Les schémas histopathologiques de la gale et de la teigne chez le dromadaire

Influence du sexe sur la prévalence des dermatoses

Matériel et méthode

Matériel biologique : les dromadaires

Pendant la durée du stage, 268 dromadaires ont été examinés pour la recherche de maladies cutanées, 98 ont fait l’objet de prélèvements. Au total 202 échantillons de peau ont été collectés, parmi lesquels 124 prélèvements de peau lésée et 78 de peau saine, répartis sur l’ensemble du corps, sauf les extrémités distales des membres. Les pieds sont en effet vendus en boutique recouverts de peau ; les bouchers n’acceptaient donc pas que la peau sans lésion apparente ne soit découpée à ce niveau, ce qui aurait rendu la marchandise invendable.

Zone d’étude

La collecte des échantillons sanguins et cutanés s’est déroulée dans les abattoirs de trois villes du Sud marocain : Guelmim, Tan-Tan et Laâyoune (cf. figure1). Des données géographiques et démographiques très succintes des provinces concernées sont rappelées Dans chacune de ces villes, l’élevage est l’activité agricole principale où les animaux tirent l’essentiel de leur alimentation des parcours. Les effectifs camelins sont rapportés dans le Des trois provinces, Laâyoune détient le plus grand cheptel. Le nombre de dromadaires abattus en 2008 y est pourtant inférieur à celui enregistré dans la province de Guelmim qui compte bien moins d’animaux. En termes d’effectifs abattus, le dromadaire arrive largement derrière les petits ruminants dans les trois villes. En revanche la production de viande cameline arrive en première position en termes de tonnage à Laâyoune, et en deuxième position à Guelmim après la production de viande de caprins.

Echantillonnage

Dans le cadre de ce PRAD les maladies cutanées étudiées sont : la gale, la teigne, les maladies virales telles que la variole, l’ecthyma contagieux et la papillomatose, la nécrose cutanée, la nécrose cutanée contagieuse, les traumatismes dus aux tiques, ou encore les abcès lymphatiques superficiels. Comme il fallait récolter suffisamment de prélèvements de peau, dans un laps de temps relativement court, tous les individus porteurs de lésions cutanées pouvant être imputées à une des étiologies mentionnées ci-dessus, étaient systématiquement inclus dans l’étude, sans préférence pour l’âge, le sexe ou la race.

Mode opératoire

Les visites en abattoir se faisaient avec un véhicule mis à disposition par la DPA, conduit par un des chauffeurs du service, et j’étais systématiquement accompagnée par un des vétérinaires et par le technicien habituellement chargé de l’inspection post-mortem des viandes. Les horaires d’abattage et donc de travail variaient selon les villes : de 21h à après minuit à Guelmim, à partir de 5h du matin à Tan-Tan, à partir de 6h du matin à Laâyoune. Les individus porteurs de lésions cutanées étaient repérés et marqués au cours de l’examen ante-mortem. Des fiches de recueil d’anamnèse étaient alors remplies, portant un numéro permettant d’identifier de manière unique chaque animal.
A Guelmim les dromadaires sont amenés par les bouchers à l’abattoir vers 18h et gardés en enclos
jusqu’à l’abattage (photo 3). Nous nous rendions donc à l’abattoir à 18h pour réaliser l’inspection antemortem, avant de revenir à 21h.  Photo 3 ci-contre : chamelons gardés en enclos avant abattage, Guelmim. A Tan-Tan, l’inspection se faisait le matin juste avant que les dromadaires ne soient abattus. A Laâyoune, les animaux sont amenés la veille au soir et restent dans un enclos jusqu’au lendemain matin. Nous nous rendions donc à l’abattoir de 17 à 19h pour réaliser les examens ante-mortem. Les prélèvements sanguins étaient effectués soit au moment de l’inspection antemortem (Laâyoune), soit juste avant l’égorgement des animaux (Guelmim et Tan-Tan). Les prélèvements de peau étaient réalisés immédiatement après la mort, avant le dépouillement et la préparation des carcasses.

Réalisation des prélèvements sanguins

Les animaux étaient maintenus en position baraquée par un ou plusieurs aides. Le sang était prélevé à la veine jugulaire, dans des tubes héparinés de 10ml (photo 4). Les tubes étaient identifiés, conservés au frais en attendant d’être centrifugés. Les plasmas étaient ensuite pipetés et placés dans des tubes Eppendorf identifiés, et mis au congélateur.

Réalisation des prélèvements cutanés

Chaque animal faisait l’objet de deux prélèvements cutanés. Un premier échantillon concernait une zone à cheval sur la lésion cutanée et la zone de peau -apparemment-saine adjacente. Un second échantillon concernait uniquement de la peau saine, prélevée dans la mesure du possible, dans la même région anatomique. Les prélèvements étaient réalisés à l’aide du matériel classique : scalpel, pince à dents de souris, puis placés immédiatement dans des bocaux en plastique de 100 ml, remplis à moitié de fixateur. Celui-ci consistait en une solution préparée à partir d’une dilution au dixième de formol à 40%, et tamponnée par du phosphate de sodium dissodique (Na2HPO4) et
du phosphate de sodium dihydrogéné (NaH2PO4H2O). Chaque bocal contenait les prélèvements correspondant à un seul animal, et portait l’identification individuelle, également inscrite sur la fiche d’anamnèse.

Préparation des coupes histologiques

Les coupes histologiques ont été préparées à l’I.A.V. selon un protocole classique : déshydratation, enrobage dans la paraffine, réalisation de coupes de 3µm d’épaisseur au microtome. Toutes les premières lames ont été colorées à l’hématoxyline-éosine et ont fait l’objet d’observations préliminaires afin de reconnaître les différentes structures histologiques de la peau et les lésions élémentaires. Les blocs ont été emportés en France.

Etude approfondie sur un échantillon de blocs

De retour à l’E.N.V.T., de nouvelles lames ont été préparées à partir des blocs retenus pour des investigations plus poussées. Celles-ci ont été coupées plus finement (2µm) et colorées : – à l’hématoxyline-éosine pour les lésions de gale : 25 lames – à l’acide périodique de Schiff (P.A.S.) pour les lésions de teigne : 34 lames – à l’hématoxyline-éosine et au P.A.S. sur trois lames provenant d’animaux sains et constituant des témoins.

Observation et interprétation des lames

L’observation des lames a été effectuée au microscope optique, avec l’aide des professeurs d’anatomie pathologique de l’I.A.V. et de l’E.N.V.T.

Analyse statistique

Les données ont été saisies sous Excel 2007. Pour évaluer les différences de prévalence de la gale et de la teigne dans les différentes catégories d’âge, de sexe ou entre les villes, les tests du Khi deux (effectifs supérieurs à 5 individus dans toutes les cases du tableau de contingence), du Khi deux avec correction de Yates (certains effectifs compris entre 3 et 5) ou du Khi deux avec simulation de Montecarlo (certains effectifs inférieurs à 3), ont été mis en œuvre. Différents modèles linéaires généralisés ont aussi été testés, pour évaluer l’effet des différentes variables (âge, sexe, ville) sur la prévalence des dermatoses, mais aussi les interactions entre ces variables. Ces différents outils statistiques ont été utilisés avec le logiciel R.

Résultats

Effectif et structure de l’échantillon

Pendant la durée du stage, 268 dromadaires ont été examinés et abattus dans les différentes villes. Parmi eux, 98 présentaient des lésions cutanées et ont donc fait l’objet de prélèvements. La structure de l’échantillon total est résumée dans le tableau 3 :Environ 80% des dromadaires présentant des lésions cutanées et amenés aux abattoirs pendant la période du stage avaient moins de 3 ans. Les mâles de moins de 3 ans représentent les 2/3 de l’échantillon étudié. Parmi les 98 prélèvements cutanés réalisés sur les animaux porteurs de lésions, 24.5% ont été faits à Guelmim, 11.2% à Tan-Tan et 64.3% à Laâyoune. L’échantillon obtenu n’est pas homogène : les proportions d’animaux des différentes catégories d’âge et de sexe varient entre les villes. Ainsi 68% des dromadaires prélevés à Laâyoune avaient moins d’un an (43 bêtes), contre 45% à Tan-Tan (5 bêtes), et 8% à Guelmim (2 animaux). En outre, les effectifs dans certaines classes d’âge et de sexe étaient parfois très faibles voire nuls. Ainsi, tous les dromadaires prélevés à Tan-Tan étaient des mâles, alors que le nombre de vieilles femelles porteuses de lésions cutanées était relativement plus élevé à Laâyoune qu’ailleurs. Ceci a des implications par rapport aux outils statistiques à mettre en œuvre, et aux résultats que nous avons pu obtenir à partir de ces données. En effet, il est difficile dans ces conditions (présence de très faibles effectifs notamment), d’établir des modèles statistiques valables, prenant en compte différents facteurs et surtout les interactions entre ces facteurs.

Prévalence des maladies cutanées

Prévalences moyennes et selon les villes

Au total, sur l’ensemble des animaux examinés pendant la période d’étude, plus d’un tiers étaient porteurs de lésions cutanées, avec toutefois de grandes variations selon le site. Le tableau 6 détaille les prévalences des différentes dermatoses pour chaque ville. Remarques : NCC est l’abréviation de nécrose cutanée contagieuse. Les maladies virales étant difficilement différentiables par simple examen macroscopique des lésions, elles ont été regroupées dans une même catégorie. Le premier nombre en rouge indique la prévalence par rapport au nombre total d’animaux abattus pendant la période de stage. Le second nombre en noir présente la prévalence par rapport au nombre d’animaux abattus présentant des lésions cutanées.

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Table des matières

Introduction
Problématique du stage
1. Matériel et méthodes
1.1 – Matériel biologique : les dromadaires
1.2 – Zone d’étude
1.3 – Echantillonnage
1.4 – Mode opératoire
1.5 – Réalisation des prélèvements sanguins
1.6 – Réalisation des prélèvements cutanés
1.7 – Préparation des coupes histologiques
1.8 – Etude approfondie sur un échantillon de blocs
1.9 – Observation et interprétation des lames
1.10 – Analyse statistique
2. Résultats
2.1 – Effectif et structure de l’échantillon
2.2 – Prévalence des maladies cutanées
2.2.1) Prévalences moyennes et selon les villes
2.2.2) Influence de l’âge sur la prévalence des dermatoses
2.2.3) Influence du sexe sur la prévalence des dermatoses
2.2.4) Recherche de modèles statistiques
2.3 – Tableaux cliniques de gale et de teigne chez le dromadaire
2.3.1) La gale
2.3.2) La teigne
2.4 – Etude histopathologique
2.4.1) La gale
2.4.2) La teigne
3. Discussion
3.1– Structure de l’échantillon
3.2– Prévalence des différentes dermatoses
3.2.1) L’importance de la gale et de la teigne
3.2.2) Influence de facteurs intrinsèques –âge, sexe, race- et environnementaux
3.3- Fréquences des différents tableaux cliniques de gale et de teigne
3.3.1) La gale
3.3.2) La teigne
3.4- Etude histopathologique
3.4.1) Les apports de l’histologie
3.4.2) Les schémas histopathologiques de la gale et de la teigne chez le dromadaire
3.4.3) Des lésions microscopiques spécifiques d’un tableau clinique ?
3.4.4) Des résultats à exploiter avec prudence
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Annexes

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