Les recommandations actuelles des agences des Nations Unies sur le conseil et le test du VIH 

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Les avantages du conseil et du test VIH

Les avantages individuels du CTV identifiés par l’OMS sont (1) l’initiation ou le renforcement de comportements à moindre risque d’infection par le VIH, (2) un accès précoce au soutien, aux soins et aux traitements liés au VIH, (3) l’accès aux services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH, (4) une meilleure acceptation du statut VIH positif et enfin (5) l’opportunité de mieux planifier le futur.
Pour les communautés, le CTV permettrait de réduire le déni, la stigmatisation et la discrimination qui entourent le VIH, et de mobiliser les soutiens en vue d’apporter des réponses appropriées [19].
Des analyses ont montré qu’il y a eu des changements positifs de comportements pour les personnes ayant bénéficié de CTV. Au Kenya, un suivi des utilisateurs d’un site de CTV qui a eu lieu entre 1999 et 2001 a montré une réduction du nombre de personnes ayant plusieurs partenaires sexuels de 16% à 6% [20]. Au Rwanda, entre 1988 et 2001, un suivi des couples sérodifférents a montré une importante croissance de l’utilisation du préservatif [21, 22]. D’autres études ont également rapporté une utilisation plus accrue du préservatif après le CTV [20, 23]. Une méta-analyse a montré que le CTV avait particulièrement une influence positive sur les comportements sexuels des personnes testées séropositives [24, 25]. En Ouganda, entre 2003 et 2004, une réduction du risque sexuel (rapport sexuel sans utilisation de préservatif avec un partenaire séronégatif ou à statut VIH inconnu au cours des trois derniers mois) de 70% a été observée chez les PVVIH six mois après leur mise sous traitements antirétroviraux (ARV) [26]. En Afrique de l’Ouest, Desgrées-Du-Loû a montré que l’offre du CTV aux femmes enceintes créait une opportunité de discussion avec leurs partenaires sexuels réguliers sur les infections sexuellement transmissibles (IST), ce qui augmenterait le taux d’utilisation du préservatif et l’utilisation des services de CTV par ces derniers [27].

Historique du conseil et du test de l’infection à VIH

Dès 1985, le test de diagnostic du VIH était disponible dans les pays développés. Son utilisation dans le cadre du don de sang a été recommandée par l’OMS en 1987 mais à cause de la forte stigmatisation des PVVIH et de l’absence des traitements ARV, l’offre du test du VIH avait fait l’objet de discussions entre deux tendances opposées [28]. D’un côté les spécialistes en santé publique pour qui la promotion du test du VIH comportait des avantages même en l’absence de traitements, et de l’autre les éthiciens qui prônaient surtout des mesures de protection de l’individu, c’est-à-dire son droit de ne pas savoir. En 1992, une déclaration de l’OMS précisait les conditions de réalisation d’un test volontaire du VIH en définissant les règles qui devaient être respectées: la conduite d’un counseling dont le contenu a été défini dans un guide en 1990 [29], permettant à l’individu de prendre la décision de connaître ou pas son statut (le consentement) et ce dans un cadre privé (la confidentialité) [30]. Ce sont ces trois règles (conseil, consentement, confidentialité), appelées «principe des 3 C» qui ont guidé les acteurs dans la mise en œuvre du CTV durant deux décennies (jusqu’en 2012).
Puis dans les années 2000, les résultats des différents essais cliniques ont montré l’efficacité des ARV à réduire la transmission mère enfant du VIH (PTME) et à ralentir l’évolution de la maladie chez une personne infectée. Fort de ces résultats, l’OMS a déclaré le CTV comme étant un droit pour tous en 2003 [31], mettant ainsi fin au débat autour de la pertinence du CTV [28]. Les traitements étant efficaces et disponibles, le défi était surtout de permettre au plus grand nombre de PVVIH d’avoir accès à la prise en charge. Dans sa déclaration sur le droit de savoir, l’OMS a encouragé les pays à épidémie généralisée à intégrer le CTV dans le paquet de soins offert aux femmes enceintes. L’approche opt-out y est proposée. Elle consiste à donner l’information que le test VIH se fait dans la structure sanitaire, et offrir les services à la femme enceinte tant qu’elle ne déclare pas ne pas vouloir faire le test. En dehors de la PTME, l‘offre du CTV était restée passive, se faisant essentiellement à l’initiative du client (TIC) dans la plupart des pays. Et en 2007, afin d’accroître l’accès des populations au CTV, l’OMS a donné de nouvelles recommandations aux pays [32]. Ceux-ci étaient invités à mettre en place une stratégie plus incitative pour le test VIH. Il s’agit d’une proposition plus active du test aux utilisateurs/utilisatrices des services de santé de la part des soignants (test à l’initiative du soignant (TIS)).
Le CTV a connu d’autres innovations dans les années 2000-2010. Il s’agit notamment de l’introduction de tests rapides dans les services de CTV, permettant ainsi de rendre les résultats le même jour et de réduire les taux de non-retour pour la recherche des résultats. En effet, en 2005-2006, le Center for Diseases Control and Prevention (CDC) et l’OMS ont recommandé l’utilisation des tests rapides dans les pays à faibles ressources. Avant la mise à disposition des tests rapides, au moins deux contacts avec les structures offrant le CTV étaient nécessaires pour les utilisateurs: un premier contact pour le conseil pré test, le consentement et le prélèvement sanguin et un second pour le conseil post test et la remise du résultat. Un troisième rendez-vous était nécessaire pour les personnes qui avaient un résultat VIH indéterminé. Des taux élevés de déperditions étaient alors enregistrés entre le prélèvement et le retrait du résultat. Aussi durant cette période, différentes stratégies ont été développées au niveau communautaire pour rapprocher les services de CTV des populations. Il s’agit de l’offre du CTV en stratégie avancée dont le test à domicile et de l’organisation de campagnes de dépistage du VIH.
D’autres recommandations/orientations ont été formulées par l’OMS depuis 2010. Elles visaient à améliorer aussi bien l’accès des populations au test que la qualité des services de CTV. Parmi celles-ci, il y a le guide «refaire son test» [33] qui précise les conditions dans lesquelles il faut inviter une personne testée séronégative à revenir faire son test dans une période donnée. En effet, jusqu’à cette date, il était recommandé que toute personne testée séronégative subisse un autre test trois mois plus tard afin de confirmer qu’elle est effectivement séronégative. En 2012 un guide a été édité sur le dépistage du couple [34].
Celui-ci fait suite aux essais cliniques dont les résultats ont montré l’efficacité des traitements ARV à prévenir l’infection dans les couples sérodifférents. Il visait principalement à renforcer la pratique du test VIH par les couples et à favoriser le partage mutuel des résultats. Il indique qu’en cas de sérodifférence, le partenaire infecté doit être mis sous traitements même s’il a un taux de lymphocytes CD4 élevé. Les adolescents et les populations clés, oubliés dans les politiques et stratégies des pays, ont également fait l’objet de deux guides, respectivement en 2013 [35] et en 2014 [8], avec pour objectifs de réduire leur vulnérabilité dans le contexte du VIH. Ce guide invite les pays à revoir leurs textes de loi afin que l’accès des adolescents au test VIH ne soit plus conditionné par l’obtention d’une autorisation parentale, et qu’il leur soit donné de partager le résultat avec les personnes avec lesquelles ils le souhaitent, avec éventuellement le soutien des prestataires. En 2012, l’OMS a fait une déclaration notifiant que les services de CTV doivent prendre en compte le rendu d’un résultat de test VIH correct, et la référence effective des personnes testées séropositives vers les services de prise en charge. Le principe des 3C a ainsi évolué en principe des 5C (counseling, consentement, confidentialité, résultats corrects du test, connexion avec les services de prise en charge) [18]. En effet avec les preuves de l’efficacité des ARV dans la prise en charge des PVVIH et dans la prévention de la transmission du virus, l’objectif primaire du CTV avait changé. Il ne s’agissait plus d’offrir un cadre d’informations pour favoriser un changement de comportements mais de permettre aux PVVIH d’accéder à la prise en charge, surtout médicale. Enfin, en juillet 2015 [36], l’OMS a édité un guide consolidé des principales recommandations faites dans le passé, et y a apporté d’autres innovations. Celles-ci devraient guider actuellement la mise en œuvre des activités CTV et sont résumées dans le chapitre 1.3.3.

