Thomas d’Aquin fut né au château fort de Roccasecca, près d’Aquino, dans l’Italie méridionale, au début de 1225. Cette naissance eut lieu au moment où Honoruus III (1216- 1227) vivant débonnairement dans l’Eglise, à l’encontre du prestige du pape Innocent III imposant sa tutelle à Frédéric II (1215-1250) qui gouvernait, de la Germanie à la Sicile. Les Musulmans sont toujours installés en Espagne dans le royaume de Grenade, malgré la victoire des croisés à Las Navas (1212), poursuivaient l’état de siège du monde chrétien. L’installation du royaume latin de Jérusalem ne faisait que rendre plus sensible la hantise de l’islam. La Chrétienté avait cru recouvrir l’humanité soucieuse de réaliser sur terre la cité de Dieu, et en prenait conscience. La foi n’avait touché qu’une partie de l’humanité, et que le cosmos existait avec ses immenses ressources profanes.
Saint Thomas étudia au monastère bénédictin du Mont-Cassin puis à l’Université de Naples. Il rejoignit l’ordre dominicain avant même de terminer ses études, en 1243. Il fut l’élève du philosophe scolastique allemand Albert le Grand, qu’il suivit à Cologne en 1248, vers 1250 il fut ordonné prêtre et commença à enseigner à l’Université de Paris en 1252. Dans ce royaume des Deux-Siciles, sur l’une des lignes de circulation entre l’Orient et l’Occident, entre l’Islam et la Chrétienté, elle devait fournir appui aux dessins politiques et scientifiques de l’Empereur. Ainsi, on peut observer que chaque sursaut de la pensée spéculative est commandé par des afflux de traductions du grec ou de l’arabe ; l’histoire prend ainsi une place importante dans le sous-sol philosophique et théologique. C’est sous la régence d’Elie Brunet que Thomas a enseigné les sentences de 1254-1256 , jusqu’à sa maîtrise.
S. Thomas quitta Paris en 1272 et se rendit à Naples où il s’occupa d’une nouvelle école dominicaine. En Mars 1272, il tomba malade en se rendant au concile de Lyon, où le Pape Grégaire X l’avant appelé. Il mourut le 7 Mars 1274 dans l’abbaye cistercienne de Fossanova à l’âge de 49 ans.
La disposition des commentaires de Thomas se présente donc ainsi : des séries des questions plus au moins classées par nombre en articules et en questioncules. Dans l’œuvre, Thomas utilise des questions disputées comme terrain d’élaboration dans tout le reste des ses travaux et chaque question en articles. Le corps de l’article, c’est l’allure synthétique de position du maître comme recherche. Thomas est la pure lumière intelligible.
La Théologie et la philosophie
Définition de la Théologie et de la Philosophie
La première tâche du théologien est , en effet, de prouver que l’acte de foi est un acte raisonnable, que les croyances préliminaires à cet acte sont des vérités perçues par la raison : or avant de croire à ce que Dieu dit, il faut savoir que Dieu existe, que Dieu pense, que Dieu a un plan qu’il réalise dans les hommes par la nature et par des interventions supranaturelles.
En effet, quand, on essaie de définir la Théologie selon l’étymologie grecque le mot « Théos », veut dire dieu et « logos », veut dire « discours », « science ». Donc, la Théologie est un discours qui en s’appuyant uniquement sur la foi, traite de l’existence et des attributs de Dieu. En son sens métaphysique, la Théologie est pour Aristote, la première des sciences théoriques avant la physique et la mathématique, parce qu’elle considère les premiers principes et les premières causes. On sait que Tout composé réel est causé, il n’existe que grâce à un être autre qui est dit sa cause. Ainsi, elle remonte des fins de la nature à Dieu et à ses attributs, et une théologie morale qui postule Dieu à partir des fins des êtres raisonnables .
Saint Thomas D’Aquin a recours, par delà l’univers scientifique d’Aristote, au Thème platonicien d’émanation et de retour : puisque la « Théologie est science de Dieu » , on étudiera toutes choses dans leur relation avec Dieu, soit dans leur production, soit dans leur finalité. Magnifique ressource d’intelligibilité : voici que toute chose, tout être, toute action, toute destinée, vont être situés, connus, jugés, dans cette causalité suprême où leur raison d’être sera totalement révélée, sous la lumière même de Dieu.
« En théologie, le donné, proposé par la foi à l’intelligence humaine, se présente évidement dans des conditions non seulement peu propices aux organisations conceptuelles, mais irréductiblement résistantes à une systématisation adéquate : la parole de Dieu, texte de la révélation et en même temps verbe intérieur, n’a cette unité que dans la pensée de Dieu même. Le système, en Théologie, autant que sa puissance, dans la foi » .
En Théologie surtout, mettre en question la parole de Dieu, c’est mettre en question devant l’intelligence humaine. Telle est la racine vigoureuse d’une théologie conçue et organisée comme un savoir.
