Cette année je suis dans une classe de CP/CE1. Dans cette classe, il y a une forte hétérogénéité. En effet, certains des élèves sont en très grande difficulté, surtout dans l’apprentissage de la lecture. Une de mes élèves ne met pas de sens aux apprentissages et par extension, à l’école. Pour cinq élèves de ma classe, une demande auprès du RASED pour qu’ils puissent être suivis et ainsi être aidés dans leur parcours de scolarité. Aujourd’hui par le biais de la différenciation et des apports que je peux apporter à ces élèves, l’écart se restreint mais il faut poursuive ce travail pour leur permettre de rattraper le retard qu’ils ont pris dans leurs apprentissages.
Ces niveaux de CP/CE1 étaient ceux qui me faisaient le plus peur. En effet, ils sont d’un enjeu très important faisant partie du cycle des apprentissages fondamentaux. Il faut pouvoir permettre à ces élèves de devenir lecteurs. Je ne me sentais pas prête à être sur ces niveaux n’ayant pas l’expérience adéquate n’ayant jamais effectué de stage lors de mes précédentes années avec une classe de CP. Je ne connaissais pas en application les différentes méthodes de lectures, de plus la méthode proposée dans ma classe est une méthode créée par la titulaire. Il s’agit d’utiliser la méthode syllabique préconisée dans les programmes mais aussi de confronter quotidiennement les élèves aux textes littéraires. Le double niveau était aussi un point qui m’apeurait en début d’année. Je ne savais pas comment gérer tous les élèves en même temps, il m’a fallu plus de deux périodes pour avoir une emploi du temps convenable aux deux niveaux me permettant de me libérer du temps pour pouvoir circuler auprès des élèves dans la classe .
Il m’était difficile de trouver un sujet pour mon activité de recherche. En effet, l’année dernière j’avais comme sujet « Comment le jeu permet aux élèves de mieux appréhender les sciences à l’école ». J’ai une formation scientifique ayant obtenue une licence en chimie et une en biologie. Les sciences m’ont toujours attirée, puisqu’elle sont, pour moi, des notions très concrètes permettant d’expérimenter et d’apprendre par le biais d’essai-erreur. Je voulais lier ce thème au jeu qui est pour moi l’un des meilleur moyen d’apprentissage. Ayant un côté ludique, il permet des apprentissages sur différents niveaux, que ce soit culturel, social, la lecture ou bien encore les sciences dans ce cas précis. L’essai-erreur a aussi une part importante dans les jeux c’est pourquoi j’avais cet attrait pour ce sujet. Cependant, cette année, je me suis trouvée dans un séminaire lettres, alors il fallait trouver un nouveau sujet. Étant PES cette année dans une classe de CP/CE1, avec seize CP et neuf CE1, je pouvais alors observer mes élèves, les voir évoluer ainsi cela m’a permis de trouver des voies de recherche que je souhaitais approfondir. Ce sujet m’est apparu quand j’ai commencé les APC avec mes élèves de CE1. Je travaille en APC sur la fluence en lecture avec les CE1. Lors des premiers APC je leur ai demandé sur quels supports pouvions nous trouver de quoi lire. Ils ont tous répondu que nous pouvions lire sur des livres, mais aucun ne me parla de recette de cuisine, de carte postale, de notice d’utilisation etc. Je me suis rendu compte que mes élèves n’avaient pas totalement acquis la notion « pourquoi lit-on ? ». Pour eux, par exemple lire une notice, ne s’appareillait pas au fait de lire.
Les conditions de la lecture
L’enfant-lecteur
« La lecture est un processus de langage au même titre que la parole » p,10 Cependant, le mode de réception diffère entre le langage oral et langage écrit, de plus les structures des phrases vont aussi être différentes, à l’oral les phrases manquent parfois de structure comme par exemple le fait de ne pas mettre la double négation. Il semble intéressant de soulever ce point et ainsi faire comprendre aux élèves qu’un texte littéraire, sauf pour les dialogues, n’est pas structuré de la même façon qu’un langage oral entre plusieurs personnes. Quand un lecteur va terminer sa lecture, il ne pourra pas demander plus amples explications à son interlocuteur, ce qui pourra l’emmener à ne pas comprendre l’essence d’un texte puisque celui-ci n’aura pas été construit pour un lecteur en particulier. « Le texte est écrit pour un auditoire général et ne tient pas compte des connaissances ou des intérêts particuliers de chaque lecteur. » p,11 .
« Le lecteur achève l’œuvre » En effet, c’est le lecteur de par ses inférences et ses
connaissances qu’il a acquises avant la lecture qui lui permet de comprendre et de donner du sens au contexte du texte. Un même texte pourra être compris d’autant de manières qu’il y aura de lecteurs. Mais pourtant comme le suggère J. Giasson, « Il existe d’habitude suffisamment de chevauchement ou de relations entre les expériences de l’auteur et celles du lecteur pour qu’il y ait une compréhension et une communication raisonnable » p,13 C’est pourquoi, dans notre contexte, il est intéressant de travailler par rapport à cette idée. Des élèves pourront ne pas comprendre ce qu’un texte veut dire, parce qu’ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour parvenir au sens que l’auteur a voulu donner. Socrate disait alors « La lecture ne peut s’éclairer que par ce que le lecteur sait déjà » et la linguiste J. Giasson complète en disant que « Plusieurs recherches ont montré que, toutes choses égales d’ailleurs, la quantité de connaissances acquises à l’aide d’un texte est déterminée par la quantité de connaissances que le lecteur possède sur le sujet du texte : les lecteurs qui connaissent tout sur le sujet ou ceux qui n’en connaissent rien ne retireront pas d’informations du texte ; par contre, les lecteurs qui connaissent quelque chose sur le sujet ont des chances d’en apprendre davantage. » p,13 De plus les élèves peuvent s’influencer entre eux. On souligne là l’importance de donner dans un contexte général de donner toutes les clés possibles aux élèves pour réussir. Ainsi un sujet particulier, pourra être traité un minimum en amont pour pouvoir leur permettre une entrée plus facile dans la lecture.