Les recommandations actuelles des agences des Nations Unies sur le conseil et le test du VIH

L’OMS et ONUSIDA revoient régulièrement les objectifs, les politiques et les stratégies du CTV et publient des directives visant à orienter les pays dans leurs actions. La liste de l’ensemble des directives éditées depuis 2001 est en annexe 1.
Les versions les plus récentes de ces documents ont été consolidées dans les directives de juillet 2015 «consolidated guidelines on HIV testing services. 5cs: consent, confidentiality, counselling, correct results and connection» [36]. La version complète n’est pas encore disponible en français. Les objectifs de ces directives sont de (1) fournir un ensemble de recommandations basées sur des données d’étude, (2) soutenir l’offre des services de test VIH (STV) par un personnel non médical ou para médical afin d’accroître leur accès au test (3) donner aux pays un ensemble d’approches d’offre de STV adaptées à leur contexte épidémiologique en ciblant les groupes les plus affectés qui ont peu accès au test, (4) donner des orientations pour des résultats de laboratoire corrects et (5) susciter un engagement national et mondial pour l’offre des STV, qui sont une stratégie centrale dans la lutte contre le VIH. Et ces directives devraient contribuer à un meilleur lien avec la prévention, les services de soins et de traitement afin de réduire l’incidence, la morbidité et la mortalité liées au VIH. Elles comportent des innovations relatives aux principes éthiques du CTV, aux stratégies et approches du CTV préconisées jusque-là et définissent les populations prioritaires pour le CTV.

Les innovations liées aux principes éthiques du CTV

Les directives rappellent que le test du VIH ne peut être obligatoire [18] et que les recommandations formulées ultérieurement sur les cinq principes éthiques (counseling, confidentialité, consentement, résultat correct du test et lien avec les services de santé) sont de rigueur. En dehors de certaines situations particulières telles le don de sang et les enquêtes de surveillance sentinelle, tout test VIH devrait se faire avec le consentement du consultant et la confidentialité devrait être préservée. Et toute annonce du résultat au partenaire ou à d’autres membres de la famille devrait se faire par la personne testée ou avec son accord. Par rapport aux principes éthiques, le principal changement se rapporte au conseil pré et post test.
Le conseil pré et post test
Dans ces directives, l’évaluation des risques d’infection à VIH de l’utilisateur et le counseling individuel qui étaient les deux composantes majeures du pré test ne sont plus recommandés. Il s’agit maintenant de donner des informations pour permettre au consultant de se décider, en lieu et place d’un counseling. Il y a une évolution du concept «conseil et test du VIH» ou «conseil et dépistage du VIH» en «services de test VIH». Le «conseil pré test» préconisé par l’OMS depuis 1990 [29] est remplacé par «des informations pré test». Deux arguments ont été utilisés pour justifier ce changement: le premier est qu’avant la mise à disposition des tests rapides, la remise du résultat ne se faisait pas immédiatement. Les consultants devaient revenir plusieurs jours plus tard pour chercher les résultats et les taux de retour étaient faibles. Le conseil pré test permettait d’informer suffisamment les utilisateurs sur le VIH afin qu’ils aient des comportements à moindre risque au cas où ils ne reviendraient plus pour les résultats. Actuellement les résultats sont remis sur place et l’information peut être adaptée à chaque utilisateur suivant son résultat de test VIH. Le second argument est que dans l’aire «pré traitement», il était nécessaire de préparer les utilisateurs à accepter un éventuel résultat VIH positif. Or de nos jours les personnes séropositives peuvent avoir accès à une prise en charge médicale immédiatement après le post test, ce qui peut faciliter la connaissance d’un résultat VIH positif.
Enfin, en ce qui concerne le post test, les directives stipulent qu’il faut donner de brèves informations aux personnes testées séronégatives tandis qu’un counseling post test «centré sur le client» doit être offert à celles qui sont testées séropositives. Cela permettrait de préserver le maximum de ressources pour les personnes séropositives.
Le consentement et la confidentialité
En ce qui concerne le recueil du consentement, l’utilisateur des services de CTV devrait avoir l’opportunité de décider de faire le test ou pas, après avoir reçu toutes les informations nécessaires sur le test et ses conséquences. Si, par exemple, les lois d’un pays obligeaient les PVVIH à informer leur partenaire de leur résultat, le prestataire devrait porter cette information à la connaissance de l’utilisateur au cours du pré test pour lui permettre de faire un choix éclairé. Et le prestataire devrait assurer un accompagnement de la PVVIH pour le partage du résultat avec son partenaire ou son entourage.
Le résultat du test et la connexion avec les services de prise en charge
La responsabilité professionnelle et éthique du prestataire qui offre le test est de s’assurer également que le résultat VIH qu’il annonce est correct. Enfin il devrait assurer une référence active des PVVIH vers les services de prise en charge.

Les stratégies et approches d’offre des services de test VIH

Ces directives font un rappel des stratégies et approches d’offre du CTV qui ont été utilisées jusque-là. Il s’agit (1) de l’offre des services dans des sites fixes (services de santé ou au niveau communautaire (ONG)/associations) et (2) à travers les stratégies de proximité (stratégies mobiles/avancées, les campagnes, le dépistage à domicile). Les directives rappellent que refaire systématiquement le test aux personnes testées séronégatives trois mois plus tard afin de confirmer leur statut VIH n’est nécessaire que si la personne a pris des risques pendant la période de la fenêtre sérologique.
On note trois innovations relatives aux stratégies et approches de CTV.
La première concerne les approches de proximité où deux nouvelles approches ont été proposées: l’auto-test que l’OMS encourage les pays à mettre en œuvre en essai pilote et le test de «triage». Le test de triage consiste à la réalisation en communauté d’un premier test rapide, et à l’orientation des personnes réactives dans les structures de soins pour la confirmation du statut et la prise en charge des personnes séropositives. Le premier test est réalisé par un prestataire communautaire. L’auto test devrait respecter la même procédure, sauf que c’est l’individu lui-même qui réalise le premier test.
La deuxième innovation consiste en une délégation accrue de tâches de CTV aux prestataires communautaires (personnel non médical ou para médical). En effet il est recommandé aux pays de réviser leurs textes de loi pour permettre à ces derniers de manipuler les tests rapides et faciliter la connaissance du statut VIH par les utilisateurs.
Enfin ces directives recommandent l’intégration du diagnostic de la tuberculose dans le processus d’offre des services de test VIH à travers le remplissage d’une grille pour identifier les cas suspects de tuberculose et les référer vers les centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose (CDT).

Les populations prioritaires

Des catégories de populations ont été identifiées comme étant prioritaires pour le CTV. Il s’agit de celles qui sont vulnérables vis-à-vis du VIH, de celles qui ont un niveau de risque élevé face à l’épidémie et de celles qui ne sont pas suffisamment prises en compte dans l’offre du CTV. Spécifiquement, ce sont les femmes enceintes, les enfants chez qui on enregistre des taux élevés de décès liés au VIH, les adolescents (10-19 ans) et les hommes qui utilisent peu les services de CTV, les couples et les populations clés.
Les directives invitent les pays à apporter des changements à leurs textes juridiques, pour permettre aux adolescents d’avoir accès au CTV sans être obligés de demander une autorisation parentale. L’annexe 2 donne les approches adaptées par population cible, suivant chaque contexte épidémiologique.
En résumé, les recommandations qui ont été formulées depuis 2010 au niveau international, tendent à rendre l’infection à VIH aussi normale que toute autre infection et à simplifier l’offre du CTV:
♣ les approches de CTV ont été de plus en plus simplifiées (test à domicile, manipulation de tests rapides par des prestataires communautaires, pas de nécessité de refaire un test avant d’être déclaré séronégatif),
♣ le counseling, qui avait été jusque-là un principe éthique majeur du CTV n’existe quasiment plus pour les personnes séronégatives,
♣ les mineurs, autour desquels les pays avaient bâti des précautions (droit de ne pas savoir) ont droit au CTV, sans que le prestataire n’exige une autorisation parentale,
♣ l’auto administration du test est encouragée, alors que dans les années précédentes, réaliser un test sans un counseling était un manquement grave aux principes éthiques.

La situation du CTV dans le monde et en Afrique

En 2015 il était estimé qu’environ 11,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde (43%) ne se savaient pas porteuses du virus (figure 1) [37]. Ce niveau était de 55% en Afrique Subsaharienne en 2013 [6].

Les facteurs liés à l’utilisation du CTV

Les facteurs sociodémographiques

Des études ont montré que certains facteurs sociodémographiques étaient liés à l’utilisation du CTV. Les personnes de sexe féminin avaient généralement plus accès au CTV que les hommes [41, 42, 43]. Une analyse qui a été faite à partir des données des enquêtes démographiques et de santé (EDS) de 29 pays de l’Afrique Subsaharienne des périodes variant de 2003 à 2011 a montré qu’en moyenne 71% des femmes et 83% des hommes n’avaient jamais fait de test VIH [38]. Dans six de ces pays, il y avait plus d’hommes que de femmes testées, dont 3 pays de l’Afrique de l’Ouest (Liberia, Guinée, Niger). En 2010, l’analyse des données de dix pays de l’Afrique Australe a montré que dans six de ces pays, il y avait plus de femmes que d’hommes qui avaient déjà fait leur test [42]. L’une des raisons pourrait être le fait que les femmes seraient plus ciblées par les programmes de PTME dans les différents pays. Cependant même en excluant les données de la PTME des chiffres 2002-2006 d’une province de l’Afrique du Sud, Snow avait trouvé que 65% des personnes testées étaient des femmes [44].
En ce qui concerne l’âge, suivant les méthodes (contexte, population), les résultats sont variables. Les résultats de certaines études ont montré que les adultes (25 ans et plus) étaient plus souvent susceptibles de connaître leur statut VIH que les plus jeunes [41, 45, 45]. Cependant des auteurs comme Bwambale, à partir d’une étude en milieu rural Ougandais a rapporté en 2005 une meilleure utilisation des services de CTV par les hommes de moins de 36 ans [46]. En 1993, en Tanzanie, une analyse en milieu rural a montré que les personnes âgées refusaient plus souvent le test [47]. Les résultats de la plupart des études ont montré que les enfants, ainsi que les jeunes mineurs à qui une autorisation parentale est requise pour la réalisation du test dans la grande majorité des pays [37] étaient les plus lésés.
Un niveau d’éducation ou socioéconomique élevé est associé à la pratique du CTV [41, 45, 46, 48].
Quant au statut matrimonial, en Afrique Subsaharienne, les personnes (hommes ou femmes) séparées ou veuves étaient plus souvent testées que celles qui vivaient en couple et les célibataires [38]. En Zambie, les résultats d’une étude ont montré que les hommes qui vivaient en couple avaient plus souvent tendance à faire le test [49].
Les services de santé et autres structures d’offre du CTV étant plus disponibles en ville, il a été démontré que les personnes vivant en milieu urbain avaient une meilleure connaissance de leur statut sérologique que celles qui vivaient en milieu rural.

