Les strategies d’amenagements hydro-agricoles et leurs impacts sur la riziculture

Au Sénégal, l’agriculture, principale activité économique des populations surtout en zone rurales, est confrontée à plusieurs problèmes. Pour preuve elle représente « 15% du PIB » national. Cette production agricole est-elle liée à la dépendance pluviométrique ou à la faible intensification agricole ou aux problèmes fonciers ou à la dégradation des ressources naturelles ou aux échecs des politiques agricoles ?

En Basse Casamance, particulièrement dans la Commune de Balingore, la riziculture pluviale est la plus pratiquée parmi d’autres comme la culture du mil, du niébé, d’arachide etc. Mais, cette riziculture souffre de plusieurs contraintes telles que le déficit pluviométrique, la salinisation entre autres. Ce phénomène de la salinisation entraine plusieurs conséquences comme la dégradation des rizières dans cette localité. C’est sans doute pour viabiliser ces espaces rizicoles que des stratégies d’aménagements hydro-agricoles ont été menées. Ces aménagements sont constitués par d’infrastructures hydrauliques comme des grands barrages (le barrage d’Affiniam et de Guidel) et des petits barrages. Toutefois, la construction de ces ouvrages et particulièrement le barrage d’Affiniam a entrainé plusieurs conséquences au niveau locales. C’est dans ce contexte que le ministre de l’agriculture et de l’équipement rural annonce « l’aménagement de 5000 hectares au barrage d’Affiniam » .

PROBLEMATIQUE

Dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, plusieurs politiques d’aménagement ont été menées dans les espaces ruraux. Parmi ces aménagements, ceux hydro agricoles occupent une place importante. En effet, le ralentissement de la production agricole depuis les années 70 du fait des sécheresses, a poussé certains Etats à aménager leurs espaces ruraux notamment les bas-fonds, les littoraux des fleuves, des lacs, des marigots etc.

Situé à l’extrémité Ouest africaine, le Sénégal à l’image des autres Etats de la sous-région, a une grande partie de sa population qui vit dans le monde rural. C’est dans ce cadre que les études menées par ADRAO (Accroissement de la Demande en Riz en Afrique de l’Ouest) en 1997 estiment que « plus de 60% de la population vit en campagne » .Cette population exerce l’agriculture comme activité principale. Avec les changements climatiques intervenus depuis les années 1970, ce secteur est confronté à plusieurs contraintes telles que le déficit pluviométrique, la salinisation entre autres. Le phénomène de la salinisation touche généralement les parties comme la Casamance, le Sine Saloum. Par conséquent, nous assistons à une baisse de la production agricole et les populations sont obligées de se rabattre à d’autres activités économiques. Cette situation s’est aggravée dans les années 80 à cause de la politique de l’ajustement structurel marqué par le désengagement de l’état dans le secteur primaire.

La Basse Casamance, l’une des zones les plus pluvieuses du Sénégal et drainée par un réseau hydrographique dense, n’est pas épargnée du phénomène du dérèglement climatique. En effet, les déficits pluviométriques des années de sécheresses avec « une moyenne annuelle de 1160 mm sur la période 1968-1988 au lieu de 1540 mm sur la période 1940-1968 n’ont fait qu’accélérer et intensifier le processus pédogénétique » . Il s’ensuit d’ « une extension des surfaces acides et salées (tannes) au détriment des vasières à mangroves » . Cette situation explique la modification du régime saisonnier du fleuve Casamance avec comme corolaire l’intrusion des eaux marines dans tout le réseau hydrographique. Ce phénomène affecte une grande partie des rizières situées dans la région de Ziguinchor et plus particulièrement dans le département de Bignona.

Dans ce département, les rizières ont été envahies par la remontée de la langue salée laissant la population dans une situation difficile de production rizicole. Il faut signaler qu’avant l’avancée de ce phénomène de salinisation, la production rizicole était importante. Les populations stockent souvent le riz dans les greniers pendant des années. Mais avec le déficit pluviométrique et les conséquences qu’il engendre, les rendements rizicoles des ménages ont baissé. Ce qui fait que la production en riz ne couvre pas toute l’année.

