Les représentations sociales et culturelles de la foresterie au Québec : Une analyse de contenu des mémoires soumis à la Commission Coulombe

Phénomène sociopolitique relatif à la forêt publique au Québec et à l’étranger

Phénomène sociopolitique relatif à la forêt publique au Québec et à l’étranger

Selon les études disponibles et selon une revue de presse couvrant les années 1999 à 2004, il est observé que la mobilisation populaire face à certains aspects de la gestion des forêts publiques n’est pas exclusive au Québec et repose sensiblement sur les mêmes préoccupations aux différents endroits où elle a été étudiée et documentée, notamment aux États-Unis, en France et dans certains pays asiatiques. Le phénomène social entourant l’état de la forêt publique et sa gestion s’inscrit dans le vaste mouvement de globalisation et en conformité avec le concept de développement durable. Au début des années 2000, les grands industriels forestiers de ce monde appréhendaient déjà de fortes réductions des volumes de matière ligneuse disponibles, suite à la mise en oeuvre graduelle des nouvelles politiques en matière de développement durable et en conséquence des nouvelles dispositions légales visant à restreindre la coupe de bois.

Déjà à ce moment les programmes de certification étaient à l’oeuvre pour soutenir une participation démocratique à la gestion forestière. Aussi, des commissions publiques avaient déjà été mises en oeuvre au Québec pour traiter d’aspects relatifs à la gestion de la forêt publique. Ce chapitre brosse un portrait quant à l’état des connaissances liées aux études sur la forêt en tant qu’objet de préoccupations sociales. Plus précisément il est question du mouvement social entourant l’état de la forêt publique au Québec et sa gestion. Sont également abordées, les notions théoriques retenues pour décrire le concept d’espace public et les conditions à sa mise en oeuvre.

L’émergence d’un débat sur les usages de la forêt

Le débat entourant les usages des forêts s’est concentré en très grande partie sur la coupe totale réalisée sur de grandes superficies. Dans le film « L’Erreur boréale », Desjardins porte de graves critiques à l’endroit des industriels, les accusant de piller la forêt québécoise. Il utilise abondamment l’image des vastes superficies récoltées pour faire passer son message. La coupe totale ne préoccupe pas seulement la société québécoise mais atteint l’échelle de l’Amérique du Nord. La coupe totale joue un rôle majeur en tant qu’objet de positionnement dans le processus d’élaboration des représentations sociales et culturelles à l’égard des forêts. La coupe forestière génère de l’opposition d’abord parce qu’elle est incompatible avec certains autres usages. Elle cause un tort esthétique au paysage et cela est visible au premier coup d’oeil. Les utilisateurs sans récolte tels que les villégiateurs et amateurs d’activités de plein air, sont souvent les premiers affectés par un tel préjudice. C’est d’ailleurs dans ce contexte premier que Richard Desjardins a initié son projet film à la fin des années 1990. Plus tard, alors que le phénomène social produit atteignait son point ultime d’effervescence, plusieurs autres préoccupations avaient été soulevées et certaines avaient nécessité une étude scientifique préalable. Mais au départ, la coupe totale a favorisé un positionnement rapide. Elle constitue un élément de positionnement très accessible à tous.

Le phénomène social entourant la gestion de la forêt publique (revue de presse)

Le film « L’Erreur boréale » a soulevé de vives réactions dès sa sortie et durant les années qui ont suivi. Le phénomène de mobilisation populaire en a émané et a été l’occasion pour la population et les divers acteurs concernés, d’entreprendre des échanges publiquement en vue de faire évoluer l’état des choses, dans le cadre d’un réel processus d’apprentissage collectif. Quelques années plus tard, la Commission Coulombe a été l’occasion de faire la lumière publiquement et scientifiquement sur l’état des forêts au Québec et sur sa gestion. Elle a également été la tribune publique toute désignée pour permettre à la population québécoise d’exprimer ses préoccupations et ses valeurs. La présente section est une revue de presse couvrant la période allant de la sortie du film en 1999 à la publication du rapport de la Commission d’étude scientifique, technique, publique et indépendante chargée d’examiner la gestion des forêts du domaine de l’État, en décembre 20041.

La forêt publique au Québec occupe 87 % du .territoire et à ce titre, elle constitue un bien collectif. Mais sa gestion génère son lot d’insatisfaction au sein des multiples usagers et des groupes d’intérêt. Les producteurs privés soutiennent que le gouvernement vend la ressource à un prix en dessous de sa valeur marchande, les pourvoyeurs dénoncent le manque d’efforts de l’État pour préserver le capital naturel des pourvoiries et de manière plus large, plusieurs accusent le gouvernement de se faire l’intendant des grands exploitants qui détiennent un monopole sur la ressource alors qu’il est interdit au simple citoyen de couper un arbre sur les terres du domaine de l’État pour son usage personnel (Desrochers P., 2002). La fin des années 1990 est marquée par une préoccupation collective grandissante face aux pratiques et aux usages de la forêt publique et cela, pas seulement au Québec mais également En France.

Les rôles économique et 1 Rapport de la commission disponible en ligne : http://www.commission-foret.qc.ca/rapportfinal.htm environnemental incontournables des écosystèmes forestier et l’importance d’en orchestrer la gestion durable, font désormais consensus. La question est maintenant de savoir comment (Denis A., janvier 1999). Selon le même auteur, en France, la question à savoir si la forêt est dégradée ou menacée se pose. Et comme ici, certains experts n’hésitent pas à répondre que la forêt n’a jamais eu aussi bonne mine. Mais le véritable problème réside en partie dans la difficulté grandissante de concilier les multiples usages et valeurs de la forêt dont certains sont incompatibles entre eux.

À l’instar du phénomène social initié par le film de Richard Desjardins au Québec et durant la même période, un mouvement d’opposition face à la coupe forestière prend de l’ampleur sur le vieux continent. Suite à une tempête dévastatrice intervenue en décembre 1999 sur un important territoire de la forêt française, qui a compromis les activités de chasse et de récolte forestière pour les dix ans à venir, les autorités ont fait l’annonce d’un projet de relance des opérations de récolte dès l’automne suivant. Cette annonce a provoqué une vive réaction d’opposition chez les associations de défense de l’environnement, qui ont appelé à une mobilisation populaire et demandé un arrêt des coupes pour dix ans. L’Office nationale des forêts (ONF) en charge de la gestion du territoire a dû réfuter certaines allégations faites à son endroit et préciser qu’à court terme, les opérations prévues visaient la récupération des arbres endommagés seulement et qu’aucune nouvelle coupe n’était prévue avant deux ans (Le Parisien, juin 2000).

L’ONF gère 12 millions d’hectares de forêts et d’espaces naturels du domaine public. Le caractère multifonctionnel de la forêt venait d’être consacré dans le cadre d’une réforme législative (Les Échos, juillet 2001). Dans la poursuite d’un renouvellement de son image, l’organisation publique saisit l’occasion d’une ouverture vers les autres groupes de représentation et vers la société civile. Elle adopte un rôle de prestataire de services dans le domaine des espaces naturels, cherchant à faire oublier, l’image qu’elle arborait autrefois, d’une administration productiviste et insensible, fortement intégrée verticalement et fonctionnant sous l’autorité technique exclusive d’un corps d’ingénieurs (Ramadier S., juillet 2001). Sous l’angle du renouvellement de sa vision, l’ONF adopte désormais des doctrines et une mission davantage axées sur la qualité des paysages. La pression sociale pour l’adoption d’un tel changement est venue en grande partie des producteurs forestiers privés qui ont brusquement intégré une approche sylvicole plus douce et respectueuse de la biodiversité et de la qualité des paysages.

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Table des matières

SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
Existe-t-il un espace public de discussion et d’échange d’opinions sur les pratiques forestières au Québec ?
CHAPITRE I Phénomène sociopolitique relatif à la forêt publique au Québec et à l’étranger
1.1. L’émergence d’un débat sur les usages de la forêt
1.1.1. Le phénomène social entourant la gestion de la forêt publique (revue de presse)
1.1.2. La coupe totale comme enjeu de positionnement
1.1.3. La position des acteurs
1.1.4. L’évolution de la pensée instrumentale à l’égard de la forêt
1.1.5. Conclusion de la section
1.2. L’environnement socioculturel et Vindiscussion sur le bien commun
1.2.1. Critique théorique du positionnement des acteurs
1.2.2. La structuration de l’espace social
1.2.3 L’espace public comme lieu de communication et d’échange d’opinions
1.2.3.1. Les modes communicationnels
1.2.4. Conclusion de la section
1.3. Anatomie des structures idéologiques
1.3.1. La représentation sociale et culturelle
1.3.1.1. De l’élaboration des opinions au renforcement des systèmes d’idées
1.3.1.2. La construction des schemes de pensée
1.3.1.3. De la conceptualisation à la représentation
1.3.1.4. Les processus de transmission des idées
1.3.1.5. L’architecture des représentations sociales et culturelles
1.3-2. Les systèmes idéologiques comme modèles inconscients dans les organisations
1.3.3- Conclusion de la section
1.4. Les rapports sociaux dans la dynamique de structuration et de transmission des idées
1.4.1. Les dynamiques politiques dans les conflits économiques et leurs conséquences pratiques
1.4.1.1. Le conflit de nature structurelle
1.4.1.2. Le conflit de nature conceptuelle
1.4.2. Les dynamiques de cohésion et d’adhésion
1.4.3. L’ancrage des mode de représentation comme orientation de l’action – La partialité idéologique
1.4.4. Conclusion de la section
1.5. Conclusion du chapitre
CHAPITRE II Démarche méthodologique
2.1. Cadre conceptuel
2.1.1. Les commissions publiques comme formes de l’espace public
2.1.2. Du concept d’acteur à celui d’émetteur
2.1.3. Le discours comme contenu de représentations sociales et culturelles
2.1.4. Conclusion de la section
2.2. Méthodologie
2.2.1. Les variables
2.2.1.1 Variables exogènes
2.2.1.2. Variables endogènes
2.2.2. Les indicateurs
2.2.2.1. Le classement des acteurs
2.2.2.2. L’analyse semi-qualitative de l’échantillon
2.2.2.3. L’analyse quantitative du corpus
2.2.3. Conclusion de la section
2.3. Démarche analytique
2.3.1. L’analyse de contenu
2.3.1.1. La préparation du matériel
2.3.1.2. Le mode d’enregistrement
2.3.2. Le contexte
2.3.3. L’exploration du corpus théorique
2.3-3-1- Les thématiques
2.3.3.2. Les valeurs
2.3.3.3. Les modèles de vie en société
2.3.4. Les tests d’hypothèse
2.3.5. Validité de l’approche méthodologique et des données d’analyse
2.3.5.1. L’échantillon
2.3.5.2. Les indicateurs lexicométriques
2.-3.5.3. Les tests d’hypothèses
2.3.5.4. Le terrain et les limites de l’étude
2.3.6. Conclusion de la section
2.4. Conclusion du chapitre
CHAPITRE III Analyse et interprétation des résultats
3.1. Les acteurs
3.1.1 Le corpus
3.1.2. Le classement des émetteurs
3.1.3. Conclusion de la section
3.2. Analyse de l’échantillon
3.2.1. Enregistrement des thématiques
3.2.1.1. Analyse sous l’angle de la loi de Zipf
3.2.1.2. Travaux de la Commission Coulombe
3.2.2. Enregistrement des propositions
3.2.2.1. Partie qualitative
3.2.2.2. Partie semi-qualitative
3.2.3. Repérage des indicateurs lexicométriques
3.2.4. Conclusion de la section
3.3. Analyse du corpus et du Rapport des commissaires
3.3.1. Les valeurs de Schwartz et les logiques-types de Boltanski
3.3.2. Les fondements empiriques
3.3.2.1. Transformation
3.3.2.2. Critères
3.3.2.3. Information
3.3.2.4. Droits 254
3.3.2.5. Recherche
3.3.2.6. Rôle
3.3.2.7. Décentralisation
3.3.2.8. Éducation

3.3.3. Les thématiques
3-3-3-1- Certification
3.3.3.2. Valeur ajoutée
3.3.4. Le résumé du Rapport des commissaires
3.3«5. Conclusion de la section
3.4. Conclusion du chapitre
CONCLUSION GÉNÉRALE
GLOSSAIRE
RÉFÉRENCES
ANNEXE A Le Saguenay-Lac St-Jean
Mémoires à portée multirégionale et nationale
ANNEXEE
Le Bas-St-Laurent
La région de la Capitale nationale
La Mauricie
L’Estrie, Le Centre-du-Québec, La Montérégie
L’Outaouais
L’Abitibi-Témiscamingue
La Côte-Nord
Le Nord-du-Québec
LaGaspésie-Les-Iles-de-la-Madeleine
Chaudière-Appalaches
Lanaudière
Les Laurentides

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