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L’insurrection du peuple contre l’injustice sociale
Une insurrection est un soulèvement en arme contre le pouvoir établi. Elle peut être causée économiquement par une inflation . L’insurrection est donc une vive opposition exprimée par les citoyens à cause des exagérations des gouvernants. Une telle situation engendre une guerre potentielle dans une nation ; comme la souligne ARISTOTE : « Et ceux qui se croient assez forts pour s’emparer du pouvoir sont poussés à la révolte, en un certain sens par la méprise : convaincus deleur puissance et dédaignant le danger en raison de la force dont ils disposent ils se lancent à l’assaut sans hésitation. »17
Cela suppose que vis-à-vis des dommages encourus, les citoyens n’arrivent pas à résister aux mépris. C’est pourquoi l’injustice a oujourst conduit les citoyens aux manœuvres séditieuses contre les gouvernements d’une manièreviolente. De nos jours, nous assistons à des grèves et même à des guerres civiles, lesquelle constituent des sources générales de la crise politique d’un Etat soulignées par ARISTOTE.
En tout cas ces causes soulignées prennent la formed’une insurrection. Celle-ci vient de se réaliser en République Sud-africaine où les citoyens ont réagi vigoureusement contre la puissance étatique en août 2009. Les citoyens ont dénoncé les prérogatives du régime politique actuel dont les autorités achètent sans problème des voitures de hautes marques dès qu’ils sont au pouvoir. Par ces circonstances inopportunes, les citoyens requièrent la valorisation de niveau de vie pour que règnent l’équité et le respect de la loi. Car l’absence de la justice sociale est un acte immoral qui ne cesse de troubler toute communauté ; et surtout celle qui est démocratique selon les aristotélicien. C’est pourquoi Emanuel MOUNIER le réaffirme de cette manière : « Deux sentiments inhérents ne manquent jamais de produire cette démoralisation : le mépris des masses populaires et l’exagération de son propre mérite. »
Aux yeux de l’auteur, chaque société estime bien vivre équitablement. Cette expérience se présente souvent dans la constitution pour que chacun reçoive sa part par rapport à son travail et sa dignité. Par contre, si les tenants du pouvoir s’approprient et monopolisent tous les biens publics, cela montre qu’ils dépassent les limites par la dépravation des lois. Et il s’agit d’une exagération qui ne laisse pas la population dans la tranquillité. Ainsi les citoyens auront-ils l’enthousiasme de destituer les gouvernants pour les remplacer par d’autres qui pourront gouverner la communauté avec vigilance. Celle-ci prévoit l’équité. Mais chez ARISTOTE, cette dernière est une égalité proportionnelle qui se réalise entre les gouvernants et les gouvernés par rapport à leur mérite. C’est ainsi qu’Emanuel MOUNIER évoque l’unanimité des citoyens concernant la justice distributive. Rappelons que les parts inégales, sans proportionnalité, provoquent souvent des révoltes et des insurrections. Ces dernières engendrent des changements dus à la volonté de se libérer de la tutelle des mauvais gouvernants.
La quête vicieuse de la liberté et de la richesse
La quête est une recherche de quelqu’un ou de quelque chose. Le mot vice prend ici la façon d’agir ou de se conduire contraire à la moral e : défaut provoquant l’homme à faire habituellement le mal. La liberté est l’absence de contrainte. Elle est un pouvoir d’agir. Mais la liberté a plusieurs formes : on peut citer la liberté morale, la liberté d’expression, la liberté politique etc. Le mot richesse signifie abondance des biens qui permettent de faciliter les échanges dans la vie. Dans la vie humaine, la quêtede la liberté est une recherche des droits fondamentaux. La jouissance des droits élémentaires: nourriture, santé, logement etc. Ici, il s’agit de la recherche d’une situation sécurisante permettant l’exercice des libertés publiques.