Dans notre contexte, il paraissait nécessaire, justement, de ne pas amener cet apport théorique en amont pour voir comment les textes peuvent biaiser une notion scientifique. Le fait d’utiliser plusieurs supports parlant d’un même sujet apporte aux élèves des contradictions et des choix qu’ils devront faire pour choisir leur propre réalité. Bien évidemment, après cette expérience, si des élèves n’ont toujours pas acquis les notions scientifiques, il faudra leur enlever les représentations initiales que la lecture leur aura données pour leur apporter les vraies notions scientifiques.
Nous pouvons faire une première différenciation entre la lecture utilitaire et la lecture esthétique. Le première est de l’ordre de lecture en public que l’on peut retrouver dans une classe. Par exemple, le fait que les élèves lisent le mêmes textes qui sera alors déconstruit pour essayer d’en tirer son sens. La deuxième se situe plus dans un environnement privé. C’est la lecture que l’élève à pour lui et lui seul comme quand, par exemple, il décide de prendre un livre dans l’espace bibliothèque de la classe. Cependant, « la lecture utilitaire et la lecture esthétique ne sont pas incompatibles ; au lieu de les considérer comment opposées, on les concevra plutôt comme se situant sur une échelle » p, 16. En effet ces deux sortes de lectures sont présentes dans toutes les situations de lecture mais à des degrés différents. Une lecture collective s’apparente plus à une lecture utilitaire, pourtant l’élève va aussi se projeter seul dans la lecture et ainsi se rapprocher de l’environnement privé.
Pour la lecture d’un poème, il ne faut pas demander ce que les élèves ont retenu, ce serait faire une confusion entre ces deux sortes de lecture. Il est important pour un professeur de demander aux élèves leur ressenti et non pas forcément l’aspect utilitaire de ce genre de texte. Les objectifs d’étude doivent être cernés et bien définis pour permettre un meilleur sens et de donner l’envie aux élèves de pouvoir lire des textes.
L’espace de lecture
Il faut d’abord différencier la bibliothèque de la classe du coin lecture. Dans une bibliothèque de classe, nous ne trouvons que des ouvrages, sans forcément avoir d’espace dédié à la lecture. En revanche, le coin lecture offre aux élèves un espace aménagé permettant de s’immerger complètement dans la lecture, dans un espace propice à la détente. Parfois, l’espace de la classe ne permet pas de créer un réel espace dédié à cet exercice, c’est le cas dans ma classe. Pour pallier ce manque d’espace, il suffit de mettre, une chaise, un tapis ou bien encore des coussins. L’armoire dans laquelle se trouvent les livres, doit être à portée de mains des élèves. Des ouvrages placés trop haut ne seront pas choisis. Il faut privilégier une étagère à hauteur des yeux des élèves. Ainsi leur regard est focalisé.
La place de la lecture
Que faire après la lecture en groupe ?
Ouvrir une discussion après une lecture permet aux élèves de confronter leur compréhension à celle des autres. En effet comme les recommandations le montrent, discuter d’un texte après sa lecture permet aux élèves de construire des procédures fines de lecture et ainsi de prendre conscience de la position de lecteur. D’abord il y a la discussion élève-enseignant. Celle-ci permet de répondre aux questions des élèves et de pouvoir les aiguiller sur leur lecture. Un autre échange et aussi celui élève-élève. Il permet aux élèves, si d’autres ont des idées similaires, de conforter leur idée et ainsi de leur donner confiance dans leur lecture. Mais il permet d’une autre part, si d’autres élèves n’ont pas les mêmes idées, d’ouvrir de nouvelles pistes de compréhension et ainsi de créer un pont entre ces idées et celles de ses camarades. Le professeur à alors un rôle qui comprend trois pôles comme l’indique Giasson :
– « Servir de modèle en exprimant [nos] réactions face au texte »
– « Faciliter la discussion »
– « Enseigner aux élèves à en discuter » .
Ces points semblent peut être évidents, mais ils sont rudimentaires pour enrôler les élèves dans la tâche de lecture. Le professeur doit annoncer aux élèves son propre ressenti, cela permet de montrer qu’un texte littéraire provoque des émotions et crée des images pour son lecteur. Ce point me semble pour moi être essentiel. Mes élèves considèrent la lecture comme une obligation scolaire qui doit forcément être évaluée. Montrer que la lecture est un acte de plaisir et qu’un lecteur peut ressentir des émotions encourage les élèves à se créer un environnement propice à la lecture.
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Table des matières
Introduction
I- Les conditions de la lecture
1. L’enfant-lecteur
2. L’espace de lecture
3. La place de la lecture
II – Les activités de lecture
1. Les exercices scolaires
2. Les supports variés
3. Hypothèses
III – Expérimentation
1. Le questionnaire pour les PE
2. Préliminaires à la séquence
3. Ma séquence
Conclusion
Annexes