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Le développement local dans les pays en voies de développement
Le concept de développement local est apparu dans les pays sous développés depuis environ une quinzaine d’année. L’échec des politiques traditionnelles de développement dans ces pays a favorisé cette apparition.
Alors que peu de pays sont arrivés à se détacher dusous-développement, d’autres phénomènes viennent aggraver la situation des pays pauvres : terrorisme, dégradation de l’environnement, le SIDA, les guerres civiles, les fléaux naturels…Le problème du sous-développement est une question de survie. La mondialisation affaiblit la possibilité de développement des petites entreprises et des petits marchés. Les territoires ont du mal à s’intégrer dans le processus de mondialisation. Pour arriver à s’intégrer dans le nouveau système économique mondial, les territoires doiventtrouver une offre spécifique, capable de marquer le marché : concept d’ « économie du monde». En gardant leur position dominatrice, les grands pays ne peuvent apporter efficacement des solutions aux problèmes des pays pauvres. Les actions menées au niveau des institutions internationales étaient d’ordre macro dont les impacts ne sont pas, ou sont peu, ressentis par les couches de population les plus pauvres.
De plus, les pays pauvres sont caractérisés par l’existence d’inégalités au sein des différentes localités à l’intérieur du pays ; des onesz sont plus pauvres que d’autres. Certains auteurs qualifient ces localités « pauvres » de «territoires oubliés ». L’inégalité est perçue entre les différentes régions d’un pays, les différents quartiers d’une ville ou les différents villages d’une région. Le développement local a pour ambition de réduire ces inégalités.
Enfin, lorsque le développement vient du bas, les cultures et traditions sont plus respectées. La communication est plus facile entre les villageois et les actions sont plus appropriées aux besoins locaux. Les pays pauvres sont composés de sociétés fortement attachées aux coutumes et traditions. L’introduction d’une nouvelle technique ou d’une nouvelle méthode d’organisation constitue souvent des tâches complexes.
Les conditions de la réussite du développement local
La dynamique locale
La première condition de fondement du développementlocal est le dynamique de l’intérieure. Il est caractérisé tout d’abords parune prise de conscience de la population locale de leur « désir » d’améliorer leur niveau de vie, de développer leur communauté, leur localité. Cette prise de conscience, qui doit donc être à la fois collectif et individuel, devra générer un sentiment de solidarité local. Cette solidarité estl’un des éléments clés de la réussite d’un développement local. Elle se manifeste par la création d’un réseau dans lequel se tissent des relations, non pas seulement marchandes mais qui peuvent prendre des formes les plus complexes, qui aboutissent plus tard à la réalisation d’une activité productive.
Ainsi, plusieurs causes peuvent inciter cette dynamique locale:
La situation géographique de la localité rejoignantl’idée d’une localité oubliée due par exemple à son enclavement ou à son absence de resso urces pouvant intéressées l’autorité centrale…
Une expérience négative, un sentiment de déceptionvis-à-vis de l’Etat central, un « vide social » peuvent conduire à une prise de con science de la population locale réalisant qu’il leur faudrait prendre leur destin en main ;
Une vision alimentée par l’extérieur : une personnevenant de la localité, ayant acquis des expériences enrichissantes de l’extérieure, peuvent revenir investir et/ou partager ses visions sur le futur de sa localité. Elle peut ainsi être à l’origine de l’impulsion dont la population locale a besoin créant ainsi uneffet « boule de neige » ;
L’ouverture, l’élargissement du partenariat local,la recherche de consensus pour éviter les oppositions au sein du territoire, la recherche d’une extension du champ de compétences : plus les enjeux sont partagés, plus al dynamique sera renforcée et ses effets seront ressentis par l’ensemble de la population concernée. Par conséquent, les différentes rivalités d’ordre ethnique ou cultureldoivent être mises en dernier plan au profit du bien être de l’ensemble de la populationlocale ;
Ce dernier point a pour conséquence l’appropriation (institutionnalisation). En effet, les enjeux partagés signifient que les gens s’identifient à la dynamique locale et l’intègrent dans leurs stratégies individuelles et collectives. Le processus n’est plus remis en question, il fait partie du quotidien, il s’institutionnalise de manière informelle dans un premier temps, et puis formellement quand il est ensuite repris dans les dispositifs de programmation de la politique locale de développement.
L’approche en réseau
Donner à l’approche en réseau une place de premier choix dans le processus de développement est la deuxième condition du développement local. Cette approche en réseau se caractérise par le renforcement mutuel des stratégies d’acteurs sous la forme de partenariats locaux.