Les facteurs socioculturels

D’autres facteurs qui influenceraient positivement la connaissance du statut VIH ont été décrits dans la littérature. Il s’agit d’une bonne connaissance du VIH, notamment les voies de transmission et les moyens de prévention [50, 51], ainsi que la connaissance d’au moins un endroit proche où il est possible de faire le test [41, 48] La disponibilité des ARV contribuerait à accroître l’adhésion au test du VIH. Par exemple au Malawi, il a été constaté qu’entre 2005 et 2007, le nombre de personnes qui étaient sous traitements ARV a évolué de 2 441 à 29 756. Dans la même période (entre le premier trimestre 2005 et le premier trimestre 2007, les chiffres de dépistage ont doublé) [52].
La perception du risque pourrait être une motivation ou un obstacle à la demande du test. Les personnes qui estiment avoir un faible niveau de risque d’infection à VIH, ou être en bonne santé ne connaitraient pas leur statut VIH [41, 47, 49]. Cependant en 2006, au Botswana Fako a trouvé des résultats contraires. Les jeunes sexuellement actifs, et ceux qui avaient plusieurs partenaires ne souhaitaient pas faire leur test [53]. De même en Afrique du Sud, il a été trouvé que les hommes qui s’estimaient être à risque de l’infection à VIH sollicitaient peu les services de CTV [45]. Cela pourrait s’expliquer par certains facteurs, dont la stigmatisation qui est liée au VIH. Enfin, les analyses ont montré que les personnes séropositives rapportaient plus souvent une utilisation antérieure du CTV par rapport aux personnes séronégatives. Par exemple en 2010, au Burkina Faso, 41,6% des femmes PVVIH avaient fait le test au moins une fois, versus 27,6% des femmes séronégatives au VIH. Ces proportions seraient respectivement de 39,9% et de 20% pour les hommes [38].

Les obstacles à la pratique du CTV

La stigmatisation et la discrimination liées au VIH

La connaissance d’un statut sérologique VIH positif pourrait donner lieu à des réactions négatives de la part de l’entourage. Ces réactions négatives seraient liées à une sous information sur le VIH, à la peur de la transmission, au caractère handicapant du sida et aux difficultés de prise en charge d’une PVVIH [54, 55]. En l’absence de traitements, de nombreuses PVVIH en ont été victimes, soit au sein de la famille, dans la communauté élargie ou au sein des services de santé. Dans les familles, les femmes PVVIH seraient plus susceptibles de vivre une violence quelconque. En 1999, en Tanzanie, les utilisatrices PVVIH d’une clinique étaient trois fois plus victimes de violence physique de la part de leurs partenaires que les femmes séronégatives. En 2004, une analyse des données de 15 pays de l’Afrique Australe a montré que 3,5% à 14,6% des femmes séropositives auraient subi une violence de la part de leurs partenaires [56]. En 2005, il y avait 28% des femmes séropositives qui rapportaient une violence quelconque (violence physique, sexuelle, séparation ou divorce) de la part de leur partenaire, six mois après leur accouchement [57]. Des exclusions des événements sociaux et religieux ont également été retrouvées au Zimbabwe (38,3%) et en Tanzanie. Ces réactions négatives ont pour conséquences un faible niveau de partage du statut VIH, surtout avec les partenaires [54, 56, 58, 59, 60], ce qui ne favorise pas le dépistage du couple. Les analyses des raisons liées à l’ignorance du statut VIH qui ont été réalisées ont souvent trouvé la peur du statut VIH positif comme étant une barrière [55, 61, 62, 63, 64]. Cette peur serait plus marquée chez les femmes que chez les hommes [62]. La peur de se découvrir séropositif au VIH serait liée à la crainte des réactions négatives des proches et à un statut social plus fragile pouvant entrainer plus souvent l’exclusion. La crainte de la stigmatisation et de la discrimination a été rapportée par plusieurs études comme étant un obstacle majeur à la pratique du CTV [54, 55, 58, 62].

Autres obstacles

Au-delà des aspects ci-dessus décrits, les services d’offre du CTV ne répondent pas toujours aux attentes des utilisateurs. Il s’agit parfois des aspects logistiques qui ne sont pas satisfaisants (disponibilité du service, des ressources humaines nécessaires, temps d’attente…) et de la crainte de la rupture de la confidentialité. En Ouganda, une analyse faite en 2008-2009 a montré que les hommes trouvaient les services de santé inadaptés car stigmatisants à leur endroit [65].

Les stratégies d’offre du CTV

Le test à l’initiative du soignant

A partir des données de dix pays de l’Afrique Subsaharienne dont ceux de l’Afrique de l’Ouest, Cartoux avait conclu en 1998 que l’offre du CTV aux femmes enceintes dans les pays en voie de développement était faisable et acceptable [66]. Et en 2004, l’offre du CTV aux femmes enceintes par l’approche « opt-out »2 en lieu et place de l’approche opt-in3 a été encouragée par l’OMS. Cela a permis l’accroissement du nombre de femmes enceintes testées comme l’ont montré les résultats des évaluations qui ont été faites dans les pays de l’Afrique de l’Est et Australe. En effet une étude conduite au Zimbabwe en 2005 a montré qu’en milieu urbain, la quasi-totalité des femmes enceintes (99,9%) avait pu bénéficier du test contre 65% à travers l’approche opt-in [67]. En analysant les données 2002-2009 de la PTME en Ouganda, Byamugisha avait montré qu’avec l’approche opt-out, le nombre de partenaires des femmes enceintes testées pour le VIH avait augmenté de 88% [68].
Puis en 2007, l’OMS a recommandé aux pays de mettre en œuvre le test à l’initiative du soignant (TIS). Différentes évaluations du TIS qui ont été réalisées, essentiellement dans les pays de l’Afrique Australe et de l’Est ont montré un accroissement dans l’offre des services de CTV. En Afrique du Sud, les résultats d’une étude conduite en 2007 ont montré qu’il y a eu un accroissement du nombre de patients souffrant d’IST qui avait pu accéder au test VIH [69]. Toujours en Afrique du Sud, le nombre de PVVIH identifiées par semaine dans un service hospitalier est passé de 8 à 39 [70]. En 2008, les premières évaluations ont montré que le personnel de santé était disposé à offrir le test si on renforçait leurs compétences en counseling, et que le TIS avait eu pour effet une surcharge de travail et un stress supplémentaire pour le personnel en termes d’annonce de «mauvaises nouvelles» et de gestion de la confidentialité dans des espaces de soins inadaptés. Enfin le TIS pourrait être perçu comme coercitif par les femmes enceintes, les couples et autres patients [71].

