LES SOUFFLES CARDIAQUES

LES SOUFFLES CARDIAQUES

Le premier bruit cardiaque

Chez le chien, il dure entre 0,08 et 0,10 seconde suivant la fréquence cardiaque. Il apparaît environ 0,04 seconde après le pic Q de l’ECG (11) suivant la localisation du microphone (0.035 à 0.07 s à gauche et 0.04 à 0.08 s à droite (55)). On peut aussi localiser B1 par rapport au pic R situé 0.02 seconde avant le bruit. C’est le plus fort des quatre bruits cardiaques. La chronologie est proche chez le chat, B1 dure entre 0,04 et 0.08 secondes. On peut remarquer que les bruits cardiaques canins sont proches des bruits cardiaques humains. Le volume, la durée du cycle sont très semblables à l’homme adulte tandis que les fréquences des sons, assez hautes, sont proches de celles relevées chez l’enfant (11). B1 a une enveloppe de volume caractéristique. Chaque phase occupe un quart de la durée totale du bruit. L’attaque est lente (premier quart), la retombée aussi, le maintien dure environ 0.02 seconde et enfin, le relâchement est lent et occupe le dernier quart du bruit. De nombreuses théories ont été énoncées sur l’origine de ce bruit. LEATHAM, en 1975, stipulait que les bruits étaient émis par les valves cardiaques au cours de leurs ouvertures et fermetures (16). Des études par cinangiocardiographie et PCG synchronisées ont infirmé cette hypothèse. En effet, les valves mitrales sont en position fermées 10 millisecondes avant que le début de B1 ne soit capturé par le micro de la PCG (11).
Une autre théorie, émise par RUSHMER en 1952 puis reprise par LUISADA & al en 1971, est basée sur l’hémodynamique. Les bruits cardiaques sont produits par l’ensemble de la structure cardiaque, par la masse de sang intracardiaque ou même intrathoracique et par leurs interactions respectives au cours des accélérations et décélérations de cette masse sanguine. A partir de 1982, DURAND & al et WOOD & al ont repris cette idée. (16). Le bruit cardiaque est produit par la mise en tension des valvules et du myocarde ainsi que par la brusque interruption du flux sanguin. (11). Cette origine explique le décalage qu’il existe entre un enregistrement PCG droit et un enregistrement PCG gauche. En effet, la différence de temps entre B1 gauche et B1 droit est due à la différence de temps qu’il existe entre le début de la contraction iso volumique gauche et la contraction iso volumique droite ; Ces différences de temps sont d’ailleurs quasiment égales. Elles sont visibles sur les deux tracés de la figure 19, l’un gauche, et l’autre droit, rassemblant ECG, PCG et Pression intra ventriculaire (obtenue par cathétérisme chez un chien anesthésié). (55). Cette différence entre les chronologies droite et gauche implique l’apparition sur certains tracés d’un dédoublement du B1. Celui ci reste normal, en particulier, chez les grandes races. Il peut être plus facilement observé en région apexienne gauche.

Le petit silence

Il n’est pas constant, il varie faiblement suivant la fréquence cardiaque. Son minimum est de 0.02 seconde chez le chien. Il peut être virtuel ; sur un tracé de chat tachycarde en particulier. Bien qu’il existe, les parois thoraciques et l’air pulmonaire sont encore résonants du bruit B1 lorsque le bruit B2 commence. C’est un effet de caisse résonnante. Il arrive que le tracé montre un click au cours du petit silence. Le mécanisme donnant ces clicks mésosystoliques n’est pas clair et est souvent attribué à des causes extra thoraciques. Chez le chien normal, les clicks peuvent apparaître transitoirement.

