LES RISQUES DE CONTAMINATION
Evaluations du niveau d’information et de la politique de prévention
Un certain nombre d’études portant sur la prophylaxie de la toxoplasmose ont été réalisées au cours des 10 dernières années. Les enquêtes concernant la listériose sont par contre beaucoup plus rares. Cette différence s’explique probablement par le fait que l’information joue un rôle primordial dans la lutte contre les toxoplasmose congénitale tandis que le premier moyen de lutte contre la listériose se situe au niveau de l’industrie agroalimentaire. D’ailleurs, en 10 ans, ces mesures de contrôle ont permis de diviser par 7 le nombre de cas de listérioses en cours de grossesse (Goulet et al. 1998). Cependant, certains lots de produits sont susceptibles d’échapper à la vigilance des services de contrôle et le risque que représente une mauvaise hygiène du réfrigérateur n’est pas négligeable. L’information est donc aussi très importante dans la prévention de la listériose.
Toxoplasmose
Une étude séro-épidémiologique réalisée entre 1980 et 1986 à Toulouse par Espeillac et al. (1989) a évalué à près de 70% le taux d’immunité avec une grande disparité selon l’origine ethnique des femmes : 73% des Françaises étaient immunisées, 58 à 66% des Maghrébines (taux d’immunité en augmentation constante) et seulement 22% des Asiatiques. Ils expliquent ces différences par le fait que, pour les Maghrébines, il s’agit d’une migration anciennes et cette population a progressivement adopté les habitudes de vie Françaises alors que, pour les asiatiques, il s’agit d’une migration récente. Globalement, toutes origines confondues, cette étude montre une stabilité du taux d’immunité entre 1980 et 1986.
En 1990, Bougnoux et Hubert dressaient un bilan de la prévention primaire en France dans lequel il apparaît que le taux de séroconversions chez la femme enceinte n’avait pas significativement diminué depuis la mise en place du programme national de prévention.
Dans une enquête sur la connaissance des mesures préventives contre la toxoplasmose auprès de femmes venant d’accoucher réalisée en 1986 par Goulet et al., il est apparu que 37% des femmes n’étaient pas immunisées et que 29% de ces séronégatives ne connaissaient pas les mesures de prévention. Cette méconnaissance était plus élevée chez les femmes sans profession (54%) et plus particulièrement les femmes d’origine maghrébines (89%)
Une autre enquête faite à Amiens en 1993 et 1994 par Carme et al. (1994) révèle que 96% des femmes non immunes interrogées avaient conscience d’un danger potentiel et connaissaient au moins deux mesures de prévention.
Enfin, une étude réalisée dans des maternités du Rhône par Wallon et al. (1994) détermine que si, pour la presque totalité des jeunes mères séronégatives interrogées le mot « toxoplasmose » évoquait une maladie, 11% d’entre elles ne connaissaient aucun facteur de risque et 43.7% ignoraient qu’il était possible de se protéger contre l’infection. Le degré d’information variait énormément selon le niveau socioprofessionnel. En ce qui concerne le comportement, moins de 17% avaient appliqué de façon satisfaisante les règles de prévention au cours de leur grossesse. Aucune relation n’a été observée entre la qualité du comportement et l’âge, le rang de grossesse ni la catégorie socioprofessionnelle. Par contre, le degré d’observance était proportionnel au niveau de connaissances.Si ces études ont obtenu des résultats très disparates et difficilement comparables, toutes insistent sur les carences des femmes en ce qui concerne la connaissance des facteurs de risque et la nécessité d’améliorer cette information.
Listériose
Les personnes susceptibles de développer une listériose, à l’exception des femmes enceintes, constituent une population hétérogène difficile à cerner et à atteindre. En revanche, les femmes enceintes, qui constituent une population ciblées, peuvent être plus facilement sensibilisées (Pierre et al. 2000).Une enquête réalisée en novembre 2000 (Marrakchi et al.) auprès de 500 femmes de plus de 18 ans démontre de graves carences dans les connaissances et habitudes de celles-ci. En effet, le mot « hygiène » n’évoquait « hygiène alimentaire ou corporelle » que chez 3% des personnes interrogées, le réfrigérateur n’était cité spontanément comme « endroit de la maison justifiant une hygiène rigoureuse » que par 4% des sondées et la mauvaise conservation des aliments comme « facteur favorisant le développement des bactéries » que par 8% d’entre elles. Le mot « Listeria » (ou « listériose ») n’était présent à l’esprit que de 22% de ces personnes.
