Les ravageurs animaux du cotonnier
Description générale
On a dénombré en Afrique tropicale environ 480 espèces d’insectes, acariens, myriapodes et nématodes vivant aux dépens du cotonnier, dont un grand nombre sont nuisibles à sa culture. Ils s’attaquent aux différents organes de la plante, soit en les dévorant, soit en en suçant la sève, soit en y introduisant de la salive toxique ou des germes de maladies ou de pourritures. Ainsi nous avons :
– l’intérieur des graines de semis qui peut être mangé par des larves de taupin ;
– les plantules qui sont dévorées ou cisaillées par des grillons, sauterelles, millepattes, ou sucées et déformées par des thrips et des pucerons ;
– les racines qui sont détruites par des termites, des chenilles de Siagrus et d’Agrotis ou piquées par des cochenilles souterraines et des nématodes;
– les tiges qui sont piquées ou sucées par des chenilles d’Heloptis, des punaises, des cochenilles, ou minées par des larves d’Earias ;
– les feuilles qui sont dévorées par des chenilles (Spodoptera, Sylepta, Cosmophila) et des criquets, piquées ou sucées par des thrips (Lygus, Bemisia), jassidés, pucerons, acariens (Polyphagotarsonemus et Tetranychus) ;
– les boutons floraux qui sont détruits et piqués par des Lygus ou des larves d’Heliothis, Diparopsis ou d’Earias ;
– les capsules qui sont détruites à l’état jeune ou endommagées à l’état plus développé par des larves d’Heliothis, Diparopsis, Earias qui s’y installent ou par des Dysdercus ou autres punaises qui les piquent ; en outre, la présence de larves de Pectinophora (ver rose) ou de Cryptophlebia (ressemblant au précédent) dans les jeunes graines dont elles se nourrissent, entraîne pourriture et mauvaise ouverture des fruits ;
– enfin, la fibre elle-même qui est souillée par des miellats sécrétées par des les Bemisia ou les pucerons lorsqu’ils sont présents en grand nombre sur les plants après l’arrêt des traitements insecticides chimiques.
Insectes du cotonnier
Parmi ces insectes qui s’attaquent au cotonnier, beaucoup sont des larves de lépidoptères. En effet, les adultes des lépidoptères, les papillons sauf rare exception, ne s’attaquent pas directement aux végétaux, mais leurs larves, les chenilles, sont des phytophages voraces et de ce fait, sont parmi les plus dangereux ennemis des cultures. L’appareil buccal des chenilles est du type broyeur. Ces chenilles dévorent les organes de la plante et certaines dites < foreurs > vivent en mineures à l’intérieur des tiges de graminées et aussi parfois, creusent des galeries dans les feuilles et les fruits [4]. Il existe 4 à 5 mues larvaires, après la dernière mue, la chenille cesse de se nourrir et se transforme en une chrysalide d’où émergera le papillon [4], [19]. Dans le cas du cotonnier, les lépidoptères noctuidae sont les insectes les plus nuisibles ; les plus fréquent au Sénégal Oriental sont : Spodoptera littoralis , Heliothis armigera , Earias insulana , Sylepta derogata , Cosmophila flava , Diparopsis watersi .
