Relief, hydrographie, sols
Une fois la structure mise en place, les agents externes de la morphogenèse l’ont façonné en un relief contrasté traversé par un réseau hydrographique dense. Des sols variés se sont mis en place.
Un relief contrasté
La topographie est caractérisée par des reliefs très accidentés. L’altitude varie de 1550 m à l’exutoire et 2 643 m au sommet du Tsiafajavona, soit une dénivellation de plus de 1 000 m (croquis n°6). Le bassin versant de la rivière Ankeniheny est limité à l’ouest par la ligne de crête principale du massif de l’Ankaratra de direction nord-nord-est sud-sud-ouest en passant successivement par les sommets de Marirana (2 533 m), de Benomonomona (2 478 m), d’Ankaratra (2 607 m), de Tsiafakafo (2 602 m), de Tsiafajavona (2 643 m) et de Mahafompona (2 561 m). Deux lignes de crêtes secondaires perpendiculaires, orientées d’Ouest en Est, rejoignent la ligne principale et limitent au Nord et au Sud le bassin versant de la rivière Ankeniheny :
– il s’agit au sud, de la ligne de crête qui monte progressivement vers Mahafompona en passant par Analatsama et Ankafotra,
– au nord, on a la ligne montant progressivement par Andriandahitokana (2014 m), Anosiarivo (2 111 m), Ambohimirandrana (2 419 m) et l’Ankavotra (2 522 m).
A l’intérieur du bassin versant, des interfluves plus ou moins érodés séparent les hautes vallées de Malakialina, de Tavolotara, de Manjavona et de Tsaratanàna.
La vallée de Malakialina débouche directement dans la plaine alluviale d’Ankeniheny. Par contre, les trois autres vallées confluent dans la vallée d’Antezina. Cette dernière constitue la partie amont de la terrasse alluviale d’Andranomaria et communique, par une vallée étroite située au niveau d’Antanimietry, à la plaine alluviale d’Ankeniheny. Le creusement de la vallée d’Antanimietry par la rivière Ankeniheny à travers l’ancien interfluve AnosiarivoAnivorano a radicalement modifié le tracé hydrographique et a isolé la colline d’Anivorano dont la forme en dôme et la couverture basaltique lui a valu l’appellation de dôme coulée ( Mottet G, 1 974).
Un réseau hydrographique dense
Le bassin versant est arrosé par l’Ankeniheny et ses quatre affluents principaux : l’Antoby, le Tavolotara, le Manjavona et le Tsaratanàna. Il faut y ajouter deux autres affluents de moindre importance : le Fieferamanga et l’Antsimbotrikely (croquis n°07). L’Ankeniheny constitue par ailleurs l’un des affluents de l’Onive La rivière Ankeniheny et son affluent Antoby irriguent le bassin alluvial. Du côté sud, la petite rivière de Antsimbotrikely et son affluent Fieferamanga occupent une place particulière. En amont du bassin alluvial, les trois autres affluents déversent leurs eaux dans la rivière Antezina (nom donné à la partie de l’Ankeniheny en amont de la vallée d’Antanimietry). Cette dernière débouche dans la plaine alluviale au sortir de la vallée d’Antanimietry. Traversant le milieu du bassin, la rivière d’Ankeniheny est le type même du cours d’eau de montagne aux eaux claires et tumultueuses. Elle dévale à toute allure le bassin alluvial jusqu’à l’exutoire à travers une succession presque ininterrompue de rapides. En période de crue, la traverser devient alors périlleux du fait de la force du courant qui parvient à transporter des galets de toutes dimensions. Tsimbotrikely a sa source du côté Sud d’Anivorano. Il coule dans un vallon orienté d’ouest en est longeant la base sud du dôme. Ce vallon est formé d’une suite de petits marécages et d’étangs séparés par des petits rapides et aménagés localement en rizières. Le cours d’eau contourne ainsi le front de la coulée
d’Anivorano et se déverse finalement dans l’Ankeniheny après une cascade et une suite de rapides. Au passage, il collecte les eaux de Fieferamanga.
Ce dernier a creusé dans la partie Sud du bassin alluvial un vallon profond de 20 à 30 m et large de 30 à 300 m. Antoby serpente la base de l’interfluve formant la limite Nord et Nord-Est du bassin. C’est un cours d’eau très lent, à très faible action érosive ; à la moindre montée de l’eau, la rivière sort de son lit et déborde dans les rizières alentours. La stagnation peut durer de 2 à 3 jours et même une semaine ; ce qui fait le cauchemar des riziculteurs concernés.
Les autres affluents de l’Ankeniheny, Tavolotara, Manjavona et Tsaratanàna, sont également de type torrentiel marqué, avec chacun, une multitude d’affluents secondaires. Leur caractère torrentiel est évidemment en relation avec une pente qui devient de plus en plus forte vers l’amont, tout au long de leur parcours :
Exemples :
En remontant la rivière Ankeniheny,
– du pont Ankeniheny jusqu’au premier confluent, la pente est environ de 2%.
– Pente de 8.8% sur le Manjavona entre le premier et le deuxième confluent
– Sur le Tsaratanàna, une pente de 6.4% en remontant jusqu’à Angorodona.
