L’examen visuel
L’examen visuel d’une préparation injectable comprend d’une part le contrôle de son aspect, de sa coloration en particulier, et d’autre part le contrôle de sa limpidité. L’examen visuel permet également la vérification de l’intégrité du conditionnement.
L’aspect et la couleur
Une modification de l’aspect initial est un signe d’altération d’une préparation. Très souvent dans les solutions injectables, l’apparition d’une coloration anormale est facile à détecter par un examen visuel du récipient sur fond blanc. Les changements de couleur sont détectés par comparaison avec un témoin et éventuellement une gamme d’étalon appropriée ou même à l’aide d’un électrophotométre.
La limpidité
Selon la pharmacopée les solutions injectables examinées dans des conditions appropriées de visibilité, sont limpides et pratiquement exemptes de particules.
Le conditionnement
Le conditionnement des préparations injectables est réalisé dans des ampoules, des seringues pré remplies ou des flacons, en plastiques ou en verres généralement incolores , excepté en cas de photosensibilité du contenu.
Il faut vérifier :
– que les récipients sont constitués de matériaux suffisamment transparents pour permettre l’inspection visuelle du contenu.
– que la fermeture est solide et étanche pour empêcher la pénétration de microorganismes et de tout autre agent de contamination.
Le pH
Le pH est un paramètre caractéristique d’une solution aqueuse. Il représente par convention son acidité et son alcalinité. La détermination du pH peut se faire à l’aide de réactifs colorés ou d’un pH-mètre. Le pH joue un rôle important dans la fabrication des préparations injectables, du fait qu’il conditionne la tolérance par l’organisme et en particulier celle des hématies, sa stabilité donc sa conservation, et parfois son activité.
Le pH des liquides de l’organisme est de l’ordre de 7,35 -7,40. On cherche donc dans les préparations injectables, à ne pas trop s’éloigner de la neutralité.
Le contrôle de la neutralité se fait par :
– La mesure du pH par les méthodes classiques : réactifs colorés et pHmètres.
– La mesure du pouvoir tampon.
– Les essais de conservation à différentes températures en fonction du pH et en fonction des agents utilisés pour l’ajustement du pH.
Le volume nominal
Les récipients contiennent une quantité de préparation suffisante pour permettre l’administration de la dose nominale indiquée sur l’étiquette. Afin de satisfaire à l’exigence du volume nominal, les récipients sont remplis avec un volume légèrement supérieur au volume nominal. L’excédent dépend des caractéristiques du produit.
L’isotonie
Les préparations injectables qui doivent entrer en contact avec les liquides tissulaires doivent avoir, dans la mesure du possible la même pression osmotique donc la même concentration molaire que ceux-ci.
Ceci est tout particulièrement important pour les solutions intraveineuses qui devront avoir une progression osmotique voisine de celle du plasma sanguin. Le contrôle de l’isotonie se fait en étudiant le comportement d’érythrocytes humains en leur présence.
Les substances pyrogènes
Les préparations injectables doivent être apyrogènes c’est-à-dire ne pas renfermer de substances susceptibles de provoquer par injection une brusque élévation de température. L’absence de substances pyrogènes se vérifie en suivant l’évolution de la température rectale d’un lapin auquel la substance à contrôler aura été préalablement administrée.
L’essai de stérilité
L’essai s’applique aux substances, préparations et produits qui selon la pharmacopée européenne, doivent être stériles. Mais un résultat favorable signifie seulement qu’aucun microorganisme contaminant n’a pu être décelé dans l’échantillon examiné, dans les conditions de l’essai. L’essai de stérilité doit être effectué dans des conditions strictes destinées précisément à éviter la contamination de la substance à évaluer.
Des précautions doivent être prises pour s’assurer que l’essai ne modifie en rien les microorganismes qu’il est destiné à révéler. L’essai de stérilité est réalisé dans des conditions aseptiques, par exemple sous une hotte à flux laminaire de classe A située dans une salle propre de classe B, ou dans un isolateur. Plusieurs milieux de cultures sont proposés aussi bien pour la détection des bactéries aérobies que pour les bactéries anaérobies, le choix du milieu se fait selon que son aptitude à assurer la croissance d’une large gamme de microorganismes ait été démontrée et qu’il satisfasse à l’essai d’efficacité du milieu en présence de la préparation à examiner.
Les milieux de culture suivants conviennent pour la réalisation de l’essai de stérilité:
– Le milieu liquide au thioglycolate, principalement destiné à la recherche des bactéries anaérobies, permet également la détection des bactéries aérobies.
