Naissance de la stratรฉgie
ย ย La question sur lโorigine des stratรจges athรฉniens nโa pas รฉtรฉ examinรฉe profondรฉment par les historiens pour la seule et unique raison que les stratรจges dรฉcoulent directement des rรฉformes dรฉmocratiques de Clisthรจne en 501 av J.C. Dans un passage sur lโorigine des stratรจges, le Dictionnaire des antiquitรฉs grecques et romaines souligne quโune fois le peuple rรฉparti en dix tribus, ce groupement nouveau dut servir de base ร toute lโadministration athรฉnienne : la direction des affaires militaires fut confiรฉe comme le reste ร des reprรฉsentants des diverses tribus, aux dix stratรจges. Cโest dโailleurs ce quโaffirme la plupart des historiens. Pour confirmer cependant cette attribution ou mรชme cette hypothรจse, il va falloir quโon รฉtudie dans lโantique constitution dโAthรจnes le pouvoir militaire pour enfin dรฉterminer ร qui revenait cette autoritรฉ. Depuis la chute des pouvoirs du roi, lโensemble de ses attributions furent rรฉparties entre les archontes. Chacun des trois premiers archontes avait des attributions particuliรจres, ce qui signifie quโils agissaient sรฉparรฉment, tandis que les six thesmothรจtes partageaient les mรชmes pouvoirs et agissaient collectivement. Ces derniers formaient un tribunal et รฉtaient chargรฉs de la promulgation et de lโexรฉcution des lois. Ils รฉtaient des juges dโune grande compรฉtence qui se mรชlaient ร toutes les actions ayant un caractรจre politique. Ils convoquaient les tribunaux et avaient la compรฉtence sur les docimasies des magistrats, les redditions des comptes des stratรจges, lโexamen des traitรฉs internationaux. Le premier archonte รฉtait celui dont son nom est donnรฉ ร lโannรฉe notamment lโarchonte รฉponyme. Ses attributions รฉtaient purement politiques et juridiques. Il avait le soin dโรฉtablir les bienfaisances publiques autrement dit lโadministration civile et la juridiction publique, la surveillance particuliรจre des hรฉritages familiaux. Il รฉtait en principe le responsable des veuves et des orphelins et ne permettait en aucun cas que quelquโun leur fasse injure. Le second archonte portait le nom de Basileus et avait hรฉritรฉ selon Victor CANET le privilรจge le plus prรฉcieux de la royautรฉ, qui consistait dans lโaccomplissement des cรฉrรฉmonies sacrรฉes, siรฉgeait sous le portique royal, prรฉsidait aux sacrifices et prononรงait sur les questions dโimpiรฉtรฉ et de profanation des temples. Cโest lui aussi dโaprรจs le mรชme auteur qui devait introduire les affaires que devait juger le peuple en lui fournissant les renseignements nรฉcessaires pour pouvoir se rendre compte de tout. Il avait de ce part un tribunal particulier et se diffรฉrenciait des autres par un costume spรฉcial. Bref ses fonctions รฉtaient globalement religieuses. Le polรฉmarque รฉtait le troisiรจme des archontes qui avait hรฉritรฉ les fonctions militaires de lโancien roi. Au cours de cette pรฉriode, le polรฉmarque reprรฉsentait dans la Grรจce un magistrat qui avait la plus haute responsabilitรฉ sur les affaires militaires ainsi que le commandement en chef de toute lโarmรฉe. Cโรฉtait ร lui que revenait la surveillance gรฉnรฉrale des levรฉes des troupes et de leur organisation dans les tribus. Il รฉtait donc un