Trois types de partenariats locaux peuvent exister:
· un partenariat créé à partir de l’initiative individuelle des personnes ;
· un partenariat créé à partir de l’initiative d’entreprises ou plus généralement d’organismes professionnels qui revendiquent une place privilégiée dans les décisions économiques ;
· un partenariat créé à partir de l’initiative des pouvoirs publics – locaux ou non – qui suppléent à une initiative privée rare ou défaillante.
Les collectivités territoriales décentralisées (CTD) à travers la gouvernance locale peuvent tisser des liens et des partenariats intercommunalités comme le système de jumelage que ce soit au niveau national ou international.
La décentralisation
Les Régions, les Districts et les Communes sont des échelons territoriaux issus du découpage juridique de l’espace national. Ils jouent un rôle primordial dans la planification et l’aménagement du territoire.
La décentralisation est la troisième condition de éussiter du développement local. La décentralisation est une des voies qui vise la convergence entre la structuration administrative et les réalités géographiques et économiques. Avecune bonne organisation faisant en sorte qu’aucun conflit de pouvoir ne doit exister au niveau des autorités compétentes, l’intervention économique locale devra être considérée comme relevant de la compétence de la Région, à laquelle les Districts et les Communes auront vocation à s’associer.
Entre les enjeux nationaux et les réalités locales,la planification appuie les leviers locaux du développement. Les acteurs locaux doiventà tout prix participer à l’élaboration des projets de développement local pour que le contenu puisse répondre vraiment aux aspirations de la population locale afin de mieux traiter les problèmes internes de développement.
CONTEXTES GENERALES DU SYSTEME « HIMO »
Définition et Objectif
Selon le BIT, « l’approche HIMO consiste à mobilise r au maximum les ressources locales pour la construction ou la réhabilitation des infrastructures rurales et urbaines, dans le but de créer des emplois, de stimuler la participation de la population et de favoriser le transfert de technologie et la fabrication locale des matériaux, petits équipements et outillages. »5
La technique HIMO crée donc des emplois pour une main d’œuvre non qualifié permettant de réduire ainsi l’insécurité alimentair « d’urgence ». En même temps, elle va mettre en place des infrastructures sociales et économiques permettant à la population d’accéder à de meilleurs services dans les domaines tels que l’éducation, la santé, l’assainissement…
Cette approche essaie donc d’intégrer le concept d’«utilisation optimale des ressources locales»6 et favorise une approche plus participative et une appropriation de la population locale dans la mise en place des infrastructures nécessaires au développement d’une localité.
Elle est surtout adaptée pour les petites infrastructures en milieu rural et urbain. Ces infrastructures relèvent de la responsabilité du Gouvernement central mais aussi, et cela depuis la mise en place d’une décentralisation, de plus en plus des autorités locales.
Le programme HIMO dans les pays en développement n’est pourtant pas une solution au chômage mais cible plutôt le problème de sous-em ploi. Ainsi son objectif premier est donc de créer un grand nombre d’emplois à court-terme pour les travailleurs les plus pauvres.
Historique
A Madagascar, l’HIMO a déjà fait ses preuves depuis longtemps. En effet, elle a déjà été utilisée pendant la période coloniale. Il futn utemps, cependant où elle a été abandonnée, même pour la construction ou la réhabilitation despistes et des petites ouvrages, au profit des méthodes mécaniques étant donné que le rendement detravail de celles-ci est autrement plus élevé et que l’utilisation de nouvelles technologies étaient supposée permettre d’avoir des ouvrages et des infrastructures de bonnes qualités .
La Banque mondiale et l’OIT ont été parmi les premières organisations internationales à encourager les pays en développement à adopter un e technologie intensive en main d’œuvre. En effet, étant donné que la main d’œuvre y est abondante et les capitaux sont rares, la Banque Mondiale et l’OIT ont soutenu que les méthodes HIMOse justifiaient d’un point de vue économique et social, puis que sous certaines conditions elles étaient en fait plus compétitives d’un point de vue financier.
Domaines d’application
La technique HIMO est utilisée dans plusieurs domaines et ne se limite pas seulement dans le domaine des routes.
Domaine routier
La technique HIMO s’emploie principalement pour la construction, la réhabilitation et l’entretien des pistes ou routes en terre. Autrement, pour les routes revêtues on l’utilise généralement pour la construction des structures enmaçonnerie (fossés, buses, dalots, ponceaux, murs de soutènement et murs de retenues…) , pour les travaux préliminaires tels que le décapage, désherbage, abattage d’arbres…, po ur les travaux de protection anti-érosion tels que la plantation d’arbres, d’arbuste ou d’her bes et quelque fois lors de l’entretien de ce type de routes.
