Les strongyloses caprines

Les strongyloses caprines

Mรฉthodes allopathiques de lutte contre les strongles digestifs chez la chรจvre

Anthelminthiques disponibles et utilisation chez la chรจvre laitiรจre

Anthelminthiques disponibles

Depuis la mise sur le marchรฉ des premiers anthelminthiques ร  large spectre (thiabendazole, famille des benzimidazoles) dans les annรฉes 1960, de nombreuses molรฉcules ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉes et utilisรฉes, appartenant aux trois familles principales d’anthelminthiques ร  large spectre actuellement disponibles : les benzimidazoles, les plus utilisรฉs, le lรฉvamisole, et les lactones macrocycliques, les plus rรฉcents.
Le tableau I rรฉsume les caractรฉristiques des principaux anthelminthiques disponibles. Seuls les dรฉlais d’attente lait sont indiquรฉs, bien qu’il existe des dรฉlais d’attente pour la viande, la production de viande de chรจvre รฉtant marginale en France.
Tableau I : Principaux anthelminthiques utilisรฉs en รฉlevage caprin, dose recommandรฉes et spectre d’activitรฉ. S.G.I. : strongles gastro-intestinaux. [2 ; 65].
* : utilisation au tarissement interdite dans les 21 jours prรฉcรฉdant l’agnelage chez les ovins.
** : utilisation au tarissement interdite chez l’espรจce objet de l’AMM. Doramectine interdite รฉgalement dans les 2 mois prรฉcรฉdant la premiรจre mise bas.
ร‰tude du traitement par un champignon nรฉmatophage, Duddingtonia flagrans, contre les strongyloses digestives chez la chรจvre laitiรจre au pรขturage.

Particularitรฉs d’utilisation en รฉlevage caprin laitier

L’examen du Tableau I rรฉvรจle le faible nombre d’anthelminthiques ร  dรฉlai d’attente nul pour le lait [65]. Les รฉleveurs ont donc tendance ร  utiliser des anthelminthiques appartenant ร  la mรชme famille (les benzimidazoles), les รฉlevages franรงais รฉtant essentiellement tournรฉs vers la production laitiรจre. Les benzimidazoles reprรฉsentent de ce fait 80 % des traitement utilisรฉs, tandis que seules 15 % des fermes utilisent du lรฉvamisole et 27 % des avermectines [24].
Afin de prรฉserver l’efficacitรฉ des anthelminthiques, il est recommandรฉ de varier les familles utilisรฉes, en changeant d’anthelminthique entre la pรฉriode de lactation et la pรฉriode de tarissement. On constate sur le terrain que ces recommandations sont trรจs rarement suivies [24].
Cet รฉtat de fait participe au dรฉveloppement de phรฉnomรจnes de rรฉsistance aux anthelminthiques.

Phรฉnomรจnes de rรฉsistance aux anthelminthiques

Dรฉfinition [55 ; 65]

La rรฉsistance est un phรฉnomรจne gรฉnรฉtique, hรฉritable, qui confรจre ร  une souche de parasites la capacitรฉ de survivre ร  des concentrations d’antiparasitaires habituellement lรฉthales pour les individus sensibles de l’espรจce. Ce phรฉnomรจne est dรฉpendant d’une pression de sรฉlection due ร  l’utilisation des traitements. On considรจre qu’une rรฉsistance est prรฉsente au sein d’un troupeau quand l’efficacitรฉ du traitement anthelminthique considรฉrรฉ induit une rรฉduction de l’excrรฉtion fรฉcale d’ล“ufs du parasite infรฉrieure ร  90 %, et ce alors que le traitement est correctement effectuรฉ. L’efficacitรฉ de la molรฉcule utilisรฉe peut alors รชtre considรฉrablement rรฉduite, voire nulle. Les rรฉsistances peuvent รชtre simples (dirigรฉes contre une famille d’anthelminthiques) ou multiples (dirigรฉes contre plusieurs voire toutes les familles).
Ce phรฉnomรจne correspond donc ร  la perte d’efficacitรฉ de la molรฉcule utilisรฉe vis-ร -vis de sa cible. Il s’agit d’un problรจme important en รฉlevage car, ร  terme, il risque de laisser les รฉleveurs victimes de rรฉsistances multiples dรฉmunis face au parasitisme de leur troupeau, n’ayant plus de traitement efficace.
ร‰tude du traitement par un champignon nรฉmatophage, Duddingtonia flagrans, contre les
Etude bibliographique : Strongyloses et mรฉthodes de lutte.