Le test à l’initiative du client

Le test à l’initiative du client (TIC) se fait généralement à travers des approches de proximité (stratégies mobiles/avancées, les campagnes, le dépistage à domicile). La première approche communautaire qui a été utilisée était l’offre des services en sites fixes, que sont les structures communautaires. Mais cela limitait leur accessibilité à cause des barrières géographiques, d’où le développement d’autres approches de proximité que sont le dépistage en stratégie mobile ou avancée et le test à domicile.
En 2008, le projet HTPN 043 qui a été mis en œuvre dans quatre pays (Afrique du Sud, Tanzanie, Zimbabwe, Thailande) avait montré que l’offre du CTV en stratégie mobile contribuait à accroître l’utilisation des services de CTV [72]. Et une comparaison des résultats 2005-2006 des sites fixes et mobiles du Kenya avait montré que la stratégie mobile contribuait à toucher des personnes qui n’avaient jamais fait de test par rapport aux sites fixes. Cependant les sites fixes touchaient mieux les couples, et identifiaient mieux les couples sérodifférents [73]. En Afrique du Sud, Van Schaik avait trouvé que la stratégie mobile touchait mieux les hommes et les personnes plus âgées que les stratégies fixes. Il y avait plus de PVVIH ayant des taux de lymphocytes CD4+ élevés que parmi celles testées dans les sites fixes. Cependant elle détectait trois fois moins de PVVIH que les sites fixes communautaires [74].
Le CTV à domicile a surtout été développé en Afrique Australe et de l’Est qui ont des prévalences du VIH très élevées. Cette approche a été jugée acceptable par les communautés à travers une analyse qui a été faite en Ouganda en 2005 [75]. Les résultats d’autres études qui ont été conduites en Zambie [76] et en Ouganda [77] avaient montré un accroissement du nombre de personnes qui avaient pu avoir accès au test VIH à travers cette approche. D’autre part, au Malawi, Molesworth avait réalisé une évaluation de la qualité des résultats des examens biologiques faits à domicile et avait trouvé qu’elle était comparable à celle réalisée en laboratoire [78]. L’analyse des données de l’Ouganda avait montré que plus de 90% des personnes testées à domicile n’avaient jamais fait de test [77, 79]. D’autre part le test à domicile détectait peu de PVVIH [80].
En somme, les analyses comparatives des différentes stratégies qui ont été faites dans ces pays de l’Afrique Australe et de l’Est ont montré que le TIS détectait plus de PVVIH, suivi des sites fixes communautaires, puis des stratégies de proximité. En termes de coût, la stratégie porte-à-porte serait moins couteuse que le TIS et les sites fixes communautaires (respectivement 8,29$, 11,68$ et 19,26$ par client testé) [79]. La stratégie mobile serait également moins couteuse que la stratégie fixe en sites communautaires (14,91$ par client testé versus 26,75$) [73].

L’utilisation répétée des services de CTV

Les services sont parfois utilisés plusieurs fois par les mêmes personnes pour différentes raisons qui n’étaient pas décrites dans la littérature en 2008-2009 quand l’étude MATCH était mise en œuvre. Cependant cette pratique, ainsi que les comportements des personnes utilisant plusieurs fois les services de CTV avaient été analysés à travers les résultats d’études longitudinales en Afrique Australe et de l’Est. Ainsi Au Kenya, une étude auprès des jeunes avait montré que les garçons et les filles nullipares qui avaient utilisé plusieurs fois les services de CTV avaient des comportements sexuels à risque [23]. Par rapport à l’utilisation systématique du préservatif, une analyse qui a été faite en Ouganda en 2006 avait montré un niveau comparable entre les personnes qui avaient fait le test une seule fois et celles qui l’avaient réalisé plusieurs fois. Par contre ces dernières rapportaient plus souvent avoir plusieurs partenaires sexuels que celles qui avaient fait le test une seule fois ou qui n’avaient jamais fait de test. Enfin la pratique du CTV semblait ne pas avoir d’influence sur leurs comportements car l’incidence du VIH était de 1,4 personne année pour celles qui avaient fait le test plusieurs fois versus 1,6 personne année pour les personnes qui avaient fait le test une seule fois ou qui ne l’avaient jamais fait [81].
Ces résultats rejoignent ceux des études qui n’ont pas observé de changements de comportements après un test VIH. En Ouganda, une analyse avait montré qu’en milieu rural, le CTV n’avait pas d’impact sur les comportements sexuels des personnes qui avaient déjà fait leur test, le nombre moyen de partenaires sexuels de celles-ci étant comparable à celui des personnes qui n’avaient jamais fait de test [82]. Au cours d’une étude longitudinale au Zimbabwe (1998-2005), Cremin avait observé que le fait d’avoir fait le test n’avait pas d’effet sur les comportements sexuels des hommes. Par contre les femmes séropositives et séronégatives réduisaient le nombre de nouveaux partenaires sexuels [25]. Toujours au Zimbabwe, l’exacerbation des comportements sexuels à risque par les hommes testés séronégatifs a été trouvée en 2007 pendant que les femmes testées séropositives rapportaient plus souvent l’utilisation systématique du préservatif avec leurs partenaires sexuels réguliers [83].

Le CTV en Afrique de l’Ouest

Jusqu’en 2010, peu d’études en Afrique de l’Ouest s’étaient intéressées au CTV. La recherche sur pubmed et Cairn Info a montré que jusqu’à la fin de 2010, une vingtaine d’études concernant cette partie de l’Afrique avaient été publiées. Elles se rapportaient plus souvent au CTV auprès des femmes enceintes. Les pays francophones de ces études étaient plus souvent la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso où les essais cliniques DITRAME et DITRAME plus avaient été mis en œuvre.
Dans le cadre de la PTME, les différentes études conduites au Burkina Faso [84], en Côte d’Ivoire [85], et au Nigeria [86] avaient abouti à une bonne acceptation du dépistage par les femmes enceintes, en vue de prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant quand il le leur était proposé. Cependant les taux de retour pour la recherche des résultats variaient entre les pays, soit 58% en Côte d’Ivoire et 81% au Burkina Faso [87], et 95% au Nigeria [88]. Les défis liés au test des partenaires des femmes enceintes testées avaient également été notés au Nigeria [88]. Aussi très peu de femmes partageraient leur statut VIH avec leurs partenaires [89], qui réagissaient différemment à l’annonce du résultat positif de celles-ci [90].
Les obstacles à l’utilisation du CTV par les femmes enceintes avaient été analysés au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Les fréquentes ruptures en stocks de tests VIH avaient été trouvées au Bénin [91]. Le manque de temps et de compétences du personnel de santé avait été trouvé comme étant un obstacle à l’offre du test aux femmes enceintes en milieu rural au Burkina Faso en 2007 [92, 93]. En Côte d’Ivoire, les raisons du refus du test par les femmes enceintes avaient été analysées. Ces refus étaient liés au caractère incurable de l’infection à VIH, la vulnérabilité socioéconomique des femmes et à la stigmatisation [94]. Le rôle primordial du partenaire régulier dans la prise de décision de faire le test VIH avait également été décrit [95]. En milieu rural burkinabé, seul le fait d’avoir discuté du test avec le partenaire était le facteur lié à l’acceptation du test par les femmes enceintes [93].
Les études qui ne concernaient pas spécifiquement les femmes enceintes se rapportaient à l’utilisation des tests rapides, à l’acceptabilité du test et les obstacles au CTV. En 1993, Brattegaard et al. avaient montré qu’en Côte d’Ivoire l’utilisation des tests rapides pour le diagnostic du VIH était possible dans un contexte de pauvreté (sans eau ni électricité) et que cela permettrait d’accroitre l’accès au test [96]. En 2003, outre la stigmatisation des PVVIH, Castle avait analysé les perceptions erronées qu’il y avait sur le VIH au Mali, comme pouvant être de potentiels obstacles à l’utilisation des services de CTV [97]. En 2005, une évaluation de l’acceptabilité du test VIH en milieu rural burkinabé avait montré que 69% de la population accepteraient le test s’il le leur était proposé [98]. En 2007, une étude auprès des populations dans le nord du Ghana avait abouti à la conclusion que ces dernières accepteraient les communautaires comme prestataires de services de CTV [99]. Enfin, en 2008, en analysant les données d’un centre de dépistage au Sénégal, Ndiaye avait trouvé que la curiosité de connaître le statut VIH motivait 69% des demandes en test [100].