Spodoptera littoralis
Son ancien nom est Prodenia litura [15], Spodoptera littoralis a été recensée dans le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient et en Afrique [30]. La chenille peut atteindre 50 mm. A sa naissance, elle est de couleur verte vive et la tête et la plaque thoracique noir brillant. Ensuite elle devient brun verdâtre au terme de sa croissance, brun noire, tache de blanc avec une ligne dorsale brun-rouge séparant deux rangées symétriques de taches moires à l’aspect velouté, bordées à leur base par une bande jaune [4]. Cette noctuelle est l’un des ravageurs tropicaux les plus redoutables en raison de sa grande polyphagie (mil, sorgho, maïs, cotonnier [24]), de sa voracité (endommage les tiges, les fleurs, les bractées et même les capsules [15]), de sa proliféracité et de la rapidité de son développement [4]. A leur éclosion, les chenilles demeurent groupées à la face inférieure des feuilles dont elles rongent le parenchyme, puis elles se dispersent en se laissant choir au bout d’un fil de soie [4]. Les adultes ont une fécondité de quelques centaines à près de 4000 œufs qui deviennent des larves après une incubation de 1 à 10 jours suivant les climats [1]. Son développement au cours duquel elle franchit généralement 6 stades larvaires [13], dure 2 à 3 semaines. Puis elle s’enfouit à faible profondeur dans le sol et se nymphose. La chrysalide éclot 10 jours plus tard [1]. Remarquons que durant les trois premiers stades, la larve reste sur une plante durant la journée, puis elle acquiert des mœurs nocturnes, se nourrissant seulement la nuit et se cachant dans les crevasses du sol et les débris de végétaux pendant le jour [4].
Heliothis armigera
Il était anciennement appelé Helico verpa. C’est le ver de la capsule du cotonnier. Ce ravageur est bien répandu dans le monde. Il se trouve en Afrique, en Europe méridionale, en Asie, en Australie et en Nouvelle Zélande [24].c’est un polyphage puis qu’on le retrouve aussi bien sur le pois, l’aubergine, le haricot, la pomme de terre, mais que sur la tomate, le tabac ou le cotonnier [9]. La larve, dès son éclosion, se nourrit des tissus du végétal sur lequel elle est née et, le lendemain, elle commence à errer à la recherche de la partie la plus succulente de celui-ci [4]. Cette larve, d’une taille de 35 à 40 mm, est de coloration variable et présente deux lignes latérales claires, caractéristiques [15].
La chenille attaque les boutons floraux ou les capsules. La prise de nourriture au niveau des tiges et des feuilles présente un caractère exceptionnel lié à une infestation précoce. La chenille pénètre à l’intérieur des bourgeons floraux ou des capsules dont elle vide le contenu. Les jeunes organes attaqués tombent après dessèchement des bractées [15]. Les dégâts peuvent être importants : chute des boutons floraux, retard à la floraison, destruction des capsules. L’incidence d’heliothis est d’autant plus grave que chaque chenille attaque successivement plusieurs organes sur le même plant. En fin de vie larvaire, la nymphose a lieu dans le sol [15]. Son cycle biologique est comme suit [12] :
Adulte : le papillon mâle est caractérisé par la coloration grisâtre des ailes et a une dimension de 20 mm d’envergure. Le papillon femelle est reconnaissable par la coloration brune clair de ses ailes et a une dimension de 20 mm.
Stade 1 : œufs et larves venant d’éclore. L’éclosion a lieu 3 à 4 jours après la ponte.
Stade 3 : la durée du développement larvaire varie avec la température : à 25°C, entre 15 et 20 jours. Sa dimension est de 8 mm de longueur.
Stade 6 : dernier stade larvaire avant la nymphose. Dans certains cas, on n’observe que 5 stades. Sa dimension est de 35 à 40 mm de longueur. On peut observer la variation de couleur, parfois on a des larves de couleur marron rouge.
Stade nymphal : chrysalide dans le loge. Ce stade s’effectue dans le sol pendant 12 à 14 jours. Sa dimension est de 16 à 18 mm de longueur.
