Les stratégies de codage du son
Les différents modèles d’implants cochléaires:
Les implants cochléaires actuels diffèrent sur de nombreux points tels que le design des électrodes (placement, nombre et configuration), le type de stimulation et le type de traitement du signal utilisé pour le codage de la parole. Toutefois, les principaux éléments sont partagés par tous les systèmes. Il existe de nombreux types de porte-électrodes, selon les paramètres suivants : nombre d’électrodes, type de faisceau et longueur de stimulation. Les implants cochléaires disponibles aujourd’hui ont tous le trait commun d’être multicanaux, en possédant de 16 à 24 électrodes. La reconnaissance optimale des consonnes dans le silence est atteinte avec 4 électrodes. Pour les voyelles et les mots monosyllabiques, il faut 6 à 8 électrodes. De fait, augmenter le nombre d’électrodes à plus de 8 ne semble pas apporter une meilleure perception des sons, mais permet une intelligibilité améliorée dans un milieu bruyant. Cette dernière est maximale avec 14 à 16 électrodes. Ainsi, aujourd’hui, tous les implants possèdent au minimum 16 électrodes. Les particularités des différents implants et la multiplicité des gammes à disposition rendent aujourd’hui possible l’adaptation aux divers cas cliniques, selon l’anatomie de la cochlée propre à chaque patient (l’électrode courte pour palier les déficiences auditives sur les fréquences aigues; l’électrode droite pour une cochlée ossifiée; l’électrode fine et flexible pour un meilleur contact péri- modiolaire…).
Le choix du côté à implanté :
Le côté à implanter est déterminé en fonction des critères cliniques, audiométriques, électrophysiologiques et radiologiques (anatomiques). En effet, lorsque la surdité est asymétrique, c’est l’oreille la plus sourde qui est implantée afin de pouvoir maintenir l’appareillage controlatéral; si la surdité est bilatérale et symétrique l’implantation se fait du côté où les conditions anatomiques sont plus favorables sur le TDM des rochers ou l’IRM, du côté des meilleuresréponses au test au promontoire s’il est pratiqué, ou du côté de la main dominante.
Cas particuliers :
La décision d’implantation cochléaire est difficile dans certaines situations.
Ossification cochléaire : Une cochlée ossifiée, à la suite d’une méningite ou d’une fracture bilatérale ou obstruée par certaines formes d’otospongiose cochléaire, complique considérablement l’insertion d’un porte-électrode. Dans ces conditions, une implantation est urgente, avant qu’une ossification complète ne s’installe. En cas d’ossification, certaines équipes pratiquent des techniques chirurgicales spécifiques (Microdrill, faisceau d’électrodes…) de façon à pouvoir mettre quelques électrodes mais les résultats restent décevants.
Malformations d’oreille : Les risques sont le geyser, la paralysie faciale traumatique et la méningite. La réalisation d’un scanner systématique et une bonne préparation à l’implant permettent d’en limiter les risques. Les résultats orthophoniques sont fonction de l’histoire auditive.
Handicap et implant : Quelques enfants présentent des handicaps associés. Certains peuvent renforcer l’indication d’implant cochléaire (problèmes visuels ou moteurs), d’autres rendent l’indication limite ou inenvisageable (retard mental, psychoses). Chaque cas doit être discuté en fonction de l’évolutivité de la pathologie. Il est toujours particulièrement important de poser les limites des résultats de l’implantation avec la famille, et s’assurer qu’une prise en charge spécifique pourra s’organiser au sein de l’équipe rééducative.
Implantation cochléaire bilatérale : L’implantation cochléaire bilatérale permet l’accès à la stéréophonie avec la restauration des capacités de localisation spatiale, l’amélioration de la sélectivité fréquentielle, et de la reconnaissance de la parole dans le bruit. De nombreuses études réalisées dans différents pays ont montré par des tests auditifs et des questionnaires que pour une même personne l’utilisation de deux implants améliore habituellement très nettement à la fois la quantité des informations auditives perçues et leur qualité. Ceci est particulièrement vrai dans les atmosphères bruyantes. Une des limites de l’implantation cochléaire bilatérale est son coût. Ce sont des études évaluant le rapport coût/efficacité qui ont permis de réaliser des évaluations socio économiques précises de l’impact de l’implantation cochléaire bilatérale. Celles-ci ont démontré l’intérêt de l’implant bilatéral et permis de décider des modalités de prise en charge par la collectivité.
Evaluation orthophonique:
Le bilan orthophonique permet l’évaluation du niveau perceptif et de langage, par l’observation lors d’échanges spontanés, de tests et de questionnaires de l’appétence à la communication verbale et les moyens de compensation développés par le patient. Ainsi, il évalue si le patient tire un bénéfice de ses prothèses quotidiennement. Cette évaluation comprend plusieurs niveaux, selon l’âge à l’implantation et le degré de surdité. Dans le cadre de l’implant cochléaire, le bilan orthophonique est utilisé à la fois comme évaluation pour la sélection des sujets à implanter et comme instrument de référence pour l’appréciation des résultats du patient avec l’implant cochléaire.
Mode de communication : Les orthophonistes évaluent l’appétence à l’échange et l’utilisation des différents modes de communication. Il est important d’évaluer la combinaison de la communication orale avec l’apprentissage précoce de la communication gestuelle qui permet de favoriser l’épanouissement global du petit enfant sourd. La réussite de l’implantation sera dépendante d’un projet oraliste dans le cas d’enfant atteint de surdité pré linguale.
Perception auditive : Des outils orthophoniques français permettent d’évaluer la perception et la compréhension auditive : le TEPP (test d’évaluation de la perception et de la production de la parole) et le TERMO (test d’évaluation de la réception du message oral). Ils sont composés de listes de phonèmes et de syllabes, de listes de mots de Fournier, Lafon, Boorsma, de phrases simples et complexes adaptées aux différents âges.
La chirurgie de l’implant cochléaire:
Préparation à l’acte opératoire:
Méningite et vaccination : De manière plus récente, une complication a été décrite avec une augmentation de son incidence : les méningites bactériennes post-implantation cochléaire. Cette complication a été reconnue en 2002 lorsque quelques cas ont été reportés à la FDA, identifiant 26 cas de méningites chez des enfants. Cela était surtout observé avec un système actuellement retiré du marché qui comprenait, en plus du porte-électrode, un positionneur destiné à repousser le porte-électrode le plus près possible du modiolus pour diminuer la consommation énergétique du système implantable. D’autres facteurs ont été incriminés comme les malformations cochléaires. Le streptococcus pneumoniae était responsable de 62% des méningites à germe identifié.
Depuis le mois d’octobre 2002, l’Affssaps recommande que tout patient candidat à l’implantation cochléaire, adulte ou enfant, doit bénéficier d’une mise à jour du calendrier vaccinal contre le pneumocoque et l’haemophilus de manière à diminuer le risque d’otite moyenne aiguë et donc de complications méningées au cours d’une otite moyenne aiguë. Ainsi, toute otite moyenne aiguë chez l’enfant et l’adulte porteur d’implant cochléaire doit être traitée en fonction de l’écologie bactérienne et des connaissances de la sensibilité des germes au moment de l’otite. Le vaccin antihaemophilus est recommandé chez l’enfant de moins de 6 ans. Concernant la vaccination antipneumococciques, le vaccin conjugué est prescrit pour les enfants de moins de 5 ans et le vaccin polysaccharide pour plus de 5 ans. En 2007 la vaccination antihaemophilus influenzae b a été introduite au programme nationnal d’immunisation au Maroc.
Résultats audiométriques:
Les résultats d’audiométrie tonale doivent s’améliorer dans le temps. Il est difficile de comparer ces données avec celles de la littérature. En effet, les résultats audiométriques purs sont peu décrits et souvent noyés parmi les résultats orthophoniques. On peut réaliser une audiométrie vocale dans le calme en utilisant les listes de LAFON, sans l’aide de la lecture labiale, pour tester le nombre de phonèmes correctement perçus. Les tests sont réalisés de préférence de vive voix en champ libre. Chez un adulte devenu sourd ou un enfant avec surdité post-linguale, les résultats s’améliorent avec le temps. Les implantés ayant une surdité congénitale ou pré linguale ne subissent pas les tests d’audiométrie vocale, ou seulement après plusieurs années de port de l’implant car leurs résultats restent insuffisants pendant une certaine période.
