LES RITUELS FUNERAIRES DEPUIS LA MORT JUSQU’A L’EXHUMATION

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LE CONTEXTE HISTORIQUE DE SARAHANDRANO

Dans un travail de ce genre, le contexte historique est aussi un point capital que le chercheur ne peut pas négliger, parce que cela nous aide à comprendre l’histoire de l’endroit où nous a vons fait les enquêtes. Quelle est donc alors l’origine du nom deSarahandrano ?
On peut bien souligner ici d’abord que chaque village a sa propre histoire. Ici, nous allons parler de l’histoire de Sarahandrano.
Comme son nom l’indique, le terme Sarahandrano est composé de deux mots : saraka et rano, qui signifient respectivement séparation et rivière. Effectivement, le nom Sarahandrano vient de la combinaison de ces deux mots. Telle est la première interprétation de l’origine du nom Sarahandrano. Mais après avoir fait des recherches sur cet endroit, nous avons remarqué aussi d’autres choses. D’abord, comme nous l’avons déjà dit, ce village se situe au bord de la rivière. Mais environ à cent mètres de ce village, la rivière se divise en deux branches : l’une s’appelle Ankavia e t l’autre Ankavanana. La séparation de cette rivière est aussi une autre origine du nom Sarahandrano.

Ensuite, d’après les informations qui se transmettent de bouche à oreille, de génération en génération, il y avaitun homme qui voulait aller à Andapa. Il s’installa dans ce village parce qu’il était très fatigué de marcher à pied. C’était un Betsimisaraka. Arrivédans ce village, cet homme voyait que cette place était magnifique pour la création d’un habitat. Il décida alors d’y rester. Cet homme s’appelait Panga. Après quelques mois, il revint à Antalaha-Ville pour cher cher sa femme pour vivre à l’endroit qu’il avait trouvé. Au fil des années, ils ont eu des enfants. D’autres personnes étaient venues, et ce site était devenu un village. Panga le nomma Sarahandrano parce que l’eau se divise en deux branches à cet endroit. Voilà donc quelques ré cits d’origine du nom de Sarahandrano.
Voici quelques aspects historiques sur ce village que nous avons recueillis auprès de M. le Maire.
– 1928 : création du village de Sarahandrano par un homme appelé Panga.
– 1931 : création de l’école primaire publique dontl’instituteur qui l’a ouverte s’appelait Tongavelo Armand.
– 1948 : création de l’église protestante dans ce village.
– 1980 : création d’un hôpital public.
– 1985 : Sarahandrano est devenu une commune. Soulignons ici qu’auparavant, Sarahandrano était tout juste un petit fokontany de la commune rurale d’Antsambalaha.
– 1985 – 2007 : création des églises catholique, adventiste et Antson’ny filazan-tsara .
Tel est le contexte historique du village de Sarahandrano, voyons maintenant le contexte socioculturel.

LE CONTEXTE SOCIOCULTUREL DE SARAHANDRANO

La vie sociale

Nous allons voir la structure et l’organisation sociale du village de Sarahandrano.
Tout d’abord, la commune rurale de Sarahandrano, en tant que telle, est dirigée par un maire qui est le chef élu le plus élevé de la commune. Il a son adjoint et ses secrétaires qui l’aident dans l’administration de la commune. Puis il y a aussi les chefs de village ou filoham-pokontany ou chefs de clans du fokonolona (communauté villageoise) ainsi que les ray aman-dreny (pères et mères). Les trois catégories d’hommes travaillent ensemble pour diriger la cité. Ils se respectent mutuellement quoiqu’il arrive : les tangalamena honorent le maire et celui-ci respecte aussi les ray aman-dreny an-tanàna (les parents du village).

A ce propos, voici ce que le maire dit : nous n’aurons pas vu le soleil sans les tangalamena. D’ailleurs le maire les honore puisqu’un proverbe malagasy dit :
« Izay ela nietezana lava volo » (Celui qui s’est fait couper les cheveux il y a longtemps les a longs). Autrement dit, ils connaissent beaucoup de choses. Ainsi, doivent-ils être respectés.

LES RITUELS FUNERAIRES DEPUIS LA MORT JUSQU’A L’EXHUMATION

On ne peut pas parler de l’inhumation et de l’exhumation sans parler de la mort, parce que nous inhumons et exhumons uniquement les morts. Ainsi, avant d’entrer dans les rituels de la mort à l’inhumation et à l’exhumation, nous allons traiter de la mort.