magistrat รฉlu depuis ses origines parmi les classes nobles pour une durรฉe indรฉterminรฉe puis pour dix ans et avec la rรฉduction de la durรฉe des charges, la magistrature รฉtait devenue une charge annuelle. A cette รฉpoque, lโannualitรฉ รฉtait un principe dโorganisation fondamentale ร toutes les magistratures dโAthรจnes. Cette mesure dont lโorigine date de Clisthรจne visait ร rรฉduire tous simplement lโinfluence des eupatrides sur toutes les magistratures principalement sur lโarchontat et lโarรฉopage qui constituaient les organes oรน sโexerรงaient les pouvoirs des aristocrates. Il renforรงa cette mesure par la mise en place dโun conseil qui assuma plus tard les grandes prรฉrogatives des arรฉopagites , mais plus encore par lโinstitution dans lโarmรฉe de dix nouveaux gรฉnรฉraux autrement dit les dix stratรจges qui relancรจrent sans doute lโautoritรฉ des archontes. De ce fait, le premier des archontes ร รชtre attaquรฉ fut le polรฉmarque qui va nรฉcessairement cรฉder lโautoritรฉ militaire aux dix nouveaux รฉlus. Lโarchonte polรฉmarque qui se chargeait alors dโeffectuer cette tรขche depuis la chute des pouvoirs du roi, perdit cette autoritรฉ au cours des guerres mรฉdiques et ne se retrouve dรฉsormais quโร prรฉsider comme occupation principale, le tribunal du Palladion devant lequel รฉtaient portรฉes les accusations concernant les mรฉtรฉques et les รฉtrangers. De ses anciennes attributions militaires, il ne lui restait que dโorganiser des cรฉrรฉmonies religieuses en mรฉmoire des soldats pรฉris dans les champs de bataille et le soin dโentretenir leurs enfants. Il รฉtait aussi chargรฉ, dโaprรจs lโauteur de la constitution des Athรฉniens, de prรฉsider les sacrifices des dieux de la guerre et de cรฉlรฉbrer les sacrifices expiatoires offerts ร la mรฉmoire dโAristogiton et dโHarmodios. Dans un passage sur le rรฉcit de la bataille de Marathon, Hรฉrodote รฉcrit : ยซ Les Athรฉniens se rendirent ร Marathon, ils รฉtaient commandรฉs par dix gรฉnรฉraux et Miltiade รฉtait le dixiรจme. ยป48Dans ce passage de lโauteur des guerres mรฉdiques, il apparait clairement que le polรฉmarque avait perdu son autoritรฉ de commandement sur lโarmรฉe athรฉnienne car cโรฉtait les stratรจges que les Athรฉniens avaient dรฉsignรฉs pour quโils commandent lโarmรฉe de Marathon. Et mรชme sโil dรฉtenait encore un pouvoir exรฉcutif au cours de la guerre et qui lui attribuait le dernier mot quand les avis des stratรจges รฉtaient opposรฉs, son autoritรฉ de commandement รฉtait dรฉjร partagรฉe entre lui et les nouveaux magistrats รฉlus. Cโest pourquoi Miltiade adressait son long discours au polรฉmarque Callimarque pour le persuader de voter en sa faveur avant que les Athรฉniens ne se fussent rรฉduits en esclavage au cas contraire par les Perses. Mais une fois donnรฉ son aval, son pouvoir ne lui permettait pas de prendre aucune dรฉcision ร ce sujet, cโรฉtait plutรดt Miltiade qui dรฉcidait du jour de la bataille et qui donnait aussi lโordre dโattaquer quand le moment fut venu. Dans lโantiquitรฉ, la direction des affaires politiques et militaires a รฉtรฉ menรฉe par le collรจge des neuf archontes qui dโaprรจs Thucydide, รฉtait le principal de lโadministration. Dans cette dynamique, la question quโon se pose est la