LES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE

LES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE

BIOLOGIE ET DEGATS

Au cours de sa vie. l’adu lte aura a répondre à deux motivations : l’alime ntation et la reproduction. La prise alime nta ire permet d’assurer une bonne reproduction (Williamson, 1989) Le cycle de déve loppeme nt des Tephritidae est résumé sur la figure 4. Après s’être accouplée, la femelle insère ses oeufs au moyen d’une tarière dans le tissu des fruits hôtes, à quelques millimètres de profondeur (White & E lson-Harris, 1992). Les oeufs donnent naissance à des larves de type asticot qui consomment la pulpe du fruit (Etienne, 1982). Les bactéries présentes à la surface des fruits constituent en outre une bonne source de protéines (White & Elson-Harris, 1992). A la fin du troisième stade larvaire, la larve quitte le fruit et tombe au so l. En fin de développement larvaire, son tégument se durcit pour former une pupe.

Ce stade a une durée d’une à deux semaines selon les conditions c limatiques. Après l’émergence des adultes, quelques jours à une semaine sont ensuite nécessaires pour permettre la maturation sexuelle ( Christenson & F oote, 1960 ). Les piqûres (piqûres de ponte, alimentaire ou probatoire) sont à l’origine des dégâts sur les fruits (Photos 5). Elles entraînent la détérioration du fruit puis sa chute et le rendent impropre à la consommation. Au départ, la piqûre se traduit par une décoloration autour du point d’impact, témoignant de l’entrée de divers pathogènes (champignons ou bactéries) par la b lessure. Dans le cas d’une piqûre de ponte, le fruit abrite une population larvaire qui se développe rapidement au détriment de sa pulpe. Une fois le fruit au sol, dans la plupart des cas, une faune secondaire constituée essentielleme nt de Drosophilidae et de Nitidulidae achève généralement de le faire pourrir et disparaître (Etienne, 1982).

IMPORTANCE ECONOMIQUE :

Les dégâts sont d’autant plus importants que les espèces de Tephritidae tropicales sont le plus souvent polyphages et que, sous un tel climat, la fructification des nombreuses espèces fruitières s’échelonne sur toute l’année et assure le maintien et le renouvellement continu des populations de mouches (Etienne, 1982).Les problèmes engendrés par ces ravageurs ont commencé à se faire ressentir de façon importante à la Réunio n dès 1960. Une étude préliminaire (Bunge-Vivier, 1993) a permis d’estimer les dégâts de C. rosa et C. capitata en vergers de manguiers, d’agrumes et de pêchers, cu ltures en expansion à la Réunion, et d’évaluer le coût de la lutte contre ces ravageurs. Ainsi, l’impact incluant le coût de la lutte et les pertes de récoltes qui subsistent malgré celle-ci avoisinerait 6 millions de francs par an.

ATTRACTIFS ALIMENTAIRES

La diversité des types de nourritures et des odeurs potentielles influençant le comportement des Tephritidae est phénoménale. Ces influences sont fonction de l’état physiologique (âge, période d’accouplement, satiété) des mouches et de leur environnement. Dans le cadre des systèmes de piégeage, l’appât doit avoir une concentration ainsi qu’un pH optimal pour maximiser les captures. L’efficacité des attractifs alimentaires est basé sur le fait que les femelles ont besoin de protéines pour atteindre leur maturité sexuelle et assurer un bon développement des oeufs. Historiquement, les premiers attractifs identifiés étaient de type alimentaire, comme le sucre fermenté (MacPhail, 1 937) ou les protéines (Steiner, 1 952). Ils ont été utilisés aussi bien pour leur faible coût que pour leur efficacité. Le Nulure (Miller Chemical & Fertilizer, Hanover, Pa.), après 50 ans d’existence, reste utilisé pour la surveillance et surtout le contrôle de nombreuses espèces de Tephritidae; il s’agit d’un hydrolysât de gluten de maïs sous forme soluble.

Dans les pièges MacPhail, le Nulure est accompagné de Borax (sodium borate) qui permet de retarder la dégradation et d’augmenter le pH (au moins 8 . 5 ) de l’appât protéique. Bateman & Morton ( 1 9 8 1 ) ont rapporté que l’augmentation de pH des mélanges d’hydrolysâts de protéines de levures standards (NB S ) augmente l’attractivité des appâts envers C. capitata. Ils associent cette augmentation au relargage d’ammoniac dû à l’augmentation du pH de la solution. Cependant, l’ammoniaque seul est inefficace ; il constituerait le principal stimulateur olfactif mais n’a pas d’effet phagostimulant (Bateman & Morton, 1 9 8 1 ). Des recherches sur les composés volatils ont permis de répertorier 3 6 composés dont des acides aldéhydiques dus à la dégradation des acides aminés, des substances à base de sulfure, des furannes, des acides gras à courtes chaînes et des esters d’acide levulinique (Bateman & Morton, 1 9 8 1 ). Flath et al. ( 1 989) ont signalé la présence à pH basique d’une classe dominante de composés, les pyrazines, que l’on retrouve dans les phéromones des Tephritidae et également dans les bactéries (Enterobacteriaceae), une autre source de nourriture pour les mouches.

