Les rejets avicoles et l’environnement
Maîtrise des rejets au niveau de l’animal
Besoins des animaux
Chez les poulets de chair, les besoins en nutriments sont renseignés pour différentes phases, variables selon que l’on prenne en compte les tables françaises ou américaines. En prenant en compte les tables INRA (1989), les besoins sont référencés selon 3 phases : démarrage (de 0 à 2 semaines), croissance (3ème semaine), finition (au-delà de 3 semaines). Les tables américaines (NRC 1994) référencent les 3 mêmes phases mais correspondant à des âges différents : démarrage (de 0 à 3 semaines), croissance (de 3 à 6 semaines), finition (de 6 à 8 semaines).
Besoins en azote
Les besoins en protéines sont généralement déterminés comme les niveaux d’apport permettant la croissance maximale ou le dépôt protéique le plus élevé (Tesseraud 1995). Chez les poulets en croissance, la vitesse de synthèse des protéines augmente significativement avec le taux protéique de l’aliment jusqu’à environ 21 % (Urdaneta-Rincon & Leeson 2004).
Augmenter le taux protéique de l’aliment au-delà de ce seuil n’améliore pas l’accrétion des protéines (Urdaneta-Rincon & Leeson 2004) et peut avoir des effets délétères sur la synthèse protéique (Tesseraud 1995). En nourrissant des jeunes poulets avec des régimes contenant 20, 40 et 60 % de protéines, Kita et al. (1989) ont pu montrer une diminution significative de la vitesse de protéosynthèse avec l’augmentation de la teneur en protéines dans l’aliment.
L’excès de protéines induirait des modifications de l’équilibre hormonal des animaux. Les besoins relatifs en acides aminés pour le développement et la croissance des poulets de chair sont décrits dans le Tableau 7.
Ils correspondent à la somme des besoins pour l’entretien, la croissance et le renouvellement des griffes, de la peau et des plumes (Ishibashi & Ohta 1999).
Dans les régimes alimentaires, une attention toute particulière est portée aux acides aminés essentiels (qui ne sont pas produits par les animaux : thréonine, valine, histidine, arginine, méthionine, leucine, lysine, isoleucine, phénylalanine, tryptophane) puisqu’ils ne peuvent être synthétisés de façon endogène et sont donc limitants pour l’entretien ou le développement des animaux. Parmi ces acides aminés, les plus limitants sont les acides aminés soufrés (méthionine et cystéine) et la lysine. Les premiers jouent entre autres un rôle essentiel dans le maintien et le développement de la muqueuse intestinale et le renouvellement des cellules épithéliales (Bauchart-Thevret et al. 2008). La seconde, outre son rôle dans la synthèse des protéines, agit sur le développement des os en favorisant l’absorption du calcium.
Besoins en phosphore
Environ 65 % du phosphore des matières premières végétales se présente sous forme de phosphore phytique (ou phytate) non assimilable par les animaux monogastriques, contenant 6 groupements phosphates sur chacune des 6 molécules de carbone de la molécule, le reste étant sous forme de phosphore non phytique (phosphoprotéines, phospholipides, nucléoprotéines, Narcy et al. 2009). Le phytate est peu utilisable par les monogastriques qui ne possèdent pas ou peu de phytase endogène nécessaire pour la destruction de ces molécules.
A faible pH, le phytate forme principalement des complexes binaires avec des protéines. A pH neutre ou alcalin, ce sont plutôt des complexes ternaires phytate-protéine-minéral qui peuvent se former (Cheryan 1980; Grifford-Steffen & Clydesdale 1993). Cette capacité de
former des complexes donne à l’acide phytique des propriétés anti-nutritionnelles au pH intestinal (Pointillart 1994), qui est compris entre 5.7 et 7.4 selon le segment intestinal considéré (Engberg et al. 2002; Gonzalez-Alvarado et al. 2008; Jiménez-Moreno et al. 2009).
Par conséquent, compte-tenu des faibles quantités de phosphore disponible (pour les animaux) dans les matières premières, un apport complémentaire, essentiellement sous forme de phosphore inorganique minéral, est nécessaire pour couvrir les besoins (LetourneauMontminy 2009). Cette seconde forme de phosphore est directement assimilable par les animaux monogastriques.
Pour être assimilables, les phytates doivent être hydrolysées en inositol et phosphate inorganique (Sebastian et al. 1998). Cette hydrolyse est obtenue par l’action d’une enzyme, la phytase. Il existe trois grands types de phytases selon leur source : la phytase végétale, présente dans les céréales, la phytase endogène, produite par l’animal, et la phytase microbienne qui peut être incorporée à l’aliment (Pointillart 1994).
Le phosphore est essentiel pour l’entretien et le fonctionnement normal de l’organisme. Il est présent dans de nombreux organes et tissus, où sa fonction est très variable (structurelle dans les tissus osseux sous forme d’hydroxyapatite et les membranes cellulaires, régulatrice dans les autres tissus et organes, ENFEMA 2002). Environ 80 % du phosphore corporel est contenu dans le squelette (Narcy et al. 2009). Les 20 % restants sont contenus dans les nucléotides, tels que l’ATP, les acides nucléiques, les phospholipides et autres composés phosphorylés nécessaires au métabolisme. Une déficience en phosphore peut causer une réduction de la minéralisation osseuse et par conséquent, une baisse de la résistance de l’os.
De plus, une déficience en phosphore réduit la consommation alimentaire, ce qui entraîne une réduction du gain de poids des animaux.
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Table des matières
Remerciements
Résumé
Résumé en anglais
Table des matières
Liste des publications
Liste des abréviations françaises
Liste des abréviations anglaises
Liste des tableaux, figures et annexes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des annexes
Introduction générale
Première partie : Introduction bibliographique
1. Les rejets avicoles et l’environnement
1.1. Production de rejets et réglementation
1.1.1. Contexte
1.1.2. Régionalisation
1.1.3. Aspects réglementaires
1.2. Cycle de l’azote
1.3. Cycle du phosphore
1.4. Impacts des rejets
1.4.1. Impacts sur l’environnement
1.4.2. Impacts sur la santé
1.5. Transports et traitements
1.5.1. Transports
1.5.2. Traitements
2. Maîtrise des rejets au niveau de l’animal
2.1. Besoins des animaux
2.1.1. Besoins en azote
2.1.2. Besoins en phosphore
2.2. Utilisation digestive d’azote et de phosphore
2.2.1. Le tractus gastro-intestinal
2.2.2. Facteurs influençant la digestion
2.3. Stratégies nutritionnelles d’optimisation
2.3.1. Adéquation des apports aux besoins
2.3.2. Choix des matières premières
2.3.3. Utilisation d’additifs alimentaires
2.4. Stratégies d’optimisation par la sélection génétique
2.4.1. Sélection sur la vitesse de croissance
2.4.2. Sélection sur l’efficacité alimentaire (IC et RFI)
2.4.3. Sélection sur la composition corporelle
2.4.4. Sélection sur la capacité à digérer
Deuxième partie : Résultats expérimentaux
CHAPITRE I – Estimation des paramètres génétiques
ARTICLE I – Improving the efficiency of feed utilization in poultry by selection. 1. Genetic parameters of anatomy of the gastro-intestinal tract and digestive efficiency ARTICLE II – Improving the efficiency of feed utilization in poultry by selection.
2.Genetic parameters of excretion traits and correlations with anatomy of the gastro-intestinal tract and digestive efficiency
ARTICLE III – Genetic variability of metabolic characteristics in chickens selected for their capacity to digest wheat
CHAPITRE II – Compréhension des mécanismes physiologiques impliqués dans les différences d’efficacité digestive entre D+ et D-
ARTICLE IV – Digestive tract measurements and histological adaptation in broilers lines divergently selected for digestive efficiency
CHAPITRE III – Etude cinétique des caractéristiques d’efficacité, d’excrétion et de morphologie du tractus
ARTICLE V – Impact of a genetic selection on digestibility on excretion, gastro-intestinal tract morphology and economic traits in broilers from hatch to slaughter age
Troisième partie : Discussion
1. Sélection génétique et maîtrise des rejets
2. Comment expliquer ces différences de rejets ?
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
Résumé
Résumé en anglais
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