– Le milieu à l’hydrolysat de caséine et de soja, principalement destiné à la recherche des bactéries aérobies, permet également la détection des levures et des moisissures.
Principes
Stérilité : incubez des échantillons des milieux pendant 14 jours à une température allant de 30 à 35 °. Test de croissance des bactéries aérobies et anaérobies : ensemencez des échantillons des deux milieux décrits sous milieux de culture avec une petite quantité de microorganismes (10-100 UFC conviennent), en utilisant pour le milieu liquide au thioglycolate au moins une espèce bactérienne aérobie et une espèce bactérienne anaérobie et pour le milieu de caséine et de soja au moins une espèce fongique et une espèce bactérienne aérobie.
La technique de filtration sur membrane
Elle est utilisée chaque fois que la nature du produit le permet .Elle utilise des membranes d’une porosité inférieure ou égale à 0,45 μm, dont l’efficacité de rétention des microorganismes a été établie. Des membranes de nitrate de cellulose, par exemple, sont utilisées pour les solutions aqueuses, huileuses ou faiblement alcooliques, des membranes d’acétate de cellulose par exemple, pour les solutions fortement alcooliques. L’emploi de membranes spéciales peut être nécessaire pour certains produits, par exemple les antibiotiques.
L’appareil de filtration et la membrane sont stérilisés par des moyens appropriés. L’appareil doit permettre l’introduction et la filtration de la solution à examiner dans des conditions aseptiques ; il doit également être compatible avec un transfert aseptique de la membrane dans le milieu de culture, ou avec une incubation directe dans l’appareil après addition du milieu de culture.
La technique d’ensemencement direct
On ensemence directement les milieux de culture une quantité de préparation définie de façon que le volume de produit utilisé ne dépasse pas 10 pour cent du volume du milieu, sauf indication contraire.
Pour les liquides huileux, utilisez des milieux additionnés de 10g/l de polysorbate 80 ou d’un autre émulsionnant à concentration appropriée, dont l’absence d’activité antimicrobienne dans les conditions de l’essai aura été démontrée.
A plusieurs reprises au cours de l’incubation, puis en fin d’incubation examinez les milieux pour détecter des signes macroscopiques de prolifération microbienne. S’il n’est pas observé de signes de croissance microbienne, le produit examiné satisfait à l’essai, si une croissance microbienne est observée le produit ne satisfait pas à l’essai à moins qu’il ne puisse être clairement démontré que l’essai est non valable pour des raisons indépendantes du produit.
L’identification
Par test coloré
Cette méthode d’identification consiste à utiliser un réactif ou tout autre substance chimique capable de réagir avec le principe actif du composé pour donner une réaction colorée.
Par chromatographie sur couche mince
La Chromatographie sur Couche Mince (CCM) est une méthode simple et rapide qui permet de suivre l’évolution d’une réaction ou de tester la pureté de composés organiques.
Principe
La phase mobile est un solvant ou un mélange de solvants (état liquide) et la phase stationnaire est généralement un adsorbant maintenu sur une plaque soit en verre soit en plastique rigide. L’échantillon soit liquide ou solubilisé dans un solvant volatil est déposé ponctuellement sur la phase stationnaire (sur la plaque). Les constituants de l’échantillon sont élués (entraînés) par la phase mobile qui grimpe par capillarité.
Mode opératoire
Dépôt
Il se fait linéairement de façon ponctuelle à l’aide d’une pipette capillaire à usage unique. Celle-ci doit être placée perpendiculairement (pour qu’elle ne se vide pas seule) et prudemment sur la plaque (pour ne pas l’endommager). Il est parfois nécessaire (problème de concentration) de faire plusieurs dépôts du même échantillon au même endroit. Il faut alors sécher (sèche-cheveux) entre chaque dépôt.
Développement des plaques
La plaque est placée dans une cuve saturée en vapeur de solvant d’élution. Un bord de cette plaque trempe dans un fond de solvant, en prenant soin d’éviter tout contact entre le dépôt ponctuel de l’échantillon et le solvant. Ce dernier migre alors par capillarité vers le haut de la plaque.
Les différents constituants de l’échantillon ne migrant pas à la même vitesse le long de la plaque, on obtient alors dans le cas idéal autant de taches que de constituants sur le trajet de migration du solvant (méthode de séparation).