Gestion et analyse des données

Une fois les questionnaires remplis, ils étaient relus par les enquêtrices, puis par la coordonnatrice pour vérifier la cohérence et la complétude des données. Une double saisie des questionnaires a été réalisée sur le logiciel SNAP. Le nettoyage des bases de données a eu lieu en collaboration avec l’Université d’Amsterdam. Les données ont ensuite été analysées avec le logiciel SPSS 12.

Le volet qualitatif de l’étude MATCH

Des observations directes des sites de CTV, des entretiens individuels approfondis et des focus group ont été conduits.

Populations de l’étude

Les séances d’observation des activités de CTV ont eu lieu tout au long de la phase de collecte des données aussi bien au sein des centres de dépistage que dans les structures sanitaires. Les entretiens individuels approfondis ont été conduits avec des PVVIH, des responsables des structures et des prestataires de CTV, des informateurs clés PVVIH. Quant aux focus group, ils ont concerné les PVVIH, des utilisateurs des services de CTV pendant les campagnes, et des non utilisateurs des campagnes.

Taille de l’échantillon et échantillonnage

Les participants aux entretiens individuels approfondis
Le recrutement des PVVIH a eu lieu dans les mêmes sites que ceux utilisés pour le recrutement des utilisateurs des sites autonomes pour le volet quantitatif. Il s’agissait de structures disposant à la fois de service de CTV et de prise en charge. L’identification des PVVIH s’est faite avec la collaboration des responsables des structures de prise en charge communautaires. Ces derniers les ont identifié, puis leur ont parlé de l’étude avant tout contact avec les enquêtrices.
Aussi chaque responsable du centre de dépistage ou de la PTME et un prestataire de chaque site de recrutement des participants ont été interviewés. Le choix du prestataire s’est fait suivant la disponibilité du personnel de ces sites pendant la collecte des données quantitatives.
Le prestataire le moins disponible en ce moment a été interviewé. Quant à l’identification des informateurs clé PVVIH, elle a été faite à travers le réseau pour une plus grande implication des PVVIH (REGIPIV). Avec l’accord de ces informateurs clé, le REGIPIV a communiqué à l’équipe de recherche leurs coordonnées et des rendez-vous ont été programmés pour les entretiens individuels approfondis.
Les participants aux focus groups
Les PVVIH ont été invités soit par les responsables de prise en charge lors des prestations de services individuels ou lors des groupes de paroles. A ces occasions, les enquêtrices ont présenté l’objet de l’étude, et ont programmé une rencontre avec des volontaires répondant aux critères requis (sexe) pour le focus group. Chaque session de focus group a concerné des personnes de même sexe de la même association, et a été animée par deux enquêtrices. Avec l’accord des participants, chaque focus group a fait l’objet d’un enregistrement audio.
Quant aux participants qui ont fait leur test pendant les campagnes, ils ont été identifiés par les enquêtrices. Pendant les campagnes, à l’issue du post test, elles ont invité les utilisateurs des sites mobiles à participer à un focus group sur les campagnes de dépistage du VIH (date, lieu et heure préalablement définis). Les volontaires ont été invités pour le focus group. Quant aux non utilisateurs, ils ont été identifiés dans les formations sanitaires qui ne prenaient pas part aux campagnes. Les personnes présentes sur ces lieux ont été abordées par les enquêtrices qui ont cherché à savoir si elles avaient déjà fait leur test ou pas, et si oui était-ce pendant les campagnes ou pas. Seules les personnes qui ont déclaré n’avoir jamais fait le test pendant les campagnes ont été conviées aux focus group.

Outils de collecte des données

A l’aide d’une grille, les données d’observations des sites de CTV ont été recueillies à différents moments de la journée. Les informations collectées se rapportaient au fonctionnement du CTV (horaires de travail, moments d’affluences), l’organisation du CTV, la gestion des consultants et les relations prestataires-consultants.
Des guides d’entretiens spécifiques à chaque population de l’étude (PVVIH, prestataire, responsable de site, personne ressources PVVIH) ont été élaborés et administrés aux participants. Avec les PVVIH, des thématiques relatives au vécu du test, l’annonce du résultat à l’entourage, l’accès aux soins et aux services communautaires, la stigmatisation et autres difficultés liées à leur statut VIH ont été explorées. Avec les prestataires et les responsables CTV, les perceptions sur la pratique du CTV (offre et demande) au Burkina Faso et les difficultés pour la mise en œuvre du CTV ont été discutées. Enfin, avec les informateurs clés PVVIH, il s’agissait d’étudier leurs perceptions sur le CTV, et son évolution dans le temps et au Burkina Faso.
Des guides d’animation de focus groups avec les PVVIH ont également été conçus. Il s’agissait d’approfondir avec les participants le contenu des entretiens individuels, et de discuter de certaines tendances de données observées dans la partie quantitative. Les motivations et les barrières à l’utilisation des campagnes ont été discutées avec respectivement les utilisateurs et les non utilisateurs des campagnes de dépistage du VIH.
Enfin, avec l’ensemble des participants des suggestions pour améliorer le CTV au Burkina Faso ont été recueillies.

Collecte des données

En dehors de l’observation des sites, les autres données (entretiens individuels approfondis-EIA- et focus group) ont été collectées à la fin de la partie quantitative. Avec l’accord des participants, les entretiens individuels approfondis et les focus group ont fait l’objet d’un enregistrement audio. Puis chaque session d’observation, d’entretien individuel approfondi ou de focus group a fait l’objet d’un rapport.

Gestion et analyse des données

En ce qui concerne les données qualitatives, les EIA et les focus groups enregistrés ont été intégralement transcris, codifiés dans Nvivo® pour les analyses.
Un rapport préliminaire a été rédigé et les résultats ont fait l’objet d’une restitution nationale.

