LES STRONGLES DES EQUIDES
LES METHODES DE LUTTE CONTRE LES NEMATODOSES EQUINES
Les moyens les plus frรฉquemment mis en place en France pour dรฉparasiter les chevaux passent par la chimioprรฉvention, tandis que les mรฉthodes alternatives restent largement minoritaires.
Les mesures de lutte chimique : la vermifugation
Les molรฉcules actuellement disponibles
Les anthelminthiques รฉquins peuvent รชtre divisรฉs chimiquement et pharmacologiquement en sept classes distinctes : pipรฉrazine, imidothiazoles (lรฉvamisole), organophosphorรฉs, benzimidazoles, praziquantel, pyrimidines et lactones macrocycliques. Parmi ces classes de produits, seules cinq sont commercialisรฉes actuellement, ร savoir pipรฉrazine, praziquantel, benzimidazoles, pyrimidines et lactones et ce sont donc celles-ci qui nous intรฉressent. Chaque produit a son propre mode dโaction mais les molรฉcules appartenant ร une mรชme classe tuent les parasites selon le mรชme mรฉcanisme. Celui-ci consiste soit ร altรฉrer des processus mรฉtaboliques vitaux ayant trait ร lโalimentation ou la conversion de lโรฉnergie, soit ร causer une dรฉsorganisation de lโactivitรฉ neuromusculaire qui rรฉsulte en la paralysie du vers et son incapacitรฉ ร se maintenir dans sa niche รฉcologique.Ces antiparasitaires sont formulรฉs de faรงon ร proposer plusieurs voies dโadministration, ce qui en simplifie grandement lโusage. Lโefficacitรฉ dโun anthelmintique (Ulhinger, 1992) est conditionnรฉe par le respect des critรจres suivants : (1) la dose administrรฉe est basรฉe sur une estimation prรฉcise du poids du cheval, (2) la dose entiรจre est consommรฉe, (3) les anthelminthiques mรฉlangรฉs ร la nourriture sont totalement consommรฉs dans les 12h post administration (DiPietro, 1987). Enfin, lโindex thรฉrapeutique est gรฉnรฉralement suffisamment large pour en permettre un usage sรปr.Le nom dรฉposรฉ, la dose recommandรฉe, lโindex thรฉrapeutique, le mode dโaction et les voies dโadministrations sont prรฉsentรฉs en tableau I pour les quatre classes thรฉrapeutiques disponibles sur le marchรฉ. Un rรฉsumรฉ de leur efficacitรฉ sur les principaux parasites gastro-intestinaux รฉquins est prรฉsentรฉ dans le tableau II. Une รฉtude plus dรฉtaillรฉe des trois familles largement prรฉpondรฉrantes sur le marchรฉ du fait de leur efficacitรฉ et de la largeur de leur spectre est ensuite prรฉsentรฉe.
Famille des benzimidazoles
Ces composรฉs organiques de synthรจse et de structure homogรจne sont dโimportance majeure en mรฉdecine vรฉtรฉrinaire. Initialement actifs contre les nรฉmatodes digestifs, leur spectre sโest ensuite รฉlargi vers les nรฉmatodes respiratoires, les cestodes et les trรฉmatodes. Ce groupe inclut le thiabendazole, lโalbendazole, le mรฉbendazole, le fenbendazole, lโoxfendazole, et lโoxibendazole et a lโindex thรฉrapeutique le plus large parmi les anthelmintiques รฉquins.Le mode dโaction est basรฉ sur lโinhibition de certaines enzymes comme par exemple la fumarate rรฉductase, accepteur final dโรฉlectrons dans la mitochondrie, ce qui bloque le mรฉtabolisme รฉnergรฉtique par dรฉfaut dโutilisation du glucose (Prichard, 1970). Il repose รฉgalement sur lโinteraction avec la tubuline qui, empรชchant la polymรฉrisation en microtubules, entraรฎne une dรฉsorganisation gรฉnรฉralisรฉe de lโarchitecture de la cellule et de son fonctionnement.On ne dรฉtaillera pas les doses recommandรฉes et le spectre de chaque molรฉcule : on note que les pourcentages dโefficacitรฉ du tableau II ne prennent bien sรปr pas en compte les souches rรฉsistantes. Le febantel, appartenant ร la famille des phรฉnylguanidines est mรฉtabolisรฉ ร son absorption en fenbendazole et est donc un probenzimidazole avec le mรชme mode dโaction et soumis aux mรชmes problรจmes de rรฉsistance.Le fenbendazole reste cependant le troisiรจme anthelminthique administrรฉ au Royaume-Uni (Earle, 2002) et le second au Danemark (Lendal, 1998) et la situation est sans doute identique dans les autres pays dโEurope. Son spectre comprend les ascaridรฉs, les oxyures, les grands et petits strongles ร lโรฉtat adulte, et sโรฉlargit aux larves de cyathostomes enkystรฉes dans la paroi intestinale lorsquโil est administrรฉ ร la posologie de 7.5mg/kg pendant 5 jours consรฉcutifs ou ร 50 mg/kg pendant 3 jours ou ร 60 mg/kg en une seule fois (Duncan et al, 1998) avec une efficacitรฉ de 90 ร 95%, incluant les stades L3 prรฉcoces. Cette propriรฉtรฉ le distingue largement des autres anthelminthiques. Sa rรฉmanence est faible, de lโordre de 14 jours avant rรฉapparition des ลufs dans les fรฉcรจs (Lumsden et al,1989), ce qui conduit ร retraiter 15 jours ร un mois suivant la prรฉcรฉdente administration.
Famille des pyrimidines
Les sels de pyrantel : chlorydrate, pamoate de pyrantel et tartrate de pyrantel sont actifs contre les ascaridรฉs, les petits strongles, S.vulgaris et les oxyures (Cornwell et Jones, 1968). Leur efficacitรฉ est en fait limitรฉe concernant les oxyures et S edentatus et ils sont inactifs sur les gastรฉrophiles (Drudge et al, 1987).Leur dose dโutilisation habituelle est 6.6 mg/kg mais lโadministration dโune double dose รฉtend le spectre aux anoplocรฉphales, contre lesquels benzimidazoles et lactones macrocycliques sont inactifs. On note quโil peut รชtre administrรฉ de faรงon efficace quotidiennement ร la dose de 2.64 mg/kg, en vue de prรฉvenir la migration des larves de S. vulgaris ainsi que les larves migrantes de P.equorum et lโinstallation des larves de cyathostomes, bien que ce ne soit pas prouvรฉ (Monahan et al, 1997). Ce protocole sโavรจre mรชme plus efficace contre lโinfestation par les cestodes que trois administrations dโune dose รฉquivalente ร trois fois la posologie recommandรฉe sur une durรฉe de 26 semaines selon une รฉtude menรฉe par J. Kivipelto, 1998.Le pyrantel est un agoniste de lโacรฉtylcholine, entraรฎnant une paralysie spastique du vers qui ne peut se maintenir dans lโhรดte.Sa rรฉmanence est de lโordre de 39 jours, ce qui amรจne ร retraiter au bout de 6 semaines environ (Lumsden et al, 1989).
Famille des lactones macrocycliques
Lโivermectine, du groupe des avermectines, a รฉtรฉ le premier composรฉ commercialisรฉ avec un spectre aussi large, qui sโรฉtend des arthropodes aux nรฉmatodes (ยซ endectocide ยป). Son efficacitรฉ est de lโordre de 99% sur les gastรฉrophiles, stades adultes et immatures de P. equorum, stades larvaires et adultes des grands strongles, petits stongles adultes, oxyures, habronรจmes, microfilaires dโonchocerques, Draschia, T. axei, S. westeri, D.arnfieldi. Pour Love et al (1995), son efficacitรฉ est de prรจs de 70% sur les stades larvaires de cyathostomes. La dose active est trรจs faible : 0.2mg/kg, et lโindex thรฉrapeutique trรจs large. Les lactones sont des agonistes dโun neurotransmetteur, lโacide gamma-amino butyrique (GABA) et agissent en bloquant les canaux Cl- glutamate dรฉpendants de neurones du pharynx du vers et de cellules musculaires. Ceci aboutit ร une perte de coordination dโoรน immobilisation du vers par paralysie flasque. Sa rรฉmanence est de 56 ร 70 jours, et autorise ร retraiter environ 8 semaines suite ร une vermifugation (Jacobs et al, 1995). Cette molรฉcule a connu un immense succรจs depuis sa commercialisation en 1981 : ร titre dโexemple, au Royaume-Uni en 1996, 92% des chevaux vermifugรฉs ont reรงu de lโivermectine dans une รฉtude conduite par Lloyd, 1998.La moxidectine, de commercialisation encore plus rรฉcente (annรฉes 1990) est une milbรฉmycine aux propriรฉtรฉs comparables ร celles de lโivermectine. Elle sโutilise ร la dose de 0.4mg/kg et a pour particularitรฉ sa bonne activitรฉ, de lโordre de 70 ร 80% sur les larves de cyathostomes enkystรฉes, L3 et L4. Son index thรฉrapeutique plus faible justifie son AMM pour les chevaux รขgรฉs de plus de 4 mois. Enfin, sa rรฉmanence longue de 84 jours permet de reporter le traitement suivant ร 12 semaines plus tard, exceptรฉ pour les poulains de moins de 2 ans puisque cette durรฉe ne vaut pas pour les ascaridรฉs, quโil faut donc vermifuger toutes les 6
ร 8 semaines (DiPietro et al, 1996).
Les protocoles de vermifugation
Quelques principes fondamentaux
Quelque soit le protocole appliquรฉ parmi toutes les solutions possibles, lโefficacitรฉ de la vermifugation repose sur les bases suivantes :
โข Traiter simultanรฉment tous les chevaux puisque lโobjectif est de rรฉduire le niveau de contamination de la pรขture en dรฉbarrassant le cheval de ses propres parasites afin que la rรฉinfestation sโeffectue aussi lentement que possible.
โข Administrer la dose correcte en sโassurant quโelle est consommรฉe en totalitรฉ (cf supra).
โข Lors de la vermifugation, rentrer le cheval en box la veille et ne le ressortir au paddock que le lendemain afin que lโรฉlimination des ลufs ait lieu dans la litiรจre et non sur les pรขtures.
โข Ne jamais รฉpandre le fumier de cheval sur les aires pรขturรฉes par les chevaux.
โข Mettre en quarantaine et traiter tout nouvel arrivant avec une molรฉcule de large spectre.
โข Ne jamais mettre dโรขnes sur les prairies utilisรฉes par les chevaux.
Vemifugation des adultes
On ne peut dรฉtailler que les protocoles les plus rรฉpandus et quelques exemples, adaptรฉs au traitement de chevaux qui passent au moins une partie de lโannรฉe en pรขtures ou qui sortent rรฉguliรจrement au paddock. La vermifugation des chevaux en ยซ zero grazing ยป, qui reprรฉsente moins de 1% de la population รฉquine britannique (Mellor, 2001), peut ne sโeffectuer que 2 fois par an, voire pas du tout si la gestion sanitaire est excellente.โข Alternance rapide des familles chimiques : lโintervalle de vermifugation est basรฉ sur la pรฉriode de rรฉapparition des ลufs dans les fรฉcรจs, qui varie en fonction de lโanthelminthique et du parasite considรฉrรฉ (il sโagit toujours des cyathostomes pour les adultes, qui ont la pรฉriode prรฉpatente la plus courte). On change de classe thรฉrapeutique ร chaque nouvelle administration, alternant gรฉnรฉralement une lactone macrocyclique, le pyrantel et un benzimidazole. Ce protocole a lโavantage de prรฉvenir lโapparition dโรฉventuelles souches rรฉsistantes par lโemploi dโune autre molรฉcule ร la vermifugation suivante. Il est cependant relativement coรปteux car impose un intervalle de vermifugation moyen assez faible : la moxidectine ยซ tient ยป 12 semaines avant rรฉรฉmission des premiers oeufs, lโivermectine 8, le pyrantel 6 et le fenbendazole 4 semaines seulement. Ce protocole reste trรจs utilisรฉ puisquโau Royaume-Uni, ร titre dโexemple, 28% des propriรฉtaires changeaient de molรฉcule ร chaque vermifugation au cours des annรฉes 1994, 1995 et 1996 et 86% administraient au moins 2 molรฉcules par an, avec une mรฉdiane de 6 traitements annuels en 1996 (Lloyd, 2000).
