Dans la vie, tout est communication, et c’est par la parole que l’homme se différencie des autres êtres vivants. Lui seul, à la différence des animaux, a le don de la communication verbale, et c’est la qualité de ce qu’il dit qui exprime le mieux son individualité ; l’essence même de son être. Lorsqu’il est incapable de dire clairement ce qu’il pense par émotivité, ou parce que ses idées sont floues, sa personnalité est limitée, effacée et incomprise. La satisfaction personnelle, professionnelle et sociale dépend de l’aptitude de chacun à communiquer clairement à ses semblables ce qu’il est, ce qu’il désire et ce à quoi il croit. Aujourd’hui plus que jamais, dans l’atmosphère des tensions internationales, nous avons besoin que restent ouverts les canaux de la communication. Il y’a également peu de choses qui procurent un plaisir plus grand que celui de tenir un auditoire en haleine par la puissance du verbe. La communication nous permet de partager nos idées les plus brillantes et nos sentiments les plus profonds.
La communication est un processus de transfert d’informations, déclenché par un émetteur qui envoie un flux d’informations par un canal où transitent des idées mises en forme selon un certain code. Ainsi, ce domaine prend l’argumentation comme genre privilégié car elle s’appuie sur des techniques qui transforment une opinion en argument et qu’ils transportent ainsi vers l’auditoire en vue de lui faire partager cette opinion.
le Salafisme
Apparue au septième (7èm) siècle de l’ère grégorienne, la religion musulmane, fondée sur une révélation divine, confinée dans le coran transmis par le prophète Muhammad, se répandit très vite d’abord dans les contrées voisines de la péninsule arabique et ensuite dans le reste du monde. Elle créa une communauté dynamique et unie, par-delà des différences culturelles, par le tawhid , une foi simple et claire en un Dieu absolument unique, créateur des mondes, auquel tout doit se soumettre et se conformer à sa volonté, une foi dans le message universel d’un prophète envoyé pour parachever l’œuvre de ses prédécesseurs.
L’Islam a eu la chance d’avoir des ulémas qui ont su parfaitement jouer leur rôle d’héritiers des prophètes par la diffusion du savoir : ils ont réussi à travers les siècles à sauvegarder l’intégrité de la religion. Bien qu’affecté par les multiples tempêtes qui ont secoué la communauté, la majeure partie de ce groupe est restée à sa vocation. Son attitude à l’égard du pouvoir a toujours été marquée par la tentative de l’orienter dans le sens indiqué par les textes de la Charia, considérée comme celui de l’intérêt réel des musulmans. La diminution de leur influence auprès des gouvernants fut une des plus importantes causes du déclin de la communauté musulmane à partir du 3è/9èm siècle, parce qu’elle entraina un manque de crédibilité du pouvoir aux yeux des masses. Ce qui créa une brèche largement exploitée par les adversaires de la communauté qui, depuis les temps de la croisade, ont cherché à étendre leur domination sur elle.
Depuis le début de la colonisation du monde musulman par l’occident, les musulmans ont commencé à s’interroger sérieusement sur les raisons de leur incapacité de faire face aux envahisseurs occidentaux malgré les enseignements de l’Islam qui assurent à ses adeptes de la supériorité tant qu’ils demeureront réellement croyants. Pourquoi sommes-nous inférieurs sur les plans technologique, scientifique et partant militaire ? Comment concilier cette infériorité réelle avec la supériorité que notre livre sacré attribue aux croyants authentiques ? Comme personne n’a voulu mettre en cause le texte coranique, certains ont eu recours à une analyse profonde de l’attitude pratique des croyants à l’égard de la foi pour aboutir au constat de l’incapacité de la majorité à se hisser au niveau des enseignements de l’Islam. Ces interrogations marquèrent le début d’une prise de conscience qui se concrétisa par des tentatives de réforme qui, malgré la différence de méthodes, avaient un dénominateur commun, à savoir la conviction de leurs tenants de la nécessité d’un retour « retour aux sources ». Si l’Islam du prophète fut assez forte pour pouvoir faire face aux deux grandes puissances de l’époque : la Perse et la Bezance, disent-ils c’est parce qu’il avait gardé son authenticité et était totalement assimilé et strictement pratiqué par ses adeptes. Aussi faut-il restaurer cet islam authentique qui hisse l’acquisition des moyens de progrès matériel, moral et spirituel au rang d’obligation culturelle. Cette restauration commence par la formation des hommes. Une formation qui doit mettre un accent particulier sur le dogme, la loi et la morale qui émane du coran et des hadiths authentiques. La formation aboutissant ainsi à une bonne connaissance de l’islam rendrait son application stricte possible. Celle-ci serait en mesure de rendre à la communauté sa force première et de lui permettre d’occuper une place plus honorable dans la société humaine. Les musulmans qui réagissaient ainsi au siècle dernier, n’étaient pas des gens incultes, mais des intellectuels parfaitement conscients de la nécessité de concilier les exigences du monde modernes et les intérêts d’une religion universelle et dynamique constituant l’âme d’une grande communauté humaine et renfermant des ressources morales et spirituelles inépuisables et dont l’humanité toute entière aura toujours besoin. Cette analyse était acceptable dans l’ensemble par tous les musulmans. Mais l’ordre de priorité qui s’en dégage est celui adopter par le groupe qui va nous intéresser dans cette étude, groupe qui s’est vite identifié à d’illustres devanciers qui, tout de long de l’histoire de l’Islam, se sont évertués à sauvegarder l’authenticité de cette religion qui constituait à leur avis la source de son dynamisme, et ont toujours donné la priorité à l’assainissement de la foi et à la lutte contre les innovations et destructions.