Visualisation des substances séparées
En dehors du cas particulier où les composés sont visibles à l’oeil nu, il existe 2 manières de visualiser les taches.
Utilisation d’un réactif spécifique de coloration.
Utilisation de plaque contenant un matériau fluorescent et visualisation à l’aide d’un éclairage ultraviolet. Les constituants de l’échantillon désactivent la fluorescence du matériau de sorte que la plaque est fluorescente partout sauf aux endroits où se trouvent les constituants.
Après avoir été révélées, les taches sont marquées au crayon de façon à pouvoir se rappeler de leur position même après qu’elles se soient estompées.
Analyse qualitative
Si les témoins placés à coté de l’échantillon ont été bien choisis, les taches ayant parcouru la même distance ont de grandes chances d’être de même nature que les constituants de l’échantillon.
Lorsqu’une substance a été localisée sur la plaque mais non identifiée, on peut gratter la tache et l’étudier après dissolution dans un solvant à l’aide des méthodes d’identification (spectroscopie infrarouge, UV, spectrométrie de masse…).
Le dosage spectrophotométrique
Domaine de l’ultraviolet et du visible
Le domaine du spectre ultraviolet utilisable en analyse s’étend environ de 190 à 400 nm. Le domaine du spectre visible s’étend environ de 400 à 800 nm.
Spectrophotométrie
L’analyse spectrophotométrique est fondée sur l’étude du changement d’absorption de la lumière par un milieu, en fonction de la variation de la concentration d’un constituant. On détermine la concentration d’une substance en mesurant l’absorption relative de la lumière par rapport à celle d’une substance de concentration connue.
En analyse spectrophotométrique, on utilise une lumière sensiblement monochromatique. Cette méthode d’analyse est intéressante car elle permet de travailler sur de faibles quantités de substances et est non destructrice vis-à-vis de l’échantillon. Elle s’applique à un très grand nombre de dosages.
Le dosage spectrophotométrique comporte en général une comparaison entre l’absorbance d’une solution de la substance examinée, préparée selon les spécifications de la monographie et l’absorbance d’une solution de la substance de référence.
Les mesures spectrophotométriques sont effectuées tout d’abord sur la solution préparée à partir de la substance de référence, puis sur la solution préparée à partir de la substance à examiner. La seconde mesure est effectuée aussi rapidement que possible après la première et dans les conditions expérimentales identiques.
Type et Lieu d’étude
C’est une étude prospective réalisée au Laboratoire National de la Santé à Bamako au Mali sur une période de 13 mois, allant d’ octobre 2004 à octobre 2005.
Echantillonnage
Notre étude a été réalisée sur 86 échantillons. Elle a porté sur des antibiotiques injectables à base d’oxytétracycline fréquemment utilisés pour le traitement de nombreuses infections en milieu vétérinaire. Les prélèvements ont été réalisés dans différentes localités du Mali en fonction du programme d’activité du Laboratoire National de la Santé.
Critères d’inclusion
Nous avons inclus dans notre étude, les médicaments uniquement à base d’oxytétracycline retrouvés dans les sorties du LNS et ceux déposés pour les autorisations de mise sur le marché.
Critères de non inclusion
Les médicaments n’étant pas à base d’oxytétracycline et les médicaments composés d’oxytétracycline associée à d’autres principes actifs ont été exclus de notre étude.
Traitement des données
Nos résultats ont été traités sur les logiciels Word et Excel.
Méthodes analytiques
L’examen visuel
L’aspect, la couleur et la limpidité de nos produits ont été déterminés par un examen visuel sur fond blanc. Il nous a également permis de vérifier l’étanchéité et l’aspect des conditionnements, les normes d’étiquetage ainsi que le volume nominal pour chaque récipient après transfert de celui-ci dans des éprouvettes graduées.
Préparation de la solution de référence
Dans une fiole jaugée de 10 ml, nous avons introduit 10 mg de chlorhydrate de tétracycline de référence puis complété jusqu’au volume avec le diluant et agité.
Préparation de la solution d’essai
Dans une fiole jaugée de 10 ml, nous avons introduit un volume de solution correspondant à 10 mg de tétracycline puis complété jusqu’au volume avec le diluant et agité.
Le dosage spectrophotométrique
Les spectres d’absorption dans l’ultraviolet et le visible nous ont permis de réaliser des dosages. Absorbance caractéristique de la molécule : 400 à une longueur d’onde de 268 nm en milieu acide (HCl 0,01 N).