โข Utilisation dโune seule famille : cette fois, une seule molรฉcule est employรฉe et il sโagit en pratique le plus souvent de lโivermectine toutes les 8 semaines ou de la moxidectine toutes les 12 semaines du fait de leur trรจs large spectre, mais les benzimidazoles ont รฉtรฉ utilisรฉs ainsi pendant de longues annรฉes avant la commercialisation de lโivermectine en 1981. Ces pratiques ont lโinconvรฉnient de sรฉlectionner les espรจces insensibles ร leur action, comme les souches de cyathostomes rรฉsistantes pour les benzimidazoles ou les anoplocรฉphales dont la prรฉvalence augmente depuis lโutilisation intensive des lactones (Edwards, 1986). Dans lโรฉtude effectuรฉe par Lloyd (1998), seuls 6% des propriรฉtaires nโavaient administrรฉ que de lโivermectine sur 3 annรฉes (souvent complรฉtรฉe par un traitement cestocide).
โข Les protocoles spรฉcifiques consistent ร administrer les molรฉcules en fonction de leur spectre et de la menace รฉpidรฉmiologique la plus prรฉsente ร chaque pรฉriode de lโannรฉe :
โข un strongylicide adulticide et larvicide ร la sortie au prรฉ vers Mars, et ร la rentrรฉe en Novembre : on utilise de prรฉfรฉrence une lactone macrocyclique pour bรฉnรฉficier dโun spectre aussi large que possible et รฉviter une contamination importante des pรขtures en Mars ainsi que pour empรชcher lโaccumulation des larves chez les chevaux tout en traitant en mรชme temps les gastรฉrophiles en Novembre.
โข un strongylicide adulticide en cours de saison de pรขture, au moment des pics dโexcrรฉtion vers Juillet et Septembre : du pyrantel ou du fenbendazole sont adaptรฉs, accompagnรฉs dโun cestocide : on peut donc employer le seul pyrantel ร double dose ou le praziquantel. Ce schรฉma comprenant quatre vermifugations ciblรฉes au cours de lโannรฉe est largement rรฉpandu, cโest par exemple le plus utilisรฉ au Danemark (Lendal, 1998), avec une moyenne de 4 et de 3.7 traitements annuels respectivement pour les jeunes chevaux et les adultes.
โข Le pyrantel en usage quotidien ร la dose de 2.64 mg/kg pendant la saison de pรขture est un protocole proposรฉ assez rรฉcemment qui semble efficace sur la prรฉvention des migrations larvaires de grands strongles et la rรฉduction significative du taux dโexcrรฉtion dโลufs de strongles, mรชme aprรจs exposition ร une soudaine et importante pression dโinfection (Monahan, 1997). Il convient de toujours vermifuger avec un anthelminthique ร large spectre ร la sortie au prรฉ avant de dรฉbuter le pyrantel en prise quotidienne. Cependant, ce protocole est plus coรปteux et nโest pas plus efficace que lโadministration dโivermectine toutes les 8 semaines ou quโune excellente gestion des pรขtures (Nicklin, 1997) et sโavรจre intรฉressant principalement dans le cadre de pรขtures partagรฉes par des chevaux de statuts helminthologiques variรฉs et surtout inconnus, dont la vermifugation ne peut รชtre synchronisรฉe.
Vermifugation des jeunes
Une attention particuliรจre doit รชtre portรฉe sur la vermifugation des jeunes de moins de 2 ans et des juments suitรฉes :
โข Tout dโabord ร cause dโun profil parasitologique diffรฉrent, puisquโil sโagira ici de lutter contre les anguillules et les ascaridรฉs,
โข Ensuite du fait dโune sensibilitรฉ beaucoup plus importante aux infestations, superposรฉe ร une efficacitรฉ rรฉduite des anthelminthiques dans cette population, probablement imputable ร un manque dโimmunitรฉ qui sโensuivrait dโun phรฉnomรจne dโenkystement important. Ainsi, Herd a comparรฉ lโefficacitรฉ de 3 molรฉcules de classes thรฉrapeutiques diffรฉrentes : ivermectine, oxibendazole et pyrantel pamoate sur les adultes et les yearlings dans une รฉcurie de pur-sangs de lโOhio sur une durรฉe de 4 ans (1982 ร 1988). Les comptages moyens des coproscopies des adultes dรฉpassaient rarement 100 epg pour des intervalles de traitement de 4 ร 5 semaines dans le cas de lโoxibendazole et du pyrantel, et de 8 semaines concernant lโivermectine. En revanche, ceux des jeunes chevaux sโรฉlevaient ร 655 epg pour lโoxibendazole, 729 epg pour le pyrantel et 852 pour lโivermectine avec des comptages individuels atteignant parfois 3000 epg pour des dรฉlais aprรจs traitement parfaitement identiques ร ceux des adultes (Herd, 1990).