Cependant les systèmes de piégeage à appât liquide sont d’une part peu stables et délicats dans leur maniement et d’autre part ont une faible spécificité. Aussi a-t-on développé des attractifs ali mentaires synthétiques dans le but de pallier ces inconvénients (Heath et al., 1 995). En 1 996 on a découvert un composé chimique, la triméthylamine, qui est l’un des constituants de la phéromone des mâles de C. capitata. Couplée à l’ammonium acétate et à la putrescine qui sont deux attractifs alimentaires, l’ensemble émet des composés volatiles qui rappellent d’une part l’odeur des appâts protéiques et d’autre part une odeur de végétal attirant les femelles de C. capitata (Gazit et al. , 1 998). Cet attractif, nommé « 3lures »® (BioLure, Consep, Bend, USA), a les avantages suivants (IAEA, 1 999):

• Une spécificité de capture : moins d’insectes non-cibles que les appâts protéiques, moins de mâles stériles et plus de femelles que le trimedlure.

• Une durée de vie de 6 à 8 semaines contre 1 semaine pour les appâts protéiques.

• Dans un piège plastique MacPhail, il capture 2,2 fois plus de C. capitata que les appâts protéiques.

• Lorsque la densité de C. capitata est très faible, il capture 4, 1 fois plus de mouches que les appâts protéiques .

• Lorsque la densité de C. capitata est faible, il détecte la présence de mouches sauvages mieux que le trimedlure.

Cette découverte ouvre de nouvelles possibilité en matière de lutte autocide. En effet, la sélectivité de cet attractif envers les femelles est un atout majeur dans la mise au point des lâchers de mâles stériles et permettra d’améliorer l’efficacité de cette méthode de lutte par la suppression des femelles tout en laissant intacte la population de mâles stériles. Ainsi, cette technique peut fournir un nouveau système amélioré de détection, d’étude et éventuellement de piégeage de masse des populations de C. capitata.

COMPARAISON DES SYSTEMES DE PIEGEAGE POUR BACTROCERA CUCURBITAE

Dans les pièges visant B. cvcurb itae, l ‘ ammonium acétate apparaît comme étant l ‘ attractif le plus efficace en terme de nombre total de captures (mâles et femelles) et de sélectivité. La levure de Torula est aussi efficace que l’ammonium acétate pour la capture des mâles et des femelles (Figure 9).mais présente une moindre sélectivité (Figure 1 0). Par rapport à la levure de T orula, la plus grande sélectivité de 1 ‘ ammonium acétate permet un meilleur respect vis-à-vis des auxiliaires et un nettoyage plus rapide du piège, et son conditionnement sous forme de diffuseur lui confère sans doute une action à plus long terme contre la mouche du melon (bien que cet aspect n ‘ ait pas été abordé dans nos essais). Cela répond bien à l’objectif de cette étude qui est la mise en place de méthodes de lutte efficaces et peu contraignantes pour l’agriculteur. Toutefois, ce traitement est encore au stade expérimental, il nécessite encore de nombreuses améliorations avant de pouvoir être commercialisable.

Les facteurs météorologiques tels que la température, la pluviométrie et le vent ne semblent pas influencer le nombre de captures de femelles de B. cucurbitae, mais on observe que l’ augmentation de température a une influence négative sur les captures des mâles de cette espèce. Ainsi, l’ activité de vol des mâles pourrait être limitée par des températures trop fortes. Nakamori & Soemori ( 1 9 85) ont d’ailleurs montré que les captures de mâles de B. cucurbitae au eue-lure sont plus importantes dans la matinée et sont fonction de l’activité de l ‘insecte. Il serait intéressant de pouvoir mener des études de suivi de densité de l’espèce sur des périodes plus longues, accusant des fluctuations plus importantes des paramètres climatiques. Cet essai présente certaines limites qu’il est utile de préciser. En effet, le manque de connaissance sur les attractifs efficaces vis-à-vis des femelles de B. cucurbitae nous oblige à utiliser des systèmes de piégeage variés : les attractifs sont sous forme soit de tablette (ammonium bicarbonate) soit de liquide (Nulure, levure de Torula et ammonium phosphate) soit de diffuseur (ammonium acétate). I