Mรฉthodes de dรฉtection [32]

La prรฉsence de rรฉsistances dans un รฉlevage doit รชtre suspectรฉe lors de l’inefficacitรฉ apparente d’un traitement [65]. Il est alors souhaitable d’explorer ce phรฉnomรจne. Plusieurs techniques de dรฉtection ont รฉtรฉ mises au point.

Mรฉthodes biologiques

Pour objectiver l’absence de rรฉsistance, la rรฉduction du taux d’excrรฉtion fรฉcale (Fecal Egg Count Reduction Test : FECRT) est รฉvaluรฉe sur l’effectif du troupeau par coproscopie avant (J0) et 10 ร  14 jours aprรจs traitement (J14). On considรจre qu’il y a rรฉsistance si le FECRT : ((opgJ0ย  opgJ14)x100)/opgJ0, est infรฉrieur ร  90 % [32 ; 33 ; 65]. L’avantage de cette mรฉthode est qu’il s’agit d’une mรฉthode in vivo qui tient compte de la mรฉtabolisation du produit dans l’organisme. Il s’agit de la technique de rรฉfรฉrence pour la dรฉtection des rรฉsistances. Elle est trรจs utilisรฉe.
La mise en culture de fรฉces exposรฉes ร  des doses croissantes d’anthelminthiques permet de rรฉaliser un test d’รฉclosion des ล“ufs en laboratoire. La comparaison du nombre de larves obtenues, ร  l’issue de la culture, ร  une concentration en anthelminthique donnรฉe, avec le nombre de larves obtenues par culture en l’absence d’anthelminthique permet d’estimer l’efficacitรฉ de l’anthelminthique ร  la dose envisagรฉe. Utilisรฉe avant et deux semaines aprรจs un traitement, cette technique permet d’estimer l’apparition et l’ampleur de rรฉsistances aux benzimidazoles. Ce test est particuliรจrement employรฉ pour รฉvaluer l’efficacitรฉ des benzimidazoles [32]. Il permet รฉgalement d’obtenir des L3 dont la diagnose renseigne sur les diffรฉrences de sensibilitรฉ ร  l’anthelminthique utilisรฉ des diffรฉrents strongles prรฉsents dans le troupeau [32 ; 33 ; 65].
D’autres tests in vitro รฉvaluant la capacitรฉ d’embryonnement des ล“ufs ou la paralysie des larves (pour le lรฉvamisole) en prรฉsence de doses croissantes d’anthelminthique peuvent รฉgalement รชtre mis en oeuvre [32]. Ces tests sont cependant assez difficiles ร  rรฉaliser et coรปteux et sont donc principalement utilisรฉs en expรฉrimentation.

Signes biochimiquesย 

Des dosages biochimiques effectuรฉs sur un broyat de L3 permettent de mettre en รฉvidence des molรฉcules impliquรฉes dans le phรฉnomรจne de rรฉsistance (estรฉrases, tubulines de faible affinitรฉ envers les benzimidazoles). Le nombre important de L3 requis ainsi que le matรฉriel nรฉcessaire rendent ces techniques onรฉreuses et difficiles ร  mettre en ล“uvre. Ces tests sont donc trรจs peu employรฉs.

Situation mondiale des rรฉsistances aux anthelminthiques chez les strongles

Molรฉcules concernรฉes

Les benzimidazoles reprรฉsentent 80 % des traitements effectuรฉs [24], et constituent la famille d’anthelminthiques la plus ancienne aprรจs le lรฉvamisole. Ils sont de ce fait impliquรฉs dans la plupart des rรฉsistances rencontrรฉes. En outre, la prรฉvalence plus importante des rรฉsistances aux benzimidazoles s’explique aussi parce qu’elles seraient de nature monogรฉnique, tandis que les rรฉsistances au lรฉvamisole et aux avermectines seraient de dรฉterminisme multigรฉnique, donc de transmission moins aisรฉe.Dans une moindre mesure, on note รฉgalement l’รฉmergence de rรฉsistances au lรฉvamisole et au pyrantel [25 ; 50]. Des rรฉsistances se dรฉveloppent aussi pour les avermectines, y compris la moxidectine .