Selon ARISTOTE : « La liberté est le partage de tous ; et la richesse et la liberté sont les raisons invoquées par les uns et les autres pour réclamer le pouvoir.»19
La première phrase de ce texte exprime l’idée que al liberté est le propre de l’être humain, au même titre que, chezDESCARTES, « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. »
Cela suppose que grâce à sa nature rationnelle, l’h omme est un animal politique, davantage soucieux d’atteindre son bonheur. Il se débarrasse de tout obstacle qui empêche une de ses libertés dont la liberté civile qui a ledroit de faire tout ce qui n’est pas défendu par la loi. La liberté politique permet la jouissance des droits appartenant à chaque citoyen. On doit comprendre que la richesse est un moyen de survivre alors que la liberté est conçue par certains individus comme étant une ambition souvent vicieuse permettant à l’homme de commettre une quête fatale pour son propre intérêtsans tenir compte de l’intérêt commun. Cela veut dire que l’auteur met en évidence que l’homme ne doit pas acquérir vicieusement la liberté et la richesse. Car, la quête vicieuse estune faille de la sociabilité de l’homme. C’est ainsi que de sa minière R.P. RAKOTOMAMONJY Jean Debré montre deux caractéristiques de l’homme faillible :
« Le volet de la possibilité de l’erreur, le volet de la possibilité du mal moral. Alors que la volonté se porte sur la totalité du bien, elle se laisse également induire en erreur et se trouve incliner au mal. D’où la discordance de l’infinitude du désir au bien est la finitude faible de notre caractère. »21
DEBRE dénonce ici, la liberté viciée de l’homme. Cetteormef de liberté est l’origine des erreurs et des maux dans la cité. Il semble que cet auteur partage l’idée d’ARISTOTE selon laquelle l’homme est un brandon de discorde. Cette discorde alors, conduit l’homme à la quête vicieuse des biens pour la réalisation du désir sans le respect de la vie sociale. Pourtant, celle-ci favorise la recherche de son succès, mêmede sa fin. Dans ce sens, notre philosophe montre que la liberté et la richesse sont étroitement liées et constitutives du bien-être par le respect des droits civils.
L’oppression de tels droits conduit souvent les citoyens à renverser les hommes vicieux.
Cette manifestation d’énergie libératrice des citoyens, produit des changements dans l’Etat: « Les changements aussi se produisent de deux manières : tantôt on s’en prend à la constitution, de façon à changer celle qui est étab lie en une autre : par exemple, on veut passer d’une démocratie en une oligarchie […] tantô t les autres des révolutions ne s’en prennent pas à la constitution en vigueur et préfèrent conserver la forme de gouvernement établie, par exemple l’oligarchie ou la monarchie, ils veulent seulement qu’elle tombe entre leur mains. » 22
Ici, ARISTOTE signale deux aspects de la discordance : ceux qui s’opposent au pouvoir établi veulent, soit changer la constitution par une autre soit la conserver. Mais, dans ce dernier cas, leur souci est de renverser le gouvernement pour accaparer le pouvoir.
En l’occurrence, cette tentative de renversement n’exclut pas des actes de violence. Pour notre philosophe lui-même, ces derniers ne transforment pas leur vocation d’homme d’Etat : la recherche du bien commun doit primer celle du bien particulier. C’est justement contre tout comportement égoïste que les gouvernants doivent respecter le bien public. Cela évite la recherche de l’intérêt particulier contrelquel, les gouvernants luttent pour modifier la constitution. Ils cherchent à instituer un régime politique où les citoyens peuvent jouir de leur droit civique, notamment satisfaire leur aspiration fondée sur l’égalité devant la loi. C’est dans ce souci de cette égalité que s’exerce la quête dela liberté. De là s’expliquent les révoltes d’un peuple par l’insurrection sous forme des lutte s civiles. C’est pourquoi ARISTOTE ne manque pas de souligner l’extériorisation des différentes causes.
LES CAUSES EXTERNES
Ici, la crise politique provient des mouvements populaires qui luttent contre les inégalités et les injustices sociales commises parles gouvernants. Et les citoyens veulent l’instauration de la paix et proclament leur liberté conformément à la loi.
