Les régimes végétariens impactent-ils la performance sportive des jeunes filles ?

En quoi est-ce intéressant pour l’enseignant d’EPS ?

                La société telle qu’elle est conçue de nos jours, s’emploie à pousser l’individu vers des comportements de consommation excessifs toujours plus prégnants. L’abondance des choix associée à la société actuelle a contribué au développement d’un processus d’individuation. Processus qui se caractérise par la volonté d’affirmer sa singularité au sein des normes sociales et des modèles culturels de la collectivité. Ce processus grandissant d’individuation touche un grand nombre de domaines dont celui de la santé. Les régimes particuliers tels que le véganisme, le végétalisme et le végétarisme font ainsi partie de ce processus auquel le professeur d’EPS pourrait être confronté. Depuis sa réintégration au ministère de l’éducation nationale en 1981, l’EPS, tout comme l’ensemble du système éducatif, place l’enfant au centre de ses préoccupations, en témoigne les nouveaux programmes et leur volonté d’inclure tous les élèves. A juste titre l’EPS, et par extension le professeur d’EPS, contribue à former des citoyens lucides, autonomes, physiquement et socialement éduqués dans le souci du vivre ensemble2. Et s’il est encouragé à promouvoir une EPS inclusive, son action pourrait se situer au regard d’élèves adoptant des régimes alimentaires particuliers. En plus de toucher une population toujours plus croissante (baisse de 12% de la consommation de viande en France en seulement 10 ans + augmentation de 24% du marché végan) la mode « végan » tend à se développer chez les adolescents. Même si le nombre d’enfants et d’adolescents végétariens est difficilement chiffrable, il est évident que l’alimentation sans viande a augmenté au sein de ces tranches d’âges. A ce titre, 5% de la population mondiale se considère être végétarien et/ou végan3. Et selon le sondage DIPLOMEO, les jeunes de 16-25 sont 11% à vouloir adopter un régime alimentaire de type végétarien, végétalien voire végan. C’est pourquoi, face au développement de cette tendance, il nous semble intéressant d’apporter notre modeste contribution dans l’étude des liens qui pourraient exister entre ce type de régime et l’impact qui pourrait subsister lors d’un effort consenti dans des activités physiques et sportives. D’autre part, notre réflexion s’oriente vers les jeunes filles dans la mesure où les régimes alimentaires de ce type sont généralement adoptés par cet échantillon de la population. En effet, la part des femmes et filles végétariennes est supérieure à celle des hommes et des garçons. De surcroît, le nombre d’individus adoptant des régimes végétariens est beaucoup plus significatif parmi les jeunes adultes en comparaison avec les générations plus âgées4. Même s’il est difficile d’établir un profil de végétarien dans chaque pays en raison du faible nombre de personnes identifiées, le phénomène semble attirer davantage les femmes, les moins de 35 ans, les populations urbaines, cadres ou très diplômés (sources issues de France Agimer). La part de végans ramenée à l’échelle de la France et en ce qui nous concerne à l’échelle du lycée n’étant pas suffisamment significative, nous prenons l’initiative d’associer certains régimes végétariens à nos recherches. Dès lors, il est souhaitable de définir précisément les tendances sur lesquelles reposent notre enquête. A ce propos, le végétarisme5 se définit tel qu’un système d’alimentation supprimant les viandes, dans un dessein prophylactique, curatif ou philosophique. Un régime végétarien exclut donc toute chair animale (poisson compris). Le végétalisme6 quant à lui, est plus restrictif, c’est-à-dire qu’il exclut de l’alimentation tous les produits d’origine animale (œufs, lait, miel…). Enfin, Le véganisme6 correspond au régime végétarien le plus strict. Il exclut tous les produits d’origine animale du régime alimentaire, y compris les produits alimentaires dérivés d’animaux (par exemple, le lait, les œufs et, dans certains cas, le miel). Bien plus qu’une pratique alimentaire, le véganisme est un mode de vie qui allie une alimentation végétalienne et une exclusion de tout produit animal de la vie quotidienne : vêtements, chaussures et cosmétiques issus de matériaux animaux. Au regard de ces définitions nous pouvons donc associer les régimes végétaliens et végans dans la mesure où la seule différence qui les oppose demeure en l’exclusion de tout produit animal de la vie quotidienne (vêtements, objets…). La caractéristique sus-évoquée n’étant pas significative dans nos recherches nous nous permettrons de faire l’amalgame entre ces deux régimes. Nous faisons également le choix de prendre en considération dans notre étude, des élèves adoptant un régime végétarien afin de bénéficier d’un plus grand nombre de participants.

Performances sportives et régimes végétariens

                    Que savons-nous actuellement sur les conséquences d’un régime végétarien sur les performances physiques ? L’impact sur la performance sportive est une question qui se pose, que ce soit sur la force, la puissance ou l’endurance. La question est alors de savoir comment un régime végétarien affecte les performances sportives ? A ce jour, la littérature ne recense que peu d’études comparatives concernant les performances physiques entre les végétariens et les omnivores. A ce titre, nous évoquons les travaux poursuivis dans « Vegetarian and omnivorous nutrition13 » lesquels regroupent huit études expérimentales sur ledit sujet. Ces études, menées à court terme (environ douze semaines), comparent les régimes végétariens aux régimes non végétariens selon des critères de force (répétitions jusqu’à fatigue ou une répétition max) ou de performances cardio-respiratoires. La conception et les mesures des critères de jugement dans ces études varient considérablement, ce qui rend difficile toute conclusion générale. D’autre part, aucune des études annexe 4-5 n’a trouvé de différences entre les végétariens et les non-végétariens après 12 semaines d’alimentation. Les trois hypothèses1 (en faveur d’une éventuelle performance améliorée chez les végétariens) avancées dans ces travaux aboutissent aux conclusions suivantes : les régimes végétariens entrainent une diminution de la concentration de créatine musculaire si elle n’est pas compensée, limitant ainsi les efforts très intenses. Globalement, adopter un régime végétarien améliore l’état de santé et limite le développement de certaines maladies, néanmoins il n’y a pas de preuves établies concernant l’amélioration des performances physiques. Pour rappel, les travaux évoqués précédemment émettaient l’hypothèse qu’un régime végétarien pourrait améliorer les performances athlétiques grâce à une concentration plus élevée de glucides et provoquer une augmentation des capacités de stockage de glycogène. Trois hypothèses
▪ Un régime végétarien pourrait améliorer les performances athlétiques grâce à une concentration plus élevée de glucides et provoquer une augmentation des capacités de stockage de glycogène
▪ L’augmentation des composés phytochimiques et des antioxydants consommés dans les régimes à base de végétaux pourraient aider à réduire le stress oxydatif associé aux exercices prolongés et aussi à augmenter l’immunité
▪ Nous savons que l’acidité intra musculaire peut limiter les exercices de haute intensité. De ce fait un régime végétarien aurait un effet alcalin sur le pH sanguin dû à la grande consommation de fruits et légumes
L’augmentation des composés phytochimiques et des antioxydants consommés dans les régimes à base de végétaux pourraient également aider à réduire le stress oxydatif associé aux exercices prolongés et aussi à augmenter l’immunité. Enfin, nous savons que l’acidité intra musculaire peut limiter les exercices de haute intensité. De ce fait, un régime végétarien aurait un effet alcalin sur le pH sanguin, faisant suite à une grande consommation de fruits et légumes. Plus récemment, des études14 ont émis l’hypothèse suivante : la capacité respiratoire des athlètes végétariens serait meilleure que celles de leurs homologues omnivores. L’analyse des données montrent que les régimes végétariens ne compromettent pas les performances et pourraient faciliter les efforts de type aérobie grâce à l’apport important de glucides et d’antioxydants présents dans les fruits et légumes. Elle révèle en effet des valeurs de VO2max plus élevées, notamment chez les filles végétariennes (53 ± 6,9 ml/kg/min) en comparaison au groupe de filles non végétariennes (47,1 ± 8,6 ml/kg/min). Les analyses post-hoc (p < 0,05) confirment une hypothétique capacité supérieure, chez les végétariennes, à produire des efforts de type aérobie. Les données analysées montrent également des niveaux de force maximale comparables chez tous les sujets. Au regard du niveau d’athlétisation des candidates, l’hypothèse formulée précédemment nécessiterait des études complémentaires. De plus, un régime végétarien à long terme pourrait avoir des effets importants, puisque la plupart des personnes suivent ces régimes pendant plus de douze semaines. Comme l’état de la science à ce sujet est limité, la meilleure chose à faire consiste à examiner les différences entre régimes végétariens et non végétariens et à émettre des hypothèses concernant les différences qui pourraient potentiellement affecter les performances sportives sur le long terme. Puisque nous savons que l’apport des protéines végétales améliore le débit sanguin et donc la viscosité (Expérience du Dr Robert VOGAL, coprésident du sous-comité́ de la NFL sur la santé cardiovasculaire in « Game Changers », 2018), nous faisons l’hypothèse d’une implication des régimes végétaliens (et/ou végan) sur la difficulté de l’effort perçu. D’autant que Les études mentionnées par Delignières (1992) ont montré que l’effort perçu corrélait avec la lactatémie, la consommation d’oxygène, le débit ventilatoire, ou la viscosité sanguine. Afin de recueillir des informations plus subjectives, nous avons décidé d’utiliser l’échelle de Borg (ou mesure de perception de l’effort) lors de notre phase de test. Il s’agit d’une mesure quantitative de la perception de l’effort, autrement dit, une évaluation personnelle. Selon Delignières (1990), elle correspond à l’estimation de la difficulté perçue en cours et/ou juste après un effort réalisé. Selon Famose, la difficulté perçue d’un sujet vis-à-vis d’une tâche est alors dépendante des ressources bio-informationnelles et bioénergétiques du sujet considéré. Viennent alors s’entremêler ressources physiologiques et capacités adaptatives à une tâche donnée. Les travaux réalisés dans le domaine de la perception de la difficulté et de l’effort s’appuient sur les méthodes psychophysiques. La psychophysique peut être définie comme l’étude des relations entre un stimulus et une sensation. Il s’agit alors de construire une échelle de mesure, avec d’un côté le stimulus et de l’autre la sensation correspondante. Les principes de la construction d’échelles de rapport sont d’attribuer à chaque niveau de sensation un nombre, de manière à ce que les rapports entre nombres renvoient aux rapports entre les sensations correspondantes. Dans notre cas, nous nous appuierons sur l’échelle de Borg (1970). Ces propriétés permettent, à condition que les sujets aient bien respecté les consignes d’utilisation de l’échelle, de comparer les niveaux d’effort perçu de deux groupes de sujets dans une tâche similaire.

Le déroulement des tests

             Le sprint de soixante mètres : Les participantes ont effectué trois sprints chacune sur une piste d’athlétisme. Le but pour chaque participante était de réaliser la meilleure performance sur cette distance. Chacune d’entre elles a bénéficié d’un temps de repos de cinq minutes entre chaque course. La moyenne des trois essais a été prise en compte dans le traitement des données. Les élèves ont effectué leur course par deux de façon à maintenir un engagement maximal, i.e. compétition. Les élèves avaient pour consignes de ne pas couper leur effort (ne pas décélérer) avant de franchir la ligne d’arrivée. Le départ s’effectuait debout avec un pied devant l’autre, sans starting block (utilisation jugée trop technique) et avec un signal sonore (pistolet à pétard ou sifflet). Chaque départ a été donné par un enseignant tandis qu’un second enseignant se chargeait de chronométrer les élèves. L’objectif de ce test était de comparer la moyenne des temps effectués par chacun des deux groupes lors de chaque performance réalisées. La moitié de chaque groupe (végans et omnivores) a réalisé le test la semaine 3. Les deux autres moitiés, lors de la semaine suivante (semaine 4). La course d’endurance de vingt minutes : Les participantes ont effectué une seule course d’endurance de vingt minutes, sans s’arrêter, autour d’une piste d’athlétisme. Nous avions prévu lors de cette épreuve, une fiche de ressentis annexe 1 qui devait être complétée pendant l’effort : toutes les quatre minutes un signal sonore retentissait (corne de brume à gaz ou coup de sifflet). Dès cet instant, chaque participante, en se basant sur l’échelle de Borg (= de 6 à 20) et les indications associées aux différentes valeurs, devait annoncer son état du moment à une élève située à proximité afin que celle-ci puisse le reporter sur la fiche. Nous précisons que les ressentis sont purement subjectifs mais qu’ils sont associés à un état physique détaillé sur la fiche. La partenaire de l’athlète était également en charge de noter le nombre de tours effectués et de déterminer la distance totale parcourue à la fin des vingt minutes. La fréquence cardiaque est également une mesure prise en compte lors de ce test. En effet, la fréquence cardiaque a été prélevée juste avant le début de la course d’endurance et dans les trois secondes qui ont suivi la fin de l’effort.

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Table des matières

Introduction
Justification de la question de recherche
En quoi est-ce intéressant pour l’enseignant d’EPS ?
Les régimes végétariens sont-ils compatibles avec les pratiques physiques ?
Performances sportives et régimes végétariens
Protocole expérimental
Les participantes
Approche expérimentale
Le déroulement des tests
Organisation générale
Statistiques
Résultats
Comparaisons des performances des groupes omnivores Vs végétariens durant le test de sprint (soixante mètres)
Comparaisons des performances des groupes omnivores Vs végétariens durant le test d’endurance (vingt minutes)
Discussions et perspectives
Interprétation des résultats
Interprétation des performances sur le test anaérobie alactique (3 x 60m)
Interprétation des performances sur le test aérobie (20 minutes)
Interprétation des ressentis des élèves (test aérobie)
Interprétation de la fréquence cardiaque sur le test de 20 min
Limites liées à l’échantillon de participantes
Limite liée à la question de recherche
Limite liée à l’analyse des critères de performance
Applications en EPS
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 – Fiche de ressentis (test aérobie 20 minutes sans s’arrêter)
Annexe 2 – Questionnaire candidates
Annexe 3 – Tableau récapitulatif du poids et de la taille des participantes
Annexe 4
Annexe 5
4ème de couverture

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