Les devanciers de nos réformateurs orthodoxes ont perpétué la tradition des salafs. D’où l’appellation de salafistes qui leur est donnée. Nos contemporains qui cherchent à opérer la difficile symbiose de leur conception puritaine de la religion et des réalités de la vie moderne se donnent aussi volontiers le nom de salafistes. Mais que recouvrent ces vocables.
Les traits caractéristiques du salafisme
Le salafisme se caractérise par certains traits qui sont :
❖ Accorder la priorité à la purification de la foi en Dieu ;
❖ Attachement strict à la sunna du prophète Mohammad ;
❖ Donner une priorité absolue aux textes coraniques et aux traditions prophétiques ;
❖ Donner la priorité à l’explication faite par le prophète des textes sacrés ;
❖ A défaut d’une interprétation des textes de la part du prophète, celle d’un compagnon prime sur toute autre ;
❖ Rejet systématique des innovations religieuses susceptibles d’altérer les croyances établies dans le coran et la sunna ;
❖ Observance scrupuleuse de la sunna dans tous ses aspects ;
❖ Rejet du culte de la personnalité ;
❖ Intransigeance en face des déviations doctrinales dans l’islam ;
❖ Opposition ferme et constante aux gouvernants injustes ;
❖ Pratique permanente du principe d’ordonner le bien et d’interdire le mal sans recours à la violence contre des gouvernants musulmans ;
❖ Lutte acharnée contre le mysticisme dégradé de certaines confréries religieuses.
En résumé, les salafistes, disent-ils, œuvrent dans le sens de l’aplanissement des obstacles qui empêchent les croyants de vivre en stricte conformité avec la sunna de Mohammad. C’est pourquoi ils combattent l’imitation aveugle des oulémas et incitent à chaque musulman l’obligation de s’instruire pour connaitre la valeur des textes qui étayent les doctrines. Ils pensent, en outre, que l’encouragement de l’apprentissage du coran et la sunna entrainerait la revivification des sciences religieuses, ce qui permettrait à tout un chacun d’être au fait de ses responsabilités et mettrait fin à l’indifférence qui prévaut actuellement au sein des musulmans. D’où l’on comprend que les salafistes cherchent à former des musulmans authentiques qui se conformeront rigoureusement à un tawhid strict qui exclut toute forme de shirk , des musulmans qui maitriseront bien la sunna et qui demeureront fidèles au prophète dans ses croyances et dans son action, et qui œuvreront constamment en vue de se purifier des souillures morales que sont les péchés. où loi divine est appliquée pour que règne la justice sociale et que s’instaure une atmosphère de confiance réciproque entre gouvernants et gouvernés afin de favoriser la solidarité entre les différentes composantes de la communauté musulmane pour la rendre capable de sauvegarder sa cohésion et lutter avec efficacité contre les différents problèmes qui l’assaillent.
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Table des matières
Introduction
Chapitre I : cadre théorique et méthodologique
1. Problématique
2. Méthodologie
3. Revue de la littérature
Chapitre II : le Salafisme
1. Essai de définition
2. Traits caractéristiques
Chapitre III : approche sémiotique de la khutba
1. Le choix lexical dans la khutba
2. Les métaphores dans la khutba
3. Quelques caractéristiques de la khutba
Chapitre IV : quelques figures argumentatives mises en œuvre
1. L’implication de l’auditoire dans le discours
2. Le raisonnement dans le discours
Conclusion
Bibliographie
Table des matières