Le deuxième bruit cardiaque

Il est plus court que B1. Chez le chien, il dure entre 0,05 et 0.06 seconde suivant la fréquence cardiaque. Il apparaît à la fin de l’onde T de l’ECG. La chronologie est, là encore, proche chez le chat. Plus aigu que B1, son spectre montre des pics entre 100 et 200 Hz. Son enveloppe de volume est différente de celle de B1. L’attaque est très courte, il y a une faible retombée, le niveau de maintien est plus bas que celui de B1. Le temps de relâchement est aussi plus bref que pour B1. Ce son est plus sec que B1. Ainsi B1 est souvent comparé à un BOUM et B2 à un TA. Le deuxième bruit se produit après la fermeture des valves aortiques et pulmonaires, lorsque la pression hydrostatique est plus importante dans les gros vaisseaux que dans les ventricules (partie initiale de la diastole).
Physiologiquement, on peut constater un dédoublement de B2 au cours de l’inspiration. Ce délai entre les deux composantes de B2 n’est pas audible mais grâce au phonogramme, on peut voir ce délai. Le début du deuxième bruit, chez le chien et l’homme, est formé par la composante aortique : A2. Pendant l’inspiration, la pression intra thoracique diminue. Le retour du sang veineux dans le cœur droit s’en trouve donc accru. La systole droite s’en retrouve prolongée alors que la systole gauche s’en trouve facilitée et donc raccourcie. Ceci entraîne donc un retard de la composante pulmonaire P2. A l’expiration, on ne perçoit plus qu’un seul bruit. Ceci est mieux visible chez l’homme qui a des fréquences respiratoire et cardiaque moindres que le chien et une capacité respiratoire plus grande. Pour ces deux espèces et pour le chat, ce phénomène est majoré en cas d’hypertension pulmonaire mais nous reviendrons dessus plus tard. (11) (22) (27) (32).

Table des matières

SOMMAIRE
I. LE SON
I.A. INTRODUCTION
I.B. RAPPELS SUR L’ACOUSTIQUE
I.B.1. Le son et notre oreille
I.B.2. Les caractéristiques primaires d’un son
I.B.3. L’enveloppe du son
I.C. REPRESENTATIONS GRAPHIQUES DES BRUITS
II. LES BRUITS CARDIAQUES
II.A. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE DES BRUITS CARDIAQUES NORMAUX
II.A.1. Le premier bruit cardiaque
II.A.2. Le petit silence
II.A.3. Le deuxième bruit cardiaque
II.A.4. Le grand silence
II.A.5. Le troisième bruit
II.A.6. Le quatrième bruit
II.A.7. Le bruit de galop par sommation
II.A.8. Variation du volume sonore de l’auscultation
II.B. REPRESENTATIONS GRAPHIQUES DES BRUITS CARDIAQUES NORMAUX
II.B.1. Le spectre des bruits cardiaques
II.B.2. L’enregistrement PCG
II.B.3. Le sonagramme
II.C. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE DES BRUITS CARDIAQUES ANORMAUX
II.C.1. Les souffles systoliques
II.C.2. Les souffles diastoliques
II.C.3. Les souffles continus
III. MATERIEL & METHODE
III.A. MATERIEL UTILISE
III.A.1. Le stéthoscope : Pediatric Littmann©
III.A.2. Le microphone à condensateur
III.A.3. L’enregistreur numérique : VS 840 EX Roland©
III.A.4. L’éditeur Audionumérique : Sound FORGE©
III.A.5. Les représentations graphiques du son par l’éditeur audionumérique Sound FORGE ©
III.B. METHODE 
III.B.1. Les animaux enregistrés
III.B.2. Méthode d’enregistrement
III.B.3. Obtention du phonogramme
III.B.4. Obtention d’un sonagramme
III.B.5. Optimisation de l’enregistrement en vue de sa rediffusion
III.B.6. Rediffusion des enregistrements
IV. RESULTATS
IV.A. LES ENREGISTREMENTS
IV.B. LES TRACES NORMAUX
IV.B.1. Le phonogramme
IV.B.2. Le spectre
IV.B.3. Le sonagramme
IV.C. LES SOUFFLES CARDIAQUES
IV.C.1. Les souffles systoliques
IV.C.2. Les souffles diastoliques
IV.C.3. Les souffles continus
IV.D. QUELQUES ACCIDENTS RYTHMIQUES DU CHIEN ET DU CHAT
IV.D.1 L’arythmie sinusale respiratoire
IV.D.2. Les extrasystoles
IV.D.3. La fibrillation atriale
V. DISCUSSION & CONCLUSION
V.A. DISCUSSION
V.B. CONCLUSION
Annexe 1 : BIBLIOGRAPHIE
Annexe 2 : Avertissements, Plages et CD Audio

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