On vermifugera donc les juments idรฉalement juste avant lโarrivรฉe dans le box de poulinage pour tenter dโen รฉviter la contamination ou dans les jours suivant la naissance du poulain, au maximum 15 jours aprรจs. Dans le cas dโune vermifugation post-poulinage, il est impรฉratif de ramasser les crottins de la pouliniรจre quotidiennement pour รฉviter des niveaux dโinfestation du box trop importants. On traite ร nouveau 1 mois aprรจs, avec pour objectif lโรฉlimination des risques de strongyloรฏdose en utilisant du fenbendazole ou de lโivermectine (le pyrantel รฉtant inactif sur les anguillules). On vermifugera les poulains entre 15 jours et 1.5 mois aprรจs selon les antรฉcรฉdents en matiรจre de strongyloรฏdose, puis 1 mois plus tard puis enfin tous les 2 mois jusquโร lโhiver avec une molรฉcule au choix ร lโexception de la moxidectine au dรฉbut, qui ne dispose pas de lโAMM avant 4 mois et en rappelant pour celle-ci que sa rรฉmanence nโest que de 6 semaines sur les ascaridรฉs.
Les protocoles concernant les yearlings sont identiques ร ceux des adultes mais il est possible de rรฉduire lรฉgรจrement les intervalles en cas de forte infestation. En effet, lโivermectine toutes les huit semaines ou lโoxibendazole toutes les quatre semaines ont รฉtรฉ impuissants ร assurer un contrรดle satisfaisant chez les jeunes chevaux au cours dโune รฉtude menรฉe ร Newmarket (Herd, 1986). On note que le pyrantel quotidien pose chez les jeunes le problรจme de lโacquisition de lโimmunitรฉ : ainsi, Monahan (1997) a comparรฉ les niveaux dโinfestations parasitaires et les rรฉactions cliniques et inflammatoires, suite ร des traitements trรจs diffรฉrents, de 3 groupes de poulains soumis ร une importante pression dโinfection par des grands et petits strongles. Dans un premier temps, les poulains des deux premiers groupes รฉtaient au prรฉ avec leur mรจre : les premiers รฉtaient traitรฉs quotidiennement au pyrantel avec leur mรจre et les seconds ne recevaient pas de traitement antiparasitaire, tandis que les troisiรจmes avaient grandi dans des conditions ยซ parasite-free ยป, donc sรฉparรฉs des juments et en box. Dans un second temps, les poulains des deux premiers groupes furent sevrรฉs et dรฉplacรฉs sur une pรขture fortement contaminรฉe pendant 5 semaines, le groupe 1 recevant toujours son pyrantel quotidien. Ensuite, ils furent tous rentrรฉs au box et la moitiรฉ de chacun des groupes fut soumise ร une pression dโinfestation soudaine et majeure par des strongles (grands et petits), lโautre moitiรฉ servant de tรฉmoin. Des autopsies eurent lieu 6 semaines post-infection pour รฉvaluer les niveaux dโinfestation et lโ รฉtendue des lรฉsions. Monahan a constatรฉ au cours de cette expรฉrience que :
โข Le pyrantel quotidien du groupe 1 a rรฉduit significativement les niveaux dโinfestation des juments et des poulains, ainsi que les comptages de larves infestantes sur pรขtures.
โข Le pyrantel quotidien du groupe 1 a maintenu des comptages coproscopiques trรจs bas au cours du sevrage, mais nโa pas suffi ร prรฉvenir une infestation par des grands et petits strongles suite ร une agression parasitaire sรฉvรจre durant cette mรชme pรฉriode.
โข Les poulains du groupe 1 se sont avรฉrรฉs plus sensibles ร une forte pression dโinfection que ceux du groupe 2, qui nโont montrรฉ aucun symptรดme clinique suite ร une telle agression.