ANALYSE CONCEPTUELLE 

Durant ces dernières années, l’Etat du Sénégal a adopté plusieurs programmes et initiatives entre autres, les programmes spéciaux pour la mise en œuvre adéquate du programme agricole (PA). Le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) a été initié pour pallier aux menaces sur le commerce international du riz, le fardeau des importations. Pour atteindre cet objectif l’état du Sénégal a développé des politiques d’aménagements hydro-agricoles.

Stratégie d’aménagement
Le terme stratégie désigne à la fois des techniques et des structures de pouvoir. Il est aussi l’ensemble des moyens de défense ou d’opération pour la réalisation de certains objectifs déterminés dans un domaine précis. Dans notre thème d’étude, il signifie l’ensemble des opérations et moyens réalisés dans la Commune de Balingore pour arrêter l’avancée du sel afin de redynamiser la culture du riz pluviale. Le terme aménagement : selon Pierre Georges et Ferdinand Verger, dans le (Dictionnaire de la géographie, 2004) « ce terme entré récemment dans le vocabulaire de la géographie par l’intermédiaire de l’action concertée d’organisation du territoire, s’accompagne d’objectifs qui en définissent la portée, aménagement agricole… ». L’aménagement selon Abdou Diouf, dans son ouvrage (Enjeux de l’après barrage : vallée du Sénégal) de 1986 est « la mise en condition d’irrigation de surface cultivable du fleuve ». Finalement la politique d’aménagement peut être simplement définie comme les stratégies de réalisation des infrastructures hydro-agricoles afin de mettre en valeur un espace rizicole. Les infrastructures hydrauliques étudiées ici sont les barrages et digues anti-sels. Elles permettent de rendre les rizières de la Commune de Balingore plus rentables ou exploitables. La politique rizicole est donc l’ensemble des politiques d’aménagements des espaces culturaux pour le développement de la culture du riz. Dans cette zone, la politique de construction de digues anti-sels vise à améliorer les rendements rizicoles des ménages de la Commune.

Aménagement hydraulique 

Hydraulique : Roger Brunet, Robert Ferras et Hervé Therry, dans (Les mots de la géographie, 2006), considèrent que ce terme renvoie à « ce qui trait à l’utilisation de l’eau et à sa gestion, plus précisément(…) à la régulation de l’écoulement des eaux». Dans ce même ouvrage, ils définissent encore le concept hydraulique comme « l’intervention sur un cours d’eau pour la régulation, pour la production de forces motrices, les travaux de drainage et d’irrigation ». En définitive, l’aménagement hydraulique est le fait de construire des barrages, des digues sur un cours d’eau à des fins économiques. Ici, ce terme désigne la réalisation des digues antisels sur les vallées temporaires qui traversent les rizières. Ces infrastructures hydrauliques ont des effets sur les rendements rizicoles des ménages de la Commune de Balingore.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I-PROBLEMATIQUE
II-ANALYSE CONCEPTUELLE
III-OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
IV-METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : BALINGORE, UNE COMMUNE EN PLEINE MUTATION
CHAPITRE I : LA TRANSFORMATION DU CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE II : UNE POPULATION EN EVOLUTION REGULIERE ET EN STRUCTURATION INEGALE
CHAPITRE III : UNE ECONOMIE FONDEE SUR LES ACTIVITES DE PRELEVEMENT ET DE PRODUCTION
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES STRETEGIES D’AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES
CHAPITRE I : LES TYPES D’AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES
CHAPITRE II : IMPACTS DES INFRASTRUCTURES HYDRO-AGRICOLES SUR LA QUALITÉ DES EAUX
TROISIEME PARTIE : IMPACTS DES AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES SUR LA PRODUCTION RIZICOLE DES MENAGES
CHAPITRE I : IMPACTS DES DIGUES SUR LA PRODUCTION RIZICOLES DES MENAGES
CHAPITRE II : LES DIGUES ANTI-SELS : SOURCES DE PROBLEMES
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXE

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