Soutenance mémoire
Pour une explication du sous-développement
Le développement linéaire (Les cinq étapes de la croissance de Rostow)
Les PED, au lieu de se poser la question du pourquoi le sous-développement, devraient s’interroger sur le processus de développement lui-même. Dans cette optique de linéarité du processus de développement, le sous-développement se définit simplement comme la conséquence du fait que la diffusion du progrès économique et de la révolution industrielle, n’a pas encore eu le temps de se réaliser partout, d’autant plus que le développement est un phénomène lent et progressif qui peut prendre des décennies et même des siècles.
De nombreux auteurs ont développé cette conception parmi lesquels Marx, qui écrit dans la préface du Capital : « Le pays qui est industriellement le plus avancé ne fait que montrer au pays moins développé l’image de l’avenir qui l’attend » . Cependant, la plus connue, est sans nul doute la présentation de W.W. Rostow dans « les étapes de la croissance économique ».
Ces étapes sont les suivantes :
-la société traditionnelle, qui est une société agricole, stationnaire, où la terre est la seule source de richesse, où les sciences et les techniques ont peu d’impact, qui n’éprouve pas le besoin de changement, et où l’organisation de la production est déterminée par les traditions ancestrales ;
-les conditions préalables au changement : les idées et les comportements évoluent, des informations favorables au progrès se diffusent, l’éducation se développe, les taux d’épargne et d’investissement augmentent, la technologie s’introduit dans la production et la productivité s’accroît, enfin le commerce se développe et les entrepreneurs apparaissent ;
-le décollage (take-off) : « En règle générale, on peut remonter le début d’un démarrage à l’action d’un stimulus particulièrement actif,…» .
C’est la période pendant laquelle les anciens blocages et résistances au changement sont vaincus, le taux d’investissement double et dépasse 10% du revenu national autorisant une progression marquée de la production réelle par habitant, des industries motrices ont des effets industrialisants, l’Etat joue un rôle moteur et la croissance devient auto-entretenue et régulière ;
-la marche vers la maturité, où la technologie moderne se répand à toutes les activités économiques, l’échelle de production augmente, les fabrications se diversifient et s’étendent à tous les secteurs, notamment les biens de production ;
-l’âge de la consommation de masse, où les besoins essentiels sont satisfaits pour toute la population, tandis qu’une classe moyenne nombreuse accède à la consommation de biens durables et atteint un niveau de vie élevé.
Il est à noter que selon cette théorie, le leitmotiv d’une société repose sur l’accomplissement de conditions comme :
« (ï) une hausse du taux de l’investissement productif, qui passerait par exemple de 5, ou moins de 5, à plus de 10% du revenu national (ou du produit national net : PNN).
(ïï) la création d’un ou plusieurs importants secteurs de l’industrie de transformation ayant un taux de croissance élevé.
(ïïï) l’existence ou la mise en place rapide d’un appareil politique, social et institutionnel, qui exploite les tendances à l’expansion dans le secteurs moderne…».
Remarquons que ces conditions supposent que la société soit capable, dans une très large mesure, de mobiliser des capitaux sur le marché intérieur.
En somme, si certains pays n’arrivent pas à avancer dans ces étapes c’est dû au fait qu’ils n’arrivent pas à répondre positivement aux impératifs de l’étape de démarrage .
Critique de la conception linéaire du développement
« On pourrait croire que les partisans de cette théorie sont assez objectifs surtout quand ils parlent de la situation économique des pays du Sud. Mais une analyse plus approfondie révèle plusieurs choses. » . Ainsi, grand nombre de critiques ont été formulées à l’encontre de la théorie du développement linéaire. « Premièrement, les partisans de cette théorie considèrent le sous-développement comme une étape nécessaire et transitoire que chaque pays doit traverser et que les pays industriellement avancés ont déjà laissé derrière eux. Il est évident qu’une telle approche aboutit à une conclusion importante du point de vue pratique : les pays économiquement retardés doivent adopter le modèle de développement socio-économique par lequel sont déjà passés les pays capitalistes développés…» Y. Popov avance ici que les PED ne peuvent connaître certaines étapes du développement que les PD ont connu auparavant telles que la colonisation (cas de la Grande Bretagne, de la France, l’Allemagne dans les années cinquante) et que cette conception, la linéarité du processus de développement, ne fait que mettre en lumière la réussite de l’économie occidentale et s’avère inadéquate pour expliquer la situation actuelle des PED.
