La volonté de promouvoir de la qualité
Au-delà de l’échelle « locale » du Val de Loire, la recherche d’un urbanisme de qualité est aussi présente à l’échelle nationale Alors que dans les années 60, l’urbanisme de quantité prenait le dessus sur l’urbanisme de qualité, il semblerait que depuis les années 70 la tendance se soit inversée. En effet, l’urbanisme créateur des grands ensembles a commencé à être fortement critiqué dans ces années 70 et la notion de qualité s’est petit à petit introduit dans le débat public. Grigny-la Grande Borne en est l’exemple même, vu au départ comme une conception novatrice celle-ci est ensuite devenue l’objet de nombreuses critiques. Cela montre que les critères de qualité ont évolué au cours du temps. Cette volonté de créer un urbanisme de qualité s’est accompagnée de nouvelles politiques gouvernementales se traduisant par la rédaction de plusieurs articles dans le code de l’urbanisme devant permettre de garantir une certaine qualité architecturale et urbaine.
C’est dans cette optique, que la loi du 3 janvier 1977 a posé : « le principe que la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains, ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public » . Par cette même loi ont été institué des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) mis en place « dans le cadre de la politique d’amélioration de la qualité architecturale » . Ils ont pour objectif l’esthétique du paysage, du patrimoine et du milieu naturel dans son ensemble. Ces conseils fournissent une assistance au niveau architectural devant palier la carence esthétique des nouvelles réalisations urbaines. De plus, les collectivités se sont vu attribuer le pouvoir d’intervenir sur les nouvelles constructions par l’intermédiaire des documents d’urbanismes. L’article L111-1-4 du code de l’urbanisme explique que « Le plan local d’urbanisme, ou un document d’urbanisme en tenant lieu, peut fixer des règles d’implantation différentes de celles prévues par le présent article lorsqu’il comporte une étude justifiant, en fonction des spécificités locales, que ces règles sont compatibles avec la prise en compte des nuisances, de la sécurité, de la qualité architecturale, ainsi que de la qualité de l’urbanisme et des paysages » . Cela laisse beaucoup de liberté dans l’interprétation de ce qu’est la qualité architecturale et urbaine mais met en avant la volonté de promouvoir celle-ci. A la fin des années 80, sont apparus des trophées nationaux (l’Equerre d’argent, le Grand Prix de l’Urbanisme) ayant pour objectif de récompenser, par le choix de jurys composés de différents acteurs (architectes, maîtres d’ouvrages, d’équipes maîtres d’ouvrages maitres d’œuvres), des projets urbains dits de « qualité ». Avec la présence quasi systématique de représentants de diverses ministères du gouvernement dans les instances délivrant ces trophées, l’Etat montre bien la volonté d’une reconnaissance et d’une promotion de la qualité architecturale et urbaine en France.
Plus récemment, lors de la proclamation du lauréat pour le Grand Prix National de l’Architecture en 2004, Mr Donnedieu de Vabres alors ministre de la Culture et de la Communication déclara que « La qualité architecturale et urbaine, c’est la qualité du cadre de vie de nos concitoyens, aujourd’hui et demain. » et qu’il était donc essentiel de se préoccuper de la qualité de vie des concitoyens. C’est pour cela qu’en 2005, la promotion de la qualité architecturale et urbaine devenait un thème commun de réflexion et d’action au ministère de la Culture et de la Communication et au ministère de l’Equipement.
On se rend bien compte, de la réelle préoccupation, des instances et des professionnels, pour lutter contre la production d’objets architecturaux et urbains ne répondant pas à une certaine qualité. Comme on l’a vu, ceci a mené à la mise en place d’une réglementation ayant pour objectif de pousser à une production architecturale et urbaine de qualité et ce, selon une certaine représentation de ce qu’est la qualité. C’est cette représentation que nous allons essayer de cerner à travers ce projet de fin d’études intitulé « Les représentations de la qualité architecturale et urbaine, enseignement pour le Val de Loire ».
Définition des termes de la recherche
Il est important, dès le départ de la recherche, de bien définir les termes de la recherche. Les termes « architectural » et « urbain » décrivent à eux deux le paysage urbain. Ces deux termes seront, dans cette recherche, systématiquement associés. C’est à cette échelle que ce travail se place c’est-à-dire que l’objectif n’est pas de traiter en profondeur l’architecture d’un seul bâtiment (architectural) ni la ville dans son ensemble (urbain) mais un ensemble construit qui s’inscrit dans un paysage. Comme par exemple, les bords de Loire construits, composés du relief, de végétation, des berges et de maisons formant un front bâti sur la Loire.
Cette définition de paysage urbain étant peut précise, il peut être intéressant de se servir de la définition de la forme urbaine présentée dans l’ouvrage du CERTU intitulé La forme urbaine et l’enjeu de sa qualité . Ce dernier cherche à analyser des formes urbaines reconnues du XXème siècle: la cité-jardin, l’ensemble, l’habitat pavillonnaire, le grand ensemble, l’habitat pavillonnaire des années 1970-1980 (lotissements) et le quartier à fonctions mixtes (ZAC). La forme urbaine est, ici, définie comme « se référant à une échelle plus fine [que la forme de la ville] et désignant une partie de la ville qui forme un tissu particulier » ou une zone homogène du point de vue morphologique comme par exemple un quartier ou un ilot. Selon Albert Lévy, « la forme urbaine s’appréhende à la fois comme forme du paysage urbain, forme sociale, forme bioclimatique, forme des tissus, et forme des tracés » . Ceci amène à analyser ces formes urbaines selon trois niveaux de registres : le niveau typo-morphologique, le niveau sociofonctionnel et le niveau environnemental. Dans ce projet de fin d’études, il peut être intéressant d’étudier la définition du niveau typo-morphologique qui donne une bonne définition du paysage urbain car c’est à ce niveau que la forme urbaine est assimilée à une forme spatiale tridimensionnelle. En effet, selon Albert Lévy, ce niveau se compose de trois registres : le registre du tissu, le registre des tracés et le registre paysager. Le premier traite « les interrelations entre les composants (parcellaire, viaire, espace libre, espace bâti) ceux-ci en rapport avec le site » . Le second « renvoie à la notion de composition urbaine » . En ce qui concerne le dernier, à savoir le registre paysager, il traite « de l’espace urbain visuel, tridimensionnel, et de sa matérialité plastique (texture, couleur, matériaux, style, volume, gabarit… du bâti et des espaces publics) » . Ce registre expose une bonne vision des éléments qui forment ce que nous nommerons « le paysage urbain ». Ce mémoire se basera donc sur cette définition sans omettre les autres registres précédemment évoqués qui s’articulent entre eux pour former un tout avec le registre paysager.
La qualité des opérations d’habitat au cœur de la recherche
Il existe une diversité des projets (aménagement de place publique, projet de réhabilitation, de rénovation urbaine, projet d’extension…). Cette diversité rend difficile l’analyse de la qualité architecturale et urbaine pour l’ensemble des projets. C’est-à-dire qu‘un projet d’extension urbaine n’aura peut être pas les mêmes critères de qualité qu’un projet de place publique. Il est donc nécessaire de faire un choix pour pouvoir simplifier la recherche et donc réaliser un travail plus précis sur un type d’aménagement. En effet il serait trop ambitieux et peu judicieux d’essayer de traiter la qualité architecturale et urbaine dans son ensemble et dans sa diversité (pour l’ensemble des projets aussi différents soientils). Afin de participer et de compléter au mieux le programme de recherche intitulé Architecture de la Grande Echelle, cette projet de fin d’études va se baser sur l’étude de la qualité architecturale et urbaine dans les nouvelles franches urbaines, c’est-à-dire là où la ville s’étend et plus particulièrement sur les opérations d’habitats (ZAC, lotissements). Des travaux ont déjà été réalisés sur de telles opérations sans que le volet de qualité ne soit précisément développé .
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Table des matières
Introduction
1. La volonté de promouvoir de la qualité
2. Définition des termes de la recherche
3. La qualité des opérations d’habitat au cœur de la recherche
4. La qualité, une notion subjective
5. L’absence de culture commune
6. Mise en place d’une hypothèse de recherche
7. Méthodologie de validation de l’hypothèse
PARTIE 1 : Une vision précise à l’échelle macro
1. Exemple d’un processus de sélection
2. Analyse des trophées nationaux
3. Analyse plus précise des trophées
Conclusion
PARTIE 2 : La vision identitaire du Val de Loire
1. La qualité architecturale et urbaine selon les CAUE
2. La vision de la qualité architecturale et urbaine de la Mission Val de Loire
3. La vision de la qualité architecturale et urbaine du Parc Naturel Régional
Loire-Anjou-Touraine
4. Conclusion
PARTIE 3 : Une vision différente à l’échelle micro
1. Rencontre avec un urbaniste
2. La vision contradictoire des opérateurs
3. Analyse d’une opération dite de qualité
4. Conclusion
Conclusion
Bibliographie
Mots clés : Qualité, architecture, urbanisme, paysage urbain, intégration paysagère, critères, trophées, Val de Loire, CAUE, Mission Val de Loire, consensus, représentation identité, lotissement, projet urbain, Montlouis-sur-Loire.
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