Earias insulana
Cette espèce est inféodée à certaines familles de l’ordre des Malvacées et des Tiliales [15]. Les chenilles d’une longueur de 15 à 18 mm sont aisément reconnaissables par la présence de nombreuses épines charnues. En début de saison, les larves minent les tiges du sommet de la plante hôte entraînant le flétrissement du rameau atteint avec un écimage caractéristique du cotonnier [15]. Par la suite, sur plante plus âgée, les chenilles s’attaquent aux boutons floraux, fleurs et capsules, provoquant la destruction des organes fruitiers et une diminution de la production [15]. Cycle biologique [14] : Les adultes sont des papillons qui sont immobiles et cachés. Pour les jeunes stades larvaires, l’éclosion a lieu 3 à 4 jours après la ponte. Les larves sont peu différentes et elles sont caractérisées par leur soie et épines charnues. Au cinquième stade, la chenille est trapue, fusoїde et mesure 13 à 18 mm. La durée de développement larvaire varie avec la température (18 à 21 jours à 25 °C). Au stade cocon, la chenille, en fin de développement, tisse un cocon, ressemblant à une carène de bateau renversée, sur la plante ou dans les débris végétaux à la surface du sol. Elle mesure 10 à 13 mm de longueur et a une couleur ivoire. La chrysalide mesure 10 mm.
Sylepta derogata
C’est une pyrale. Les chenilles, longues de 2 à 3 cm, sont vertes, translucides et leur tête noire [15]. Les jeunes larves demeurent d’abord groupées et enroulent les feuilles en mangeant les tissus tendres et en respectant les nervures, puis elles sectionnent les feuilles près du pétiole et enroulent en cornet la partie détachée. Les cornets foliaires restent verts et sont maintenus par des nappes de soie.
L’intérieur est garni de déjection et de débris de feuillage ; finalement, la feuille tombe [4]. Elles peuvent provoquer une défoliation quasi-totale des plantes fortement infectées [1]. Le cycle biologique de l’œuf à l’adulte varie en fonction de la température de 3 à 7 semaines. La larve a une dimension maximale de 20 à 24 mm de long .
Cosmophila flava
Cette espèce est inféodée aux malvacées et se rencontre dans toute la zone cotonnière africaine [15]. La larve est de type arpenteuse ; les fausses pattes sont absentes sur le troisième segment abdominal et sont plus petites sur le quatrième que sur le cinquième, sixième et dixième segment. La tête, le corps et les pattes sont de couleur vert clair ; sur la face dorsale, on note la présence de 5 fines lignes de petites ponctuations blanches. Elle est longue de 30 à 35 mm [13]. Les chenilles perforent dans les feuilles trois trous circulaires d’un à trois cm de diamètre. En cas de forte attaque, seules les nervures du limbe subsistent avec des chrysalides suspendues .
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : RAPPEL BIBLIOGRAPHIQUE
I-1 ANOGEISSUS LEIOCARPUS (DC) Wall
I-1-1 Description botanique
I-1-2 Etude taxonomique
I-1-3 Données ethnoparmacologiques
I-2 MITRAGYNA INERMIS (Willd.) O. Ktze
I-2-1 Description botanique
I-2-2 Etude taxonomique
I-2-3 Données ethnopharmacologiques
I-3 GOSSYPIUM HIRSUTUM L
I-3-2 Etude taxonomique
I-3-3 Cycle de développement
I-4 Plantes et extraits de plantes dans la protection des cultures et récoltes
I-5 Les ravageurs animaux du cotonnier
I-5-1 Description générale
I-5-2 Insectes du cotonnier
I-5-2-1 Spodoptera littoralis
I-5-2-2 Heliothis armigera
I-5-2-3 Earias insulana
I-5-2-4 Sylepta derogata
I-5-2-5 Cosmophila flava