CONCLUSION:
L’implantation cochléaire a révolutionnée la prise en charge de la surdité profonde et sévère de l’adulte et de l’enfant. C’est une technique sûre, efficace lorsqu’elle s’adresse à des populations correctement sélectionnées. La sélection des condidats est faite par une équipe multidisciplinaire, après un bilan clinique, audiométrique, orthophonique, psychologique, associé à une évaluation électrophysiologique et neuroradiologique. Chez l’adulte devenu sourd, l’implant cochléaire permet dans la plupart des cas une réintégration socio-professionnelle satisfaisante. Chez l’enfant souffant d’une surdité profonde prélinguale, l’implantation cochléaire permet en effet la restauration d’un canal auditif d’excellente qualité, qui, associé à un programme rééducatif intense et un mode de communication orale, permet d’effectuer une scolarité dans le milieu normoentendant dans la majorité des cas. Ce travail nous a sensibilisé à la complexité de la compréhension de la personne souffrant de surdité sévère et profonde, à l’approche de l’implant cochléaire dans sa structure et son fonctionnement, ainsi qu’à la difficulté à en évaluer ses bénéfices. Cette évaluation est devenue impérative compte tenu des enjeux socio-économiques de cette technique. Optimiser les résultats de l’implantation cochléaire pédiatrique est synonyme d’implantation précoce, ce qui implique une prise en charge précoce avec un diagnostic et un appareillage précoce de l’enfant. Ce calendrier ne peut être respecté que par la réalisation d’un dépistage systématique des surdités en période néonatale, en phase pré-linguale ou en postlinguale. Nous sommes conscient que pour la pérennité du programme d’implantation, il est impératif de créer un centre d’implantation cochléaire (aux normes internationales) au sein de notre centre hospitalier; disposant de tous les moyens humains et techniques.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
Données épidémiologiques
Sexe
Age
Les ATCD
Données cliniques
Examen clinique
Histoire de la surdité
Bilan audiologique
Audiométrie subjective et comportementale
PEA
Autres
IRM encéphalique
Bilan orthophonique
Mode de communication
Bilan radiologique
TDM des rochers
Perception auditive
Production de la parole
Bilan psychologique
Evaluation sociale
Etiologie de la surdité
Scolarisation
Chirurgie de l’implant Chirurgie de l’implantcochléaire cochléaire
Préparation à l’acte opératoire
Technique chirurgicale
Suivipost-implantation cochléaire implantation cochléaire
Soins post-opératoires immédiats et complications
Réglages de l’implant cochléaire
Rééducation orthophonique
Evaluation des résultats de l’implant cochléaire
Evaluation orthophonique
Autonomie des parents
Evaluation psychologique
DISCUSSION :
Implants cochléaires Implants cochléaires plants cochléaires: conception bases technologiques et bases technologiques
Présentation de l’implant cochléaire
Les différents types d’implants cochléaires
Principes de fonctionnement de l’implant cochléaire
Les stratégies de codage du son
Les différents modèles d’implants cochléaires
Les indications de l’implantation cochléaire
Implantation cochléaire chez l’enfant
Implantation cochléaire chez l’adulte
Le choix du côté à implanté
Cas particuliers
Les contres indications de l’implantation cochléaire
Les limites de l’implant cochléaire Les limites de l’implant cochléaire
Bilan de pré- Bilan de pré-implantation implantation implantationcochléaire cochléaire
Bilan clinique
Bilan audiologique
Bilan radiologique
Les avantages de l’IRM par rapport à la TDM
Imagerie et malformations labyrinthiques
Aspects particuliers orientant le diagnostic étiologique
Evaluation orthophonique
Evaluation psychologique
Bilan étiologique de surdité
La chirurgie de l’implant cochléaire La chirurgie de l’implant cochléaire
Préparation à l’acte opératoire
Méningite et vaccination
Problèmes des pathologies otitiques
Technique chirurgicale
Anesthésie
Position opératoire et préparation du patient
Monitorage nerveux du nerf facial
Technique opératoire
Les incidents et les difficultés opératoires
Suites post-opératoires et complications
Réglage des électrodes
Matériel
Fréquence dans le temps et durée d’une séance
Paramètres de réglage
Réglages à partir des mesures subjectifs
Rééducation orthophonique
Fréquence et durée dans le temps
Compétences orthophoniques travaillées
Description d’une séance
Résultats de l’implantation cochléaire
Résultats audiométriques
Résultats orthophoniques
Les outils d’évaluation
Implantation cochléaire et surdité pré-linguale
Implantation cochléaire et surdité post-linguale
Implantation cochléaire et sujet âgé
Les facteurs influençant les résultats
Evaluation psychologique
Coût de l’implantation cochléaire Coût de l’implantation cochléaire
Dépistage de la surdité
Les centres d’implantation cochléaire
Législation de l’implantation cochléaire
Conditions relatives à la composition de l’équipe multidisciplinaire
Prévention
CONCLUSION
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