Par ailleurs, une enquête réalisée en 1997 en Australie auprès de femmes ayant récemment accouché montre une moins bonne information des femmes les plus jeunes, vivant en milieu rural, parlant une langue étrangère à la maison, ayant un niveau d’études inférieur, ou ayant eu une grossesse non désirée.
Deuxième partie :ENQUETE
J’ai constaté chez certaines femmes enceintes de mon entourage une angoisse vis-à-vis des maladies présentant un risque pour le bébé qu’elles portaient et chez d’autres une ignorance, volontaire ou non, de ces risques voire une alternance entre ces deux états d’esprit. Etant personnellement intéressée par la grossesse et ce qui l’entoure, j’ai choisi de faire une enquête sur le niveau de connaissances de ces femmes ainsi que leur comportement alimentaire et hygiénique pendant la grossesse.
Hypothèses préalables
J’ai formulé à priori un certain nombre d’hypothèses afin d’orienter la rédaction du questionnaire.
Les principales hypothèses retenues sont les suivantes :
Les femmes enceintes sont mieux informées et/ou plus sensibilisées en fin de grossesse. Cette idée prend en compte le fait que, en début de grossesse, les femmes sont submergées de documentation a un moment où elles manquent de temps (elles travaillent encore) et sont souvent très fatiguées par les bouleversements physiologiques que subit leur corps. De plus, cette grossesse peut leur sembler encore assez « théorique » ce qui explique qu’elles ne ressentent pas nécessairement le besoin de s’informer.Les multipares sont mieux informées.Ce postulat semble évident du fait que ces femmes ont déjà vécu une grossesse au cours de laquelle elles ont eul’opportunité de s’informer.La qualité de l’information augmente avec le niveau social.Le milieu d’origine et/ou le niveau d’étude est habituellement considéré comme un facteur important d’accès à l’information.Beaucoup de femmes ne connaissent pas ou minimisent le risque alimentaire de la toxoplasmose (viande, fruits et légumes) et pensent que le chat représente le principal risque.
Les vétérinaires sont souvent questionnés par des femmes enceintes ou leurs proches à propos des précautions à prendre vis à vis des chats. Il n’est pas rare que ces personnes aient envisagé de confier leur chat ou de s’en séparer mais soient peu conscientes des autres facteurs de risque.
Elles sous-estiment les risques de listériose liés au mauvais entretien du réfrigérateur.
Les nombreuses polémiques autour de la qualité des aliments que nous consommons entretiennent l’idée que les industriels (qui les produisent) et les pouvoirs publics (qui les contrôlent) sont responsables des épidémies. Il est beaucoup plus difficile de remettre en cause ses propres habitudes en ce qui concerne l’hygiène alimentaire.Les personnes du milieu médical sont mieux informées.Même bien informées, les femmes enceintes ne suivent pas toujours les principales directives (cuisson de la viande, aliments à éviter, lavage des fruits et légumes, nettoyage du réfrigérateur…).Une personne bien informée sait aussi que ces maladies sont rares… De plus, appliquer à la lettre toutes les précautions peut sembler contraignant. Ainsi, il appartient à chacune de déterminer quelles concessions elle accepte de faire pour protéger l’enfant qu’elle porte et quels risques elle est prête à prendre afin de conserver une vie la plus normale possible.
Le but du questionnaire n’est pas de vérifier ou de démentir de façon exhaustive ces hypothèses. Elles doivent plutôt être considérées comme un outil destiné à favoriser la collecte d’information auprès des femmes interrogées.
Mise au point du questionnaire
L’objectif de ce questionnaire était d’obtenir un maximum d’information en un temps restreint. En effet, il est assez inconfortable (surtout pour une femme en fin de grossesse) d’écrire en étant assise sans table sur laquelle s’appuyer. De plus, même si le temps d’attente avant une consultation est la plupart du temps suffisant, il n’était pas question de perturber le travail des gynécologues et sages-femmes. Le questionnaire devait donc être court (2 pages maximum) afin de ne pas décourager les personnes interrogées et rapide à remplir (moins de 10 minutes).