Une révolte contre les séditions
Il s’agit d’un soulèvement d’un peuple, lequel s’o ppose violement à une autorité établie par des émeutes populaires qui viennent bouleverser un Etat. Par ce soulèvement, le peuple aspire à l’égalité dont la recherche suscite des crises sociopolitiques. De là apparaît une vive opposition entre les gouvernants et les gouvernés. A ce sujet notre philosophe stipule : « Dans les deux cas en effet les hommes s’insurgent : s’ils sont inférieurs, c’est pour obtenir l’égalité et s’ils sont égaux pour acquérirla supériorité. Voilà donc indiqué l’état d’esprit qui est à l’origine des luttes civiles. » 23
Par là , ARISTOTE montre l’ambiguïté des ambitions humaines. Quand l’homme se trouve dans une situation de classe inférieure, ilaccuse des partiaux, ceux qui s’arrogent du droit de répartition d’être supérieurs. Ici l’auteur de La Politique expose son analyse critique sur la dimension sociale du gouvernement géré paresl ex-révolutionnaires appliquant d’autres formes d’inégalités. Il reproche leur goût excessifde la richesse et de l’honneur : leur recherche inassouvie des privilèges politiques dépasse les normes des prérogatives pour assurer leurs véritables fonctions d’hommes d’Etat. Aux privilèges matériels et financiers extravagants, s’ajoutent les prérogatives d’ordre administratif où les actes administratifs leur confèrent le titre d’autorité politique. Aux yeux de l’auteur de l’ouvrage cité précédemment, ces dispositions d’esprit ont favorisé l’attitude mesquine des uns et des autres. Cela vient du fait que certains s’estiment défavorisés, étant victimes« d’avantages excessifs » 24 dont jouissent ceux qui se partagent ces prérogatives njustifiées, il s‘ensuit des rivalités, sources des troubles sociopolitiques pouvant amener à des agitations, prenant des formes variées au sein de l’Etat. Cette variété des troubles nous ramène à la connaissance des sources des séditions et de leurs conséquences constatées par otren philosophe. Celui-ci continua à dévoiler clairement les originalités de ces révoltes comme il écrit dans un passage de La politique : « Quant aux objets que se proposent les séditions, ce sont l’appât de gain et le désir des honneurs, ainsi que leurs contraires, et, en effet, c’est aussi pour éviter une privation d’honneurs ou une perte d’argent, soit à eux- mêmes, soit à leurs amis que les intéressés provoquent les troubles dans les Etats ».25
Ici, ARISTOTE déteste les mauvaises aspirations des individus qui veulent gagner des surplus d’argent ou d’autres richesses qu’on partag e avec les autres concitoyens. Pour être clair, il montre que des politiques cherchent souvent des avantages personnels pour asseoir des privilèges comme nous l’avons expliqué. Cela signifie que certains hommes d’Etat sont incorrects par leur recherche excessive du « gain » et « d’honneur ». A cela s’ajoute le souci de s’approprier tous les biens de l’Etat pour deven ir un souverain. Ce genre d’homme d’Etat peut donner des avantages à ses « amis » et à ses proches pour assouvir la grandeur de son autorité. Mais les citoyens avisés empiètent cettedotation illicite par une vive révolte contre les gouvernants. Cela explique aussi la lutte du peuple contre les hommes politiques de son temps. Par là, ARISTOTE dénonce le monopole du pouvoir constituant une cause dangereuse pour la déstabilisation d’un Etat. Selon lui, le refus de l’amour « du gain » et « le désir des honneurs » restent les causes génératrices des luttes civiles.Il s’ensuit des agitations politiques dont les racines sont le non respect de l’aspect éthique de la vie citoyenne. C’est pourquoi les citoyens blâment tout gouvernant qui abjure le but profond de ses activités : le bien et le bonheur. Car ces mauvais hommes d’Etat conçoivent l e bonheur comme la satisfaction de leurs illusions. Ces dernières sont des erreurs de sens ou des esprits qui considèrent l’apparence comme étant la réalité.
C’est-à-dire que pour un gouvernant partial, l’accu mulation des biens publics est son propre bonheur. Dans ce cas l’auteur de La Politique écrit :
« Par contre le bonheur n’est jamais choisi en vue de ses biens, ni d’une manière générale en vue d’autre chose que lui-même. On peutse rendre compte encore qu’en parlant de la notion de suffisance on arrive à la m ême conclusion. Le bien parfait semble en effet se suffire à soi même, nous entendons non pas ce qui suffit à un seul homme menant une vie solitaire, mais aussi à ses parents, ses enfants, sa femme, ses amis et ses concitoyens en général puisque l’homme est par nature un animal politique » 26
Ici, ARISTOTE définit le bonheur comme état de satisfaction intérieure. Pour ce disciple de PLATON, cette satisfaction intérieure doit reposer sur lamaîtrise de soi liée aux rapports sociaux : la suffisance est la satisfaction de soi conditionnée par le résultat à caractère social. Il justifie la sociabilité de l’être humainpar lui-même, et montre exactement l’utilité de l’esprit humain dans les activités socio-économiques. Car la morale humaine nous conduit à la réalité du bien commun. Là s’explique l’analyse des techniques pour atteindre le bien conduisant au bonheur. Pour ARISTOTE le bonheur n’est pas lui-même un bien mais il renferme les autres biens comme la fin inclut les moyens. Il met en évidence l’importance d’un raisonnement qui porte sur les opinions seulement probables, pour éviter la manipulation des intérêts socio-économiques, par les paroles leset actions des dirigeants abusifs.
En ce sens, le père de NICOMAQUE détermine l’art de raisonnement opérant le bonheur et le bien avec des principes de probabilité. Il prévoit de faire du calcul de probabilité différent d’une stricte égalité. Il évite encore uteto sorte de corruption. Celle-ci est appliquée dans les établissements étatiques par certains dirigeants. Prenons l’exemple des travaux publics où trois groupes travaillent depuis 6h du matin : Les amis des dirigeants prennent la fuite comme d’habitude à 9h ; une deuxième vague s’ arrête à midi à cause de la fatigue ; et la troisième vague sort à 15h du soir, heure précise. En revanche, à la fin du mois les dirigeants veulen t payer le même salaire à tous leurs ouvriers, pour qu’ils amassent la moitié du salaire du deuxième groupe et les deux tiers (2/3) du paiement du troisième groupe. Toutes ces sortes d’intérêts qu’accumulent ces dirigeants malhonnêtes sont sources de la sédition. Celle-ci onduitc les deux derniers groupes à se révolter contre la mainmise de leur responsable sur leur salaire. De la même manière, si le gouvernement conçoit l’accumulation des biens commu ns comme source du bonheur sans utiliser une probabilité des affaires sociales, logiquement le peuple se révolterait contre l’autorité pour requérir son droit civil. En ce sens, l’auteur nous défend de confondre le bonheur et les maux de la cité. Avec la colère dupeuple, celui-ci écarte les décrets démesurés de l’Etat. Dans ce cas, le peuple affronte avec arrogance les gouvernants à cause de leurs défauts excessifs. En effet, la lutte civile se présente sous un autre aspect fâcheux.