suivante ? Lโautoritรฉ militaire revenait-elle au polรฉmarque lui seul ou ร lโensemble du collรจge ? Notre connaissance sur lโรฉpoque archaรฏque est si fragile de sorte quโon ne puisse pas dire de grandes choses ร ce sujet, mais dโaprรจs quelques รฉvรฉnements racontรฉs par certaines de nos sources, il est possible que lโautoritรฉ tout entiรจre soit aux mains des neuf archontes. Le plus ancien รฉvรฉnement que nous aient racontรฉ les auteurs fut le siรจge de lโAcropole au VIIe siรจcle av J.C. Dans le livre V de ses Histoires, Hรฉrodote nous dรฉcrit en un petit passage le siรจge de lโAcropole oรน Cylon, dominรฉ par son ambition de sโemparer de la tyrannie, tรขcha de se porter maรฎtre de la citadelle, mais son coup va tomber ร lโรฉchec. Il fut donc puni ainsi que ses amis qui le soutenaient dโaprรจs Hรฉrodote par les prytanes des naucrares qui gouvernaient alors Athรจnes.50 Devant cette action, lโauteur des guerres mรฉdiques remet tout le commandement non pas au collรจge des archontes ni au polรฉmarque mais aux prytanes des naucrares qui selon lui, รฉtaient des magistrats chargรฉs spรฉcialement de lโadministration de la marine. Dans le livre I de lโhistoire de la guerre du Pรฉloponnรจse, Thucydide rappelle lui aussi cette action tentรฉe par Cylon. Dโaprรจs lโauteur : ยซ Les Athรฉniens, las de poursuivre le siรจge sโen retournรจrent ร Athรจnes, donnant pleins pouvoirs aux neuf archontes pour exercer la surveillance et tout rรฉgler selon ce quโils jugeraient le mieux. ยป51Dans ce passage, lโauteur รฉcarte lโautoritรฉ des prytanes de naucrares sur cette action et confie toutes les responsabilitรฉs pour le rรจglement de la situation aux neuf archontes ร qui cette autoritรฉ revenait. Ce qui est important dans ce passage de Thucydide est que lโauteur nโa pas attribuรฉ au polรฉmarque tout seul lโautoritรฉ dโagir devant cette action mais plutรดt ร lโensemble du collรจge des archontes. A cela on suppose seulement que le polรฉmarque formait avec ses collรจgues une police centrale puisque cโรฉtait ร leur pouvoir dโaprรจs le passage de Thucydide de veiller sur la sรฉcuritรฉ intรฉrieure de la citรฉ. A la diffรฉrence dโHรฉrodote et de Thucydide, Plutarque dรฉcrit lโaction avec plus de dรฉtails. Si ces deux auteurs nโont pas mentionnรฉ aucun nom, Plutarque รฉvoque dans la Vie de Solon que lโarchonte Mรฉgacles et ses collรจgues se chargรจrent de massacrer tous les complices de Cylon sous prรฉtexte que la Dรฉesse leur refusait la protection52 . Certes, lโauteur nโa nullement prรฉcisรฉ si lโarchonte Mรฉgaclรฉs รฉtait polรฉmarque ou non, mais il a quand mรชme soulignรฉ que la conduite des affaires militaires a รฉtรฉ menรฉe par le collรจge des archontes et il est fort probable que Mรฉgaclรฉs soit le premier des archontes , cโest-ร -dire celui qui รฉtait placรฉ ร la tรชte du collรจge et qui assumait la plus grande responsabilitรฉ. En effet, ce quโon a pu noter dans ces passages des auteurs antiques est quโaucun de ces trois nโa mentionnรฉ la part que prirent ces magistrats autrement dit les polรฉmarques dans ces รฉvรฉnements prรฉcรฉdents. Les sources ont รฉtรฉ presque muettes sur lโaction de ces magistrats et soulignent pour la plupart une autoritรฉ collective du collรจge des archontes.