Pré-enquête
Après avoir rédigé un premier questionnaire, une pré-enquête a été réalisée auprès de 9 femmes enceintes et 4 femmes ayant récemment accouché. Le questionnaire leur a été soumis dans des conditions proches de celles prévues pour l’enquête finale puis elles ont donné leur avis sur la présentation du document, la clarté des questions, la longueur du questionnaire et leur ressenti personnel.Il en est ressorti un certain nombre d’erreurs à corriger :
La première exprimée par la plupart est que le cadre dans lequel était réalisé cette enquête n’était pas suffisamment explicité.
La seconde concernait la question (n° 16) sur la profession : son but était de définir le milieu social ainsi que le caractère médical, paramédical ou scientifique du métier de la personne et de son conjoint. La question initiale, qui demandait de cocher les catégories professionnelles ainsi qu’une case supplémentaire en cas de profession médicale ou paramédicale, a globalement été perçue comme trop complexe. De plus, les réponses obtenues ne permettaient pas toujours d’avoir une idée précise du milieu socioprofessionnel. Il a donc semblé préférable, afin de conserver un maximum d’information et simplifier la tâche des futures mamans, de demander simplement quel était le métier de chacun des parents.
Le troisième problème décelé concernait la deuxième partie de la question n° 4 qui était ainsi libellée : « savez-vous comment on risque de les attraper ? ». Quatre personnes ont répondu « oui » ou « oui, je pense savoir » à cette question. Cela posait un problème car le but de cette question est de déterminer leur niveau de connaissances à propos des facteurs de risque de Toxoplasmose ou de Listériose et non l’évaluation qu’elles font de celles-ci. La question a donc été formulée de façon plus directe : « Comment peut-on les attraper ? ».
Questionnaire définitif
Suite à ces corrections, le questionnaire définitif a pu être mis au point :
– Les questions n° 1, 2, 3, 6 et 16 sont destinées à définir des catégories (âge, primipares / multipares, stade de grossesse, statut sérologique, milieu socioprofessionnel).
– Les questions n° 4, 5, 9 et la dernière partie de la n° 12 portent sur l’information. Il semblait intéressant d’aborder ce sujet en premier lieu afin d’éviter que les questions sur le comportement n’apportent des éléments de réponse.
– Les questions n° 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14 et 15 portent sur le comportement et visent à déterminer si les personnes interrogées ont significativement modifié (si nécessaire) leurs habitudes durant la grossesse. La question n° 15 vise à apporter une explication au non-respect par certaines femmes de consignes qu’elles connaissent pourtant.
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Table des matières
INTRODUCTION
A – PREMIERE PARTIE :INFORMATION ET PREVENTION
A-I. SOURCES D’INFORMATION
A-I.1 CORPS MÉDICAL..
A-I.2 VETERINAIRE
A-I.3 LITTERATURE
A-I.4 MEDIAS
A-I.5 ENTOURAGE
A-II. LES RISQUES DE CONTAMINATION
A-II.1 TOXOPLASMOSE
A-II.1.1 Répartition mondiale
A-II.1.2 En France
A-II.2 LISTERIOSE
A-II.2.1 Répartition mondiale
A-II.2.2 En France
A-III. LES MOYENS DE PREVENTION
A-III.1 TOXOPLASMOSE
A-III.2 LISTERIOSE
A-IV. EVALUATIONS DU NIVEAU D’INFORMATION ET DE LA POLITIQUE DE PREVENTION
A-IV.1 TOXOPLASMOSE
A-IV.2 LISTERIOSE
B-DEUXIEME PARTIE :ENQUETE
B-I HYPOTHÈSES PRÉALABLES
B-II MISE AU POINT DU QUESTIONNAIRE
B-III REALISATION DE L’ENQUETE
B-IV ANALYSE DES RESULTATS
C-TROISIEME PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
C-I. TOXOPLASMOSE
C-I.1 Pathogénie
C-I.2 Sémiologie
C-I.3 Diagnostic et Pronostic
C-I.4 Traitement
C-I.5 Prévention
C-II. LISTERIOSE
C-II.1 Pathogénie
C-II.2 Sémiologie
C-II. 3 Diagnostic et Pronostic
C-II.4 Traitement
C-II.5 Prévention
C-II.5.1 Information des femmes enceintes
C-II.5.2 Mesures d’hygiène
C-II.5.3 Alimentation et pratiques culinaires
C-II.5.4 Mesures prophylactiques chez l’animal
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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