Rรฉpartition et prรฉvalence

Toutes les rรฉgions d’รฉlevage sont touchรฉes par ce phรฉnomรจne. Les rรฉsistances, surtout aux benzimidazoles, sont dรฉcrites partout dans le monde.Elles sont particuliรจrement prรฉsentes en rรฉgion tropicale et sub-tropicale. Elles y sont responsables de lourdes pertes รฉconomiques, ces rรฉgions ayant un climat particuliรจrement favorable au parasitisme. En outre l’รฉlevage y est essentiellement pรขturant. Les traitements anthelminthiques en sont d’autant plus frรฉquents, accentuant la sรฉlection des souches rรฉsistantes. Dans leur รฉtude de 1999 en Afrique du Sud, VAN WYK et al. recensent des rรฉsistances dans toutes les fermes testรฉes sur Haemonchus contortus en รฉlevage ovin et caprin. Plus encore, 16 % des souches d’ Haemonchus contortus รฉtaient sensibles ร  moins de 60 % envers 3 des 4 anthelminthiques testรฉs (albendazole, lรฉvamisole, ivermectine et rafoxanide), 8 % l’รฉtaient ร  moins de 40 % envers les quatre anthelminthiques [55]. Des rรฉsistances ร  tous les anthelminthiques ร  large spectre sont รฉgalement dรฉcrites en Amรฉrique latine [58] et en Malaisie.Les pays tempรฉrรฉs sont รฉgalement touchรฉs. Des rรฉsistances ont รฉtรฉ relevรฉes dans pratiquement toute l’Europe [58] et notamment en France [7 ; 25], et au Royaume-Uni [50]. Selon les pays et les espรจces considรฉrรฉs, des souches de strongles rรฉsistants aux benzimidazoles seraient prรฉsentes dans de nombreux รฉlevages. Chez les petits ruminants par exemple, ces souches existeraient dans 80 % ร  100 % des รฉlevages [25 ; 50]. Un nombre croissant d’รฉlevages est confrontรฉ ร  l’รฉmergence de ces souches au sein des populations de strongles, au point d’atteindre une efficacitรฉ insuffisante des anthelminthiques utilisables en lactation.

Espรจces parasites concernรฉes

Les vers prรฉsentant des rรฉsistances sont principalement Haemonchus contortus et Teladorsagia circumcincta, dans une moindre mesure Trichostrongylus colubriformis [3].

Espรจces hรดtes concernรฉes

Les rรฉsistances aux anthelminthiques concernent particuliรจrement les chรจvres, bien plus que les ovins ou les chevaux. Les bovins sont encore peu touchรฉs [3]. Les rรฉsistances se dรฉveloppent particuliรจrement chez la chรจvre en raison de la physiologie particuliรจre de cette espรจce ainsi que de particularitรฉs dans la conduite d’รฉlevage caprin (cf 2.2.5.2).
ร‰tude du traitement par un champignon nรฉmatophage, Duddingtonia flagrans, contre les strongyloses digestives chez la chรจvre laitiรจre au pรขturage.

Situation en France, chez la chรจvre

En France, l’existence de rรฉsistances aux anthelminthiques est dรฉcrite depuis 1985 [21]. Depuis, sur 18 fermes caprines testรฉes, CHARTIER et al. (2001) ont dรฉcrit des rรฉsistances aux benzimidazoles dans 15 fermes [7]. Ce phรฉnomรจne tend ร  grandement s’amplifier depuis 15 ans [21 ; 25]. Le dรฉveloppement rapide de rรฉsistances aux benzimidazoles touche donc l’essentiel des รฉlevages caprins franรงais, pour les trois principales espรจces de strongles digestifs rencontrรฉes : Haemonchus contortus, Teladorsagia circumcincta et Trichostrongylus colubriformis [21].
Les rรฉsistances au lรฉvamisole sont รฉvaluรฉes en France par CHARTIER et al. (2001) ร  2 fermes sur les 18 testรฉes [7]. L’existence en France de rรฉsistances aux lactones macrocycliques est suspectรฉe mais non encore dรฉmontrรฉe, bien que des cas aient dรฉjร  รฉtรฉ signalรฉs en Europe [21].

Facteurs de dรฉveloppement des rรฉsistances et application ร  la situation chez la chรจvre

Facteurs de dรฉveloppement des rรฉsistances

Facteurs dรฉterminants
Des rรฉsistances peuvent survenir dans un รฉlevage d’oรน elles รฉtaient jusqu’alors absentes lors de l’achat et introduction dans l’รฉlevage de chรจvres porteuses de vers rรฉsistants [52]. Ce fut certainement le cas lors d’importation dans de nombreux pays de chรจvres angoras porteuses de vers rรฉsistants [3]. La transmission de rรฉsistances entre รฉlevages est รฉgalement favorisรฉe lors de pรขturages en commun ou de transhumance [52].Toutefois, une fois l’รฉlevage constituรฉ, les troupeaux caprins sont en gรฉnรฉral gรฉrรฉs par auto-renouvellement (hors maladie ou circonstance exceptionelle). Les รฉlevages constituรฉs avant ou au dรฉbut de la mise sur le marchรฉ des premiers anthelminthiques sont donc souvent รฉpargnรฉs, contrairement aux รฉlevages plus rรฉcents [52].ร‰tude du traitement par un champignon nรฉmatophage, Duddingtonia flagrans, contre les strongyloses digestives chez la chรจvre laitiรจre au pรขturage.

Facteurs favorisants

La sรฉlection de populations rรฉsistantes dรฉpend d’abord du mode d’utilisation des anthelminthiques. Le dรฉveloppement de rรฉsistances ร  ces molรฉcules dans un รฉlevage est favorisรฉ par une importante frรฉquence d’utilisation, un sous-dosage, l’absence d’alternance entre familles de molรฉcules, ou un mauvais choix du moment du traitement ou des animaux ร  traiter.En zone tropicale et sub-tropicale, le climat favorise le dรฉveloppement de l’ล“uf ร  la L3 tout au long de l’annรฉe (absence de pรฉriode hivernale), mรชme s’il est dรฉfavorable ร  une survie prolongรฉe des L3. L’รฉlevage รฉtant essentiellement intensif au pรขturage, les conditions sont gรฉnรฉratrices d’un risque parasitaire important. La frรฉquence des traitements anthelminthiques est donc importante, ce qui favorise le dรฉveloppement de rรฉsistances en ยซย concentrantย ยป les allรจles de rรฉsistance dans la population vermineuse [59].L’utilisation d’un anthelminthique unique, sans changement pรฉriodique de famille, due au faible nombre d’anthelminthiques sans dรฉlai d’attente disponibles, et une frรฉquence importante de traitement contribuent ร  dรฉvelopper des rรฉsistances [52].Les vers sensibles ร  l’anthelminthique sont รฉliminรฉs par le traitement, tandis que les rรฉsistants se multiplient. La frรฉquence relative de l’allรจle de rรฉsistance augmente dans la population et le phรฉnomรจne de rรฉsistance s’en voit amplifiรฉ [52]. On remarque une frรฉquence de traitements accrue dans les fermes prรฉsentant des rรฉsistances aux benzimidazoles (2.8 vs 1.0 traitement/an), sans toutefois qu’il soit possible d’en dรฉduire que ce soit une cause ou une consรฉquence de l’existence de rรฉsistances [7].Le moment du traitement favoriserait รฉgalement les rรฉsistances dans certains cas. Le pรขturage est un refuge pour le parasite face ร  l’antiparasitaire, car il hรฉberge une population de vers non exposรฉs au traitement. L’administration d’anthelminthiques au moment oรน il y a beaucoup de L3 au pรขturage permet donc de diluer les ล“ufs de strongles rรฉsistants qui seront รฉliminรฉs aprรจs le traitement, au milieu de la population prรฉsente au pรขturage, limitant l’impact des rรฉsistances. Si au contraire l’administration est effectuรฉe au moment du passage sur une pรขture assainie, les ล“ufs de strongles rรฉsistants qui seront รฉmis constitueront la population principale au pรขturage, concentrant les rรฉsistances. La stratรฉgie dite du treat and move est donc dรฉconseillรฉe en prรฉsence de rรฉsistances [50].Selon le mรชme principe, une pรฉriode hivernale longue passรฉe en chรจvrerie, avec traitement ร  la rentrรฉe, accroit les risques de rรฉsistance si l’on utilise pour ce traitement un anthelminthique de la mรชme famille que celle utilisรฉe en pรฉriode de pรขturage : peu de L3 sensibles ont survรฉcu ร  l’hiver au pรขturage, et l’รฉmission d’oeufs au retour ร  l’herbe provient de l’infestation par les vers qui auront survรฉcu au traitement d’entrรฉe en chรจvrerie [52].