Normes de conformité
Pour ces normes, nous avons utilisé la Pharmacopée européenne (4ème édition). La pharmacopée utilisée et celles consultées n’ont présenté la substance à analyser qu’à son état pur. La substance étant acide et destinée à la voie parentérale, pour des raisons de neutralité les produits finis contiennent des excipients modifiant les normes contenues dans les pharmacopées (voir annexes), nous avons eu donc recours en plus de ces pharmacopées aux certificats d’analyses contenus dans les dossiers techniques de chaque fabriquant.
Ainsi ont été utilisés les certificats d’analyse des dossiers des laboratoires :
– ALFASAN
– COOPHAVET
– FARVET
– KELA
– KEPRO B.V
– LAPROVET
– LOBS INTERNATIONAL HEALTH
– OUROFINO
– SKM PHARMA PVT LTD.
– SOLITAIRE INDE .
Les dossiers concernant les médicaments non autorisés n’ont pas été accessibles, cependant en raison de leur quantité dans notre échantillonnage 24,44 % et étant également disponibles sur le marché nous avons évalué leur qualité par comparaison à une » fourchette »de normes établie à l’aide de l’ensemble des dossiers en notre possession soit 14 dossiers dont 10 en rapport avec notre échantillonnage.
Médicaments autorisées et retrouvés sur le marché national
L’existence d’un système permettant le contrôle de la commercialisation des médicaments constitue un préalable à l’évaluation de ces derniers. Ce contrôle consiste à la mise en place du système OMS de certification qui permet aux pays importateurs d’obtenir des autorités compétentes des pays exportateurs une confirmation officielle prouvant que les produits pharmaceutiques importés ont bien obtenu une AMM dans leur pays d’origine et que leurs conditions de fabrication sont conformes à celles recommandées par l’OMS.
Les normes de qualité doivent être établies (organisation de contrôle des médicaments) et constituer la base de l’évaluation de la qualité. Au Mali il existe un décret instituant l’AMM, il s’agit du Décret 04-557/P-RM du 01 DEC 2004 instituant une AMM des produits pharmaceutiques. Les demandes d’AMM sont étudiées au niveau de la Commission Nationale de Mise sur le Marché. La décision portant octroi, refus, retrait ou suspension de l’Autorisation de Mise sur le Marché est accordée par décision du Ministre chargé de la Santé après avis conforme de la Commission Nationale des Autorisations de Mise sur le Marché.
Une nomenclature nationale des médicaments à usage humain et vétérinaire autorisés (ayant reçus une AMM) au Mali existe au niveau de la DPM. Selon cette nomenclature, une vaste gamme de produits essentiellement constitués d’oxytétracycline est disponible dans les différents établissements vétérinaires.
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Table des matières
Introduction
1. Généralités
1.1 Généralités sur l’oxytétracycline
1.1.1 Quelques définitions
1.1.2 Molécule d’oxytétracycline
1.1.3 Mode d’action
1.1.4 Indications de l’oxytétracycline
1.2 La pasteurellose chez les bovins, caprins et ovins
1.2.1 Définition
1.2.2 Formes de pasteurellose selon les hôtes
1.2.3 Bactériologie de la pasteurellose
1.2.4 Transmission
1.2.5 Symptomatologie
1.2.6 Diagnostic, traitement et prophylaxie
1.3 Notions de qualité
1.3.1 La qualité
1.3.2 La qualité d’un médicament
1.3.3 Normes de qualité
1.3.4 L’assurance qualité
1.3.5 Objectif du contrôle de qualité
1.4 Méthodes générales d’analyse
1.4.1 L’examen visuel
1.4.2 Le pH
1.4.3 Le volume nominal
1.4.4 L’isotonie
1.4.5 Les substances pyrogènes
1.4.6 L’essai de stérilité
1.4.7 L’identification
1.4.8 Le dosage spectrophotométrique
2. Travaux personnels
2.1 Méthodologie
2.1.1 Type et Lieu d’étude
2.1.2 Echantillonnage
2.1.3 Critères d’inclusion
2.1.4 Critères de non inclusion
2.1.5 Traitement des données
2.1.6 Méthodes analytiques
2.2 Résultats
2.2.1 Médicaments autorisées et retrouvés sur le marché national
2.2.2 Répartition des échantillons
2.2.3 Limites de l’étude
2.2.4 Résultats des analyses
2.3 Conclusion et recommandations
3. Bibliographie
4. Annexes
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