« Or la Théologie est science d’un livre des livres, la Bible [ou le Coran]. Elle l’est de droit, car Science de Dieu, elle trouve dans ce livre la parole de Dieu, la révélation de Dieu, elle le fut de fait, car l’enseignement s’en établit spontanément et continûment sur le texte de cette parole de Dieu » .
L’histoire montre que la pensée platonicienne elle-même, utilisée par la Théologie a subi de profondes transformations, en particulier dans les domaines de concepts comme l’immortalité de l’âme, la divinisation de l’homme et l’origine du mal. En effet, Saint Thomas D’Aquin a toujours comme maître de pensée et modèle d’une façon correcte de faire de la Théologie. Pour Aristote dans le livre E, il montre que :
« Il y a donc trois philosophies théorétiques : les mathématiques, la physique, et la Théologie » .
La Théologie rentre dans la philosophie première en raison de l’universalité de son objet, qui l’oppose aux sciences particulières et fait que, selon l’ordre Universel de l’Être en tant qu’Être. Mais découpant dans ses parties, qui est la partie spéciale, selon une minutieuse analyse des sens de l’Être, aussi le domaine de la Théologie dans la mesure où l’être et le divin ne manquèrent pas de coïncider.
La distinction de la Théologie et de la philosophie
La force de S. Thomas a consisté à refuser ces choix. La philosophie ne saurait s’opposer, selon lui, à la foi biblique. Bien au contraire, la foi a besoin de l’intelligence qui l’éclaire et la renforce. Le moraliste mène une philosophie de valeur. Ainsi, la métaphysique qui est la Théologie, est une science maîtresse et ordonnatrice de toute la philosophie vers la connaissance de Dieu comme fin. C’est pourquoi Dieu est donc la fin dernière de la sagesse humaine.
Sur le long chemin, Saint Thomas occupe une place toute particulière, non seulement pour le contenu de sa doctrine, mais aussi pour le dogme qu’il sut instaurer avec la philosophie arabe et la philosophie juive de son temps. A une époque où, les penseurs chrétiens redécouvraient les trésors de la philosophie Antique, et plus directement aristotélicienne, il eut le grand mérite de mettre au premier plan, l’harmonie qui existe entre la raison et la foi. La lumière de la raison et celle de la foi viennent toutes deux de Dieu. Saint Thomas justifie cela :
« C’est par la grâce que vous avez été sauvé dans la foi, et non point par vous afin que nul ne se glorifie : c’est en effet un don de Dieu. » .
Pour S. Thomas, deux conditions sont requises pour la foi. L’une de deux est que les choses à croire soient proposées à l’homme, et cette condition est requise pour que l’homme croie quelque chose d’une manière explicite donc par la raison. L’autre condition requise pour la foi, c’est l’assentiment du croyant à ce qui est proposé. Quant au premier point, il faut nécessairement que la foi soit de Dieu. Car les choses de la foi dépassent la raison humaine. Si Dieu ne les révèle pas, elles ne nous viennent donc même pas dans l’idée. D’ailleurs :
« …la foi est une lumière spirituelle. Mais dans une lumière, on voit quelque chose. La foi a donc pour objet des choses vues. » .
Saint Thomas montre, cela semble possible. Ce qu’on ne veut pas, c’est qu’on l’ignore. Mais les choses de la foi, on ne les ignore pas. Car l’ignorance en matière de foi se rattache à l’infidélité. Ce qui est de la foi peut donc être l’objet de la science :
« La science s’acquiert par des raisons; or les auteurs sacrés apportent des raisons à l’appui de ce qui est de la foi. On peut donc avoir la science de ce qui est de la foi » .
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie: Les rapports entre la Théologie et la Philosophie
Chapitre I : La Théologie et la philosophie
1.1 Définition de la Théologie est de la Philosophie
1.2- La distinction de la Théologie et de la philosophie
Chapitre II. L’Amour et la vérité
2.1. L’Amour de Dieu
2.2 L’amour dans la volonté
Chapitre III La vérité
3.1 La vérité ici est la raison ou l’Objet de l’intelligence
3.2 L’harmonie de la vérité
Chapitre VI La ruse de la foi
4.1. Le choc des différences
4.2 Le respect
Deuxième partie: De la croyance en Dieu
Chapitre I. La connaissance en Dieu
1. Le règne de Dieu sur ses créatures
Chapitre II. L’existence de Dieu
2.1. Les preuves de l’existence de Dieu
2.2. L’essence et l’existence
Chapitre III. Les croyants chrétiens
3.1. Témoignage des Ecritures Saintes
3. 2 Problème critique
Chapitre IV. Les croyants musulmans
4.1. Le témoignage
Troisième partie: La Liberté Divine
Chapitre I. La providence divine
1. 1 La providence de Dieu
1. 2. La providence comme plan de gouverner
Chapitre II. Puissance divine
2.1. La puissance de Dieu
2.2. La puissance intellectuelle
Chapitre III. Le bien et le mal
3.1. L’origine du mal : le péché
3.2. Scandale de la souffrance et de la mort
CONCLUSION
BIBLIOGRAHIE