La dénonciation de la démesure
La dénonciation est une sorte d’accusation, laquelle reproche aux responsables leurs actions blâmables. Et la démesure est une action qui ne respecte pas les normes. La dénonciation de la démesure est donc une réfutationde toutes les formes d’actes blâmables dans une société. Des problèmes pareils sont soulignés parARISTOTE : « A ces causes, il faut ajouter encore la démesure,la crainte, l’excès de supériorité, le mépris, l’accroissement du pouvoir hors de toute proportion ».27
Ici, l’auteur montre que la démesure provoque la colère du peuple. Elle est donc une illusion poussant un gouvernant à se considérer comme s’il a une liberté totale. Avec sa ferme croyance à son autorité suprême, il dédaigneson peuple. Prenons l’exemple du Maréchal Joseph Désiré Sése SékuMOBUTU, président du Zaïre surnommé le Seigneur MOBUTU, mais qui n’a cessé de tuer ses opposants, acte qui fait désespérer les gouvernés. A part lui, d’autres dictateurs oublient même leurs partisans pour éviter les partages des richesses et du pouvoir entre eux : les ambitions ainsi démesurées permettent aux mauvais dirigeants de suivre leurs passions non contrôlées. D’ailleurs, ces dernières sont souvent redoutables comme les a exposéesARISTOTE : « En effet, les fautes non seulement faites dans l’ignorance, mais qui encore sont dues à l’ignorance, sont pardonnables, tandis que celles qui ne sont pas dues à l’ignorance, mais qui, tout en étant faites dans l’ignorance, ont pour cause une passion qui n’est ni .naturelle ni humaine, ne sont pas pardonnables».28
Cela suppose que les fautes commises involontairement sans connaissance soient tolérées .Par contre, les fautes qui sont commisespar des responsables malhabiles ne sont pas excusables, car ces malfaiteurs n’acceptent pas leur manque des capacités intellectuelles et techniques. Ils écartent les normes étatiques et négligent même les impératifs socioculturels de la communauté. Expressément, ces malhonnêtes poursuivent leurs passions démesurées sans respecter la loi naturelle et conventionnelle. Ces malintentionnés agissent comme des bêtes de somme par leurs actes irrationnels qui provoquent des troubles dans leurs Etats. Voulant le respect, la population dénonce vivement toute action démesurée dans la gestion des affaires publiques. Naturellement les animaux s’accouplent entre un mâle et une femelle.
Il en est de même chez l’homme, la sexualité se réalise entre un homme et une femme. De ce fait, quand deux personnes de même sexe font secrètement l’amour sexuel, ARISTOTE constate que leur sentiment cruel les dénature de l’humanité puisque selon J.J ROUSSEAU : « Le fait de sentir sera son premier état qui lui sera commun avec tous les animaux ». 29
Ici, philosophe de l’éducation entend dire que l’homme est un être culturel : il doit respecter les lois civiles et usages coutumiers régissant la vie communautaire. Le même auteur signale d’ailleurs que les mauvais sentiments et les passions sans mesure peuvent ramener l’homme à l’état de nature où règne la loi du plus fort, risquant la ruine de la communauté.
On constate aussi que ROUSSEAU et ARISTOTE font une nette différence entre l’animalité et l’humanité. Et plus particulièrement, notre Philosophe dénonce fermement les passions non contrôlées. Ce principe est en rapport avec la théorie classique soutenue par : BALMES, Raymond: « La passion est subie, et notre conscience nous en avertit sans cesse. On déteste parfois son amour et le Phèdre de Racine a pris la vie en haine et sa flamme en honneur ». 30
Dans ce passage, l’auteur met en évidence que l’homme d’Etat devrait lutter contre toute forme de passion nocive. De même pourARISTOTE, la passion interpelle la démesure conduisant l’homme à faire des actes non conformes à la loi. Cette dernière interdit les actions qui excitent la haine, récusant l’excès de supériorité où la démesure se présente comme cause des troubles d’un Etat. Ce trouble conduit nécessairement au changement du gouvernement. Selon ARISTOTE lui-même, les causes qui agitent les différents régimes politiques sont multiples et dont certaines formes méritent néanmoins leurs actes. Le penseur condamne aussi la mauvaise mentalité d’un roi et ridiculise les réactions d’un tyran par l’excès de son attitude démesurée. Aux yeux de l’auteur del’Ethique à Nicomaque , la démesure peut suspendre un souverain de son pouvoir puisqu’elle