Causes de la prรฉvalence รฉlevรฉe des rรฉsistances chez la chรจvre

La prรฉvalence importante des rรฉsistances aux anthelminthiques chez la chรจvre s’explique par une physiologie particuliรจre associรฉe ร  une pratique antiparasitaire souvent inadaptรฉe [21 ; 25 ; 65].La rรฉponse immunitaire dรฉveloppรฉe par les chรจvres vis-ร -vis des strongles est trรจs faible. La lutte contre ces parasites conduit donc ร  une augmentation de la frรฉquence d’utilisation des anthelminthiques dans cette espรจce, augmentant ainsi le risque d’รฉmergence des rรฉsistances [21].
La vocation de l’รฉlevage caprin en France est quasi exclusivement laitiรจre. La longue durรฉe de la lactation chez la chรจvre (10 mois) est presque superposable ร  la pรฉriode de pรขturage, donc au risque parasitaire. L’usage en lactation et le respect des dรฉlais d’attente limitent le choix de la molรฉcule aux seuls anthelminthiques ayant un temps d’attente nul pour le lait. De plus, l’espรจce caprine ne reprรฉsente pas un marchรฉ suffisant pour que les laboratoires รฉtendent systรฉmatiquement l’AMM de leurs molรฉcules aux caprins. En l’absence d’AMM caprine pour l’รฉprinomectine, les seuls anthelminthiques utilisables chez la chรจvre en lactation appartiennent ร  la famille des benzimidazoles [21].Selon une รฉtude sur questionnaire menรฉe par HOSTE et al. (2000) auprรจs d’รฉleveurs de caprins laitiers en France, prรจs de 3 traitements par an sont effectuรฉs en moyenne, avec peu ou pas d’alternance de molรฉcule. Parmi ceux qui changent de molรฉcule, seuls 37 % choisissent une famille diffรฉrente entre la pรฉriode de lactation et la pรฉriode de tarissement [24].De plus, la chรจvre prรฉsente une mรฉtabolisation des xรฉnobiotiques diffรฉrente de celle du mouton. La demi-vie plasmatique des molรฉcules anthelminthiques est sensiblement rรฉduite chez les caprins [21]. L’obtention de concentrations tissulaires efficaces nรฉcessite donc l’application de doses supรฉrieures aux doses ovines. Les doses caprines recommandรฉes ont รฉtรฉ รฉvaluรฉes comme รฉtant en gรฉnรฉral 1,5 ร  2 fois la dose ovine [52], ou bien l’application de la dose ovine deux fois ร  12 ou 24 heures d’intervalle. Une administration correcte du mรฉdicament doit se faire en arriรจre de la langue, sous le plus petit volume possible [65]. La dรฉcouverte relativement rรฉcente (annรฉes 1980-1990) de cet รฉtat de fait a conduit ร  un sous-dosage frรฉquent des anthelminthiques chez la chรจvre. L’application des doses ovines a รฉtรฉ relevรฉe dans 55 % des fermes caprines en France [25] malgrรฉ la diffusion de ces informations.Le calcul de la dose d’anthelminthique administrรฉe en fonction du poids moyen des animaux du troupeau (50 ร  60 kg), recensรฉ chez environ 100 % des รฉleveurs [24], au lieu de la fonder sur le poids de l’animal le plus lourd (pouvant atteindre 70 kg), accentue encore ce phรฉnomรจne de sous-dosage, et donc le dรฉveloppement des rรฉsistances [25 ; 52].

Prรฉvention de l’apparition des rรฉsistances aux anthelminthiques

La prรฉvention de l’apparition ou du dรฉveloppement des rรฉsistances, ainsi que la lutte contre les rรฉsistances installรฉes reposent soit sur une meilleure utilisation des anthelminthiques, soit sur la mise en place de mรฉthodes alternatives de lutte contre les strongyloses. Ces techniques sont dรฉtaillรฉes ci-aprรจs.

Mรฉthodes alternatives de lutte contre les strongyloses caprines

Intรฉrรชt

Classiquement, le contrรดle des strongyloses digestives chez la chรจvre impliquait les anthelminthiques. Mais le dรฉveloppement des rรฉsistances, ainsi que les problรจmes liรฉs ร  l’รฉcotoxicitรฉ par destruction de l’entomofaune des prairies, suspectรฉe pour certaines familles, et aux rรฉsidus de ces mรฉdicaments, oriente vers la recherche d’une stratรฉgie d’utilisation plus restreinte de ces molรฉcules, voire vers des mรฉthodes de lutte biologique.D’autre part, le cahier des charges de l’Agriculture Biologique interdit l’utilisation prรฉventive de mรฉdicaments allopathiques chimiques de synthรจse (Rรจglement Europรฉen nยฐ1804/1999 du 19/08/99) [48] dont font partie les anthelminthiques. Or il s’agit d’รฉlevages devant avoir accรจs ร  des aires d’exercice ou de pacage en plein air. Le risque parasitaire est donc important. Il en va de mรชme pour les รฉlevages fermiers et A.O.C., les consommateurs recherchant de plus en plus des produits naturels, issus d’รฉlevages pratiquant le pรขturage et limitant les intrants chimiques.On observe donc une tendance actuelle au dรฉveloppement des mรฉthodes nouvelles de contrรดle des strongles pour rรฉpondre ร  ces attentes. Elles s’articulent sur un principe d’amรฉlioration de la rรฉsistance et de la rรฉsilience des animaux, de dilution des allรจles de rรฉsistance au sein des populations de parasites, ou sur la rรฉduction des contaminations du pรขturage.

Utilisation raisonnรฉe des anthelminthiques

Les stratรฉgies dรฉveloppรฉes ici s’appuient sur la nรฉcessitรฉ de prรฉserver au sein des populations de parasites une grande proportion d’individus sensibles aux anthelminthiques. Cela consiste ร  รฉviter de sรฉlectionner les individus rรฉsistants en รฉliminant tous les individus sensibles. Il s’agit donc d’une application raisonnรฉe des traitements anthelminthiques (traitements ciblรฉs), ou bien d’une bonne gestion du moment des traitements et de la conduite du troupeau.

Traitement sรฉlectif

Dans un troupeau, une minoritรฉ d’individus sont responsables d’une part importante de l’excrรฉtion totale des ล“ufs de strongles [25]. Traiter uniquement les forts excrรฉteurs permet de limiter l’รฉmission d’ล“ufs au pรขturage, tout en conservant des chรจvres, plus faibles excrรฉtrices, รฉmettant des ล“ufs de strongles sensibles aux anthelminthiques, n’ayant pas eu de contact avec les molรฉcules. Une telle stratรฉgie implique l’identification des animaux les plus parasitรฉs et/ou les plus forts excrรฉteurs.

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Table des matiรจres

Introduction
Etude bibliographique
Premiรจre Partie : Contexte de l’รฉtude
1. Les strongyloses caprines
1.1 Elรฉments de biologie
1.2 Epidรฉmiologie des strongyloses digestives
1.3 Helminthoses digestives : signes cliniques et consรฉquences sur les performances
2. Mรฉthodes allopathiques de lutte contre les strongles digestifs chez la chรจvre
2.1 Anthelminthiques disponibles et utilisation chez la chรจvre laitiรจre
2.2 Phรฉnomรจnes de rรฉsistance aux anthelminthiques
3. Mรฉthodes alternatives de lutte contre les strongyloses caprines
3.1 Intรฉrรชt
3.2 Utilisation raisonnรฉe des anthelminthiques
3.3 Stratรฉgies d’augmentation des dรฉfenses de l’hรดte
3.4 Techniques de diminution de la contamination des pรขtures
Seconde partie : Utilisation de champignons nรฉmatophages pour le contrรดle des contaminations au pรขturage
1. Dรฉfinition
1.1 Mode d’action
1.2 Caractรจres gรฉnรฉraux
1.3 Intรฉrรชt dans la lutte contre les strongyloses des ruminants
2. Historique
3. Propriรฉtรฉs et utilisation pratique de Duddingtonia flagrans
3.1 Conditions d’emploi
3.2 Efficacitรฉ et spectre d’activitรฉ
3.2.1 Efficacitรฉ sur les strongles digestifs
3.2.1.1 Efficacitรฉ in vitro
3.2.1.2 Efficacitรฉ en terme de rendement de coproc
4. Toxicitรฉ, รฉcotoxicitรฉ et limites d’utilisation de Duddingtonia flagrans
4.1 Toxicitรฉ
4.2 Ecotoxicitรฉ
4.3 Limites d’utilisation
Conclusion de la partie bibliographique
Etude Expรฉrimentale
1. Objectifs de l’รฉtude
2. Matรฉriel et mรฉthodes
2.1 Matรฉriel biologique
2.2 Protocole
2.3 Analyses statistiques
3. Rรฉsultats
3.1 Etude nยฐ1 : mesure de l’efficacitรฉ
3.2 Etude 2 : Mesure de l’impact qualitatif sur les productions
4. Discussion
4.1 Etude 1 : efficacitรฉ de l’administration de spores de D. flagrans
4.2 Etude 2
4.2.1 Etude de la contamination des productions
4.2.2 Contamination de la machine ร  traire
4.2.3 Contamination des mamelles des chรจvres
4.2.4 Influence des conditions d’รฉlevage du Pradel
Conclusion
Bibliographie

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