Pourquoi l’implicite est-il si présent ?
O. DUCROT’ tente d’expliquer l’importance des contenus implicites, << on a souvent besoin de dire des choses et de faire comme si on lie les avait pas dites, de les dire d’une façon telle qu’on puisse refuser la responsabilité de leur énonciation. Ceci tient tout d’abord du fait de l’existence de tabous linguistiques, de thèmes happés d’interdit existant dans toute collectivité ». En effet, les règles sociales et morales qui régissent notre discours et nos comportements nous empêchent de dire certains mots ou de parler directement de thèmes difficiles à dire ou à entendre. Pour conjurer ces tabous, nous préférons donc utiliser l’expression indirecte c’est-à-dire l’implicite. Mais, ces lois de convenance ne sont pas les seules raisons qui nous poussait à préférer l’expression indirecte à l’expression directe. La manipulation peut en être un second motif. Il est vrai que ce que l’on présuppose et que l’on n’énonce pas clairement ne peut être contesté par le locuteur adverse. Cette manière de dire les choses peut donc s’avérer une arme très utile dans les discours où l’on cherche à faire passer une idée à tout prix, comine par exemple dans les débats politiques. A ce propos, C. KERBRAT-ORECCHIONI~ s’interroge sus le fait que parler implicitement serait quelque part commettre << une espèce de meilsoilge par omission».
Les différents types de contenus implicites
Comme nous avons pu le voir précédemment, plusieurs auteurs s’accordait à dire qu’il existe différentes formes d’implicite. Selon eux, la première forme correspond au contexte, à I’expression du corps et à l’intonation dite « à caractère métaverbal ». Par exemple, un sourire peut faire la différence entre de l’ironie et un constat. Une autre forme d’implicite naît d’un raisonnement logique, c’est l’implicite à caractère discursif. Elle peut être fondée sur le contenu de I’énoncé ; comme par exemple lorsque l’on dit qu’il fait beau pour faire savoir qu’on va soi-tir. Elle peut être fondée sur le mode de pensée ; cela peut-être un moyen pour diriger la pensée de l’interlocuteur ou une façon de s’adapter à soit niveau de langage : Ex : préférer le mot « voiture » ou « bagnole » selon l’interlocuteur. La dernière forme d’implicite constitue, pour ces auteurs, la présupposition ou implicite à caractère non discursif. Elle se construit soit a partir des conditions dans lesquels on emploie I’énoncé (cotexte), des relations intersubjectives dans le discours ; soit à partir de l’organisation grammaticale de I’énoncé, comme par exemple le temps des verbes. En effet, un même temps peut prendre des valeurs différentes en fonction du verbe auquel il s’applique ou du contexte.
Exemple 1 : Je voulais y aller..
Exemple 2 : Tu venais ù midi, tu me trouvais chez moi.
Dans le premier exemple, I’imparfait donne l’image d’une hypothèse non réalisée ; alors que dans le second exemple, il prend plutôt une valeur d’irréel. Mais ce temps peut prendre encore bien d’autres sens comme celui d’exprimer une habitude terminée.
Les différents types d’images
D’après A. PAIVO » le codage d’une information peut être mis en jeu de deux manières différentes : l’une est verbale, l’autre imagée. Le codage verbal servirait pour les informations lues ou entendues et le codage imagé serait support de I’environnement concret. Mais, les images mentales peuvent également être plus ou moins précises et de différentes matures : on parle alors d’images de mémoire et d’images d’imagination. Les nuages de mémoire constituait les expériences perceptives passées, elles ont une fonction référentielle. Les images d’imagination sont le résultat de la combinaison de plusieurs expériences antérieures, elles ont une fonction élaborative. Michel DENIS propose une classification des différentes sortes d’images en fonction de leur manifestation et de leur origine. Le premier type d’images nous intéresse peu puisqu’il s’agit des images à caractère hallucinatoire. Elles apparaissent soit pendant le sommeil, soit au moment de I’endormissement, soit de manière pathologique, ou encore, en conséquence d’une privation sensorielle prolongée.
Les mouvements oculaires
Depuis C.W. PERKYN, en 191 0, « plusieurs auteurs ont présenté des résultats montraient que I’évocation d’images visuelles, et notamment d’images d’objets en mouvement, était accompagnée de mouvements oculaires. ». La programmation neurolinguistique (PNL) est un modèle issu d’une approche pragmatique, elle s’intéresse <( au comment ça fonctionne plutôt qu’au pourquoi » ; elle a également mis en évidence la présence de mouvements oculaires pendant nos activités cognitives. Ceux-ci refléteraient la nature de nos images mentales lors de nos recherches. Selon la PNL :
– le regard dirigé vers le haut et à gauche correspond à la formation d’une image d’origine visuelle remémorée ; c’est le cas lorsque l’on répond à une question du type : quelle est la couleur de ta voiture ?
– le regard dirigé vers le haut et à droite correspond à la formation d’une représentation d’origine visuelle construite ; comme par exemple lorsque le sujet son patron avec une moustache rouge.
– Le regard dirigé latéralement vers la gauche correspond aux représentations de type auditives remémorées. Par exemple, le sujet réentend la voix de son institutrice.
– Le regard dirigé latéralement vers la droite correspond à la formation d’images auditives construites ; comme par exemple lorsque le sujet s’imagine en train de parler au ralenti.
– Le regard dirigé vers le bas et la gauche indique la présence d’un dialogue interne. Ce sont tous les commentaires que nous pratiquons silencieusement dans telle ou telle situation.
– Le regard dirigé vers le bas et la droite correspond au domaine kinesthésique, il indique que le sujet tient compte de ses mouvements? de ses émotions … Par exemple, cette représentation mentale prendra la forme d’une sensation fine lorsque le sujet s’imaginera la caresse d’une plume sur sa peau.
Capacités nécessaires à l’élaboration d’images mentales
Des études ont mis en évidence ((deux sortes d’aptitudes dans le domaine de l’imagerie : l’une serait définie par la capacité de l’individu à évoquer des représentations imagées en réponse à des situations verbales, tandis que l’autre serait plus directement liée à la perception et à la mémoire immédiate de configurations concrètes. ))26. Il me semble important de développer une partie sur la (< capacité mémoire », car elle me paraît indispensable dans la création d’images mentales. Pour H. TROCME-FABREN, « apprentissage, mémoire et images mentales )) sont même (( indissociables ». Elle précise dans son ouvrage que « chacun d’entre nous code, stocke et déclenche ses propres images ou son langage intérieur selon une stratégie qui lui est particulière, niais chaque souvenir peut être considéré comme totalement nouveau, même s’il se répète, car il appartient à tout un système de connexion qui ne peut jamais être identique à ce qu’il a été. La mémoire est liée à l’identité de chacun. »
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Table des matières
INTRODUCTION
ASPECTS THEORIQUES
I- L’IMPLICITE
1.1. Définition
1.2. Pourquoi l’implicite est-il si présent ?
1.3. Les différents types de contenus implicites
1.4. Les compétences nécessaires pour décoder ce type d’énoncés
II – LES IMAGES MENTALES
2.1. Définition
2.2. Formation
2.3. Les différents types d’images
2.4. Les fonctions de l’image
2.5. Les indicateurs physiologiques de constitution d’images mentales
2.5.1. Les mouveinents oculaires
2.5.2. L’activité pupillaire
2.6. Capacités nécessaires à l’élaboration d’images mentales
2.7. Intérêt
2.7.1. Aide à l’attention
2.7.2. Aide à la mémorisation des informations
2.7.3. Aide à la compréhension
III – CONSTAT SUR LES THEORIES ACTUELLES
3.1. Qu’est-ce que comprendre ?
3.2. La rééducation de l’implicite en orthophonie
IV – PROBLEMATIQUE
4.1. Questionnements
4.2. Hypothèses
DEMARCHE METHODOLOGIQUE ET DISPOSITIF EXPERIMENTAL
I- CHOIX DE LA POPULATION
1.1. Critères de sélection
1.1.1. Choix de l’âge
1.1.2. Choix des autres critères
1.2. Recherche des sujets
1.3. Présentation des enfants
II – CHOIX DES EPREUVES
2.1. Première série d’épreuves
2.2. Deuxième série d’épreuves
2.2.1. Pourquoi prendre conscieiice de 110s images mentales ?
2.2.2. Choix des textes
III – ENTRETIEN AVEC LES ENFANTS
3.1. Première série ci’épreuves
3.2. Deuxième série d’épreuves
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
I – DEVINETTES ET PROBLEMES
1.1. Transcription des résultats
1.1.1. Faustine
1.1.2. Sainuel
1.1.3. Clara
1.1.4. Amira
1.1.5. Lola
1.1.6. Maxence
1.1.7. Romain
1.1.8. Lauriane
1.1.9. Gaëtaiî
1.1.10. Marie
1.2. Analyse quantitative des résultats
1.3. Analyse qualitative des résultats
II – TEXTES ET QUESTIONS
2.1. Transcription des résultats
2.1.1. Résultats observés avant la proposition de la inétliode
2.1.1.1. Faustine
2.1.1.2. Samuel
2.1.1.3. Clara
2.1.1.4. Aniira
2.1.1.5. Lola
2.1.1.6. Maxence
2.1.1.7. Romain
2.1.1.8. Lauriane
2.1.1.9. Gaëtan
2.1.1.10. Marie
2.1.2. Résultats observés après la propositiori de la méthode
2.1.2.1. Faustiile
2.1.2.2. Sainuel
2.1.2.3. Clara
2.1.2.4. Amira
2.1.2.5. Lola
2.1.2.6. Maxence
2.1.2.7. Romain
2.1.2.8. Lauriane
2.1.2.9. Gaëtail
2.1.2.10. Marie
2.2. Analyse des résultats
III – IMPRESSION DES ENFANTS
3.1. Réponses des enfants
3.2. Analyse des réponses
DISCUSSION
I – VALIDATION DES HYPOTHESES
1 .l. Première hypothèse
1.2. Seconde hypothèse
1.3. Troisième hypothèse
II- LIMITES
2.1 de l’expérimentation
2.2 de la méthode
CONCLUSION
REPERES BIBLIOGRAPHIQUES
DOCUMENTS ANNEXES
Liste des tableaux et graphiques
Devinettes
Problèmes
Texte 1
Texte II
Texte III
Texte IV
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