โข Les rรฉactions des poulains du groupe 1 face ร la forte pression dโinfection รฉtaient comparables ร celles des poulains ยซ parasite-free ยป en terme de manifestations cliniques (fiรจvre, anorexie, coliquesโฆ) ainsi que de niveau dโinfestation parasitaire (nombre de strongles luminaux et de larves enkystรฉes), tรฉmoignant dโune absence au moins partielle de dรฉveloppement de lโimmunitรฉ, qui pourrait รชtre imputable au dรฉfaut de contact entre poulains sous pyrantel et parasites, indispensables au dรฉveloppement dโune immunitรฉ spรฉcifique.
Ce problรจme du dรฉveloppement de lโimmunitรฉ, observรฉ au cours de cette รฉtude en ce qui concerne le pyrantel quotidien, reprรฉsente une des interrogations soulevรฉes par lโusage intensif de la chimiothรฉrapie prรฉventive, qui limite forcรฉment la rencontre hรดte/parasites. On conclura cette partie en soulignant que le meilleur protocole parmi lโensemble des possibilitรฉs consiste ร suivre rรฉguliรจrement le niveau dโinfestation des chevaux et ร traiter lorsque les coproscopies indiquent que cโest devenu nรฉcessaire, et tout particuliรจrement en ce qui concerne les jeunes chevaux, puisque cela permet le maintien du contact hรดte/parasite dans des proportions maรฎtrisรฉes ainsi quโun usage vraiment raisonnรฉ des anthelminthiques, quโune bonne gestion des pรขtures devrait garder minimal.
Les mesures de lutte sanitaire : la gestion des pรขtures
Lโentretien des pรขtures
la composition des pรขtures
Une des premiรจres rรจgles pour empรชcher une contamination lourde des pรขtures consiste ร ne pas dรฉpasser une certaine concentration de chevaux, pour des raisons รฉvidentes : la charge devrait rester infรฉrieure ร un cheval par hectare. En effet, les larves se trouvent dans un rayon de 30 cm autour de leur lieu dโรฉmission dont 89% dans les 15 cm (English, 1979), or si les chevaux ont lโhabitude de respecter un pรฉrimรจtre de refus autour des aires de dรฉfรฉcation, ce qui limite lโingestion de larves infestantes, la surpopulation les oblige ร enfreindre cette rรจgle pour se nourrir, accroissant considรฉrablement le risque dโinfestation.
Le second รฉcueil consiste ร mรฉlanger des chevaux dโรขges diffรฉrents : les poulains sous la mรจre sont particuliรจrement fragiles et vulnรฉrables aux infestations et ne devront dรจs lors pas partager les pรขtures des jeunes du sevrage ร deux ans dont les comptages coprologiques et sur pรขture sont constamment รฉlevรฉs. Ils ont vรฉritablement un statut de ยซ multiplicateurs ยป en terme de population parasitaire (Love & Duncan, 1992), dโautant que lโefficacitรฉ des traitements anthelminthiques est rรฉduite sur cette population (Herd, 1990). Ceux-ci respectent moins que les adultes la discrimination entre aires de pรขturages et aires de dรฉfรฉcation si bien quโils sont trรจs exposรฉs aux larves infestantes issues des crottins des adultes lorsquโils partagent leurs pรขtures (English, 1979) : les jeunes ยซ recyclent ยป les larves introduites par les adultes. Il convient donc de sรฉparer lโeffectif total en trois classes distinctes : mรจres et poulains de moins de 6 mois, jeunes du sevrage ร 2 ans, et adultes, avec pour chacune un programme ciblรฉ de contrรดle du parasitisme.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. LES STRONGLES DES EQUIDES : BIOLOGIE ET CYCLE EVOLUTIF
A. Classification des parasites
1. Les grands strongles
2. Les petits strongles ou trichonรจmes
3. Les trichostrongles
B. Localisation et alimentation
C. Cycles รฉvolutifs
1. Phase externe
2. Phase interne
II. LES METHODES DE LUTTE CONTRE LES NEMATODOSES EQUINES
A. Les mesures de lutte chimique : la vermifugation
1. Les molรฉcules actuellement disponibles
a) famille des benzimidazoles