I-5-2-6 Diparopsis watersi
I-5-7 Position systématique simplifiée
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES
II-1 MATERIEL VEGETAL
II-1-1 Récolte
II-1-2 Séchage et pulvérisation
II-2 MATERIEL ANIMAL
II-3 MATERIEL ET REACTIFS POUR LES TESTS
II-3-1 Matériels
II-3-2 Réactifs
II-4 METHODE
II-4-1 Enquêtes sur les plantes utilisées comme bio-pesticide
II-4-2 Champs d’expérimentation
II-4-3 Préparation des extraits et applications en champ
II-4-3-1 Première année d’expérimentation
II-4-3-1-1 Préparation des extraits
II-4-3-1-2 Application des extraits en traitement préventif
II-4-3-2 Deuxième année d’expérimentation
II-4-3-2-1 Préparation des extraits pour les tests de terrain
II-4-3-2-2 Application des extraits pour le traitement curatif
II-4-3-2-3 Préparation des extraits mous pour les tests en laboratoire
II-4-3-2-4 Application des extraits sur les chenilles
II-4-4 Screening phytochimique
II-4-4-1 Recherche des flavonoïdes
II-4-4-1-2 Caractérisation de flavonoïdes
II-4-4-1-3 Caractérisation flavonoïdes par chromatographie sur couche mince (CCM)
II-4-4-2 Recherche des alcaloïdes
II-4-4-2-1 Extraction des alcaloïdes
II-4-4-2-2 Caractérisation des alcaloïdes
II-4-4-3 Recherche des tanins
II-4-4-3-1 Mise en évidence des tanins
II-4-4-3-2 Différenciation des tanins
II-4-4-3-3 Séparation et identification des Caractérisation des tanins par C.C.M
II-4-4-4 Recherche des saponosides
II-4-4-4-1 Mesure de l’indice de mousse (Im)
II-4-4-4-2 Chromatographie sur couche mince des saponosides
II-4-4-5 Recherche des hétérosides anthracéniques
II-4-4-6 Recherche des hétérosides cardiotoniques
II-4-4-7 Teneur en eau des drogues végétales
II-4-4-8 Dosage des cendres totales
CHAPITRE III : RESULTATS
III-1 RESULTATS DES ENQUETES
III-2 RESULTATS AU CHAMP D’EXPERIMENTATION
III-2-1 Traitement préventif
III-2-1-1 Effet de l’extrait aqueux total de Mitragyna inermis
III-2-1-1-1 Résultat de la production de coton (kg)
III-2-1-1-2 Etude de l’effectif des feuilles infestées par les pucerons
III-2-1-1-3 Etude de l’effet sur les chenilles
III-2-1-1-4 Etude du pourcentage de capsules altérées par les chenilles
III-2-1-2 Effet de l’extrait aqueux total d’Anogeissus leiocarpus
III-2-1-2-1 Résultat de la production de coton (kg)
III-2-1-2-2 Etude de l’effectif des feuilles infestées par les pucerons
III-2-1-2-3 Etude de l’effet sur les chenilles
III-2-1-2-4 Etude du pourcentage de capsules altérées par les chenilles
III-2-2 Traitement curatif
II-2-2-1 Effet de l’extrait aqueux total de Mitragyna inermis
III-2-2-1-1 Résultat de la production de coton (kg)
III-2-2-1-2 Etude de l’effet sur les chenilles
III-2-2-1-3 Etude du pourcentage de capsules altérées par les chenilles
III-2-2-2 Effet de l’extrait aqueux total de Anogeissus leiocarpus
III-2-2-2-1 Résultat de la production de coton (kg)
III-2-2-2-2 Etude de l’effet sur les chenilles
III-2-2-2-3 Etude du pourcentage de capsules altérées par les chenilles
III-3 RESULTATS AU LABORATOIRE
III-3-1 Tests sur les chenilles
III-3-1-1 Tests des extraits de Mitragyna inermis sur Sylepta derogata
III-3-1-2 Tests des extraits de Mitragyna inermis sur Heliothis armigera
III-3-1-3 Test d’Anogeissus leiocarpus sur Sylepta derogata
III-3-1-4 Test de Anogeissus leiocarpus sur Heliothis armigera
III-3-2 Screening phytochimique
CHAPITRE IV: DISCUSSIONS
IV-1 TESTS AU CHAMP D’EXPERIMENTATION
IV-2 TESTS AU LABORATOIRE
CHAPITRE V: CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES