Les représentations sociales

LES REPRESENTATIONS SOCIALES

L’image de la profession enseignante a été l’objet d’enquête de plusieurs chercheurs. Nous pouvons notamment citer Melfi, Riat et Wentzel qui ont produit différents articles traitant de cette problématique de près ou de loin. Leur rapport de recherche sur l’Etude sociodémographique sur la profession enseignante dans l’espace BEJUNE de 2014 analyse divers points à propos de la professionnalisation du métier, de son attractivité ou encore de sa reconnaissance sociale. La représentation de la profession et la reconnaissance sociale forment un point essentiel de l’analyse. Dans ce que nous appelons communément « le malaise social des enseignants », le praticien estime que son métier est aujourd’hui souvent critiqué et mal connu. « Les enseignants regrettent donc un décalage, persistant selon eux (alors que certaines études montrent justement que les parents ont pleinement conscience de la complexité du travail enseignant), entre une image stéréotypée et la réalité de leur travail. » (Melfi, Riat & Wentzel, 2014) Image ou représentation ?

Une définition propre à chacun de ces mots et une différenciation me semble indispensable à ce stade de la recherche. Le terme d’image, énormément utilisé dans les années 60, reste flou et a été remplacé par celui de représentation (Yerly, 2010). Il est possible de se rendre compte de deux dimensions permettant de différencier ces deux notions : « à la fois l’image comme objet concret, matériel et l’image-représentation élaborée (une opération mentale) » (Ibid, p.26). L’image est donc une sorte de copie directe de la réalité plus dépendante de l’objet en question alors que la représentation relève d’un acte de construction intellectuelle cette fois-ci plus distant de l’objet. De ce fait, la théorie des représentations sociales me permettra d’avoir un modèle sous lequel étudier ces images. Intéressons-nous justement à la notion de représentation et plus particulièrement à celle de représentation sociale qui provient de la théorie initiée par Moscovici en 1961 et qui reprend le concept proposé par Emile Durkheim au 19e siècle. La représentation sociale peut être définie comme le « lien social qui nous éclaire sur ce qui, en permanence, nous relie au monde et aux autres. Elle nous renseigne sur la façon dont s’est construit ce lien ». (Moliner, 2002 cités par Hamon et Fontaine, 2010). Selon Jodelet, « représenter ou se représenter correspond à un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte à un objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un événement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. Il n’y a pas de représentation sans objet. » (2007, p.54). Ainsi, chaque individu construit des représentations sociales et dans notre cas, les enseignants se forgent de représentations sociales sur leur métier. Ces représentations sont organisées selon un double-système : le système central et le système périphérique (Abric, 1989). Le schéma ci-dessous permet de se le représenter visuellement.

LE MALAISE DES ENSEIGNANTS

« L’ensemble de réactions – de démissions, de découragement, maximalistes, agressives et angoissées – que manifestent les enseignants en tant que groupe professionnel à la recherche de leur identité » (1988, p.45) : voici comment est décrit le malaise des enseignants par Esteve et Fracchia. Maroy (2008) assimile ce malaise à une sorte de crise identitaire. Selon lui, « les repères identitaires traditionnels s’effritent sans qu’un nouveau modèle ne parvienne à les remplacer » (2008, p.25). Ce malaise a eu sa place dans les travaux à chaque fois que le système scolaire évoluait de manière significative. Que ce soit par rapport à l’évolution du public, aux attentes de la société, à la désinstitutionalisation de l’école, à la complexification du travail ou encore au brouillage de leurs référents identitaires (Maroy, 2008). Esteve, Fracchia et Maroy affirment tous les trois que le malaise des enseignants trouve sa source dans deux types de facteurs : les facteurs internes et les facteurs contextuels (1988 et 2008). Une brève définition de chaque facteur me semble à ce stade nécessaire. Les premiers cités concernent les moyens et les conditions de travail, l’augmentation de la violence dans les institutions scolaires et l’accumulation de responsabilités et le surmenage des enseignants. De manière directe, ces facteurs touchent au travail au sein de l’école et à l’activité pédagogique car « ils imposent des limites et des tensions qui gênent le travail quotidien en classe » (Esteve et Fracchia, 1988, p.49).

Les deuxièmes cités font référence au changement de rôle des enseignants et des familles, à l’incertitude sur les objets d’éducation, à la contestation accrue du travail des enseignants et à la diminution du soutien de la société envers les enseignants. Ils dénotent une influence dévalorisante sur les enseignants, ceci car « ces facteurs suscitent des sentiments de perplexité et d’impuissance du fait même qu’ils dépassent leur capacité d’action individuelle » (Ibid, p.46). Cela crée un sentiment de frustration chez l’enseignant et cela a donc des conséquences sur la représentation de sa profession. Les deux auteurs nous parlent dans un autre travail (L’image des enseignants dans les mass-médias de 1984) de deux stéréotypes sur les enseignants qui semblent coexister. Malgré l’ancienneté de l’étude, ce qu’il en ressort me paraît être encore utilisable aujourd’hui dans le cadre de mon travail. D’un côté, les enseignants sont idéalisés et représentés en tant qu’amis et conseillers des élèves, se consacrant à l’aide et au suivi des élèves en étant disponibles et dévoués. Ce stéréotype aurait été véhiculé dans diverses séries télévisées telles que Goodbye, M. Chips ou PROFS. D’un autre côté, la presse présente les enseignants comme des êtres tiraillés, en conflit, subissant la violence, pauvres et en manque de « bons » moyens d’enseignement (Esteva et Fracchia, 1988, p.48).

Voici donc une double image qui expose deux extrémités entre lesquelles « oscille la perception que les enseignants ont d’euxmêmes » (Ibid, p.48). De nombreux travaux en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, en Suisse ou encore en Espagne ont étudié ces deux pôles et ont tenté de comprendre comment les enseignants réagissaient face à cette double image. Quatre réactions ont été observées face à ce conflit : attitude fluctuante en classe et de l’enseignant par rapport à lui-même, attitude de fuite face à la réalité qui est une source d’anxiété insupportable, dévalorisation de soi, attitude équilibrée avec acceptation de la réalité et recherche de solutions adaptées. Dans le cadre de ma recherche, et parce qu’il a fallu opérer certains choix pour de simples raisons de faisabilité, de temps et de limites, je ne pourrai aller aussi loin dans l’analyse. Par contre, il sera intéressant de garder en tête ces deux pôles entre lesquels les enseignants semblent devoir jongler.

LA RELATION PEDAGOGIQUE

Supposant que le vécu des élèves avec les enseignants les influence sur leurs représentations du métier, il convient de s’intéresser à la relation pédagogique et plus précisément à la relation d’enseignement entre l’élève et son professeur. La relation pédagogique est le triple lien qui se crée entre l’élève, le professeur et le contenu d’étude. Elle « se conçoit à la fois comme la dynamique d’un échange et comme un système fonctionnel d’apprentissage et d’éducation. Elle marque le lien profond entre la communication humaine et les savoirs ». (Van Zanten, 2008, p.578). L’apprentissage des élèves dépend de cette relation entre l’enseignant et ses élèves. De plus, sa qualité répondra à celle de la relation. En interrogeant ses élèves, en leur répondant, en les aiguillant avec des consignes, des explications et des conseils, l’enseignant renforce cette relation pédagogique.

Comme l’exprime Cosmopoulos, « tout enseignant sait que la relation pédagogique agit comme médiateur principal de la communication, et même comme le « catalyseur par excellence » qui change tout en éducation » (1999, p.97). Les interactions entre le professeur et l’élève conduisent ce dernier à intérioriser les processus métacognitifs2. La figure 3 présente le triangle pédagogique. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéresserons davantage à la relation d’enseignement qui met en lumière l’influence des opinions pédagogiques, les valeurs et les représentations de l’enseignant sur la relation pédagogique. Au sein de cette relation d’enseignant s’instaure une dimension affective. Crahay (2008) affirme que « la relation éducative se situe dans le champ des désirs des partenaires. Tout être humain a besoin d’être reconnu, de compter aux yeux d’autrui. L’élève désire attirer l’attention sur lui. Il voudrait être choisi par lui, repéré́ par lui comme unique parmi les autres » (p.111). Cette dimension fait partie du triangle pédagogique et a une influence sur les représentations sociales qu’ont les élèves sur le métier d’enseignant. De ce fait, la relation pédagogique est un outil conceptuel qui m’aidera à répondre à ma question de recherche.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE
1. Question de recherche
2. Problématique
3. Concepts clés
3.1. Les représentations sociales
3.2. L’identité professionnelle
3.3. Le malaise des enseignants
3.4. La relation pédagogique
4. Axes de recherche et hypothèses
4.1. Axe 1 : Enseignants
4.1.1. Hypothèses
4.2. Axe 2 Élèves
4.2.1. Hypothèses
4.3. Axe 3
4.3.1. Hypothèse
DEUXIEME PARTIE METHODOLOGIE
1. La démarche
2. Le choix de la méthode
2.1. Le questionnaire et ses avantages
2.2. Le Questionnaire et ses limites
3. Les acteurs
3.1. Les enseignants
3.2. Les élèves
3.2.1. Les classes choisies
3.2.2. Les limites
4. L’analyse des données
TROISIEME PARTIE ANALYSE DES DONNEES
Axe 1 : Enseignants
1.1. Données contextuelles
1.2. Les représentations sociales
1.2.1. Les représentations du métier d’enseignant
1.2.2. Les types de motivations
1.2.3. L’influence de l’expérience et du milieu social et le double système d’Abric (1989)
1.3. L’identité professionnelle
1.4. Le malaise des enseignants
1.5. Conclusion intermédiaire
Axe 2 : Elèves
2.1. Les données contextuelles
2.2. Les représentations du métier d’enseignant
2.2.1 Les types de motivations
2.2.2. Le milieu social et le double système d’Abric (1989)
2.3. La relation pédagogique
2.4. Conclusion intermédiaire
Axe 3 : Etude comparative directe
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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