Les savoirs infirmiers
Afin de rรฉpondre ร la prise en charge globale de la personne lors de situation de santรฉ, la discipline infirmiรจre sโintรฉresse aux soins dans le but dโamรฉliorer leur qualitรฉ. Plusieurs auteurs sโy sont essayรฉs, comme Benner (1982) ou Tardif (2006). Selon Chinn et Krammer (2008 ; dans Pรฉpin & al., 2010), pour exercer une pratique performante, centrรฉe sur la globalitรฉ de la personne, guidรฉe par un souci dโexcellence, il est important que lโinfirmiรจre intรจgre les diffรฉrents savoirs. Le fait de les intรฉgrer permet la comprรฉhension plus fine dโune situation, plus rapide, et amรฉliore la compรฉtence dโun soignant. Par consรฉquent, plus lโinfirmiรจre sera compรฉtente, plus la qualitรฉ des soins sera augmentรฉe. Le terme ยซย savoirsย ยป est difficile ร dรฉfinir (Milhomme, Gagnon & Lechasseur, 2014). Plusieurs auteurs en soins infirmiers ont tentรฉ de les lister. Classiquement, le texte de Carper fait figure de rรฉfรฉrence. Cโest pourquoi nous utiliserons ce dernier. Lโauteur dรฉfinit quatre modes de dรฉveloppement, ou savoirs : le savoir empirique, le savoir esthรฉtique, le savoir รฉthique et le savoir personnel (Carper, 1978 ; dans Pรฉpin & al., 2010).
Le savoir empirique : Il provient de la recherche scientifique, de lโobservation, de lโexploration, de la description et de lโexplication des phรฉnomรจnes. Lโexpression de ce savoir se produit par une remise en question de sa pratique et par lโintรฉgration des rรฉsultats de recherches dans ses interventions (Carper, 1978 ; dans Pรฉpin & al., 2010). Ce savoir s’attelle ร schรฉmatiser, dรฉcrire, prรฉdire, thรฉoriser les phรฉnomรจnes observables. Il impose par sa forme une certaine systรฉmatique et une mรฉthode rigoureuse. La connaissance de ces phรฉnomรจnes permet de comprendre et dโadapter la pratique infirmiรจre. Par rapport ร notre thรฉmatique, il est important que lโinfirmiรจre ait de solides bases de connaissances pour pouvoir apporter une plus-value aux soins du patient. En se basant sur le savoir empirique, lโinfirmiรจre peut sโappuyer sur des protocoles et faรงons de faire judicieuses qui ont รฉtรฉ รฉprouvรฉes dans des contextes similaires et dรฉpasser ainsi le stade de lโintuition.
Le savoir esthรฉtique : Il est aussi appelรฉ lโart des soins infirmiers. Il est liรฉ aux expressions de type artistique qui dรฉcoulent des expรฉriences quotidiennes de lโinfirmiรจre : la beautรฉ dโun geste, lโintensitรฉ dโune interaction et lโhabiletรฉ ร effectuer un geste technique. Il permet de comprendre la signification dโune situation et de porter un regard critique sur sa pratique (Carper, 1978 ; dans Pรฉpin & al., 2010). Ce savoir est important pour nous, car il permettra ร lโinfirmiรจre dโoffrir un accompagnement personnalisรฉ et donc dโen amรฉliorer le bรฉnรฉfice. Nous aurons une approche diffรฉrente en fonction du type de personnalitรฉ que nous aurons en face de nous. Nous utiliserons des techniques dโapprentissage variรฉes et adaptรฉes. Comme vu prรฉcรฉdemment, pour fournir des soins qui soient de qualitรฉ, il est important dโadapter la mรฉthode de communication en fonction du patient afin quโil acquiรจre des compรฉtences dans les domaines cognitif, sensori-moteur et affectif. En effet, chacun a une personnalitรฉ diffรฉrente qui nรฉcessite dโajuster lโaccompagnement, comme par exemple le face-ร -face individuel, lโauto-apprentissage et les mรฉthodes collectives (Lacroix, 2007). Le soignant doit faire preuve de crรฉativitรฉ pour que la personne se sente comprise et que la relation soignant-soignรฉ soit la plus bรฉnรฉfique possible.
Le savoir รฉthique : Il prend en compte les valeurs et le sens moral exigรฉs par les situations rencontrรฉes. Cela concerne ce qui est juste, bon, dรฉsirable, et sโappuie sur des principes et des codes (Carper, 1978 ; dans Pรฉpin & al., 2010). Il comprend le sens moral, la philosophie de soins que lโon souhaite poursuivre. Ce savoir englobe รฉgalement lโรฉthique dรฉontologique de lโinfirmiรจre. Un haut savoir รฉthique permet de mieux apprรฉhender les diffรฉrentes situations rencontrรฉes, sans jugement de la personne soignรฉe. Cโest dans ce savoir que vont apparaรฎtre les valeurs et normes propres ร chaque soignant. Le savoir รฉthique est diffรฉrent dans sa forme pour chaque infirmiรจre. Ce savoir est primordial dans la relation ร lโautre au travers dโun soin, car la pensรฉe propre du patient est forcรฉment diffรฉrente de la nรดtre. Il est important pour le professionnel de dรฉpasser ses a priori, ses propres conceptions, afin de faire รฉmerger une plus-value pour le patient et ne pas projeter sur lui ses propres valeurs. Les buts sont dรฉfinis comme un compromis entre lโinfirmiรจre et le patient : il permet que la morale de chacun soit respectรฉe.
Perspectives pour la pratique infirmiรจre
Comme nous lโavons mis en รฉvidence prรฉcรฉdemment, lโรฉducation thรฉrapeutique permet au patient dโobtenir et de maintenir les capacitรฉs et les compรฉtences qui lโaident ร vivre avec sa maladie afin dโavoir la meilleure qualitรฉ de vie possible et de rester en santรฉ en รฉvitant les complications. Cโest un processus sans interruption dans les soins et centrรฉ sur le patient. Nous avons รฉgalement pu constater que diffรฉrentes รฉtudes montrent que lorsque lโรฉducation thรฉrapeutique est complexe et structurรฉe, des rรฉsultats ont prouvรฉ son bรฉnรฉfice dans toutes les maladies chroniques considรฉrรฉes. Nous avons relevรฉ auparavant que la premiรจre cause de mortalitรฉ dans le monde รฉtait due aux maladies chroniques qui sont en constante augmentation pour diffรฉrentes raisons prรฉcรฉdemment citรฉes. Elles nรฉcessitent donc une prise en charge optimale et contraignent le patient ร adopter des besoins thรฉrapeutiques particuliers. Il est important que le patient soit apprรฉhendรฉ dans sa globalitรฉ, comme partenaire, et donc pas seulement sous l’angle de la maladie chronique en question. Le paradigme de lโintรฉgration appuie ce propos, et dans cette perspective, lโinfirmiรจre doit prendre en compte toutes les dimensions (biologique, psychologique, sociale, culturelle, environnementale, etc.) de la personne pour prรฉtendre fournir des soins optimaux. Lโรฉducation thรฉrapeutique favorise lโautonomie du patient afin quโil puisse vivre de la meilleure des faรงons malgrรฉ les contraintes que pourraient provoquer sa pathologie et son traitement. Dans lโรฉducation thรฉrapeutique, lโaspect de la rรฉsistance nโest pas ร nรฉgliger. Sans considรฉration de ce concept, il sera difficile de faire avancer le patient. Cโest pourquoi, pour accompagner au mieux le patient malgrรฉ sa rรฉsistance, le soignant doit construire une relation de confiance et dโรฉcoute.
Lorsque les attentes du soignant et du patient sont trop รฉloignรฉes, la rรฉsistance s’installe et pourrait รชtre un obstacle au changement. Ce qui ressort de notre revue de littรฉrature exploratoire et du paradigme de lโintรฉgration, c’est lโรฉcart entre ce dernier et notre pratique. Assurรฉment, nous savons que nous devons placer le patient au centre de notre intervention et entrer dans un partenariat ; mais dans la pratique, les soignants ont du mal ร quitter leur point de vue qui est axรฉ sur la maladie et son traitement. Cela fait partie de lโaccompagnement dโinformer le patient sur sa pathologie, mais pas seulement. Si on se rรฉfรจre aux quatre savoirs de la discipline infirmiรจre, il faut mettre en รฉvidence celui de lโรฉthique oรน lโon fait rรฉfรฉrence ร lโimportance de prendre en considรฉration les valeurs et les normes du patient. Ce savoir contribue ร aborder avec humanitรฉ le patient et est indispensable dans lโETP. Selon lโOBSAN (2015), actuellement, nous ne sommes pas assez ร lโรฉcoute de nos patients. Plusieurs auteurs tels que Golay et al. (2007), Sofrร et al. (2014) mentionnent que ceci est peut-รชtre dรป au manque de formation des professionnels de la santรฉ. Par consรฉquent, ces personnes pourront difficilement offrir les meilleures prestations possibles et il sera difficile pour elles dโaborder des concepts comme la rรฉsistance avec les patients. De plus, d’autres problรจmes se posent : est-il nรฉcessaire dโhospitaliser des patients ยซ en bonne santรฉ ยป car traitรฉs, afin de de leur injecter, au bon moment, la bonne dose dโinsuline ? Est-ce quโil faut un mรฉdecin jour et nuit pour conduire le traitement ? Une grande quantitรฉ de savoirs devra รชtre transmise au malade pour quโil soit son propre soignant ou co-thรฉrapeute. Estce que la prise en compte de la rรฉsistance du patient ร son traitement permettrait de surmonter ces obstacles ? Au terme de ce questionnement, il en ressort cette interrogation : Comment former les infirmiรจres pour amรฉliorer leur prise en charge en รฉducation thรฉrapeutique de la rรฉsistance du patient atteint de diabรจte de type 2 ?
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Table des matiรจres
Rรฉsumรฉ
Remerciements
Chapitre 1 : Introduction
1.1 Nature du travail rรฉalisรฉ
1.2 Plan du travail de Bachelor
Chapitre 2 : Problรฉmatique
2.1 Survenue de la question
2.2 Pertinence pour les soins infirmiers
2.2.1 Mรฉtaparadigme
2.2.2 Les savoirs infirmiers
2.3 Revue exploratoire de la littรฉrature
2.4 Concepts retenus
2.5 Perspectives pour la pratique infirmiรจre
Chapitre 3 : Concepts et champs disciplinaires infirmiers
3.1 Dรฉfinition des concepts
รducation thรฉrapeutique
La rรฉsistance Diabรจte de type 2
3.2 Choix de la thรฉorie
Chapitre 4 : Mรฉthode
4.1 Formulation de la question selon la dรฉmarche PICOT
4.2 Type de question
4.3 Critรจres de sรฉlections
4.4 Descripteurs
4.5 Stratรฉgie des articles retenus
4.6 Analyse des articles
5.1 Synthรจse des rรฉsultats des articles
5.1.1 Rรฉsistance
5.1.2 Formation
5.1.3 Education thรฉrapeutique
5.2 Dรฉveloppement des rรฉsultats en lien avec la question PICOT
5.3 Perspectives et propositions pour la pratique
Chapitre 6 : Conclusion
6.1 Apport du travail de Bachelor
6.2 Limites
6.3 Perspectives pour la recherche
Chapitre 7 : Rรฉfรฉrences
Chapitre 8: Annexes
Annexe 1: Requรชtes dans les bases de donnรฉes
Annexe 2: Grilles de Fortin des articles sรฉlectionnรฉs
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