Infrastructures urbaines
Dans les villes telles qu’Antananarivo, elle est généralement employée pour la remise en état des routes pavées ou bétonnées, pour la semi en place ou la remise en état des trottoirs, pour la construction et l’entretien des parcs et autres espaces verts, pour le ramassage des ordures, pour leur recyclage et compostage, pour l’évacuation des égouts et des caniveaux…
Construction de bâtiments
On peut l’adopter pour la construction de bâtiment de faible importance tel que les logements, les écoles primaires et secondaires, les infrastructures de santé de base, les marchés… Autrement, les matériaux de construction n écessaires peuvent aussi être conçus en employant le système tel que les briques, les moellons, les tuiles, tous travaux de bois et de menuiserie…
Irrigation
Elle concerne tout autant les grands que les petits périmètres pour leur construction, leur réhabilitation, leur entretiens, les travaux de terrassement, les prises d’eau, les canaux d’alimentation et de drainage…
Reboisement
Cette activité s’avère de plus en plus en vogue ences temps où la lutte contre le changement climatique est devenue une nécessité pour de nombreux pays. Ainsi, l’HIMO peut y jouer un rôle d’importance tant dans la mise en place des pépinières et du repiquage que dans l’entretien et le gardiennage étant donnéque c’est le moyen le plus rapide pouvant être appliqué sur une très grande surface.
L’Organisation Internationale de Travail (OIT) et l’HIMO
L’OIT stipule dans la Déclaration de l’OIT de Philadelphie de 1944 que l’un des principaux obstacles à la paix et à la sécurité est le sous-emploi à grande échelle.
La promotion et le soutien pour la création d’emplois productifs et décents dans les pays en développement constituent donc un des principaux objectifs de l’OIT. Cela grâce à des politiques et des programmes d’investissement à Haute Intensité de Main-d’Oeuvre dans le secteur de l’infrastructure et de contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté, au développement économique et au progrès social.
Le sommet de COPENHAGUE et l’HIMO
Ce sommet s’est tenu du 6 au 12 Mars 1995 et avait pour objectif le développement social concernant l’accroissement des possibilités de travail et de la productivité dans les secteurs ruraux et urbains des pays en développement7.
Cet objectif devra se réaliser par l’investissement dans le développement des ressources humaines, la promotion des technologies qui génèrent des emplois productifs, et l’encouragement au travail indépendant, à l’esprit d’entreprise et aux petites et moyennes entreprises. Le programme d’action du Sommet déclare que les investissements à haute intensité de main-d’œuvre dans les infrastructures devraient être encouragés. Le programme d’action met l’accent sur la création et l’essor des entreprises du secteur privé, la nécessité de faciliter leur accès au crédit, aux marchés, à la ormationf et à la technologie, et sur la prise en compte progressive des normes du travail et de la protection sociale.
Le Programme Nationale pour le Soutien à l’Empl oi (PNSE) et l’HIMO
Le PNSE est l’instrument de mise en œuvre de la loi N°004-2005 du 10/05/05 portant Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Cette politique, qu’on va développer plus dans le chapitre suivant, émet l’idée d’une lutte contre lapauvreté à travers la promotion de l’emploi productif.
Le PNSE a donc « pour finalité la généralisation del’emploi décent pour réduire la pauvreté ». Il se focalise ainsi sur les moyens pour la concrétisation des objectifs pouvant permettre l’accès pour toute la population à des em plois lui permettant d’avoir des revenus stables donc de relever son niveau de vie.
Ainsi, le PNSE se déclinent en 3 axes stratégiques:
– Axe stratégique 1 : Développement local des compétences ;
– Axe stratégique 2 : Dynamisation des secteurs générateur d’emploi ;
– Axe stratégique 3 : Amélioration du cadre légal etinstitutionnel de l’emploi.
