L’éducation constitue un élément moteur du développement économique, social et politique. La qualité de l’éducation devient une pièce maitresse des sciences de l’éducation surtout dans les pays en voie de développement. De cette éducation, l’homme acquiert des aptitudes diverses : connaissances, savoirs, savoir-faire et savoir-être qui se traduisent en compétence. De part cette compétence investie dans la société, l’éducation contribue au développement de la nation même. Ainsi, elle nécessite une réflexion profonde sur le processus d’enseignement/ apprentissage dans tout le niveau. Mais, à l’heure actuelle, on se demande pourquoi un élève réussit et pourquoi un autre échoue. En fait, les perturbations sont d’intensité et de nature différente. Elles relèvent de l’accumulation de symptômes comme la passivité, l’agitation, le trouble, les écarts de langage, les humiliations, les provocations. Et c’est toujours dans ce contexte de problèmes de l’éducation que nous avons mené notre mémoire.
COMPORTEMENTS TURBULENTS
Généralités
Dans un premier temps, il est nécessaire de définir clairement ce qu’est un comportement turbulent, au sein d’une classe, et dans l’enceinte de l’École, plus généralement. J.F. Blin et C. Gallais-Deulofeu (2009, p.47) en proposent une courte définition. Un comportement turbulent ou perturbateur au sein d’une classe s’identifie par sa fréquence, sa répétition et son intensité. « Un comportement n’est pas déviant en soi mais selon les normes du contexte dans lequel il s’exerce ».
Les problèmes les plus fréquents rencontrés par les enseignants sont les incivilités, au sein de la classe, mais aussi dans l’environnement proche de l’établissement. Comme le souligne A. Barrère (2002), les incidents extrêmes que l’on qualifie de violence scolaire, bien que très médiatisés, sont assez rares au sein des établissements. Selon Dervaux, Carlier et Gérard, (2008) : « les atteintes les plus fréquentes, tant envers les membres du personnel qu’envers les élèves, sont principalement verbales ». On peut donc dire que, de manière générale, les turbulences scolaires ne peuvent être réduites aux actes délictueux : il s’agit de phénomènes plus complexes qui portent atteinte à la forme scolaire (Martin et al. 2004), c’est-à-dire à l’ensemble des pratiques scolaires et sociales au sein de l’École.
J.F Blin (2009, p 10.) utilise le terme de « dérégulations scolaires » : il s’agit de nuisances mineures, d’incivilités répétées (voire journalières) qui gênent les apprentissages et perturbent fortement le climat de la classe. C’est la fréquence des dérégulations, qui dérange les enseignants dans leur travail : ils subissent une forme de violence scolaire et cela crée chez eux un sentiment d’échec et d’impuissance, jusqu’à la remise en cause leur identité professionnelle. Ces dérégulations scolaires posent des difficultés aux enseignants dans leur gestion de classe : elles sont le résultat d’événements imprévus qu’ils doivent « traiter dans l’urgence et l’incertitude » (Perrenoud, 1996) .
Leurs émotions sont alors fortement sollicitées et leurs réponses peuvent parfois être inappropriées du fait du caractère imprévisible d’une situation donnée : « la ressource émotionnelle prend le pas sur la réflexion, l’affectif sur la raison, le vécu douloureux des événements sur leur rationalisation » (Martin et al. 2004).
Identification des dérégulations scolaires
J.F Blin (2009) propose une hiérarchisation sur trois niveaux des « violences scolaires », subies par les enseignants mais aussi les élèves, de la simple nuisance aux actes les plus graves : les violences symboliques ; les incivilités, violences verbales et délits ; les violences physiques.
Quatre dérégulations scolaires apparaissent comme celles qui viennent le plus fréquemment perturber le travail de l’enseignant.
Le bruit et l’agitation
J.C. Richoz (2010, p.44) donne des exemples de comportements caractéristiques de ce type de dérégulation scolaire : bavardages incessants, prises de parole spontanées sans permission, bruitages intentionnels, bruits liés à l’utilisation du matériel pédagogique, déplacements des élèves dans la classe sans autorisation etc. Le bruit et l’agitation sont deux termes qui peuvent être regroupés sous le mot « chahut ».