LA MORT

Définitions

Le concept de « mort » connaît diverses définitions qui dépendent de la vision des penseurs.
D’une manière générale, la mort est un arrêt déftifnide la vie, puisque l’individu passe brusquement et radicalement d’un être doué de souffle et de mouvement à un être inanimé, à un corps gisant. En d’autres termes, vivre c’est respirer, se mouvoir e t parler. Or, le cadavre arrête de respirer, de se mouvoir et de parler. C’est ainsi qu’on parle ici de cessation ou d’arrêt définitif de la vie. Cettedéfinition correspond bien à celle que donne le Dictionnaire Le Petit Larousse (p. 675) définissant la mort comme « une cessation définitive de la vie de l’être humain, privation d’animation et d’activité ».
Mais Jankélévitch a aussi son point de vue concernant la mort. Toutefois, il ne voit rien de mystérieux dans la mort. Selon ce thanatologue, on peut douter que le problème de la mort soit à proprement parler un problème philosophique. Autrement dit, si l’on considère ce problème objectivement et d’un point de vue général, on ne voit guère ce qui pourrait être une « métaphysique » de la mort. Mais par contre, on se représente fort bien une « physique » de la mort, que cette physique soit biologique ou médicale, sociologique ou démographique.

En fait, pour Jankélévitch, la mort peut être définie comme un « phénomène biologique, comme la naissance, la puberté et le vieillissement »8, parce que la vie humaine commence toujours par la naissance et doit finir par la mort après avoir passé par l’enfance, l’adolescence, la jeunesse, l’âge adulte et le viei llissement. Telle est la loi naturelle : tout ce qui vit doit mourir. Etre et disparaître ou bien vivre et mourir sont donc les deux voies par lesquelles nous devons traverser.
Par ailleurs, la mortalité est également un phénomène social au même titre que la natalité, la nuptialité ou la crim nalité. Et au point de vue médical, le phénomène létal est un phénomèneterminabledé et prévisible selon l’espèce considérée, en fonctionedla durée moyenne de la vie et des conditions générales du milieu. Aujourd’hui, grâce à l’évolution scientifique, les médecins peuvent connaître que tel malade doit arrêter de vivre à telle année. Nul mystère encela.

En outre, du point de vue juridique et légal, la mort est un phénomène tout à fait naturel : dans les mairies, le bureau des décès est un bureau comme les autres et à côté des autres, et une subdivision de l’état civil, tout comme le bureau des naissances et le bureau des mariages.
Enfin, voici comment Jankélévitch conclut son pointde vue sur la mort : « La population augmente par les naissances, diminue par les décès : nul mystère en cela, mais simplement une loi naturelle et un phénomène empirique normal, auquel l’impersonnalité des statistiques et des moyennes enlèvent tout caractère de tragédie ».
Cette citation nous montre très bien que la mort, d’après Jankélévitch, est un phénomène naturel comme la naissance. Mais Emmanuel Lévinas a aussi sa propre conception de la mort. A ce propos, voici ce qu’il dit : « La mort est la disparition dans les êtres de ces mouvements expressifs qui les faisaient apparaître comme vivants. Ces mouvements sont toujours des réponses. La mort va toucher avant tout cette autonomie ou cette expressivité des mouvements qui va jusqu’à couvrir quelqu’un dans son visage. Il n’y a pas transformation, mais anéantissement, fin d’un être,arrêt de ces mouvements qui étaient autant de signes. La mort apparaît comme passage de l’être au ne-plus-être tendu comme résultat d’une opération logique : la négatio. Mais en même temps, la mort est départ : elle est écèsd.
Départ vers l’inconnu, départ sans retour, départ ans ‘ laisser d’adresse ’ » 10.

Mais que signifie la mort chez Jean Wahl ?
Ce penseur a sa propre vision à propos de la mort. Selon Jean Wahl, en effet, « La mort est à la fois l’empêchement de vivre et le moyen de vivre »11.
Elle est l’empêchement de vivre étant donné qu’ellempêche l’individu de respirer, de se mouvoir, de parler et d’observer. Mais elle est également moyen de vivre. Selon ce penseur, le vivant n’est vivant qu’à condition d’être mortel, et il est bien vrai que ce qui ne meurt pas ne vit pas.
En fait, voici comment Jean Wahl a conclu sa vision concernant la mort : « Ce qui vit est ce qui peut mourir – et donc sans la mort, la vie ne mériterait pas d’être vécue ».

