LES RESSORCES NATURELLES ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL

NOTION DE DEVELOPPEMENT

                 Déclencher et d’accompagner les processus individuels et collectifs de changement et de développement.» D’après Vachon, l’impulsion du développement, les initiatives et les actions à mener pour mettre le territoire en état de se développer ne seront pas d’origine externe mais proviendront de l’intérieur. Vachon distingue deux niveaux du développement local8, ces deux niveaux étant complémentaires : Le premier niveau ou niveau « endogène » mobilise la population, stimule les idées innovantes, élabore des projets, met en valeur les ressources disponibles, rehausse la volonté et la capacité d’agir. » Les econd niveau ou niveau « exogène », « procurent les aides en matière d’investissement structurant, de formation, de financement, de support technique, de pouvoir décentralisé… » L’affirmation de la complémentarité de ces deux niveaux est une manière pour Vachon de dire que le développement local n’est pas un refus de tout ce qui provient de l’État, mais au contraire, de créer une rencontre entre ce qui vient de la base des paliers supérieurs. Cependant, il faut dire que le développement locale est un principe, une théorie, mais dans la réalité, sa mise en œuvre diffère d’une localité à une autre. En effet, chaque localité est différente tant au niveau des ressources et des potentialités qu’elle renferme, qu’au niveau de la population qu’elle abrite. Ainsi, toute politique de développement local doit tenir compte de toutes les spécificités relatives à chaque communauté. En somme, il existe autant de politiques de développement local qu’il existe de communautés

APPROCHE INSTITUTIONNELLE DES CARACTERISTIQUES DES COMMUNAUTES

                     Ainsi, AGRAWAL et GIBSON voient la communauté comme un groupe composé d’acteurs multiples, à intérêts multiples. Considérer la communauté comme tel revient à admettre que ses membres peuvent avoir des intérêts divergents. En outre, les acteurs au sein d’une communauté recherchent avant tout leurs propres intérêts dans les programmes de conservation et que ces intérêts peuvent changer à mesure que de nouvelles opportunités apparaissent. La communauté est également un ensemble de processus au niveau local. Ainsi, la communauté est constituée de groupes à influences différentes qui interagissent. C’est de l’interaction de ces derniers que naissent les règles qui régissent l’emploi des ressources naturelles. En outre, ces interactions sont soumises à d’autres influences externes telles que les aides au développement, l’évolution technologique, etc. Agrawal considère également que les communautés sont caractérisées par des arrangements institutionnels. En effet, les communautés qui vont prendre part aux projets de conservation sont déjà régies par des institutions avant l’arrivée de ces projets. Ce sont ces institutions qui régissent les interactions entre les membres, ainsi que leurs interactions avec la nature. Agrawal stipule que la réussite de la gestion communautaire des ressources naturelles réside dans une approche institutionnelle des communautés. Ainsi, selon AGRAWAL et GIBSON, certains pouvoirs, jusqu’ici détenus par l’Etat, doivent être déléguées aux communautés pour renforcer les institutions. En effet, les communautés doivent être habilitées à exercer leur autorité à trois niveaux :
– L’établissement des règles sur l’utilisation, la gestion et la conservation des ressources,
– La mise en application de ces règles,
– Le règlement des éventuelles disputes qui se créent suite à la l’interprétation et la mise en application de ces règles.
La plupart du temps, l’influence des communautés se limite à la mise en application des règles. L’Etat se réserve le droit d’établir les règles et de régler les éventuelles disputes. Ainsi, du point de vue d’AGRAWAL et GIBSON, les acteurs locaux, c’est-à-dire les membres de la communauté sont plus habilités à établir les règles régissant l’utilisation, la gestion et la conservation des ressources pour deux (2) raisons. La première est qu’ils ont une connaissance spécifique du contexte local et des ressources naturelles. Cette connaissance à laquelle Agrawal fait allusion équivaut à la connaissance traditionnelle précédemment évoquée par VAINIO-MATILLA et CAMPBELL. La seconde raison tient au fait que les coûts engendrés par l’arbitrage des disputes seront moins onéreux si l’arbitrage en question se fait au niveau de la communauté. En effet, le recours à l’Etat, du fait de son éloignement est coûteux. Toutefois, AGRAWAL affirme que la coopération avec l’Etat est nécessaire, notamment quand il s’agit d’écarter les invasions extérieures et d’arbitrer les conflits entre communautés. D’autre part, les membres de la communauté ont besoin de l’assistance technique des agents de l’Etat pour la formation en techniques de management.