Evolution de la stratรฉgie ร partir des guerres mรฉdiques jusquโร Pรฉriclรจs
ย ย Etudier lโรฉvolution des stratรจges dans lโhistoire politique dโAthรจnes revient simplement ร dรฉcouvrir lโรฉvolution de la dรฉmocratie ou mรชme celle de la citรฉ athรฉnienne. Dans toutes les ลuvres des auteurs antiques ou mรชme modernes portant sur la dรฉmocratie athรฉnienne, on a pu constater que la pรฉriode la plus fรฉconde de la citรฉ athรฉnienne est celle oรน les institutions athรฉniennes ont toutes acquis leur physionomie particuliรจrement la stratรฉgie ร laquelle les Athรฉniens avaient confiรฉ la responsabilitรฉ de dรฉfendre les intรฉrรชts matรฉriels et publics de la citรฉ. Dans le chapitre prรฉcรจdent, on a essayรฉ de montrer que les stratรจges auraient รฉtรฉ au dรฉbut de leur institution considรฉrรฉs comme des chefs de lโarmรฉe qui exรฉcutaient directement les ordres du polรฉmarque. Cโรฉtait en principe le rรดle quโon leur avait attribuรฉ primitivement. Mais vu lโimportance que ces magistrats allaient prendre plus tard dans la vie politique de la citรฉ, il nous serait utile de se demander : Est-ce que Clisthรจne nโavait pas prรฉvu au futur cette situation en plaรงant ร la tรชte de chaque tribu un chef de guerre qui est รฉlu par l โecclรฉsia et non tirรฉ par le sort ? Tout a commencรฉ ร partir des guerres mรฉdiques oรน les stratรจges รฉtaient dรฉsignรฉs comme des gรฉnรฉraux pour seconder les archontes. Dans la premiรจre phase des guerres mรฉdiques notamment la bataille de Marathon, on a constatรฉ que le polรฉmarque partageait dรฉjร ses pouvoirs avec les stratรจges. Ils dรฉtenaient tout comme le polรฉmarque le pouvoir dโagir selon leur propre initiative. Cโest pourquoi on se demande si lโautoritรฉ consultative quโรฉvoquent souvent les auteurs ร lโรฉgard des stratรจges durant cette guerre nโรฉtait quโune hypothรจse vu que la conduite de la guerre a รฉtรฉ menรฉe par Miltiade et non par Callimarque? Pourquoi les auteurs mentionnent toujours Miltiade et non le polรฉmarque pour parler du vainqueur de la bataille de Marathon ? Quel que soit le rรดle que ce polรฉmarque y jouait ou la place quโil occupait durant cette guerre, le mรฉrite de la victoire revenait comme le pense Paul Clochรฉ ร lโhabiletรฉ de Miltiade efficacement secondรฉ par la valeur de ses collรจgues qui nโรฉtaient pas tous du mรชme parti que lui65. Devant les Barbares, cโรฉtait Miltiade qui avait pris le pรฉril entre libรฉrer la Grรจce du joug perse ou de se rendre ร jamais aux Perses dont les ambitions nโรฉtaient que soumettre la Grรจce tout entiรจre. Longtemps admis dans le camp perse pour commander une flotte dans leur campagne contre les Scythes, il en avait acquis une expรฉrience รฉnorme pour pouvoir affronter les Perses, mรชme si les armes รฉtaient disproportionnelles. Ses collรจgues qui, par peur dโaffronter la puissance de lโarmรฉe de Darius, prรฉfรฉraient se rendre plutรดt que dโattaquer une telle armรฉe. Devant ce refus de la moitiรฉ du collรจge, il ne pouvait pas prendre une dรฉcision ร la hรขte tout en sachant aussi bien quโil devait agir en collรฉgialitรฉ qui รฉtait un des principes de cette magistrature. Il adressa alors un long discours au polรฉmarque qui devait pencher la dรฉcision ร sa faveur pour lui permettre dโattaquer. Aussitรดt obtenu lโavis du Onziรจme, il prend le contrรดle du commandement tout entier et fournit tous les efforts nรฉcessaires jusquโร ce quโil รฉcrase lโarmรฉe puissante de Darius. Avec Miltiade ร la tรชte des hoplites, Athรจnes a supportรฉ elle seul le poids de cette premiรจre offensive sans le soutien de Sparte qui รฉtait ร cette รฉpoque la plus puissante des citรฉs grecques. Mais finalement elle en est sortie victorieuse. Le roi perse renonce alors ร son projet de vengeance sur la citรฉ athรฉnienne qui avait rรฉpondu ร lโappel des Ioniens, mais aussi de mettre ร terme son projet de soumettre Athรจnes comme il lโavait fait avec les citรฉs ioniennes. En somme cette guerre est devenue un symbole pour la Grรจce en particulier Athรจnes et lui a confรฉrรฉ un grand prestige. Ses gรฉnรฉraux combattants notamment Miltiade et ses collรจgues souvent appelรฉs les Marathonomaques, ont acquis un prestige considรฉrable et sont devenusdes rรฉfรฉrences pour les Grecs. Ainsi la bataille de Marathon, comme le pense M. Nouhaud, plus quโun souvenir glorieux ou un exemple ร proposer aux gรฉnรฉrations futures, reprรฉsente pour Athรจnes une prise de conscience de sa propre grandeur et de sa nouvelle mission.66 Trois ou quatre ans aprรจs la victoire des stratรจges sur lโarmรฉe perse de Marathon, la plus grande et importante magistrature dโAthรจnes qui jusque-lร demeurait lโarchontat, cessa dโรชtre recrutรฉ par lโรฉlection. Les neuf archontes sont dรฉsormais tirรฉs au sort par tribu parmi les cinq cents candidats quโont choisis les citoyens dโun dรจme.67Cette mesure politique qui constituait ร amoindrir lโautoritรฉ de cette magistrature, accroissait en mรชme temps les pouvoirs des stratรจges qui deviendront plus tard les vรฉritables magistrats de la citรฉ. De cette situation, le pouvoir militaire du polรฉmarque ainsi que lโautoritรฉ politique de lโarchonte รฉponyme et certains pouvoirs judiciaires des thesmothรจtes reviendront sous peu de temps de pleins pouvoirs au collรจge des stratรจges. En 483 av J.C., un filon dโargent fut dรฉcouvert dans les mines de Laurion, le peuple athรฉnien, aux dires dโHรฉrodote, sollicite que lโargent soit distribuรฉ entre tous les citoyens qui avaient atteint lโรขge de la pubertรฉ et que chacun dโeux aurait reรงu pour sa part dix drachmes68. Alors que les Athรฉniens รฉtaient en plein conflit dans la guerre quโils soutenaient contre les Eginรฉtes, Thรฉmistocle qui, depuis sa stratรฉgie en 490, nโoccupait encore aucune autre magistrature, se prรฉsenta ร nouveau sur la scรจne politique athรฉnienne. Il persuada selon Hรฉrodote les Athรฉniens de ne point rรฉpartir cette somme mais plutรดt de la faire employer ร la construction de deux cents vaisseaux pour la guerre69. Par ce biais, Athรจnes serait ร mesure de protรฉger de la maniรจre la plus efficace ses cรดtes, de mieux sโassurer un ravitaillement entravรฉ ou compromis par les attaques de ses voisins et lโhostilitรฉ de lโempire perse.70 En effet, le succรจs de sa politique navale apporta des consรฉquences รฉnormes aussi bien ร lโaction extรฉrieure des Athรฉniens quโaux progrรจs de leur dรฉmocratie. Cโest grรขce ร son abondante initiative que la Grรจce devienne une puissance navale qui sera capable dโaffronter les triรจres des Perses au cours de la seconde guerre mรฉdique. En outre, la multiplication des flottes que cette somme permettra de rรฉaliser va donner lโopportunitรฉ aux citoyens pauvres dโacquรฉrir des salaires abondants pour leurs efforts de participation. Bref, la politique navale de Thรฉmistocle prรฉparait comme lโรฉvoquait P. Clochรฉ un renforcement considรฉrable de la marine athรฉnienne et sa de sa dรฉmocratie.
La nomination des stratรจges athรฉniens
ย ย Durant toute la pรฉriode classique, la nomination des magistrats de la citรฉ athรฉnienne se faisait soit par รฉlection soit par tirage au sort. Mais pour les stratรจges athรฉniens, leur dรฉsignation a toujours รฉtรฉ lโรฉlection. Dans le fonctionnement de la dรฉmocratie athรฉnienne, tous les magistrats auxquels on devait exiger du talent et de la compรฉtence professionnelle, รฉtaient dรฉsignรฉs par lโรฉlection. Depuis le Ve siรจcle, ce mode de dรฉsignation concernait les magistrats militaires dont les stratรจges รฉtaient les plus importants, les chefs des services techniques comme les hellรฉnotames ou les trรฉsoriers de la caisse fรฉdรฉrale mais aussi aux magistrats financiers du IVe siรจcle etc. Cependant la question que nous abordions maintenant est de savoir : oรน et comment se faisait lโรฉlection des stratรจges athรฉniens ? Si lโon croit bien Am. H. Besnault, la charge de stratรจge est une des magistratures annuelles que le peuple confรจre ร mains levรฉes dans une assemblรฉe qui se tient au Pnix sous la prรฉsidence des neuf archontes.111 Cet endroit proprement appelรฉ la colline de Pnix รฉtait ร partir du Ve siรจcle la grande place oรน devaient se rรฉunir tous les citoyens dโAthรจnes pour prendre les dรฉcisions de la citรฉ. Situรฉe ร lโOuest de lโAcropole dans le centre dโAthรจnes, la colline de Pnix avait remplacรฉ lโancienne place publique de lโAgora qui รฉtait depuis lโรฉpoque archaรฏque le siรจge de lโecclรฉsia ou du peuple rassemblรฉ112. Tous les citoyens รฉtaient appelรฉs ร y siรฉger mais plus encore ร รฉlire les magistrats qui devaient exรฉcuter les ordres du peuple rassemblรฉ. Comment se faisait alors cette รฉlection ? Au-delร de notre documentation, il nous est impossible de prouver que telle รฉtait formellement la procรฉdure utilisรฉe pour รฉlire les stratรจges athรฉniens, mais on sait toute mรชme quโils รฉtaient dรฉsignรฉs publiquement ร lโassemblรฉe par un vote ร mains levรฉes. Ce dernier cโest ร dire le vote ร mains levรฉes รฉtait vraisemblablement aux dires de Jeanine B. Trevet, prรฉcรฉdรฉ pour chaque tribu dโune proposition de candidat autrement dit dโune probolรฉ faite ร lโintรฉrieur mรชme de lโecclรฉsia qui รฉtait de bout en bout maรฎtresse de ses choix.113 Par-lร , lโauteur suppose que lโรฉlection des stratรจges comportait deux phases : dโabord une proposition des candidats et enfin un vote ร mains levรฉes. La proposition de candidat se faisait ร lโassemblรฉe et consistait ร tous citoyens qui le dรฉsiraient de proposer le candidat de son choix avant quโon procรฉdait ร la chreirotonia. Elle reprรฉsentait donc une opรฉration nรฉcessaire ร lโรฉlection des magistrats et se dรฉroulait dans lโassemblรฉe oรน se devaient รฉlire les magistrats. Cette probolรฉ des candidats est amorcรฉ par plusieurs auteurs mais cโest Dรฉmosthรจne qui nous donna plus dโidรฉes sur cette probolรฉ. Dans son discours sur La couronne, Dรฉmosthรจne nous dรฉcrit sa nomination malgrรฉ la proposition dโEschine comme candidat pour prononcer lโoraison funรจbre des morts dans la bataille de Chรฉronรฉe.
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Table des matiรจres
Introduction
Premiรจre partie : Naissance et รฉvolution de la stratรฉgie de la stratรฉgie ร partir des guerres mรฉdiques jusquโร Pรฉriclรจs
Chapitre 1 : Naissance des stratรจges athรฉnienes
Chapitre 2 : Evolution de la stratรฉgie ร partir des guerres mรฉdiques jusquโร Pรฉriclรจs
Deuxiรจme partie : Organisation de la stratรฉgie au Ve et au IVe siรจcle av J.C.
Chapitre 1 : La nomination des stratรจges athรฉniens
Chapitre 2 : Les contrรดles
Troisiรจme partie : Les attributions des stratรจges
Chapitre 1 : Les attributions militaires
Chapitre 2 : Les attributions politiques et administratives des stratรจges athรฉniens
Quatriรจme partie : Le dรฉclin de la stratรฉgie
Chapitre 1 : Les consรฉquences de la guerre du Pรฉloponnรจse
Chapitre 2 : Les dรฉmagogues ou les orateurs
Conclusion
Bibliographie
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