peut nuire à u n peuple. Le cas vient de se présenter au Népal, où l’acte du monarque a fait l’objet de contestation des partisans de la démocratie népalaise, ayant récemment accédé au pouvoir. Ce uveauno gouvernement népalais vient de modifier toutes les prérogatives du roi, notamment celle portant sur la mainmise à l’endroit des axes stratégiques éclairés parARISTOTE, affirmant que « Dans les royautés héréditaires, nous devons poseraussi comme une cause de destruction en dehors de celles dont nous avons déjà parlé, le facile mépris dans lequel tombent beaucoup de souverains, et, oubliant qu’ils sont revêtus non d’un pouvoir tyrannique mais d’une dignité royale, la démesure dont ils font preuve. Leur perte devient alors chose, aisée, car un roi cessera d’être roi dès que ses sujets ne lui voudront plus. Tandis qu’un tyran demeurera tyran même contre la volonté de son peuple ».31
Dans ce passage, l’auteur nous fait voir que la plupart des rois comprennent mal que leur pouvoir dépend de la volonté du peuple. Pratiquant la démesure, le roi est très passionné et néglige le peuple ainsi que l’intérêt supérieurde l’Etat. En effet, la cour royale et le peuple se mobilisent et destituent le roi. Tandis que le tyran veut toujours rester tyran, même contre la volonté de son peuple. Le chef du régime tyrannique se place au dessus de la loi. Il dicte et fait tout ce qu’il veut. Tout est à lui tout est pe rmis pour lui, même l’extermination de son peuple. Celui-ci ne résiste plus à des actions inadmissibles. Cela explique un vif mouvement dénonçant la démesure de la tyrannie contre laquell il se soulève avec des raisons déterminées comme le même auteur le précise : « Il y a des principales causes qui poussent les hommes à se révolter contre le tyran : la honte et le mépris ».
Ici, le père de NICOMAQUE apporte des preuves d’exagérations qui suscitent le dégoût des sujets envers le tyran contre lequel ils se soulèvent. Nous constatons que l’auteur évoque, d’une part, l’appauvrissement de la population, l’a bsence des orphelinats et toutes formes d’inimitié (sentiment de haine) qui porte misère à son peuple marginalisé. D’autre part, il touche les actes dédaigneux du tyran qui sous-estiment souvent son peuple sans aucune mesure. Dès que les citoyens trouvent une occasion pour se réunir, ils présentent leur mécontentement en dénonçant la démesure du régimeyranniquet. Ils destituent violemment l’autorité du tyran. Cela montre que la dénonciatio de la démesure forme la cause externe parmi celles qui agitent et changent un système politique. Dans son exposé l’auteur n’a pas seulement touché la mauvaise gestion du régime tyrannique, il s’attaque également à certains régimes politiques en lesquels se trouvent insolubles des problèmes à l’époque, comme ARISTOTE l’écrit dans ce passage : « Une autre erreur se commet à la fois dans les démocraties et dans les oligarchies. Dans les démocraties, elle est le fait des démagogues, artoutp où la multitude est au – dessus même des lois : car ils coupent toujours l’Etat endeux en s’attaquant à la classe riche, alors qu’ils devraient au contraire toujours sembler parler en faveur des riches. Et, d’autre part, dans les oligarchies, les oligarques devraient prétendre favoriser les intérêts du peuple […] voici, en effet, le serment qu’ils prêtent aujourd’hui dans certaines cités. Et je serai malintentionné envers le peuple,et je lui ferai dans le conseil tout le mal dont je suis capable ».33
Cela suppose que l’auteur dénonce à la fois la mauvaise gestion de ces différents régimes politiques cités. C’est dire qu’il réfute’exaspérationl des luttes sociales aux IVe et IIIe siècles dans les démocraties d’abord, la population est flattée par des démagogues. Un démagogue est celui qui affecte de soutenir les intérêts du peuple afin de gagner son propre soutien. Et dès que la multitude confie le pouvoir aux orateurs, ceux-ci veulent récupérer souvent les biens des riches et piétiner les pauvres en négligeant leur consentement. En effet, l’auteur des Réfutations sophistiques montre que les politiques démocrates de son temps ne respectaient pas les exigences sociales. Alors, qu’aujourd’hui, nous assistons à des discours démagogiques où les leadeurs démocrates flattent leur peuple avec leur propre plan d’action qui semble intéresser l’intérêt général. Une foisrrivésa au pouvoir, ces nouveaux dirigeants écartent leur plan.
Actuellement ces problèmes se présentent en Afrique, où les dirigeants, fortement démesurés, font le contraire de ce qu’ils ont promis au peuple : de nouveaux gouvernants de notre continent imposent des gros impôts aux riches et aux pauvres, dans le souci de profiter des biens communs et afin de bien mener leur existence. Sans aller très loin, jetons un coup d’œil au bazar de JIRAMA à Tuléar, où des pauvres v endeuses sont exigées d’achat des tickets de vente, pourtant ce marché fonctionne dans l’insalubrité au vu et au su des responsables de la commune urbaine. Ces derniers devraient établir la situation de ce marché avant leur obligation pour satisfaire ces pauvres marchandes. Si les gouvernants appliquent souvent une telle démesure, le peuple la dénoncerait comme l’a bien souligné notre auteur. A sa manière, le professeur MANGALAZA partage cette idée en disant : « Le peuple est comme une force aveugle qui change incessamment d’opinions : ce qu’il applaudit aujourd’hui, il le rejette demain ».34
Cet anthropologue de formation met son regard entre les discours controversés et les réactions des responsables des forces des changements, lesquels lui semblent flatter le peuple malgache. Ces responsables qui ont pris la relève des dirigeants de l’ancien régime récent oublient qu’ils ont pris des engagements pour la satisfaction du peuple. Pourtant, ils semblent appliquer la corruption et créent des systèmes desrançons 35 desquels pourraient compliquer la vie du peuple. Et celui-ci peut prendre du recul et dénoncer discursivement les mensonges des nouveaux gouvernants. Le politique MANGALAZA semble voir analyser cette situation du peuple comme ARISTOTE, qui a dévoilé les défauts des différents régimespolitiques de son temps, où les citoyens sont victimes de la démesure abusive susceptible de provoquer une autre étape de la crise politique.
La protestation contre les abus du pouvoir
Le verbe abuser est synonyme d’exagérer : « consommer à la manière excessive». 36 A ce terme « abus » traduit l’exercice d’un acte i njuste. De ce fait, l’abus est sur le plan social, constitutif d’un mauvais usage du droit. L’ abus du pouvoir ou de l’autorité exprime ainsi la transgression des lois dans l’exercice de la puissance publique, de la part des responsables des services. Ces responsables agissent sans respect du système socio-juridique pour la gestion des affaires de l’Etat. Par cet abus, le politique profite excessivement de la naïveté ou de par la ruse : usage de la puissance du dirigeant dans toutes les activités socio-économiques. Contre cet abus, les gouvernés protestent comme l’a signalé ARISTOTE : « Une trop grande puissance est encore une cause des troubles quand quelque magistrat (soit un seul homme, soit tout collège) dispose d’un pouvoir trop considérable pour l’Etat ou l’autorité gouvernementale, car des situations de ce genre aboutissent d’originaire à une monarchie ou à un régime d’autorité personnelle.»37
Ici l’auteur dévoile le danger d’une suprématie absolue du pouvoir par une seule personne ou un corps politique autoritaire : cet autoritarisme permettra aux tenants du pouvoir de gérer abusivement les activités sociales sans tenir compte des impératifs sociaux. Cette gestion abusive se trouva dans certains Etats de la Grèce antique où s’appliqua l’ostracisme : « Ainsi, dans certains endroits, a-t-on coutume de recourir à l’ostracisme, par exemple à Agos et à Athènes : cependant, il est préférable dese précautionner dès le début contre la présence dans l’Etat des magistrats disposant des pouvoirs aussi excessifs au lieu de laisser les mains libres et d’y remédier après coup». 38
Dans ce passage, l’auteur expose les troubles et les changements d’un Etat causés par les abus du pouvoir commis par les gouvernements de son époque. Et les citoyens des deux Etats cités (Agos et Athènes) voulaient instaurer une démocratie exigeant souvent « l’ostracisme »: un système politique ayant la méfiance de la supériorité de certains hommes aux affaires publiques. Aux yeux d’ARISTOTE , les citoyens doivent prendre leurs précautions et envisager la lutte contre l’excès du pouvoir : il s’agit de récuser quiconque tente de commettre un abus du pouvoir suspect. Cette perspective aristotélicienne est partagée par V.LENINE qui recommande des mesures de répression des abus : « En effet, pour faire de l’agitation au sujet des manifestations concrètes d’oppression, il faut dénoncer les manifestations (de même que pourmener l’agitation économique, il fallait dénoncer les abus commis dans les usines).»39
Dans ce passage, la lutte contre l’exercice de l’op pression étatique doit avoir lieu là où les abus s’effectuent. LENINE recommande d’ailleurs au peuple de dénoncer tout régime autocratique. L’autocratie est un gouvernement absolu d’un souverain. Vladimir ILITCH ILIANOV formule la stratégie de lutte contre les abus commis : bouleverser et renverser le souverain. C’est ici que LENINE est d’accord avec ARISTOTE qui préconise la prise des précautions des législateurs, avant que toute formede dirigisme n’accentue la mauvaise gouvernance au sein de la cité. Notre philosophe expose clairement le risque des gouvernants exerçant une puissance abusive et l’audace des gouv ernés face aux dictateurs comme il écrit :
« Un tel être, en effet, sera naturellement comme un dieu parmi les hommes. […] Mais, que pour les « surhommes » dont il s’agit il n’y a pas de loi : ils sont eux -mêmes une loi. Effectivement on serait ridicule d’essayer de légiférer à leur sujet, car ils répliqueraient sans doute par les paroles qu’ANTHISTHEN prête aux lions, quand les lièvres s’adressent à l’assemblée des animaux réclamant l’égalité pour tous. »40
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Table des matières
INTRODUCTION…
PREMIERE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DES ORIGINES DE LA CRISE POLITIQUE
CHAPITRE I : OBJETS ET CAUSES GENERALES DES TROUBLES
I.1.1. L’injustice des gouvernants à l’égard des citoyens dans les rapports sociaux
.I.1.2. L’insurrection du peuple contre les injustices sociales
I .1.3. La quête vicieuse de la liberté et de la richesse
CHAPITRE II : LES CAUSES EXTERNES
I.2.1- Les révoltes contre les séditions :
I.2.2 La dénonciation de la démesure
I.2.3. La protestation contre les abus du pouvoir
CHAPITREIII : LES CAUSES INTERNES
I.3.1. L’effet du sentiment de vengeance
I.3.2- L’accroissement disproportionné du corps étatique
I.3.3. L’incompétence dans la gestion des affaires publiques
DEUXIEME PARTIE : LES REMEDES A LA CRISE POLITIQUE
CHAPITRE I : L’administration du pouvoir politique
II.1.1. Les conditions de la mise en place de la constitution
II.1.2.L’analyse des principaux régimes politiques
II.1.3. Des révolutions dans les démocraties
CHAPITRE II : LES MODALITES DE L’EXERCICE DU POUVOIR
II.2.1.La responsabilité des gouvernants face aux droits des citoyens
II.2.2.La prudence comme principe de la non violence
II.2.3.L’organisation pour le fonctionnement de la justice sociale…
Chapitre III LA NECESSITE DE L’EDUCATION
II.3.1. L’étatisation de l’éducation
II.3.2. La dimension éthique de l’organisation de la cité
a- La force morale
b- La sagesse
c-La justice
d- La confiance
II.3.3. Le statut de l’homme vertueux dans l’Etat
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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