LES SOURCES DE LA PHILOSOPHIE DE KANTย
Lโรฉducation dans le Piรฉtisme
Kant est influencรฉ par le luthรฉrianisme, mais il voit quelques dogmes dans cette pratique. Dans la thรฉologie de Luther, la foi est, avant tout, une dรฉmarche personnelle dโengagement. Elle nโa pas besoin de justifications rationnelles, intellectuelles prรฉalables. La foi relรจve de la raison pratique, cโest-ร -dire, en somme, de la volontรฉ. Kant considรจre donc que la thรฉodicรฉe est impossible et inutile.
Il a รฉtรฉ รฉlevรฉ dans le piรฉtiste . Mais il rรฉagira contre cette tendance. Sa position se situe entre le rationalisme dรฉiste et le piรฉtisme fidรฉiste . Certes, la foi nโest pas une dรฉmarche purement intellectuelle, mais elle nโest pas non plus irrationnelle. Elle est rationnelle, mais dโune rationalitรฉ autre que celle de lโentendement pur. Cโest la rationalitรฉ de la raison pratique. Kant se situe donc, en quelque sorte ร mi-chemin entre le rationalisme et le fidรฉisme, en matiรจre de religion.
Lโinfluence de la tradition rationaliste
Le rationalisme est un terme qui dรฉsigne une doctrine, une attitude intellectuelle assignant ร la raison ou lumiรจre naturelle, qui est la seule capacitรฉ humaine de connaissance, une valeur exclusive pour comprendre la rรฉalitรฉ dans ses diverses manifestations et y organise son existence.
Donc est rationaliste celui qui nโadmet comme recevable que ce qui peut รชtre reconnu comme tel par une intelligence strictement humaine, ร lโexclusion de toute rรฉvรฉlation dโorigine transcendantale et de tout dogme mรฉtaphysique. En plus, il cherche aussi ร se dรฉmarquer, de toute connaissance acquise par lโexpรฉrience. Le rationalisme peut se dรฉfinir alors par le souci de mettre au jour des raisons valables pour admettre comme vraies ou vraisemblables ou pour rejeter comme fausses ou absurdes toutes les hypothรจses que lโesprit peut se forger ร propos de ce qui se passe dans la nature. La rencontre de Kant avec la pensรฉe de Leibniz est fructueuse. IL rencontre chez Leibniz ce quโon entend par ยซ le principe de raison suffisante ยป. Cette thรจse pose comme condition que lโhomme en tant que sujet connaissant, dispose de la facultรฉ suffisante, lui assurant la possibilitรฉ de fonder une connaissance fiable. La facultรฉ, ici en question, est posรฉe en tant que fondement, revรชtue dโune pleine autoritรฉ afin dโassurer la validitรฉ de la connaissance, cโest la raison.
De mรชme aussi pour Wolff, philosophe qui exerce une grande influence en Allemagne. Son enseignement va รชtre, pendant longtemps une rรฉfรฉrence. Kant lโadmire beaucoup. Wolff proclame que la raison peut et doit servir la religion. Elle est un moyen de dรฉfense de la vรฉritรฉ rรฉvรฉlรฉe. Il prรฉsente des preuves de lโexistence de lโรขme et de Dieu, quโil considรจre comme รฉtant des donnรฉes dโune certitude presque mathรฉmatique. Il pousse son rationalisme jusquโร affirmer que lโesprit qui procรจde ร des dรฉductions purement rationnelle est indรฉpendant de lโexpรฉrience, la prรฉcรจde et sโen passe mรชme. Kant va rรฉagir contre ce dogmatisme, malgrรฉ son admiration pour la mรฉthode rigoureuse de Wolff. Mais il est important de signaler que ce nโest pas le rationalisme en tant que tendance de lโesprit que Kant veut contrarier, mais seulement, lโabus ou lโextension du pouvoir de lโentendement dans le domaine oรน il est vulnรฉrable. Il va, en quelque sorte, remettre en place cette raison qui est prรฉtentieuse et trop sรปre dโellemรชme. On ne peut pas non plus nรฉgliger lโapport de lโouvrage de Rousseau dans les orientations de la pensรฉe de Kant. En 1762, il dรฉcouvrit lโEmile, livre qui a bouleversรฉ son habituelle promenade. Kant prend Rousseau au mรชme titre que Newton. A ce propos, GOULIGA affirme que :
Si le philosophe de Konigsberg avait examinรฉ ร travers le prisme des รฉquations newtoniennes lโinfinitรฉ du monde stellaire, les paradoxes de Rousseau lโaidaient maintenant ร sonder de faรงon analogue les trรฉfonds de lโรขme humaine.