LES HABITANTS LOCAUX

                   La population locale a pour activité principale la pêche, l’agriculture et l’élevage. Mais elle est également tributaire des ressources naturelles car en plus de l’artisanat, l’exploitation forestière (charbonnage,..), les activités de collecte leurs servent de complément d’activité. La riziculture tient la première place dans l’agriculture. La culture vivrière telle que le maïs ou le manioc est également présente mais elle se fait à petite échelle. Même si l’agriculture est une activité importante dans l’aire protégée, elle est pratiquée à des fins de subsistance vu les différents problèmes auxquels elle est confrontée. En effet :
– L’aire protégée est difficile d’accès. Pendant la saison sèche, par voie routière, il faut plus de deux heures pour aller de l’aire protégée jusqu’à d’autres marchés plus importants tels que Mahajanga. Pendant la saison des pluies, le CMK est quasi impossible à atteindre par voie routière. Par ailleurs, la possibilité du passage par voie maritime est aléatoire car elle dépend largement de conditions météorologiques telles que la direction du vent.
– Les techniques de cultures employées sont rudimentaires. La culture sur brûlis ou « hatsaka » est encore répandue dans le CMK. Ces feux contribuent significativement à la destruction de la biodiversité locale, notamment quand ils ne sont pas contrôlés.
– La maîtrise de l’eau est encore un problème dans l’aire protégée.
L’élevage concerne surtout la volaille, élevée à petite échelle et les bœufs (élevage bovin) qui font l’objet d’un élevage semi-extensif. Cependant, les bœufs sont la cible des « dahalo » (voleurs de zébus) qui attaquent généralement à des intervalles irréguliers. La pêche concerne essentiellement les villages autour du lac Kinkony et ceux situés au bord de la mer. La pêche lacustre est plus pratiquée que la pêche maritime. Quoiqu’il en soit, les produits de la pêche sont destinés au marché local mais aussi et surtout à être vendus auprès des collecteurs. Habituellement, ces derniers proviennent de Mahajanga par voie maritime et collectent les produits de la pêche village après village. En somme, les activités économiques de la population du CMK sont étroitement liées aux ressources naturelles.

Asymétrie d’information et renonciation aux activités de conservation

                    Les entretiens avec les membres du VOI nous ont appris que l’origine des crimes contre l’environnement peut être l’ignorance de leurs conséquences. Cependant, cela semble peu probable étant donné le nombre de programmes de conservation réalisés dans le CMK avant même sa transformation en aire protégée. Cette possibilité, aussi invraisemblable qu’elle soit n’est cependant pas à exclure vu que les forêts abritent des individus qui sont étrangers aux VOI et à toute forme d’organisation communautaire. Un des principaux défauts d’informations concerne justement les personnes étrangères aux communautés et qui surexploitent illicitement les ressources naturelles. Qui sont-elles ? D’où proviennent-elles ? Rien n’est certain. Cependant, les staffs des VOI certifient que ces personnes sont certainement étrangères à leurs villages, voire étrangères au CMK. Cette affirmation est très probablement vraie vu que la plupart des villageois sont adhèrent à la VOI et manifestent des intérêts pour la préservation des ressources naturelles. De toute manière, les membres des VOI ont des droits de prélèvement sur les ressources naturelles dont ils ont la responsabilité de protéger, ce qui, logiquement ne leur donne aucune raison de les détruire. Le défaut d’informations se manifeste également au niveau des droits des communautés par rapport aux ressources naturelles. En effet, nous avons appris au cours d’une visite auprès des associations locales que des personnes extérieures au complexe viennent rendre visite à leurs communautés avec des papiers d’autorisation, signés par des ministères pour exploiter les ressources. Les communautés dans le secteur de Boeny Aranta semblent alors ignorer leurs droits par rapport à de telles autorisations. Elles ignorent qu’une fois la gestion des ressources transférées, elles ont le plein droit de renier ces autorisations. Ainsi, elles perdent peu à peu leur courage de protéger lesdites ressources car elles perçoivent une contradiction entre les politiques de l’Etat et les politiques de l’aire protégée. Particulièrement dans la communauté d’Antsakoamanera, la majorité des membres des communautés est convaincue de la nécessité de protéger les ressources naturelles. Un fait permet de certifier cela : d’autres secteurs sont victimes de phénomènes naturels d’embourbement, d’érosion et d’ensablement. Ces phénomènes, aussi naturels soient-ils, détruisent les habitats de certains animaux aquatiques tels que les poissons et diminuent ainsi les rendements de la pêche dans les secteurs concernés. Les autres secteurs, témoins de cette baisse de rendement sont ainsi très sévères par rapport aux activités de conservation car ils ont pu
-Asymétrie d’information et renonciation aux activités de conservation :observer directement les conséquences négatives que causerait la destruction des ressources naturelles. Cependant, il semble qu’une fraction de la population, probablement étrangère aux VOI et aux villages soit encore réfractaire aux campagnes de sensibilisation pour la conservation des ressources naturelles. L’entretien que nous avons eu avec les staffs de différents VOI nous a implicitement révélé que ces derniers n’avaient pas de stratégie notable pour pallier ces attitudes réfractaires. En effet, au cours de notre passage en Novembre 2009, la sensibilisation et l’information étaient les seules actions préventives menées.

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Table des matières

INTRODUCTION
I-MATERIELS ET METHODES
A- DOCUMENTATION ET WEBOGRAPHIE
B- OBSERVATION ET COLLECTE DE DONNEES SUR TERRA
C- TRAITEMENT DES DONNEES INTERNES D’ASITY MADAGASCAR
PREMIÈRE PARTIE : OUTILS THEORIQUES DE LA PROBLEMATIQUE
A- LES CONCEPTS DE BASE
Section 1 : NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE
Section 2 : NOTION DE TRANSFERT DE GESTION : LA GESTION COMMUNOTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES OU GCRN
Section 3 : NOTION DE DEVELOPPEMENT
B- OUTILS THEORIQUE DE LA CONSERVATION ET DU DEVELOPPEMENT
Section 1 : LA TRAGEDIE DES BIENS COMMUNS : GARRETT HARDIN (1968)
Section 2 : LE ROLE DES AIRES PROTEGEES PAR NAUGHTON-TREVES BUCKHOLLAND ET BRANDON
1- EVALUATION ECONOMIQUE DES AIRES PROTEGEES
2- OBJECTIFS ET INTERETS FUTURES DANS LA GESTION DES AIRES PROTEG
Section 3 : CONCEPTS DU DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF ET DE LA GESTION COMMUNAUTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES PAR VAINIO-MATTILA ET CAMPBELL
1- DEFINITIONS
a) Développement participatif
b) La gestion communautaire des ressources naturelles (GCRN)
2-FAILLE ENTRE DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF ET GCRN
3-SPECIFICITE DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE : L’UTILISATION DE LA CONNAISSANCE
Section 4 : LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES PAR KAPOOR
1- IDEES DE BASE DE GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES
a) Limite de l’approche dominante de la gestion des ressources naturelles
b) Naissance des mouvements de contestation dans le monde
2- PORTEES DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE
3- CONDITIONNALITES ET IMPLICATIONS DE LA GESTION PARTICIPATIVE
a) Problèmes institutionnels
b) La qualité de participation et les questions de pouvoir
c)Les conceptions erronées de la communauté
d) La participation à elle seule est insuffisante
Section 5 : LE ROLE DES COMMUNAUTES DANS LA CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT SELON AGRAWAL ET GIBSON
1- APPROCHE SIMPLIFIEE DES CARACTERISTIQUES DES COMMUNAUTES
2- APPROCHE INSTITUTIONNELLE DES CARACTERISTIQUES DES COMMUNAUTES
DEUXIEME PARTIE : CAS PRATIQUE DE LA PROBLEMATIQUE : ETUDES DE LA NOUVELLE AIRE PROTEGEE « COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY
A- ETAT DE LIEU D’ASITY MADAGASCAR
Section 1 : CONTEXT GENERAL DE LA NOUVELLE AIRE PROTEGE « COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY »
1- RAISON DE SA CREATION : DURABAN, NAISSANCE DE LA SAPMCADRE
2- GEOGRAPHIQUE ET CARACTERISTIQUE DE LA BIODIVERSITE
a) Localisation
b) Biodiversités exceptionnelles
3- LES HABITANTS LOCAUX
4- MENACES SUR LE COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY
5- ORGANISATION INTERNE
a) Fonctionnement de gestion
b) Objectifs de gouvernance
Section 2 : LES DEFAILIANCES DE LA GESTION DU CMK
1- CONDITIONNALITES AU NIVEAU DU DEVELOPPEMENT DURABLE
a) Au niveau de l’enclavement
b) Au niveau d’insécurité
c) Le niveau faible de l’écotourisme
2- CONDITIONNALITES SUR LA CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES
a) Asymétrie d’information et renonciation aux activités de conservation
b) Problème d’étendue géographique des ressources
c) Complexité de certaines procédures
Section 3 : ANALYSE DES OPERATIONS DANS LE CMK
1- APPROCHE DU TRAVAIL
a) Les documents internes de référence
b) Traitement des données
2- ETUDE BLOBAL DES ACTIVITES DUCMK
a) Etude du budget prévisionnel
b) Etude des financements acquis
3- ETUDE SPECIFIQUE DES ACTIVITES
Section 4 : SUGGESTIONS
1- INTENSIFIER LE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVES
2- INTENSIFIER LES PROGRAMMES DE SENSIBILISATION
b) SENSIBILISER LES COMMUNAUTES POUR SES DROITS
c) ACCROITRE LES CAPACITES DE L’EQUIPE DE L’ORGANISME D’APPUI
d) FAVORISER PLUS D’AUTONOMIE ET PLUS DE RESPONSABILITES AUX COMMUNAUTES EN FORTIFIANT LES INSTITUTIONS LOCALES
e) DONNER PLUS D’AUTONOMIE ET PLUS DE RESPONSABILITESAUX COMMUNAUTES ET RENFORCER LES INSTITUTIONS LOCALES
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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