Mémoire de Master Francophonie et Relations Internationales
La littérature malgache francophone et la rupture avec le passé
La littérature malgache francophone commence, depuis les années 1980, à subir une métamorphose et à se présenter sous une nouvelle forme d’écriture qui privilégie un nouveau thème, qu’est la violence (violence d’écrire la terre natale, sujets des romans d’auteurs malgaches, même et peut-être surtout s’ils vivent en exil en Europe ; et écriture de la violence insulaire prégnante sur leur lieu-mère). Il s’agit d’un thème inhabituel qui semble inadapté au comportement connu des Malgaches, et qui surprend le milieu littéraire et les lecteurs non avertis. Cependant, cela ne concerne pas uniquement la littérature francophone de Madagascar. La violence omniprésente permet que l’on puisse se demander si ce n’est pas la naissance de « nouvelles écritures dans l’Océan Indien » selon les termes de Jean-Louis Joubert103.
La violence : essais de définition
La violence est le premier concept qui sera adopté dans la suite de l’approche du roman Le Bain des reliques de Michèle Rakotoson. Et une première définition de la violence est proposée :
– « Appelons violence toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible d’entraîner la terreur, le déplacement, le malheur, la souffrance ou la mort d’un être animé ».
Elle peut aussi se définir comme : « la mise en œuvre d’une force qui reste étrangère au système dynamique ou énergétique dans lequel elle intervient. […] La violence n’entre pas dans un ordre des raisons, ni dans une composition des forces en vue d’un résultat. Elle est en deçà de l’intention et au-delà du résultat. Elle dénature ce qu’elle violente, elle le saccage, elle le massacre. Elle ne le transforme pas, elle lui ôte sa forme et son sens, elle n’en fait rien d’autre qu’un signe de sa rage à elle, une chose ou un être violenté — chose ou être dont l’essence même est devenue cela : avoir été violenté, violé. Au-delà ou ailleurs, la violence brandit une autre forme, sinon un autre sens105. » Les différentes réflexions concernant la violence connaissent plusieurs étapes chronologiques : « En 1908, dans les Réflexions sur la violence, Georges Sorel parlait du mythe de la grève générale prolétarienne en le considérant comme une violence purificatrice. Max Weber avec la sociologie classique évoquait le monopole de la violence légitime de l’État. Selon l’anthropologue René Girard, la violence est transposée et canalisée à travers le religieux et le sacré devant ainsi un rituel purificateur par (et pour) les hommes.106 Des révolutionnaires comme les Black Panthers, Malcolm X, Che Guevara, Mao Zedong et Frantz Fanon, dans son œuvre Les damnés de la terre, fait l’apologie de la violence anticolonialiste107 ». Dans la mythologie chrétienne, Dieu a créé l’Homme à son image. Si Dieu est bon, ses créatures doivent logiquement l’être aussi. Or le cas de Caïn et d’Abel, premiers descendants du couple originel Adam et Ève, l’infirme. La violence y apparaît ainsi inhérente à la vie humaine. Au moins deux protagonistes sont en présence pour qu’il y ait affrontement et acte violents. L’un tient le rôle de bourreau et l’autre celui de la victime. Cela est confirmé dans l’ouvrage qui nous intéresse, où ladite violence est, nous l’avons vu, vécue au quotidien, normalisée : les dirigeants maltraitent la population décrite, qui subit son sort avec résignation.
L’intranquillité indocéane
Tout d’abord, le terme « intranquillité », néologisme qui pourrait dérouter les béotiens en littérature francophone de l’océan Indien, vient de la traduction du portugais « desassossego », signifiant « inquiétude, agitation, trouble ». Le terme désigne un manque de « sossego », « repos, tranquillité, calme, paix ». Fernando Pessoa110 donne au concept le sens de « trouble, anxiété, malaise, peine, décalage par rapport à la vie normale ». Le mot désigne ici la tension, représentée par les protagonistes, entre la volonté d’un avoir historique impossible et son repoussoir, le « mal » d’Histoire, à la fois désir et conscience d’un effort à faire vers cette Histoire écrite par d’autres111 ». « L’intranquillité est ainsi une énergie de la vibration accomplissant l’étrange autant que précieuse odyssée d’un esprit sans repos » selon Patrick Quillier.
Pour ce qui est de l’adjectif « indocéane », dérivé du nom « indocéanité », nous nous référons au mot d’Eileen Lokha112, repris par Magali Nirina Marson. Le terme veut « […] souligner l’existence d’une similitude entre les littératures australes, au-delà de leurs spécificités irréductibles, qui mettrait cependant moins l’accent sur l’influence de l’Inde que le terme “india-océanéité”, utilisé par Vergès et Marimoutou dans Amarres. Créolisations indiaocéanes. Loin de vouloir désigner une culture spécifique — comme on évoque, par exemple, la culture antillaise, dont la créolité, malgré différents statuts et langues officielles, se retrouve dans toute la Caraïbe — “indOcéan (e)” signifie une identité des poétiques, problématiques et enjeux des champs littéraires de ces terres, traces de Lémurie dont le lien-mémoire et amnios est l’Océan Indien, “Le Grand Océan” qui détient le secret des origines.
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie la volonté de retrouver ses racines |
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Table des matières
INTRODUCTION
I – Le corpus et l’intérêt de son analyse dans la littérature malgache francophone
I – 1 Présentation de l’ouvrage Le bain des reliques et Biographie de l’auteure
I – 2 L’intérêt de l’analyse de l’ouvrage dans la littérature malgache francophone
II – Le personnage Ranja et ses relations avec son pays
II- 1 Les raisons du retour au pays natal
II – 1 – 1 La volonté de retrouver ses racines
II – 1 – 2 La volonté de rassembler
II- 2 Le constat amer des réalités
II-2-1 Le pays, théâtre de l’éclatement de la famille et de la déliquescence des racines
II -2-2 Les différentes représentations de la violence au quotidien
III- La littérature malgache francophone et la rupture avec le passé
III- 1 Les concepts
III- 1-1 La violence : essais de définition
III- 1-2 L’intranquillité indocéane : essais de définition
III- 2 Le style de Michèle Rakotoson
III – 2 -1 L’analyse de la tension entre « la volonté de » et « la violence de »
III- 2-2 Michèle Rakotoson, précurseur de l’écriture de la violence, une nouvelle forme d’écriture de la littérature francophone indocéane
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
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