Le trajet des cours d’eaux est ainsi constamment ponctué de rapides. Les cascades ne sont pas rares : Antsimbotrikely, Andohariana, Angorodona, Anosiarivo en constituent des exemples. Très présentes aux altitudes de plus de 1800 m, là où les températures freinent l’altération des roches, elles dépassent cependant rarement une hauteur de 10 m, hauteur correspondant à l’épaisseur des couches dures de basalte. La zone étant bien arrosée, les cours d’eau sont tous pérennes, biens alimentés presque toute l’année. La période d’étiage se situe entre Juillet et Octobre. En conclusion, le réseau hydrographique est très dense, les cours d’eau bien alimentés ; ce qui justifie le rôle de château d’eau que joue le massif de l’Ankaratra pour les régions environnantes.
Des sols variés en fonction de l’altitude et de la topographie
Le bassin versant d’Ankeniheny présente une assez grande variété de sols en rapport avec la topographie. On peut en distinguer six types principaux :
– les sols ferrallitiques rouges.
– les sols ferrallitiques bruns humifères.
– les sols alluviaux biens drainés
– les sols hydromorphes .
– les sols tourbeux
– les andosols .
Les sols ferrallitiques rouges
Ce sont des sols typiquement tropicaux. Ils se sont formés par ferrallitisation ou latéritisation d’une roche mère cristalline ou volcanique. Ils apparaissent surtout au niveau des sommets des interfluves et des replats situés aux altitudes de moins de 2000 mètres (Ambatomena, Andalantsoavaly, Amby, Sarobaratra, Nosiarivo), à quelques endroits de la terrasse alluviale d’Andranomaria (Fonenantsoa, Bemasoandro), ainsi que dans la partie Sud de la plaine d’Ankeniheny (à l’Est et au Sud du village d’Ankeniheny). Quand ils se sont formés sur basalte, ils sont caractérisés par un horizon A humifère brun rouge à rouge vif sur un horizon B argilo-limoneux passant au rouge et devenant plus argileux en profondeur (Roederer P, 1971).Sur socle cristallin, ces sols ont des horizons plus clairs, l’horizon B virant progressivement à toutes les nuances du rose. Le PH est moyennement à faiblement acide dans tous les horizons ; la teneur en matière organique varie entre 4 et 7%, le rapport C/N entre 12 et 14. L’étape ultime de la ferrallitisation est la formation de cuirasse latéritique, véritable roche néoformée. On peut citer l’exemple d’Andalantsoavaly où ce sont les basaltes qui sont ferrallitisés. Sur le sommet de la colline, on a un sol squelettique avec la présence de produits volcaniques fortement altérés (scories, galets de basaltes) mélangés aux concrétions ferrallitiques. De l’autre côté du bassin versant, sur la terrasse sommitale d’Ambatomena et d’Amby, les concrétions sont entièrement agglomérées et constituent une cuirasse épaisse et très dure de 30cm à 1m. Cette cuirasse est exploitée par les habitants pour tailler des moellons utilisés dans les constructions (habitat, tombeaux). Les concrétions sont utilisées pour la couverture des routes ou servent de gravillons, après lavage, pour les dallages.
L’érosion, très active, a, par endroits, enlevé complètement l’horizon A et mis à nu la cuirasse ferrallitique. Dans la zone étudiée, les cuirasses et les concrétions ferrallitiques sont généralement localisées sur des replats à mi-pente comme à Anivorano, ou sur la terrasse alluviale d’Andranomaria ou encore sur des terrasses sommitales (Sarobaratra) (figure n°01). Nous entendons par ter rasse, une étendue de terrain subhorizontale, entaillée par l’érosion ultérieure. Une terrasse alluviale s’est formée sur d’anciennes alluvions. Une terrasse sommitale se rencontre au sommet d’une interfluve ou d’une colline. En effet, la formation d’une cuirasse peut s’expliquer de la façon suivante.
– pendant la saison chaude et pluvieuse, le fer est libéré en profondeur par l’altération de la roche-mère ; au niveau d’une terrasse sommitale, il reste sur place dans l’horizon de sa formation, l’horizon C, tandis qu’au niveau d’une pente, il se déplace par lessivage isoclinal qui l’amène vers le glacis où, évidemment, la pente affaiblie permet une certaine accumulation,
– durant la saison sèche, l’évaporation provoque la remontée de l’eau du sol par capillarité, ce qui entraîne la concentration du fer dans un horizon supérieur du sol, précisément l’horizon B, sous forme de concrétions qui s’agrègent progressivement en cuirasse là où les plus fortes concentrations sont favorisées, c’est-à-dire au niveau des terrasses et des replats.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE LE CADRE PHYSIQUE, SUPPORT FAVORABLE A LA DYNAMIQUE DES PAYSAGES
CHAPITRE I – A L’ORIGINE, UNE DUALITE STRUCTURALE
I-1- Une dualité géologique
I-1-1- les roches du socle
I-1-2- les roches volcaniques
I-2- Une dualité géomorphologique
I-2-1 : La surface d’érosion mésotertiaire
I-2-2- Le massif volcanique
I-3- Relief, hydrographie, sols
I-3-1- Un relief contrasté
I-3-2- Un réseau hydrographique dense
I-3-3- Des sols variés en fonction de l’altitude et de la topographie
I-3-3-1- Les sols ferrallitiques rouges
I-3-3-2- Les sols ferrallitiques humifères bruns
I-3-3-3- Les sols alluviaux bien drainés
I-3-3-4- Les sols tourbeux
I-3-3-5- Les sols hydromorphes à gley ou pseudo-gley
I-3-3-5- Les andosols
CHAPITRE II – UN CADRE BIOCLIMATIQUE PARTICULIER
II-1- Un climat tropical d’altitude
II-1-1 : De novembre à mars, une saison chaude caractérisée par l’abondance des précipitations
II-1-1-1- Une saison humide
II-1-1-2- Une saison chaude
II-1-2-1- Faiblesse des précipitations
II-1-2-2 – Une saison froide
II-1-3- les intersaisons
II-2- Une Végétation et une flore assez diversifiées
II-2-1- La forêt à mousse et à sous bois herbacé
II-2-2- La sylve à lichens
II-2-3-La brousse éricoïde
II-2-4- La prairie d’altitude
II-2-5- Les essences introduites
II-2-6- Les arboreta
II-2-7-La savane
II-3 – Une faune assez pauvre
Conclusion de la première partie
DEUXIEME PARTIE LES FACTEURS A L’ORIGINE DE LA DIVERSITE DES PAYSAGES DANS LE BASSIN VERSANT DE L’ANKENIHENY
CHAPITRE I – EVOLUTION DES ZONES DE DEPRESSIONS EN ZONES D’ACCUMULATION
I-1- Un vaste lac de barrage, la vallée de l’Onive
I-2-1- la terrasse alluviale d’Andranomaria
I-2-2- Le bassin alluvial d’Ankeniheny
I-2-3- Les modifications locales du réseau hydrographique et leurs conséquences morphogénétiques
I-2-3-1- Genèse de la vallée d’Antanimietry et changement de lit de la rivière Antezina
I-2-3-2- Capture de Tsimbotrikely par Bemasoandro
CHAPITRE II : EVOLUTION DU MASSIF VOLCANIQUE EN UNE VASTE ZONE D’ABLATION
II-1 – Des hautes vallées caractéristiques des zones montagnardes
II-1-1 – La vallée de Malakialina
II-1-2 – La vallée de Tavolotara
II-1-3- La vallée de Manjavona
II-1-4- La vallée de Tsaratanàna
II-2- Des interfluves profondément façonnées par l’érosion
II-2-1- L’interfluve entre Tsaratanàna et Manjavona
II-2-2- L’interfluve entre Manjavona et Tavolotara
II-2-3- L’interfluve entre Tavolotara et Malakialina
II-4- Les manifestations actuelles de la dynamique érosive
II-4-1- Des rigoles omniprésentes
II-4-2- L’effondrement par gravité
II-4-3- Les lavaka
II-4-4 : L’incision linéaire
II-4-5- L’érosion latérale
Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE : LA PLACE DE L’HOMME DANS LA TRANSFORMATION DES PAYSAGES LOCAUX
CHAPITRE I – DES ZONES DE VEGETATION NATURELLE AU MILIEU D’UN TERRITOIRE RURAL DENSEMENT PEUPLE
I-1- La Station Forestière de Manjakatompo, zone des vestiges forestiers
I-2- Une population dense essentiellement rurale
I-2-1- Répartition de la population
I-2-2- Les activités de la population
I-2-2-1- L’agriculture
1-2-2-2- L’élevage
1-2-2-3- La pêche
II-3- Les infrastructures
CHAPITRE II – L’ORGANISATION DU TERRITOIRE DEPUIS L’EPOQUE CLANIQUE
I-1- La période précoloniale
I-1-1- La forêt, un habitat
I-1-1-1- Les traces des premières installations de l’homme
I-1-1-2- Période des villages fortifiés
I-1-2- Un peuple d’agriculteurs-éleveurs
I-1-2-1- Avant la riziculture irriguée
I-1-2-2- Après l’apparition de la riziculture irriguée
Conclusion
II-2- De la période coloniale à nos jours
II-2-1- Habitat
II-2-2- Elevage
II-2-3- Evolution inverse de l’agriculture et de l’élevage
CHAPITRE III – UN ENVIRONNEMENT NATUREL EN PERPETUELLE EVOLUTION
III-1-Les différentes formes de dégradation
III-1-1- La déforestation
III-1-1-1- La déforestation par la culture sur brûlis
III-1-1-2- La déforestation pour les besoins en combustibles
III-1-1-3- La déforestation pour les besoins en bois d’œuvre
III-1-1-4- La déforestation pour la production de « laro »
III-1-2- Les feux de pâturage
III-1-3- L’appauvrissement floristique et faunistique
Conclusion
III-2- Conservation de l’environnement
III-2-1-Les mesures de conservation ancestrales et du temps de la colonisation
III-2-2- Le reboisement
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE