LA GESTION DES RISQUES A L’ECHELLE D’UNE AGENCE BANCAIRE
Le cheminement de ce rapport va nous mener à une analyse à l’échelle mondiale. Mais avant de parvenir à un tel niveau d’analyse, nous devons commencer par le commencement: comment les risques sont gérés et pris en compte à toutes les échelles d’un établissement bancaire. Afin de bien mener notre analyse, nous allons donc dès à présent étudier la première étape de la gestion des risques, celle qui est faite à l’échelle d’une agence bancaire de proximité.
LES RISQUES AU QUOTIDIEN
AU GUICHET
Le guichet représente la première étape de tout processus avec le client. Dès qu’il souhaite faire une opération, avoir un renseignement, prendre un rendez-vous avec son conseiller, etc. il se présente au guichet. Malgré toutes les possibilités offertes par les distributeurs automatiques de billets, le guichet tient toujours son rôle pour aider les clients et les orienter vers les bons conseillers. Ainsi, les risques sont gérés de multiples manières au guichet d’une agence. On peut notamment faire une certaine gestion des risques lorsqu’un client se présente pour effectuer un retrait au guichet. Outre les contrôles obligatoires pour vérifier l’identité du client, il faut également faire attention à plusieurs autres points. Il faut déjà savoir qu’un retrait au guichet est limité en terme de valeur et de temps: on ne peut pas retirer plus de 1500€ par jour, hors commandes prévues à l’avance. Ceci aide bien sur la banque à tenir ses engagements en termes de liquidités, mais cela aide aussi à prévoir la commande d’espèces pour le guichet et les distributeurs. En plus de cette limite de montant, il faut surtout effectuer une analyse rapide du fonctionnement du compte du client. Si le montant demandé est disponible, on peut en effet effectuer le retrait. Mais il faut avoir préalablement vérifié plusieurs choses : qu’il n’y ait pas de prélèvements ou de chèques en attente (un retrait sur un chèque n’étant pas possible). Il faut également remonter un peu les écritures du compte pour vérifier qu’il n’y ait pas de prélèvement ou virements automatiques qui soient faits plus tard dans le mois, et qui pourraient être remis en cause par un retrait trop important. Lorsque le client qui veut faire le retrait n’a pas la somme sur le compte, ou bien qu’elle dépasse l’autorisation de découvert, le guichetier se doit d’avertir le conseiller pour qu’il puisse donner ou non son accord. Ce dernier va à son tour effectuer une analyse du compte, des opérations débitrices et créditrices passées et à venir. Ainsi il pourra, tout en ayant une certaine connaissance de son client et de son passé, accorder le retrait ou non.
LES ECARTS
La gestion du risque passe par tous les types d’opérations au quotidien. En plus du guichet, les agents bancaires qui ont un portefeuille de clients doivent tous les jours vérifier leurs écarts.
On entend par écarts la liste de tous leurs clients dont le solde bancaire dépasse l’autorisation limite. Le rôle du conseiller est donc de savoir s’il faut payer ou non (refuser) les opérations qui font que le solde devient négatif ou dépasse l’autorisation. Cette décision se base donc beaucoup sur la relation qui lie le client avec la Banque Populaire, mais aussi celle qui s’est tissée entre lui et le conseiller. Ce dernier connait son client et connait donc son fonctionnement. Ainsi, il sait comment interpréter ce dépassement d’autorisation et sait donc également si c’est un dépassement exceptionnel ou s’il est récurrent. Cette décision de paiement se base également sur la synthèse financière que nous avons entre nos mains à propos du client : sa cotation Banque de France, son flux mensuel et annuel, les produits qu’il possède au sein de la Banque. Nous avons également en visuel les opérations créditrices ou débitrices en approche sur le compte et qui vont donc tomber dans les jours qui suivent. Cela peut aider le conseiller à apprécier sa décision. L’encours des cartes bancaires est également un critère de décision important puisque c’est également une opération débitrice qui est en approche mais cette fois ci à la fin du mois. Il faut également être prudent avec les clients qui ont un Avis de Tiers Détenteur (ATD), ce qui est également un flux débiteur futur, dont la date est encore indéfinie.
Il est aussi possible que le client bénéficie des faveurs du conseiller. En effet, malgré le solde en dépassement, les paiements sont possibles. Suivant la situation générale du client, et suivant le niveau de connaissance du conseiller sur l’activité du client, les paiements peuvent tout de même être effectués. Cela peut bien entendu être considéré comme la gestion des risques puisque les risque est bien présent au travers du solde négatif non autorisé du client et du crédit en blanc qui est derrière mis en place pour pouvoir permettre ce solde au compte. Ceci peut même être relié au risque de crédit que nous allons voir plus tard dans ce rapport puisque l’établissement bancaire vient bien octroyer un crédit, même s’il n’était pas prévu, pour que son client puisse continuer son activité. Sans cette autorisation, les éléments débiteurs arrivant sur le compte seraient bloqués et pourraient à court terme mettre le client en cessation de paiement.
Afin de limiter le recours aux décisions opérations par opérations au quotidien avec le suivi des écarts, il est bien entendu possible pour le client de demander une pointe exceptionnellepouvant durer entre 5 et 60 jours. Cela peut fortement être utile lorsqu’un de leurs clients est « important » et tarde à effectuer un paiement vital pour notre client. Le but du jeu n’est pas de laisser le client dans les difficultés de gestion de trésorerie, mais bien de pouvoir s’entretenir avec lui, pour pouvoir mettre des solutions en place et retrouver une certaine stabilité au niveau de la trésorerie.
LES RISQUES DANS LES DEMANDES DE FINANCEMENT CLIENT
LE RATIO MCDONOUGH
Le ratio de McDonough est un ratio de solvabilité bancaire. Il vient directement à la suite du ratio de Cooke. Le ratio de McDonough reprend celui de Cooke en y incorporant des éléments importants dans la pondération des risques. Le but des deux ratios est donc le même : favoriser la solidité du système bancaire, et ainsi parvenir à un système bancaire plus stable.
Pour comprendre le ratio de McDonough, il faut donc d’abord s’intéresser au ratio de Cooke. Recommandé par le comité de Bâle dans ses premières recommandations, il s’intéresse au rapport entre le montant des encours de prêts accordés aux clients par l’établissement bancaire et les fonds propres de ce même établissement bancaire. Il fixe également la limite de l’encours de ces prêts en les pondérant selon leur risque de défaut. On retient donc pour ce ratio :
– Les fonds propres, divisés en trois parties : le Tiers 1, également appelé noyau dur, le Tiers 2, aussi appelé fonds propres complémentaires et enfin le Tiers 3, également nommé fonds propres sur-complémentaires.
– Les encours de crédit, les engagements bilan et hors bilan, qui sont également pondérés en fonction de leur nature.
Au final, pour respecter ce ratio de Cooke, l’établissement bancaire doit avoir des fonds propres Tiers 1, 2 et 3 confondus équivalents à 8% des encours crédit et engagements pondérés, en sachant que le « noyau dur » des fonds propres (le Tiers 1) doit à lui seul en représenter 4%. Le ratio de McDonough reprend exactement le même mécanisme mais en ayant des caractéristiques plus poussées. Dans le ratio de Cooke ; la pondération des encours crédit et autres engagements bilan et hors bilan, n’était que très brièvement abordés. Pourtant cela représentait une faille dans ce ratio puisque le but même de ce dernier était de stabiliser le système bancaire mondial, en poussant les banques à revoir le montant de leurs fonds propres.
C’est ce que nous allons voir dansles parties 2 et 3 de ce mémoire.
Au sein d’une agence de proximité, le ratio McDonough est présent dans toutes les demandes de financement. Il va être utilisé comme tendance et comme guide de l’état de santé financière du client. Il donne le ton du dossier puisqu’il représente avec la cotation Banque de France une synthèse financière du client. Il est également important dans les décisions de délégation des dossiers. En effet, un client avec note correspondant au ratio McDonough considéré comme bonne, va pouvoir avoir des dossiers délégués en agence, par son conseiller ou le directeur d’agence. Si le client possède une note un peu plus mauvaise (à partir de 6/7) le dossier pourra être également traité en agence, mais sera considéré comme risque et donctraité avec plus de soins. Par contre un dossier où la note McDonough dépasse 7 sera considéré comme risqué et la délégation de la demande se fera automatiquement à un niveau hiérarchique supérieur, comme une délégation secteur, région, voire même siège pour les dossiers les plus risqués.
LES RISQUES ET ‘L’INSTRUCTION D ’UN DOSSIER DE CREDIT
Dans une agence, les clients et les conseillers se rencontrent dans le but d’établir une relation stable et prospère. Pour cela, l’établissement bancaire doit bien entendu faire une « sélection »parmi toutes les demandes de financement qu’elle reçoit. Pour faire cette sélection, différents critères s’appliquent selon le type de demande. Le but final étant bien entendu de prendre une décision sur les dossiers sans mettre en danger ni le client, ni la banque. Ce choix s’apparente donc à de la gestion des risques puisqu’une analyse est faite pour éliminer les dossiers de financement comportant un fort taux de risque.
Les crédits d’investissement
Pour ce qui est des crédits aux professionnels et aux entreprises, les montants sont également divisés en plusieurs catégories selon les montants, les notes McDonough et la poste du décideur.
Le risque est donc ici aussi jugé à travers deux données : le montant du financement, et la catégorie de notation du client. Selon ces deux critères, la décision sera prise en agence ou non.
Pour ce qui est de la décision justement, le raisonnement est légèrement différent pour les dossiers de moyen –long terme par rapport aux dossiers de court terme. Ainsi, nous allons par exemple donner moins d’importance ici à des éléments comme les postes de clients et de fournisseurs. Pourtant, la trésorerie reste un des points clés de l’analyse. Celle-ci détermine bien entendu la capacité de l’entreprise à pouvoir rembourser ses échéances. Une autre chose importante est la structure du passif de l’entreprise. Le ratio fonds propres sur le total du passif est un ratio important puisqu’il conditionne la solvabilité de l’entreprise. On considère un ratio de 20% comme étant le minimum pour un dossier ayant de bonnes chances d’aboutir. Sinon on considère la personne morale comme sous capitalisée, ce qui représente en soi un risque pour cette dernière, en plus de celui qu’elle pourrait représenter pour sa banque. La dernière donnée importante est la mesure de la CAF, mais également la mesure des amortissements. En effet, si les amortissements représentent une forte part de la CAF, cela signifie que l’actif à amortir est encore présent et donc qu’il n’est pas caduque, ce qui lui donne donc de la valeur, ce qui est rassurant pour un établissement bancaire en cas de défaut et de faillite du client. De plus, la CAF représente aussi et c’est d’ailleurs ce qu’elle mesure, la capacité de la personne morale à « produire » de la trésorerie. Il faut également faire attention aux concours bancaires : facilités de caisse et autres produits de financement à court terme. En effet, ceux-ci peuvent présenter de réels risques, à l’image des écarts dont nous avons parlé dans la première partie.
Les garanties
En plus du cheminement et du raisonnement autour du risque engendré par les demandes de financement de court et moyen terme, ce qui limite les prises de risque des établissements bancaires, ce sont notamment les garanties. Les garanties sont présentes dans tous les contrats de financement. Ils viennent limiter le risque de défaut des emprunteurs puisque même si par malheur cette situation de défaut se réalise, les garanties prises par l’établissement bancaire vont venir limiter, voire même compenser les pertes engendrées par le défaut de paiement de l’emprunteur. Nous allons donc voir dans cette partie comment les garanties peuvent être prises pour limiter ses risques de défaut.
La loi Macron est venue changer beaucoup de choses dans le domaine des garanties offertes aux professionnels. Celle-ci considère désormais l’insaisissabilité de la résidence principale.
Cela remet donc en cause la notion de caution personnelle notamment sur le secteur des professionnels. Désormais, pour une personne physique, nous devons considérer la personne comme garant de son endettement. Pour cela, un acte de cautionnement est souvent mis en place. Souscrit pour dix ans, ce cautionnement engage la personne physique mais également son conjoint, notamment dans le cas d’unmariage sous le régime de la communauté. Pour ce qui est des personnes morales, généralement seule la société est responsable de ses engagements. Un dépôt de bilan engendre donc une forte perte. Pour éviter au maximum ce genre de situation, la banque va donc prendre les devants et demander aux associés et/ou aux dirigeants de s’engager dans un contrat de caution solidaire et indivisible. Cette situation correspond seulement aux entreprises où le patrimoine n’est pas suffisant. Pour une personne morale avec un fort actif et une épargne conséquente, une telle garantie perdrait de son utilité.
Pour ce qui est des emprunts de plus ou moins long terme, plusieurs cas de figure se présentent.
Le premier étant pour un investissement dans l’immobilier. On peut ici mettre en place le privilège de prêteur denier, en plus d’une garantie, ce qui fait moins de frais pour la banque, et qui sécurise la priorité à la banque en cas de vente du bien immobilier pour le remboursement de l’emprunt. La banque travaille également en collaboration avec des sociétés de caution mutuelles comme BPI France ou la SACCEF qui peut garantir jusqu’à 50% d’un bien immobilier lors d’une opération de financement. Pour d’autres opérations comme celles d’investissement dans du matériel, d’autres garanties plus spécifiques peuvent être prises : le gage sur un véhicule, un nantissement de matériel, un titre de propriété tant que le remboursement n’est pas effectué, engagement qui est fait avec un huissier. De plus, pour le matériel, une caution peut aussi être mise en place par des sociétés de caution mutuelles, telles que la SOCAMA, ou BPI France, pour des montants inférieurs à 100 K€. Dernier cas de figure, le cas d’une création d’entreprise. Pour ceci, des associations d’aides à la création d’entreprise ce sont créées. « Initiactive » par exemple est une association qui accompagne les personnes créatrices d’emplois et d’entreprises à travers leurs projets de création. C’est dans cetteoptique qu’Initiactive intervient pour le lancement des professionnels. Ils viennent présenter leur dossier devant un comité d’experts dans le but d’obtenir une subvention ou un prêt d’honneur. Parfois même, une caution peut être obtenue et vient aider le client à se lancer, en cautionnant à 60% le projet. Ce qui laisse donc 40% de risque derrière pour la banque. Ce risque, il peut, comme il a déjà été dit précédemment, être couvert par une caution du dirigeant et/ou des associés.
LE RISQUE DE CREDIT
DEFINITION
Le risque de crédit est bien entendu le risque encouru par un établissement bancaire lorsqu’il pratique son activité de base : octroyer des crédits à sa clientèle. Celle-ci est sujette à diverses situations dans lesquelles il deviendra impossible pour elle de rembourser ces engagements (crédit classique, obligations, etc.) : que nous appellerons ici le risque de défaut. Le risque de défaut est la principale caractéristique du risque de crédit. Mais ce n’est pas la seule : le risque de crédit est aussi inhérent au risque de « taux de recouvrement » dans le cas où le client de la banque serait obligé de faire un réaménagement de son crédit pour pouvoir payer sa dette. Le risque de crédit est également lié au « risque de dégradation de la qualité du portefeuille de crédit ».
Les risques de crédit ne sont pas tous les mêmes. Nous allons ici voir quels sont les divers risques de crédit possibles.
Nous retrouvons tout d’abord le risque de crédit le plus évident, celui qui est adossé à un crédit classique. Le risque relève du paiement ou non des échéances par le client. Le paiement peut être absent à l’échéance, comme il peut être partiel. Le paiement peut être reporté ou il peut être annulé. Dans tous les cas, le risque est là, il existe. Cette incapacité à respecter ses engagements produit un risque pour la banque qui a émis le crédit à son client.
Ensuite nous retrouvons dans produits plus élaborés comme les crédits à taux variables, qui sont par nature plus risqués que ceux avec des taux fixes. On retrouve également des instruments de crédit qui portent uniquement sur les intérêts, ou des crédits rachetables à tout moment. La date et/ou le montant du risque encouru pour ce type de produit est plus difficile à cerner.
Dans une troisième catégorie, nous trouvons les produits bancaires « dont le paiement est fonction de certaines conditions », comme par exemple les options, les swaps de crédit ou encore le crédit-bail. On pense ici à un risque de contrepartie, qui pourrait venir annuler toute l’opération, non sans frais. Ensuite on peut également retrouver les produits qui sont liés aux devises. Un crédit en devise où cette dernière subit une dévaluation, peut mettre en danger les créanciers, puisque malgré le fait que des précautions soient prises pour ce genre d’opérations, il arrive qu’il n’y en ait pas et que le client ne puisse pas payer les nouveaux montants des échéances. Même si la devise correspond à un pays riche, les produits de ce type se contractualisent souvent sur des longues durées, et même si on ne parie pas sur une décote de la devise en question, il est possible que sur ces longues périodes ce soit le cas.
Enfin dans une dernière catégorie, on peut retrouver les lignes de crédit accordées aux entreprises ou aux particuliers. Ces lignes de crédit sont à leur disposition notamment via une carte de crédit et ne sont pas totalement utilisées. Le client peut à n’importe quel moment utiliser cette ligne à 100% et donc passer dans une mauvaise situation financièrement du fait de cette augmentation de dette.
Le risque de crédit peut donc toucher plusieurs types de produits bancaires, des produits simples, comme des produits plus complexes. Mais le risque tient essentiellement en une chose : « l’incertitude des pertes ». L’intérêt d’appréhender ce risque estdonc de prévoir les pertes futures encourues par la banque.
MODELISATION DU DEFAUT:LES NOTATIONS
Les systèmes de notations sont un des principaux instruments de suivi et de prévision du risque. Les établissements bancaires n’ont pas attendu la création du Comité de Bâle pour gérer et prévoir les risques, notamment en matière de risque de crédit et de contrepartie. « La notation est l’évaluation du risque de non-paiement en temps et en heure de la totalité du principal et des intérêts relatifs à une obligation financière. » Ainsi, nous avons ici un système qui a été créée avec pour but d’évaluer une probabilité de défaillance de l’emprunteur à une date donnée. Si l’on part de ce principe il devrait donc exister autant de systèmes de notation que de prêts et d’emprunteurs possibles. Ceci n’étant évidemment pas possible, des systèmes plus globaux ont été inventés. Ceux-ci se divisent en deux catégories : ceux dont la notation est présentée « de façon quantitative » : le score, et ceux dont la notation est présentée « de façon qualitative » : le rating. Voici un exemple des échelons de ratings.
LA MESURE DU RISQUE: CVAR
Malgré les mesures prises par les autorités, comme les ratios de fonds propres, il ne peut convenir comme unique mesure du risque à l’échelle d’un établissement bancaire de rang mondial. « Le capital réglementaire ne capture pas l’effet de diversification recherché par la banque pour équilibrer son portefeuille ». Pour mesurer le risque maximum pris par la banque, celle-ci va décliner la VaR (Value at Risk) utilisée pour les risques de marché et de tauxpour l’appliquer aux crédits: le « Credit VaR, CVaR ». CVaR est une mesure du montant (minimum) que doit avoir en liquidités un établissement bancaire pour éviter la faillite. Ainsi cela mesure les pertes que peut supporter la banque sans avoir pour autant à faire banqueroute. La CVaR correspond à la perte maximale à un niveau de probabilité de 99%. On appelle « Capital Economique » la différence entre la perte moyenne d’unportefeuille de crédits et la CVaR. Le capital économique est donc le montant de fonds propres idéalement engagé pour chaque crédit.
Cette différence entre perte moyenne et maximale est normalement couverte par la tarification des produits. Sans rentrer dans les détails complexes, le calcul de CVaR est effectué à partir d’une loi normale à seuil de confiance 99%. Cette méthode utilisée en interne par les banques offre une autre alternative que la méthode du ratio McDonough, même si l’utilisation d’une méthode n’empêche pas l’utilisation de l’autre méthode.Cette méthode, bien que largement plus complexe, offre une précision nouvelle aux méthodes de prévision des risques.
LE RISQUE DE TAUX
MISE EN CONTEXTE
Même si l’activité de base d’une banque veut que le principal risque encouru par ces mêmes banques soit le risque de crédit, ce dernier n’est pas le seul. Depuis maintenant plusieurs décennies, les établissements bancaires sont des acteurs majeurs des marchés financiers, et sont donc soumis aux risques liés à ce type d’activité bancaire. Comme nous allons le voir dansla partie 3, la réglementation impose aux banques de démontrer leur mesure du risque de taux. En effet, le risque de taux fait entièrement partie des grands risques auxquels sont confrontés les établissements bancaires. Les activités bancaires de transformation d’échéances (financer à long terme avec des dépôts de court terme) exposent logiquement ces établissements aux risques de taux. Cela s’explique par deux arguments : le premier, les intermédiaires financiers (les banques) sont donc naturellement soumis à « des impasses de maturité » du fait de la transformation des échéances. Les acteurs non financiers sont « averses au risque », ils n’ont pas « accès à l’information sur la qualité des emprunteurs à long terme». Par conséquence ils ont « l’obligation» de passer par les intermédiaires financiers : les banques. Celles-ci ont une meilleure capacité de gérer l’information imparfaite des emprunteurs de long terme. Le second argument est que les banques peuvent s’exposer aux différents risques de taux puisqu’elles ont la capacité de s’en protéger via un produit de couverture, ce qui est plus difficile d’accès pour les autres agents économiques.
LES SOURCES DU RISQUE DE TAUX
Le risque de taux représente le « risque encouru en cas de variation des taux d’intérêts du fait de l’ensemble des opérations de bilan et hors bilans». La gestion de ce risque est suivie par une fonction bancaire : la fonction ALM, en français : « gestion actif –passif ». Dans un portefeuille bancaire, nous retrouvons trois sources de risque de taux, qui nécessite une gestion particulière par la fonction ALM.
– La première source de risque provient d’un «décalage de volume et d’échéance entre les ressources à taux fixe et les emplois à taux fixe ». Autrement dit, la transformation des échéances à taux fixe pose des problèmes de risque ; du fait du décalage des échéances. De plus, le risque peut être modifié par un autre décalage possible : celui entre les dates de « révisions des taux », appelé en anglais « repricing ».
– La deuxième source de risque nous vient du décalage entre « l’adossement d’emplois et de ressources à taux variables indexés sur des taux de marché différents ou sur le même taux, mais avec une date de repricing différente », comme par exemple un emploi adossé à l’Euribor 3 mois, et une ressource adossé à l’Euribor 6 mois. Prenons un exemple.
Une banque qui fait un prêt à taux variable (Euribor 3 mois, et marge n°1), le prêt est financé par des dépôts, eux même financé à un taux variable (Libor 3 mois, et marge n°2). Avec des taux parfaitement égaux, la banque touche donc les deux marges, sans que le taux change sa rémunération. Par contre, la différence entre les deux taux, appelée « spread » entre le Libor et l’Euribor, peut venir modifier les choses de «façon inattendue ».
– La troisième source de risque de taux nous vient de la présence d’options au sein de l’actifs, comme du passif et du hors bilan. «Une option donne à son détenteur le droit, mais non l’obligation, d’acheter ou de vendre », donc de modifier les flux, d’un produit financier. Cette option, qui peut être incorporée dans un produit, ou être un produit ellemême, peut également être implicite, comme par exemple la capacité de remboursement anticipé d’un crédit peut l’être. L’exercice de cette option peut amener l’établissement bancaire à avoir des pertes dues à un changement de taux non prévu du fait de l’exercice d’une option.
LA GESTION ALM
En pratiquant cette « gestion ALM » pour leurs risques de taux, les grands groupes français ont le même objectif : réduire leur « exposition au risque de taux d’intérêt». Le risque de taux n’est donc pas «couvert en totalité ». C’est une des missions qui estdonnée à cette fonction ALM : savoir si oui ou non, il faut « couvrir les impasses de taux ». Pour comprendre le rôle de cette gestion actif –passif, nous allons étudier leurs deux principales stratégies de couverture : Macrocouverture et Microcouverture.
Concernant la stratégie de macrocouverture des différentes banques françaises, elle consiste essentiellement à couvrir la banque par rapport à « l’exposition nette au risque de taux » dues aux activités « classiques » de la banque : l’intermédiation. Ainsi, la banque fait « abstraction » des échéances dont les taux neutralisent tous seuls pour obtenir les « expositions nettes résiduelles ». Le principal risque de cette technique de macrocouverture est d’avoir des « prises de position spéculatives déconnectées de l’objectifs initial» qui était on le rappelle de couvrir (ou du moins réduire) l’exposition au risque de taux. En d’autres termes, la banque peut être amenée seulement à réduire ses risques de taux pour ne pas en prendre d’autres avec des prises de positions (pour se couvrir) trop fortes.
Vient ensuite la gestion des risques par stratégie de microcouverture. Celle-ci vient compléter (voir même pour certaines banques de marché suppléer) la stratégie de macrocouverture puisqu’elle est faite pour couvrir des besoins unitaires préalablement identifiés. Les techniques utilisées dans cette stratégie sont les suivantes : les swaps et FRA (utilisées par tous les établissements bancaires), les options (utilisées par 57% dans établissements bancaires) et les prêts (utilisés par 43% des banques). Pour couvrir des besoins dont les taux et montants sont connus, les swaps et les FRA vont être préférés, tandis que pour les produits avec des parties plus incertaines, les options seront privilégiées.
QUEL SUIVI DU RISQUE DE TAUX
Les accords de Bâle n’ont pas, à ce jour conduit à une véritable surveillance du risque de taux. Malgré l’introduction des ratios de solvabilité dans Bâle 2, ceux -ci n’exigent pas comme pour le 1 er pilier, des fonds propres dédiés au risque de taux. Malgré la gestion actif –passif (ALM) qui peut être faite pour la couverture de risques de taux, il n’existe pas de « d’indicateur universellement adopté » comme il peut être le cas pour d’autres risques financiers. Malgré tout, il serait bon que les superviseurs de ces risques puissent avoir une vision globale plus précise de « la sensibilité du système bancaire au risque de taux ». C’est dans ce but que sont venus les accords de Bâle, pour permettre aux superviseurs de pouvoir effectuer des comparaisons entre les différents établissements bancaires, ce qui constitue une bonne voie d’entrée vers une supervision et une réglementation plus efficace. Il manque cependant une certaine harmonisation des paramètres des différentes estimations pour que la future réglementation puisse être mise en place, ce qui ne « fait pas l’unanimité au sein des contrôleurs bancaires ». Pour conclure, malgré l’entrée des risques de taux dans les accords de Bâle, ces risques font surtout suite à des scénarios individuels difficilement évaluables et prévisibles.
C’est ainsi que le contrôle s’effectue surtout en interne dans les différentes banques, comme c’est déjà prévu dans la réglementation bancaire française, tout comme dans les principes du Comité de Bâle.
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Table des matières
DECLARATION ANTI-PLAGIAT
AUTORISATION DE DIFFUSION ELECTRONIQUE D’UN TRAVAIL
UNIVERSITAIRE DE NIVEAU MASTER
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
PARTIE 1 : – LA GESTION DES RISQUES A L’ECHELLE D’UNE AGENCE BANCAIRE
I. LA GESTION DES RISQUES A L’ECHELLE D’UNEAGENCE BANCAIRE
A. LES RISQUES AU QUOTIDIEN
B. LES RISQUES DANS LES DEMANDES DE FINANCEMENT CLIENT
PARTIE 2 : – LES RISQUES FINANCIERS DANS UN ETABLISSEMENT BANCAIRE
II. LES RISQUES FINANCIERS DANS UN ETABLISSEMENT BANCAIRE
A. LE RISQUE DE CREDIT
B. LE RISQUE DE TAUX
C. LE RISQUE DE LIQUIDITE
PARTIE 3 – LA REGLEMENTATION DU RISQUE BANCAIRE
III. LA REGLEMENTATION DU RISQUE BANCAIRE
A. LES ACCORDS DE BALE,QUELLE EFFICACITE?
B. QUEL FUTUR POUR LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE BANCAIRE?
IV. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
TABLES DES MATIERES