b) famille des pyrimidines
c) famille des lactones macrocycliques
2. Les protocoles de vermifugation
a) Quelques principes fondamentaux
b) Vemifugation des adultes
c) vermifugation des jeunes
B. Les mesures de lutte sanitaire : la gestion des pรขtures
1. Lโentretien des pรขtures
a) la composition des pรขtures
b) lโhygiรจne des pรขtures
c) Le hersage des pรขtures
d) lโassainissement des pรขtures
2. La rotation des pรขtures
3. Les stratรฉgies de dilution
C. Etude dโun exemple: rรฉsultats dโune enquรชte sur les mรฉthodes de contrรดle du parasitisme britanniqu
III. LA RESISTANCE AUX ANTHELMINTHIQUES : GENERALITES
A. Dรฉfinitions
B. Diagnostic de la rรฉsistance
1. Tests in vivo
a) Coproscopies : Test de rรฉduction fรฉcale (ยซ Fecal Egg Count Reduction Test ยป)27
b) Bilans parasitaires (Duncan et al, 1988)
2. Tests in vitro
a) Test dโรฉclosion des oeufs (ยซ Egg hatch assay ยป)
b) Test de dรฉveloppement des larves (ยซLarval development test ยป, Coles, 1988)…31
c) Test de liaison ร la tubuline (ยซ tubulin binding assay ยป)
d) Test colorimรฉtrique (ยซ biochemical assay ยป)
C. Les molรฉcules concernรฉes
1. La rรฉsistance de famille des benzimidazoles
2. Les cas de rรฉsistance au pyrantel
3. Situation des lactones macrocycliques
D. Les espรจces parasitaires incriminรฉes
1. Strongylus vulgaris
2. les cyathostomes
IV. EPIDEMIOLOGIE DE LA RESISTANCE
A. Dynamique de lโextension de la rรฉsistance
1. Dรฉterminisme gรฉnรฉtique de la rรฉsistance
a) Les bases phรฉnotypiques
b) Les bases gรฉnรฉtiques
2. Dynamique ร lโรฉchelle dโune population : intรฉrรชt des modรจles mathรฉmatiques
3. Dynamique spatio-temporelle : lโextension gรฉographique
B. Les facteurs liรฉs aux parasites
1. Un renouvellement rapide et abondant des gรฉnรฉrations
2. Lโhypobiose, un refuge inaccessible aux anthelminthiques
3. Une position trรจs postรฉrieure dans le tube digestif
C. Les facteurs liรฉs aux antiparasitaires
1. Lโefficacitรฉ des traitements
a) Le mรฉtabolisme des molรฉcules
b) La dose administrรฉe
2. La frรฉquence des traitements
3. La pรฉriode des traitements
4. Le spectre de la molรฉcule
D. Les facteurs liรฉs ร la conduite dโรฉlevage
1. La gestion des pรขturages (Herd & Coles, 1995)
2. Chimioprรฉvention et prรฉvention sanitaire
a) La stratรฉgie ยซ dose and move ยป
b) Les autres pratiques alternatives
3. Les mouvements de chevaux
V. LA GESTION DE LA RESISTANCE
A. Principes รฉpidรฉmiologiques du contrรดle des cyathostomes
1. Augmentation saisonniรจre de la charge parasitaire de la pรขture
a) modรจle saisonnier de lโรฉmission des oeufs
b) variations saisonniรจres des populations de larves infestantes sur la pรขture
c) Survie des larves infestantes
d) Dรฉveloppement dโune rรฉponse immunitaire (Herd et Coles, 1995)
B. Utilisation rationnelle des anthelminthiques
1. La mรฉdicalisation de la vermifugation
a) Suivi collectif des effectifs (Herd & Coles, 1995)
b) Mรฉdicalisation individuelle
2. Le schรฉma de vermifugation recommandรฉ : alternance lente ou association de molรฉcules
3. La rรฉduction de la frรฉquence des traitements
a) Les traitements stratรฉgiques
b) Les traitements sรฉlectifs
C. Utilisation des mรฉthodes alternatives
1. Gestion et hygiรจne des pรขtures : stratรฉgies de prรฉvention
2. Rotations des pรขtures : stratรฉgies dโรฉvasion
3. Les stratรฉgies de dilution
D. De la nรฉcessitรฉ dโinformation
E. Les nouvelles perspectives
1. Le contrรดle biologique grรขce aux champignons nรฉmatophages
2. Les nouvelles en matiรจre de chimioprophylaxie
a) Lโespoir des rรฉgulateurs de croissance (Waller et Lacey, 1986)
b) La recherche de formulations plus performantes (Hennessy, 1997)
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
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