S’il était « collectivement organisé » avant les années 70 et qu’il indiquait, d’une certaine manière, une cohésion dans la classe selon A. Barrère (2002), le chahut des classes d’aujourd’hui épargnerait davantage l’enseignant (en l’usant plutôt qu’en l’agressant directement) mais il montrerait avant tout le désintérêt et l’incompréhension des élèves du sens donné à l’école et aux apprentissages. L’indiscipline a donc changé de nature (E. Prairat, 2007) : le chahut traditionnel, ritualisé par le groupe, et que l’on retrouve encore dans les établissements fréquentés par les lycéens « bourgeois », selon R. Sirota (1993) a largement été remplacé par un chahut « anomique », c’est-à-dire qui affaiblit les normes scolaires. Les formes d’opposition des élèves vis-à-vis de l’institution scolaire ont donc changé : le chahut « actuel » n’est plus issu d’une préméditation collective mais il est la conséquence d’actes perturbateurs individuels : il est donc plus difficile à maîtriser pour l’enseignant, car beaucoup plus imprévisible.
L’agressivité et les comportements d’opposition
Selon la classification proposée par Archambault et Chouinard (2009, p.230) les comportements agressifs adoptés par des élèves généralement hostiles ou provocateurs se traduisent par une opposition, une résistance permanente à l’autorité des adultes, une contestation générale et un refus d’obéissance des consignes, une agressivité affichée à l’encontre de l’enseignant ou des autres élèves. Face à ces difficultés, l’enseignant ne parvient pas à superviser sa classe, se laisse déborder et devient impuissant : ceci affecte de manière profonde l’enseignant et les élèves spectateurs (J.C. Richoz, 2010, p.50).
La passivité
La passivité se traduit par un refus de participer, un désintérêt affiché, ou simplement de l’indifférence : c’est une « forme larvée d’absentéisme » (J.F. Blin, 2009, p.43). Lorsque ces comportements se généralisent à une classe entière, on parle d’anorexie scolaire (G. Weil, 1997. Cité par J.F. Blin). Les normes du groupe sont alors établies d’une telle manière que c’est l’élève qui souhaite travailler qui devient « déviant » (J.C. Richoz, 2010, p.55).
L ’hétérogénéité scolaire
L’hétérogénéité scolaire désigne les diversités que l’on peut retrouver au sein d’une classe. Ces différences peuvent être d’ordre scolaire (niveau des acquis, type d’apprentissage, motivation pour la matière enseignée), culturel, ethnique, social, familial ou encore économique. Ce phénomène, très actuel, pose de gros problèmes didactiques et pédagogiques aux enseignants ; même si cette diversité constitue parfois une richesse, elle implique de nouvelles contraintes dans la gestion de la classe, pour que chaque élève puisse être intégré dans le groupe et être reconnu par ses pairs (J.C Richoz, 2010, p.56). Les enseignants de « l’école de la périphérie » (A. Van Zanten, 2000. Citée par D. Manesse) ont donc de grandes difficultés à enseigner selon un modèle qu’ils ont appris (et que l’institution scolaire leur demande de transmettre) face à des élèves qui ont des expériences et des valeurs diamétralement opposées aux leurs (D. Manesse, 2002). Ils se retrouvent donc face à une situation paradoxale : la volonté, le devoir de maintenir chez leurs élèves un certain niveau de culture, imposé par l’institution scolaire avec le socle commun de connaissances et de compétences, et la gestion quotidienne des perturbations que cette hétérogénéité engendre, reléguant la transmission des savoirs au second plan.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I- COMPORTEMENTS TURBULENTS
I- Généralités
II-Identification des dérégulations scolaires
A-Le bruit et l’agitation
B- L’agressivité et les comportements d’opposition
C- La passivité
D-L ’hétérogénéité scolaire
III- Recherche d’explications à la turbulence scolaire
A-Transformations de la société
1- Mutations idéologiques
2-Stigmatisations sociales, culturelles et ethniques
3- Influences anti-éducatives
B- Transformations de l’institution scolaire
1-Démocratisation de l’enseignement
2-Notion d’« effet établissement »
C- Transformations de l’adolescent
1-Transformations physiologiques
2-Transformations psychologiques
CHAPITRE II : L’IMPORTANCE DE LA BONNE GESTION DE CLASSE
I-Définition de la gestion de classe
II- Modèle conceptuel selon Brownell et Smith (1993)
A-Le macro système
B-L ’écosystème
C-Le méso système
D-Le microsystème
CHAPITRE III: ECLAIRCISSEMENTS DE CERTAINS CONCEPTS AFFERENT A LA STRATEGIE PEDAGOGIQUE
I-Définitions de certains concepts
A-Le concept de « stratégie pédagogique »
B-Le concept « méthode pédagogique »
C-Le concept « technique pédagogique »
D- Le concept « moyen d’enseignement »
II-Les différentes stratégies pédagogiques pouvant être utilisées par les enseignants
III- Résumé des stratégies pédagogiques
CONCLUSION GENERALE