« Deuxièmement, le problème du développement est considéré dans cette optique en dehors de l’histoire […] Les conceptions du ‘sous-développement’ ne permettent pas de savoir si ces pays ont toujours été sous-développés et ‘pauvres’ et quelles sont les causes de leur sous-développement et de leur pauvreté ? » .
Ici, il s’agit de prendre en compte l’histoire et de souligner que le retard social et économique des PED est un phénomène historique nouveau. Au cours de l’histoire, certaines régions occupées aujourd’hui par ces pays avaient un très haut niveau de civilisation qui exerçait une influence considérable sur la formation des connaissances et de la culture de toute l’humanité. L’Egypte, par exemple, bien avant notre ère, avait une écriture et des connaissances élémentaires dans de nombreuses sciences.
Et pour ce qui s’avère encore plus important, cette théorie « […] n’analyse pas les conditions sociales et économiques du renouvellement du retard économique et des rapports de dépendance et de soumission qui dominent au sein du système capitaliste mondial.» .
En effet, les convictions d’Y.Popov insistaient sur le fait que Rostow (dans sa conception) ne tenait pas compte de l’environnement international et ignore l’immense écart qui s’est créé au cours des années dans l’économie mondiale entre les niveaux socio-économiques des PED et des PD. En définitive, constatons que les arguments avancés par les auteurs penchant pour une explication linéaire du développement se révèlent trop simplistes pour pouvoir expliquer le sous développement des PED. D’où la proposition d’analyser le sous-développement et la paupérisation des PED sous l’angle de l’impérialisme.
L’impérialisme
« L’impérialisme des puissances occidentales a d’abord pris la forme de la colonisation directe dès le XVIe siècle en Amérique latine, puis au XIXe siècle en Asie et en Afrique. Après les indépendances (dès 1800 en Amérique, 1960 en Afrique), il s’est transformé en néocolonialisme, plus économique que politique. » .
La définition de Kautsky est celle-ci : « L’impérialisme est un produit du capitalisme industriel hautement évolué. Il consiste dans la tendance qu’a chaque nation capitaliste industrielle à s’annexer ou à s’assujettir des régions agraires toujours plus grandes quelles que soient les nations qui les peuplent » Selon les termes d’Y. Popov : « […] la dépendance qui date de l’époque coloniale se fait sentir jusqu’à présent dans toutes les grandes sphères de la vie économique des pays en voie de développement. En ce qui concerne la production, ces pays en voie de développement dépendent de l’impérialisme car ils manquent de moyens financiers, d’équipement et des pièces de rechange, de spécialistes de documentations technologiques, etc. » .
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Table des matières
Introduction
Partie I : Les réalités économiques dans les pays en développement
Chapitre I : Pour une explication du sous-développement
Section I – Le développement linéaire (Les cinq étapes de la croissance de Rostow)
Section II – Critique de la conception linéaire du développement
Section III – L’impérialisme
Chapitre II : L’endettement
Section I – Le consensus de Washington
Section II – Critique du consensus de Washington
Section III – Assistance et endettement
Partie II : Le développement des PED
Chapitre I : Effectivité de la politique monétaire appliquée pendant l’ajustement structurel
Section I – Les résultats économiques et financiers avant 1997
Section II – Les résultats économiques et financiers après 1997 (de 1997 à 2002)
Chapitre II : Comment se sont développés les pays qualifiés actuellement de développés
Section I – Le Japon du Meiji
Section II – Cas de Madagascar
Section III – Formulation objective
Chapitre III : Propositions de recommandations pour les PED pour se dégager de l’assistanat
Section I – La souveraineté nationale
Section II – Financement de l’économie par le système bancaire
Section III – Priorité et stratégies
Conclusion