Cela amรจne Kant ร formuler sa vรฉritable pensรฉe et sโaffranchir dโun livresque prรฉjugรฉ. Voici ce que Kant dit :
Jโรฉprouvait une soif absolue de connaissance [โฆ] Je croyait ร lโรฉpoque que cโรฉtait lโhonneur suprรชme de lโhumanitรฉ et je mรฉprisait le peuple inculte. Cโest Rousseau qui me mit sur le droit chemin. Mon aveuglement se dissipa et jโappris ร respecter les hommes.ย
Autre que le rationalisme, Kant a fait connaissance aussi avec la philosophie de Hume.
Lโinfluence de Hume
Kant a connaissance de la philosophie de Hume (1711 โ 1776). Dans sa thรฉorie de la connaissance, Hume est contre les rationalistes. Son ambition est de faire introduire dans la science la mรฉthode dโinvestigation empirique. Ainsi, pour lui, tout vient de lโexpรฉrience. Si Kant sโest endormi par le dogmatisme de Wolff, lโarrivรฉe de Hume constitue un moment trรจs important, pour lui, parce que cโest ร partir de ce temps lร quโil a commencรฉ ร remettre en question et ร passer tout son temps ร se demander sur le vrai fondement de la connaissance. A ce propos, il dit :
Je lโavoue franchement ; se fut lโavertissement de David Hume qui interrompit dโabord, voilร bien des annรฉes, mon sommeil dogmatique et qui donna ร mes recherches en philosophie spรฉculative une toute autre direction.ย
Cette affirmation de Kant trouve sa justification lorsquโil dit que toute connaissance doit avoir comme fondement dans lโintuition sensible, car les objets des sens sont forcรฉment lโobjet de lโexpรฉrience possible.
CONTEXTE PHILOSOPHIQUE DE KANTย
Le siรจcle des Lumiรจresย
Dรฉfinition
Le siรจcle des Lumiรจres est un terme qui dรฉsigne le XVIIIe siรจcle, en tant que pรฉriode de lโhistoire de la culture europรฉenne, marquรฉe par le rationalisme philosophique et lโexaltation des sciences, ainsi que par la critique de lโordre social et de la hiรฉrarchie Religieuse, principaux รฉlรฉments de lโidรฉologie politique qui fut au fondement de la rรฉvolution franรงaise. Cette expression รฉtait dรฉjร frรฉquemment employรฉe par les รฉcrivains de lโรฉpoque, convaincus quโils venaient dโรฉmerger du siรจcle dโobscuritรฉ et dโignorance et dโentrer dans un nouvel รขge illuminรฉ par la raison, la science et le respect de lโhumanitรฉ.
Sa manifestation
Ce siรจcle est qualifiรฉ de siรจcle des Lumiรจres car il prรฉsente un grand changement sur lโhistoire de lโhumanitรฉ. Ce changement, ร souligner, cโest un changement qui nous oriente vers une ยซ Lumiรจre ยป. Car avant cette pรฉriode, nous sommes encore sous lโemprise de quelques autoritรฉs qui nous empรชchent de se dรฉployer. Voici comment Kant nous dรฉfinit les Lumiรจres :
Quโest ce que les Lumiรจres ? La sortie de lโhomme de sa minoritรฉ, dont il est lui-mรชme responsable. Minoritรฉ, cโest-ร dire incapacitรฉ de se servir de son entendement sans la direction dโautrui, minoritรฉ dont il est lui-mรชme responsable puisque la cause en rรฉside non dans le dรฉfaut de lโentendement mais dans un manque de dรฉcision et de courage de sโen servir sans la direction dโautrui : sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voila la devise des Lumiรจres.