l est donc difficile de comparer l’efficacité de capture de l’attractif en lui même, c’est-à-dire la ou les molécules responsables de l’attraction. Il est donc plus rigoureux de parler de système d’attraction (diffuseur + molécules) que d’attractif Toutefois, le but de cet essai étant de comparer l’efficacité de systèmes de piégeage sous leurs formes commercialisées, en vue de déterminer le meilleur système que pourra utiliser ultérieurement l’agriculteur, la limite du protocole de l’essai ne nous a pas empêché de parvenir à l ‘ obj ectif fixé. Comme le montre les figures 9 et 1 0, il existe un effet ligne qui semble décupler l ‘attractivité des pièges. Aussi, cet effet se répercute surtout sur les pièges les plus performants en terme de capture (ammonium acétate et levure de Torula). Cela n’a donc pas eu de conséquence sur le classement des systèmes de piégeage. Toutefois il serait intéressant de reprendre cet essai pour analyser l ‘ effet colonne en effectuant d ‘ une part une randomisation totale du carré latin et d’autre part en réorientant la parcelle telle que les lignes deviennent les colonnes et inversement.

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Table des matières

INTRODUCTION
1 L’ÎLE DE LA RÉUNION
1.1 PRÉSENTATION DE L’ÎLE
1.2 L’AGRICULTURE RÉUNIONNAISE
2 LES TEPHRITIDAE NUISffiLES À LA RÉUNION
2.1 POSITION SYSTÉMATIQUE
2.2 LES ESPÈCES NUISIBLES À LA RÉUNION
2.3 BIOLOGIE ET DÉGÂTS
2.4 IMPORTANCE ÉCONOMIQUE
3 LES MÉffiODES DE LUTTE CONTRE LES TEPHRITIDAE
3.1 LUTTE PRÉVENTIVE
3.2 DÉTECTION
3.3 CONTRÔLE ET ÉRADICATION
3.3.1 Lutte chimique classique
3.3.2 Lutte raisonnée
3.3. 3 Lutte biotechnique et systèmes de piégeage
3.3.4 Lutte par suppression des mâles ou « Male Annihilation Technique »
3.3.5 Lutte autocide ou « Sterile Insect Technique » (SJT) .
3.3.6 Lutte biologique
3.3. 7 Désinfestation post récolte .
4 LES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE
4.1 LES PIÈGES
4.1.1 Piège MacPhail
4.1.2 Piège à sec Steiner
4.1. 3 Pièges englués
4.1. 4 Pièges visuels
4.2 LES ATTRACTIFS
4.2.1 Kairomones et allomones des plantes
4.2.2 Phéromones
4.2.3 Paraphéromones
4.2.4 Attractifs alimentaires .
4.3 LES OUTILS DE PIÉGEAGE
4.3.1 Jnsecticides
4.3. 2 Encart englué
4.3. 3 Mouillants
4.4 LE POSITIONNEMENT DES PIÈGES
5 PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIFS
DEUXIÈME PARTIE: MATÉRIELS ET MÉTHODES
1 AVANT-PROPOS
2 MATÉRIELS
2.1 LES PARCELLES
2.1.1 Bassin Plat
2.1.2 Les Lianes
2.2 LES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE
2.2.1 Pièges et contenus
2.2.2 Organisation des parcelles
3 MÉ1HODES
3.1 PRÉPARA TI ON DES PIÈGES
3.2 ACQUISITION ET TRAITEMENT DES DONNÉES
3.2.1 Captures
3.2.2 Données météorologiques
3.2.3 Traitement des données
TROISIÈME PARTIE: RÉSULTATS ET DISCUSSION
1 RÉSULTATS
1.1 COMPARAISON DE SYSTÈMES DE PIÉGEAGE POURBACTROCERA CUCURBITAE
1.1.1 Nombre total de captures de Bactrocera cucurbitae, mâles et femelles confondus
1.1.2 Nombre total de captures de Bactrocera cucurbitae et des autres espèces
1.1. 3 Captures de mâles et de femelles de Bac tracera cucurbitae
1.1.4 Variables climatiques
1.2 COMPARAISON DE SYSTÈMES DE PIÉGEAGE POURNEOCERATITIS CYANESCENS
1.3 COMPARAISON DE SYSTÈMES DE PIÉGEAGE POUR CERA TITIS ROSA
1.3.1 Captures de Ceratitis rosa, mâles et femelles confondus
1.3.2 Captures de Ceratitis rosa, mâles et femelles séparés
2 DISCUSSION
2.1 COMPARAISON DES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE POUR BACTROCERA CUCURBITAE
2.2 COMPARAISON DES SYSTÈMES DE PIÉGEAGE POUR CERATITIS ROSA
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BmLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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