Ce passage nous montre tout simplement que la mort est non seulement l’empêchement de vivre, mais aussi un moyen de vivre. Ce dernier point de vue n’est pas très éloigné de la onception de la mort des Betsimisaraka de Sarahandrano.
Chez les Betsimisaraka du Nord ou plus exactement chez les Betsimisaraka de Sarahandrano, la mort est à la foi s l’empêchement de vivre et le moyen de vivre. La pratique de l’enterrement et de l’exhumation prouve très bien cette vision. En effet, chez les Betsimisaraka de Sarahandrano, l’enterrement ou le rejet du cadavre (fanariam-paty) signifie une rupture avec le cadavre. Cependant, l’exhumation a un autre sens : il est une victoire sur la mort. Bref, les Betsimisaraka de Sarahandrano pensent que la mort n’est pas la cessation définitive de la vie. Elle est égalementun moyen pour accéder à une nouvelle vie, mais cette fois-ci, dans l’au-d elà. Tel est donc en ce qui concerne la définition de la mort.
Mais pouvons-nous parler des facteurs ou des causes de la mort ?

Les causes de la mort

Multiples sont les causes de la mort. Très souvent, la mort est causée par des maladies. Si le corps sain est atteint par la maladie, il devient faible et non résistant. Les microbes détruisent alors nos organes, et la mort survient. Ce qui signifie que les maladies peuvent être causes de la mort.
D’après la philosophie de nos ancêtres, tout est soumis à l’ordre divin (Zañahary mandahatra raha jiaby). En effet, Dieu nous a donné la vie, c’est lui également qui nous la retire. Dieu peut être ainsi la cause de la mort. Très souvent, quand une personne est trop vieille, Dieu l’appelle à lui. C’est la raison pour laquelle les Betsimisaraka de Sarahandrano disent toujours d’un vieillard qui meurt « appelé par Dieu » (Nantsoin’Andriamanitra nody any aminy ).
Dans ce cas, les membres de la famille pleurent, bien que leur tristesse soit moins lourde comparée à ce qui se passe lors de la disparition d’un enfant ou d’un jeune homme.
En voici la raison. Ils savent très bien que c’est Dieu qui les a créés et qui les appelle après avoir vécu longtempssur cette terre. Soulignons ici que leur tristesse est très forte lorsqu’il y a un très jeune homme qui meurt. Ils savent très bien que Dieu l’appelle, mais ils ne sont pas satisfaits. Parce que la sagesse malagasy souhaite toujours « une longue durée de vie » selon l’expression habituelle : « Ho lava veloño ny aiñy».

Enfin, il y a aussi une autre cause de la mort : c’est l’ensorcellement ( mosavy). Dans la société où nous vivons, il y a ce qu’on appelle l’ensorceleur ou l’ensorceleuse. Ce s ont des personnes qui ont une mauvaise tête ôlo( ratsy lôha ). Très souvent, elles ont un hibou (vorondôlo )13. Comme son nom l’indique, l’ensorceleur a pour rôle d’ensorceler quelqu’un. En d’autres termes, il jette un mauvais sort
à une personne. Et dans le cas extrême, il arrive jusqu’à tuer une personne innocente. Il est de ce fait un ennemi de la vie, en conséquence, il peut être qualifié comme une causede la mort. Telles sont en ce qui concerne les causes de la mort d’une personne.
Mais on sait que les Malagasy ne gardent pas longtemps le cadavre dans la maison. Quelques jours après sa mort, ils vont le rejeter (manary) au cimetière. Mais peut-on dire que les Malagasy ne s’occupent pas du cadavre ?
Cette question nous amène au sous-titre suivant, c’est-à-dire aux soins prodigués au cadavre.

Les soins prodigués au défunt

Les Malagasy donnent une place importante au défunt. En effet, au lieu de rejeter directement le cadavre, ils le gardent en attendant son enterrement. Ils le nettoient et l’habillent avant de passer alors à la veillée funéraire.

La toilette du mort

La toilette est une condition non négligeable pour le passage du défunt du monde des vivants au monde des morts. Chez les Betsimisaraka de Sarahandrano, la toilette du mort est un rite à faire obligatoirement comme étant la marque de la purification du défunt.
Voici comment se déroule la toilette du mort. On déshabille complètement le cadavre et on l’allonge sur une natte. On prend alors de l’eau tiède et on la verse sur lui en respectant le sens de haut vers le bas, c’est-à-dire on commence par la tête, et on continue par le tronc et les membres. On le frotte assez fort. S’il s’agit d ’une femme, on tresse ses cheveux. Un fait mérite d’être mentionné icisi: le cadavre est de sexe masculin, ce sont des hommes qui font la toilette ; mais si c’est le cas contraire, ce sont les femmes qui s’en chargent . Cela est fait puisque les Malagasy ont peur de l’inceste. N’oubli ons pas surtout que la sagesse malagasy interdit au frère de voir le sexe de sa sœur. Une fois que le bain est terminé, on passe à l’habillement.

L’habillement du mort

A la fin du bain funéraire, on entre le cadavre dans une chambre pour l’habiller.
Tout d’abord, on allonge encore le défunt sur une natte juste au milieu de la maison en suivant sa longueur.
Puis on l’habille correctement. On l’attache avec u n morceau de vêtement spécial de la tête vers les mâchoires pourque la bouche soit bien fermée. Il faut fermer aussi ses yeux s’ils restent encore ouverts.

Ensuite, on attache le défunt en deux points : à la hauteur de la poitrine, pour que les deux bras soient joints au corps et au niveau des chevilles pour que les pieds soient bien allongés et bien joints. Enfin, on le couvre d’un drap blanc, mais le drap ne touche pas la tête afin que toute la famille et les visiteurs puissent le voir une dernière fois. Mais soulignons cependant que ce dernier point n’a rien d’obligatoire.
Dès lors, les femmes pleurent pour alerter les habitants du danger qui les entoure. Pendant ce temps, les jeunes hommes vont dans les villages voisins pour annoncer la mauvaise nouvelle (vaovao ratsy). Peu à peu, un grand nombre de gens arrivent pour pa rtager la tristesse envers la famille du cadavre. Ils portent quelques offrandes à la famille victime. Ce geste prouve qu’on a fait son devoir ( nahavita adidy). Après on passe alors à la veillée funèbre.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
LISTE DES INFORMATEURS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU TERRAIN
CHAPITRE I : SITUATION GEOGRAPHIQUE DE SARAHANDRANO ET CARTE DU DISTRICT D’ANTALAHA
I.- La vie économique
1.- Les cultures vivrières
2.- Les cultures commerciales
II.- Carte du district d’Antalaha
CHAPITRE II : LE CONTEXTE HISTORIQUE DE SARAHANDRANO
CHAPITRE III : LE CONTEXTE SOCIOCULTUREL DE SARAHANDRANO
I.- La vie sociale
II.- La vie culturelle
DEUXIEME PARTIE : LES RITUELS FUNERAIRES DEPUIS LA MORT JUSQU’A L’EXHUMATION
CHAPITRE I : LA MORT
I.- Définitions
II.- Les causes de la mort
III.- Les soins prodigués au défunt
1.- La toilette du mort
2.- L’habillement du mort
3.- La veillée funéraire
CHAPITRE II : L’INHUMATION
I.- Définition du mot inhumation
II.- La préparation de l’inhumation
1.- L’attachement du cadavre
2.- La première recommandation
3- L’inhumation au tombeau
4.- La dernière recommandation
CHAPITRE III : L’EXHUMATION
I.- Définitions
II.- La préparation
III.- Le jour de la fête
IV- Les règles à suivre
TROISIEME PARTIE : ANALYSE PHILOSOPHIQUE SUR L’INHUMATION ET L’EXHUMATION
CHAPITRE I : VALEUR DE L’INHUMATION
CHAPITRE II : VALEUR DE L’EXHUMATION
CHAPITRE III : LES PROBLEMES DE L’INHUMATION ET DE L’EXHUMATION
CONCLUSION
I. ŒUVRES ANTHROPOLOGIQUES
II. ŒUVRE PHILOSOPHIQUE
III. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES INDEX-GLOSSAIRE
TABLE DES MATIERES

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