Dans son axe stratégique 2 qui vise la « dynamisation des secteurs générateurs d’emploi », il essaie, entre autre, d’intégrer l’approche HIMO dans l’amélioration de la productivité des PME et des bureaux d’études en BTP. En effet, il y est exposé les différents problèmes que rencontrent les PME et bureaux d’études en BTP et que l’approche HIMO peut contribuer à résoudre. Ainsi, ce programme entend relever le niveau des PME et bureaux d’études dans les différentes Régions de l’île parl’apport de formation aux techniques HIMO. Le but étant de contribuer à rehausser leur productivité, de leur offrir des opportunités en vue d’accéder aux marchés publics et de permettre en conséquence de réduire le chômage au niveau local.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CONCEPTS THEORIQUES DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET DU SOUS-EMPLOI et CONTEXTES GENERALES DE L’APPROCHE HIMO
Chapitre I. THEORIES ET CONCEPTS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
1.1. Définition
1.2. Emergence et contexte
1.3. Le développement local dans les pays en voies de développement
1.4. Les conditions de la réussite du développement local
1.4.1 La dynamique locale
1.4.2 L’approche en réseau
1.4.3 La décentralisation
Chapitre II. CONTEXTES GENERALES DU SYSTEME « HIMO »
2.1 Définition et Objectif
2.2 Historique
2.3 Domaines d’application
2.3.1. Domaine routier
2.3.2. Infrastructures urbaines
2.3.3. Construction de bâtiments
2.3.4. Irrigation
2.3.5. Reboisement
2.4 L’Organisation Internationale de Travail (OIT) et l’HIMO
2.5 Le sommet de COPENHAGUE et l’HIMO
2.6 Le Programme Nationale pour le Soutien à l’Emploi (PNSE) et l’HIMO
2.7 Les projets HIMO à Madagascar
2.7.1. Les projets FID (Fond d’Intervention pour le Développement)
2.7.2. Les projets HIMO au niveau de la Région Analamanga
Chapitre III. LE CONCEPT DE SOUS EMPLOI
3.1 Définition
3.2 Le concept actuel du sous-emploi
3.2.1. Généralité
3.2.2. Les différents sortes de sous-emploi
3.2.3. La situation générale du sous-emploi à Madagascar
3.3 La promotion de l’emploi productif
3.3.1. Le sommet d’OUAGADOUGOU
3.3.2. La Politique Nationale de l’Emploi (PNE)
3.3.3. De la promotion d’emplois productifs au développement local
Chapitre IV. DIAGNOSTIQUES DE L’APPROCHE HIMO
4.1 Les acteurs clés de l’approche HIMO
4.2 Diagnostiques de l’approche HIMO
4.2.1 La population locale et la communauté bénéficiaire
4.2.2 Les institutions d’appui
4.2.3 Les autres bénéficiaires
4.2.4 Le gouvernement et la localité
4.3 Lien entre l’approche HIMO et le Développement local
DEUXIEME PARTIE : REALITES de l’approche HIMO
Chapitre I. PRESENTATION DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOHIMANGAKELY
1.1. Localisation administrative et géographique de la zone d’étude
1.2. Description de la zone d’étude
1.2.1. Le milieu humain
1.2.2. Le milieu physique
Chapitre II. LES REALITES DE L’APPROCHE HIMO DANS LA COMMUNE RURALE d’AMBOHIMANGAKELY
2.1 Analyse du sous-emploi dans la Commune
2.1.1. Le sous-emploi visible
2.1.2. Les autres formes de sous-emploi
2.2 Les différents projets HIMO initiés dans la Commune
2.3 Réalités de l’approche HIMO dans la Commune Rurale d’Ambohimangakely
2.3.1. Caractéristiques des ménages enquêtés
2.3.2. Diagnostiques de l’approche HIMO pour le cas de la Commune Rurale d’Ambohimangakely
Chapitre III. ETUDES COMPARATIVES DE L’APPROCHE HIMO ET DE L’APPROCHE HIEQ
3.1 Généralité sur l’approche HIEQ
3.2 Critères de choix économique et sociale entre une intervention HIMO et une intervention hautement mécanisée
3.3 Critères de choix du point de vue technique entre une intervention HIMO et une intervention mécanisée
3.4 Comparaison entre HIMO et HIEQ
3.4.1. Comparaison entre HIMO et HIEQ dans différents pays étrangers
3.4.2. Comparaison entre approche HIMO et HIEQ à Madagascar
Chapitre IV. SYNTHESES GENERALES ET RECOMMANDATIONS PERSONNELLES
4.1 Synthèses générales
4.2 Recommandations personnelles
4.2.1 Mettre en place des politiques et stratégies de mise en oeuvre et de suivi de l’approche
4.2.2 Pérennisation des avantages apportés par les projets HIMO pour les ménages
4.2.3 Aide aux PME et BE locaux
4.2.4 Combiner les deux technologies pour assurer la qualité tout en maintenant un coût avantageux
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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