Les Lumiรจres sont donc dรฉterminรฉes par lโusage de la raison et par le fait pour un individu de penser de maniรจre autonome. Ce qui est caractรฉristique des Lumiรจres, cโest plus radicalement une distance avec la tradition et lโautoritรฉ, la haute estime de la libertรฉ, et la valorisation positive de la capacitรฉ ร trouver une solution rationnelle ร toutes les questions.
Cโest donc le moment oรน les penseurs forgent une nouvelle mรฉthode de pensรฉe. Elle est donc une attitude de pensรฉe. Selon Kant, le mot dโordre du siรจcle devait รชtre ยซose savoir ยป. Il faut avoir lโaudace et le dรฉsir de rรฉexaminer, de remettre en question toutes les valeurs reรงues. De faire en sorte que les penseurs arrivent ร explorer de nouvelles idรฉes dans des directions diffรฉrentes. Cโest la raison pour laquelle, les incohรฉrences et les contradictions apparaissent dans de nombreuses disciplines de cette รฉpoque.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Premiรจre partie : AUX SOURCES DE LA PHILOSOPHIE KANTIENNE ET SON CONTEXTE
Chapitre I : – LES SOURCES DE LA PHILOSOPHIE DE KANT
A โ Lโรฉducation dans le Piรฉtisme
B โ Lโinfluence de la tradition rationaliste
C- Lโinfluence de Hume
Chapitre II : CONTEXTE PHILOSOPHIQUE DE KANT
A โ Le siรจcle des Lumiรจres
1 โ Dรฉfinition
2 โ Sa manifestation
B โ PERIODES CRITIQUES
1 โ Pรฉriode Prรฉcritique
2 โ Pรฉriode critique
Deuxiรจme partie : NATURE DE LA CONNAISSANCE ET SES LIMITES
Chapitre I : – KANT ET LE CONCEPT DE LA CONNAISSANCE
A โ Dรฉfinition de la connaissance
B โ Les diffรฉrentes sortes de connaissance
1)- Connaissance a priori
2)- la connaissance a posteriori
3)- Connaissance pure
4)- Connaissance pure et connaissance a priori
C โ Lโorigine de la connaissance humaine
Chapitre II : KANT ET LโANALYSE DE LA CONNAISSANCE
Les formes de la sensibilitรฉ et de lโentendement
1)- Les formes a priori de la sensibilitรฉ
a)- Lโespace
b)- le temps
2)- La forme a priori de lโentendement
Chapitre III : KANT ET LES LIMITES DE LA CONNAISSANCE
A-LE PHENOMENE ET LE NOUMENE
1)- Le phรฉnomรจne
B-LA METAPHYSIQUE
1- Dรฉfinition
2) Le problรจme critique au sujet de la mรฉtaphysique
Troisiรจme partie : LES CONDITIONS DE POSSIBILITE DE LA CONNAISSANCE CHEZ KANT
Chapitre I : LES RAPPORTS ENTRE SUJET ET OBJET
A ) โ Les caractรฉristiques des objets ร connaรฎtre
B)- Le sujet transcendantal de Kant
1)- Lโidรฉalisme transcendantal
a)- la rรฉvolution copernicienne de Kant
C)- La notion du schรฉmatisme
D)- Jugements analytiques et jugements synthรฉtiques
1) Les jugements analytiques
2) Les jugements synthรฉtiques
Chapitre II : LES FACULTES DE CONNAITRE ET SES POUVOIRS
A โ Les deux รฉlรฉments fondant la possibilitรฉ de la connaissance
1 โ Lโintuition
2)- Le concept
B โ Les deux sources dโoรน dรฉcoule notre connaissance
1)- La sensibilitรฉ
2)- Lโentendement
C)- La complรฉmentaritรฉ de la sensibilitรฉ et de lโentendement
Chapitre III : LES DOMAINES OU UNE CONNAISSANCE OBJECTIVE EST POSSIBLE
Lโesthรฉtique transcendantale
1)- Lโespace
2 ) – Le temps
3 )- Lโexpรฉrience
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES