privilégiés des Saint-Mauriens, offrant une qualité paysagère appréciable. Cependant, la qualité de l’eau de la rivière ne permet plus de s’y baigner. Cette perte a été le facteur et le symbole de la course menée par le Syndicat « Marne Vive » (Syndicat mixte d’études et de conseils) pour la réhabilitation d’une qualité de l’eau compatible avec la baignade en Marne. Actuellement, cet objectif n’est pas atteint et des plans de mise en valeur, de protection, de sensibilisation se multiplient afin de mobiliser un maximum de personne à la problématique de la qualité de l’eau. Le projet d’un bassin de baignade respectueux de l’environnement comme support de «propagande » à la réhabilitation de la qualité baignade est alors émit par le Syndicat. Ce projet n’est encore qu’une hypothèse, mais il est { l’origine de ce présent rapport, concrétisant mon stage réalisé cet été (2009-2010) au Syndicat, portant sur le développement des baignades en eau douce et les caractéristiques des traitements naturels (Hautin, 2009). Dans un premier temps, j’effectuerai un rappel sur la qualité de la Marne, puis j’expliquerai les multiples usages des plantes aquatiques, notamment la phytoépuration à travers le procédé de bassin de baignades biologique et la technique de végétalisation des berges.
La qualité de baignade en Marne
La qualité des eaux de baignade est principalement mesurée par la teneur en germes de contamination fécale (E. coli, streptocoques) qui accompagnent fréquemment des germes pathogènes porteurs de maladies pour l’homme et les animaux (Salmonella, Listeria monocytogenes, Yersinia enterocolitica), dont la détection est plus difficile. Gastro-entérites, voire méningite ou avortement dans le cas de la Listeria, sont les symptômes de ces bactéries dites d’intérêt sanitaire.
Analyses de donnée bactériologique
La qualité de la Marne va, gobalement, en s’améliorant sur le site de Saint-Maur, mais il existe des différences de résultats entre les paramètres E.coli et streptocoques. Ainsi, le seuil de qualité baignade de la directive de 2006/2007 n’est pas encore atteint, dans le cas des Streptocoques. D’autre part, on enregistre une régularité dans l’évolution annuelle du nombre de bactéries. En effet, le nombre de bactéries est plus faible en période estivale et remonte en hiver. Cependant, même si le seuil de baignade en période estival est souvent atteint ces dernières années ; le « zéro défaut » constitue un objectif extrêmement difficile à respecter pour l’ensemble des résultats d’analyses, comme nous le prouve les différences entre Streptocoque et E. coli.
Par ailleurs, l’aléa pluie joue un rôle déterminant sur les résultats obtenus. On constate, que la contamination bactérienne des eaux atteint des pics après des périodes de pluviosité intense, après les orages d’été ou le lessivage hivernal du début de l’automne à la fin de l’hiver. Donc, même si le bilan est à l’amélioration, rien n’est acquis. Afin de réhabiliter la baignade dans la Marne, des aménagements et des traitements des eaux permettant l’assurance de bons résultats bactériologiques constants, devront êtres réalisés avant une autorisation de baignade en rivière. Ce pour cela, qu’afin de répondre { une demande croissante de baignades en milieu naturel, j’envisage d’aménager le site du dit « Beach », où le potentiel géographique, associatif et historique rend favorable l’installation d’un projet ludique de sensibilisation sur le traitement naturel des eaux. J’ai donc effectué des recherches sur les bassins de baignade biologique. Tout en continuant des recherches, sur des moyens naturels de protection et d’amélioration de la qualité de la Marne, qui ont aboutit en tenant compte de la surface de la zone d’étude, au procédé de végétalisation des berges qui sera développé ci-après.
Les plantes aquatiques : un « matériau durable »
L’intérêt des plantes aquatiques ne se limite pas { leur attrait visuel qui n’est qu’une de leurs facettes. Parmi elles se trouvent des espèces capables d’assurer efficacement différentes fonctions dans les aménagements hydrauliques.
Fixation des rives :
Certains genres, dotés de rhizomes8 ou de systèmes racinaires vigoureux, jouent un rôle important dans la fixation des terres, des fossés, des rives et des berges. Leur présence assure aussi un amortissement des mouvements de l’eau et réduit les risques d’érosion. Les carex (Cyperus), les joncs (Juncus) et d’autres graminées sont particulièrement efficaces.
Épuration :
Les réalisations d’épuration de l’eau par les plantes sont maintenant très courantes et ont fait la preuve de leur efficacité. Le roseau (Phragmites) y joue un rôle de premier plan car il assure sa fonction toute l’année et a une grande tolérance pour de nombreux types d’eaux usées, même en hiver, bien qu’il soit caduc. Mais ils ont des inconvénients : ils sont envahissants, leurs tubercules sont un des aliments préférés des rats musqués et des vers. On lui associe souvent la massette (Typha), la quenouille, les scirpes (Scirpus) (tolérants de haut niveau d’éléments nutritifs, ils se cultivent facilement et ne sont pas envahissants), des laîches (Eleocharis), des carex (Cyperus) et des joncs (Juncus). Ces réalisations de phyto-épuration9 peuvent s’appliquer dans la mise en place d’un traitement des eaux usées pour un particulier, une commune ou une entreprise. Les systèmes de phyto-épuration des mares de baignade, permettant de filtrer l’eau de la « piscine » et de bénéficier d’une eau limpide et propre, dont le développement est en plein essor, font aussi appels { d’autres espèces plus ornementales, complémentaires, afin de soigner l’aspect du décor. Ainsi, les iris (qui possèdent aussi des vertus épuratrices) peuvent être plantés en bordure et fournir des couleurs, de même que les nénuphars, les menthes et lotus. (Annexe 7 : Principales plantes aquatiques utilisables pour la réalisation d’une baignade biologique) Toutes les espèces des zones humides ne sont pas appropriées pour le traitement de l’eau. Les espèces doivent être choisies localement parmi les plantes des zones humides qui poussent dans le même climat et même contexte naturel. Un mélange de diverses plantes renforce le fonctionnement des filtres, de plus une végétation diversifiée est esthétiquement agréable et est plus susceptibles de résister à des espèces envahissantes, aux perturbations, et aux nuisances.
Les berges végétalisées
Les berges, zones de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre, possèdent une grande valeur écologique. Cette transition est naturellement une succession d’aires plus ou moins grandes constituant des biotopes propices au développement d’une flore et d’une faune typique. Les berges ont de nombreuses fonctions : Physique (atténuation des inondations, effet de brise-vent, soutènement de l’ouvrage et sa pérennité), biologique (échange d’eau entre la voie d’eau et la nappe d’eau, corridor écologique, filtre de l’eau…), paysagères.
État des lieux : Les techniques les plus couramment employées actuellement, pour tenir les berges, sont des techniques de génie civil ayant des conséquences désastreuses sur le milieu aquatique. En effet, les protections type palplanches10 ou béton créent une barrière entre l’eau et la terre, et induisent un milieu très pauvre biologiquement. Sur voies navigables, les techniques végétales sont expérimentées depuis 1994 par VNF11. Les résultats obtenus permettent d’affirmer qu’elles apportent, si elles sont correctement mises en œuvre une efficacité technique au moins équivalente à celle observée avec des techniques dures sur canaux ou rivières naviguées. D’après les données disponibles pour les opérations d’investissements pour protection de berges, une technique classique revient en moyenne { 191,00 €/mL. Une technique végétale coûte en moyenne 137,00 €/mL. Les techniques végétales en plus de leurs intérêts techniques, écologiques et paysagers sont aussi très intéressantes pour leur coût de mise en œuvre. (VOIES NAVIGABLES DE FRANCE (VNF), mai 2003)
Réglementation: La directive européenne établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau (directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000) précise que « les états membres protègent et améliorent toutes les masses d’eau artificielles ou fortement modifiées en vue d’obtenir d’ici 2015 un bon potentiel écologique ». Les cours d’eau où les techniques d’aménagement lourdes (béton, palplanche, enrochements…) ont été très largement utilisées et qui présentent une diversité biologique faible sont concernés au premier chef. Le recours à des techniques écologiques, notamment en matière de protection de berge, est un des facteurs d’atteinte de cet objectif. Les protections de berges par techniques végétales ne sont pas soumises à déclaration ou autorisation préalables au titre de la loi sur l’eau sauf si les travaux sont de nature { modifier l’écoulement des crues ou { limiter le champ d’expansion de celle-ci.
Le recours aux techniques végétales quand il est techniquement envisageable permet, en plus d’améliorer les qualités écologiques et paysagères de l’aménagement, de s’affranchir de procédures administratives préalables souvent longues et fastidieuses.
Une étude préalable de l’existant doit être faite avant de concevoir le projet de protection d’une berge. En effet, il est nécessaire de connaître les contraintes du site, dans un premier temps, pour choisir la bonne technique, puis pour choisir les végétaux adaptés. Les techniques végétales favorisent le développement d’une végétation diversifiée adaptée au site et qui a la capacité de lutter contre les plantes indésirables. L’ensemencement des parties aménagées et la mise en place des géotextiles12 permettent également une maîtrise de la colonisation du site par des plantes indésirables pendant les premières années de développement de l’aménagement. Il est { noter qu’une petit portion des berges du « Beach » ont déjà bénéficié de cette technique du génie végétal suite { l’effondrement de celle-ci début 2005 et grâce au soutient financier de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et de France. Notre aménagement concernant les berges sera donc une prolongation de cette initiative de restauration viable qui entre dans les objectifs du Syndicat Marne Vive.
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Table des matières
Introduction
1 Diagnostic
1.1 Saint-Maur un havre de paix, à proximité de Paris, ayant une forte valeur identitaire autour de la Marne
1.2 Zone d’étude : Le Trianon-Beach et ses abords, un site au potentiel non révélé
2 Les techniques végétales au service de l’aménagement durable des zones humides
2.1 La qualité de baignade en Marne
2.2 Les plantes aquatiques : un « matériau durable »
3 Un pont entre la ville et la nature : une baignade biologique
3.1 Réorganisation de l’espace dit du « Beach »
3.2 Le mobilier urbain dans son environnement
3.3 Combien ça coûte ?
Conclusion
Table des illustrations
Site internet
Bibliographie
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