Les difficultés liées à la mise en œuvre de l’étude MATCH

Pour des raisons d’organisation ou de faible organisation sur les sites de l’étude, il n’a pas été possible d’établir un pas d’échantillonnage pour le recrutement des participants. Les utilisateurs ont été choisis soit systématiquement par les enquêteurs, soit en fonction de leur disponibilité (quand elles n’étaient pas en entretien). Il en est de même pour les non utilisateurs abordés dans les formations sanitaires. Le recrutement a été particulièrement long pour ces derniers car la plupart du temps les personnes abordées déclaraient avoir déjà fait leur test (1039 abordés pour un total de 312 enquêtés).
Spécifiquement en ce qui concerne les patients souffrant de la tuberculose, deux difficultés majeures ont marqué le recrutement des patients TB. La première est que les patients arrivent dans le but de prendre un traitement et de repartir aussitôt pour leurs occupations quotidiennes si bien qu’ils ont peu de temps pour une étude, la deuxième est la faible fréquence de nouveaux malades dans ces services de santé. En effet, au bout d’une semaine, la participation a été proposée aux patients habituels de ces centres. Le recrutement a été prolongé dans le CDT et le CNLAT. Les questionnaires ont souvent été administrés aux patients TB sur plusieurs jours.
En ce qui concerne les prestataires, l’échantillon initial n’a pu être atteint car le nombre de prestataires CTV dans les sites de l’étude n’était pas élevé. Et ces derniers étaient très sollicités, si bien que leurs entretiens ont parfois eu lieu en deux ou trois temps, sur plusieurs jours.

Considérations éthiques

Les sites de l’étude ont été retenus après discussion avec les responsables respectifs qui ont donné un accord favorable. La participation à l’étude a été volontaire. Pour éviter une influence quelconque sur la participation des clients, ce sont les enquêteurs qui ont discuté eux-mêmes avec les participants pour obtenir leur participation. Au moment de l’entretien, une fiche d’informations détaillées a été lue à l’enquêté et la collecte des données a commencé après la signature du formulaire de consentement par le participant et l’enquêteur. Les données ont été collectées de manière anonyme (pas de noms sur les questionnaires ou les enregistrements audio) et seuls des codes ont été utilisés. Pour garantir la confidentialité et protéger les participants, seules les personnes directement impliquées dans la conduite de l’étude ont eu accès aux informations collectées. Une compensation en nature (savon) a été donnée à chaque participant à l’étude pour compenser le temps passé avec l’enquêteur pour l’entretien. Pour tout déplacement d’un participant occasionné par l’étude, une somme forfaitaire de 1000 francs CFA (1,5 euros) représentant les frais de déplacement lui a été remboursée.
Le protocole a obtenu un avis favorable du comité d’éthique pour la recherche en santé du Burkina Faso (annexe 6) et du comité d’éthique de l’OMS.

Les limites de l’étude MATCH

Les données ont été collectées dans deux régions du Burkina Faso. La taille de l’échantillon et l’échantillonnage n’ont pas été statistiquement définies. On ne peut alors pas affirmer que les données sont représentatives de la situation nationale. Cependant les différentes approches qui ont été utilisées (qualitatives et quantitatives, l’intégration rural/urbain, ainsi que les interviews des utilisateurs et des acteurs) permettent d’être proche de la réalité. Aussi les données ont été collectées à une époque où des ressources plus importantes étaient accordées pour l’offre du CTV. Les résultats ne sont pas représentatifs de la situation actuelle car il y a eu une baisse des financements, avec des implications sur la qualité des services. On peut poser l’hypothèse que les insuffisances observées au cours de notre étude se sont aggravées. Pour des raisons éthiques, les enfants et adolescents n’ont pas été pris en compte dans notre étude. Il en est de même des populations clés qui sont actuellement prioritaires dans la riposte au VIH, et peu considérées au niveau national au moment de notre étude.

Enquête sur la perception des décideurs et acteurs du CTV sur les directives 2015 de l’OMS

Pour cette enquête, une revue documentaire, complétée par un recueil de données à distance ont été réalisés.

Revue documentaire

Deux documents ont été essentiellement exploités: il s’agissait des normes et directives du conseil et dépistage du VIH au Burkina Faso [106], et des directives de l’OMS sur le CTV, édité en juillet 2015 [36]. A l’aide d’une grille de lecture, les recommandations éditées par l’OMS depuis 2008 ont été recensées. Une lecture des normes et directives du dépistage au Burkina Faso a permis de relever les recommandations et les orientations de l’OMS qui n’y figuraient pas ou qui n’étaient pas en concordance avec ce qui était préconisé au niveau national. Puis un tableau comparatif entre ce qui était préconisé dans les normes et directives du VIH du Burkina Faso, et ce qui était recommandé par l’OMS a été établi. Ce tableau comportait également trois colonnes supplémentaires permettant au répondant d’apporter une appréciation sur l’acceptabilité de chaque recommandation de l’OMS dans le contexte burkinabé, sa faisabilité et aussi de faire des commentaires pour mieux expliciter ou justifier ses opinions.

Recueil des données à distance

Une liste des organisations et institutions influentes en CTV au Burkina Faso a été établie. Au sein de chacune de ces structures/institutions, une personne répondante (en général le responsable ou le point focal pour le CTV) a été ciblée (20 décideurs et acteurs du CTV de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et de Dédougou). L’outil de collecte des données leur a été envoyé par voie électronique pour une auto administration en septembre 2015, avec une fiche d’informations expliquant l’objet de l’étude. Des relances téléphoniques ont été faites en octobre et novembre 2015. L’outil de collecte des données abordait des thématiques relatives à leurs attitudes sur les approches innovantes pour l’offre du CTV (test de triage, auto-test, client index), les populations prioritaires qui devraient bénéficier de ces services (populations clés, adolescents, couples, enfants…), l’évolution des principes éthiques et les changements dans le suivi de la mise en œuvre du CTV.

Gestion et analyse des données

Pour évaluer l’acceptabilité des recommandations, une grille de notations en trois points a été définie (très favorable, favorable, pas favorable). Il en est de même de l’évaluation de la faisabilité (facile à réaliser, pas facile à réaliser, non réalisable) (Annexe 7).
Les réponses des répondants ont été dépouillées et analysées avec le logiciel Excel. Les réponses sur l’acceptabilité ont été regroupées en deux catégories pour l’analyse: la recommandation est «acceptable» si la réponse est «très favorable ou favorable», et il y a «opposition» si la réponse est «pas favorable». Les réponses sur la faisabilité ont également été regroupées en deux catégories pour l’analyse. La recommandation est «facile à réaliser» si la réponse est «facile à réaliser». Elle a été qualifiée de «pas facile à réaliser» si la réponse est «pas facile à réaliser» ou «non réalisable».

Limites de l’étude

Cette étude s’est intéressée aux décideurs et acteurs du CTV sur les nouvelles directives, et n’a pas exploré les perceptions des utilisateurs. Leurs opinions auraient permis d’avoir un large aperçu du niveau d’acceptabilité de celles-ci. D’autre part, un nombre limité d’experts des deux plus grandes villes du Burkina Faso a été ciblé. Cependant leur niveau d’influence dans les décisions sur les politiques et programmes de CTV au Burkina Faso permet d’affirmer que les résultats sont à même d’influencer les orientations futures du CTV dans le pays.

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Table des matières

1. INTRODUCTION GENERALE
1.1. GENERALITES SUR L’EPIDEMIE DU VIH
1.2. EPIDEMIOLOGIE DU VIH AU BURKINA FASO
1.3. GENERALITES SUR LE CONSEIL ET LE TEST VIH
1.3.1. Les avantages du conseil et du test VIH
1.3.2. Historique du conseil et du test de l’infection à VIH
1.3.3. Les recommandations actuelles des agences des Nations Unies sur le conseil et le test du VIH
1.3.3.1. Les innovations liées aux principes éthiques du CTV
1.3.3.2. Les stratégies et approches d’offre des services de test VIH
1.3.3.3. Les populations prioritaires
1.3.4. La situation du CTV dans le monde et en Afrique
2. REVUE DE LA LITTERATURE
2.1. LES FACTEURS LIES A L’UTILISATION DU CTV
2.1.1. Les facteurs sociodémographiques
2.1.2. Les facteurs socioculturels
2.2. LES OBSTACLES A LA PRATIQUE DU CTV
2.2.1. La stigmatisation et la discrimination liées au VIH
2.2.2. Autres obstacles
2.3. LES STRATEGIES D’OFFRE DU CTV
2.3.1. Le test à l’initiative du soignant
2.3.2. Le test à l’initiative du client
2.4. L’UTILISATION REPETEE DES SERVICES DE CTV
2.5. LE CTV EN AFRIQUE DE L’OUEST
3. JUSTIFICATION
4. QUESTIONS DE RECHERCHE
5. OBJECTIFS
6. METHODES
6.1. LE VOLET QUANTITATIF DE L’ETUDE MATCH
6.1.1. Population de l’étude
6.1.2. Taille de l’échantillon et échantillonnage
6.1.3. Outils de collecte des données
6.1.4. Collecte des données
6.1.5. Gestion et analyse des données
6.2. LE VOLET QUALITATIF DE L’ETUDE MATCH
6.2.1. Populations de l’étude
6.2.2. Taille de l’échantillon et échantillonnage
6.2.3. Outils de collecte des données
6.2.4. Collecte des données
6.2.5. Gestion et analyse des données
6.3. LES DIFFICULTES LIEES A LA MISE EN OEUVRE DE L’ETUDE MATCH
6.4. CONSIDERATIONS ETHIQUES
6.5. LES LIMITES DE L’ETUDE MATCH
6.6. ENQUETE SUR LA PERCEPTION DES DECIDEURS ET ACTEURS DU CTV SUR LES DIRECTIVES 2015 DE L’OMS
6.6.1. Revue documentaire
6.6.2. Recueil des données à distance
6.6.3. Gestion et analyse des données
6.6.4. Limites de l’étude
7. RESULTATS
7.1. PARTIE 1. ETAT DES LIEUX DU CTV AU BURKINA FASO
7.1.1. Organisation des services de conseil et de test VIH au Burkina Faso
7.1.2. Historique du conseil et du test du VIH au Burkina Faso
7.1.3. Normes et directives de conseil et de dépistage du VIH du Burkina Faso
7.1.4. Connaissances sur le CTV au Burkina Faso
7.1.5. Article 1. Dix ans d’investissement dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso: quelles leçons tirer des stratégies et des résultats du conseil et du dépistage du VIH pour la période 2006-2015?
7.1.6. Discussion-partie 1
7.1.6.1. Le cadre organisationnel
7.1.6.2. La couverture en test à l’initiative du soignant
7.1.6.3. Le test à l’initiative du client
7.2. PARTIE 2. LES ACQUIS ET LES LIMITES DU CTV AU BURKINA FASO
7.2.1. Les données quantitatives de l’étude MATCH
7.2.2. Les données qualitatives de l’étude MATCH
7.2.3. Les résultats globaux de l’étude MATCH
7.2.4. Les pratiques des services de CTV au Burkina Faso par les utilisateurs
7.2.4.1. Article 2. Profil et motivations des usagers au dépistage VIH communautaire au Burkina Faso: quelle contribution à l’objectif 90-90-90?
7.2.4.2. Article 3. Rationalization of HIV testing services (HTS): understanding the reasons for reducing “inappropriate” uses in Burkina Faso
7.2.5. La stigmatisation des PVVIH au Burkina Faso
7.2.5.1. Article 4. La stigmatisation des PVVIH en Afrique : analyse de ses formes et manifestations au Burkina Faso
7.2.6. Les enjeux et défis des prestataires pour une offre du CTV conforme aux normes requises.
7.2.6.1. Article 5. Le conseil post-test encourage-t-il les PVVIH à partager leur statut sérologique? Pratiques et suggestions des conseillers au Burkina Faso
7.2.6.2. Article 6. Les services de conseil et de test du VIH face aux objectifs des Nations-Unies : perceptions, pratiques et défis des prestataires au Burkina Faso
7.2.7. Discussion – Partie 2
7.2.7.1. Les stratégies nationales de CTV
7.2.7.2. Les approches communautaires
7.2.7.3. L’équité dans l’accès au CTV
7.2.7.4. La qualité des services de CTV
7.2.7.5. Le cadre physique
7.2.7.6. Des ruptures en intrants de dépistage
7.2.7.7. Les ressources humaines
7.2.7.8. La stigmatisation des PVVIH
7.3. PARTIE 3. LES DEFIS LIES A LA MISE EN OEUVRE DU CTV, CONFORMEMENT AUX DERNIERES DIRECTIVES DE L’OMS
7.3.1. Article 7. Les politiques et stratégies de dépistage pays à l’épreuve des directives de l’OMS : analyse de l’applicabilité et de l’acceptabilité de différentes recommandations sur les services de test VIH au Burkina Faso.
8. DISCUSSION GENERALE
8.1. LES ENJEUX ET LES LIMITES LIES A L’OFFRE DU CTV
8.2. LES ENJEUX ET LES LIMITES LIES A LA DEMANDE DU CTV
8.3. LES ENJEUX ET LES LIMITES LIES AU SYSTEME DE SANTE
8.4. LES ENJEUX ET LES LIMITES LIES AUX CHANGEMENTS DES POLITIQUES ET STRATEGIES DE CTV
9. CONCLUSION
10. RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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