Les raisons d’extractions dentaires au Gabon

Pour mettre en place et organiser une stratégie de prévention et de traitements des affections bucco-dentaires, les pouvoirs publics et les organisations non gouvernementales ont besoin de données épidémiologiques précises sur la prévalence et les besoins de traitements. Des indices épidémiologiques ont été mis au point dans cette perspective. L’indice CAO est un de ces indices. Il a été décrit en 1937 par Klein et Palmer (28), pour caractériser les dents ou surfaces dentaires cariées (C), absentes (A) ou obturées (O). Cet indice épidémiologique a été adopté par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et est, à ce titre, largement accepté et utilisé dans le monde. Cependant, il présente certaines limites : la composante A ne mesure que les dents perdues pour cause de caries et ne prend donc pas en compte les dents perdues pour une autre raison telle que les parodontopathies, les réhabilitations prothétiques, les anomalies d’éruption, les traitements orthodontiques.

De nombreuses études ont été menées, surtout dans les pays industrialisés pour déterminer les raisons des extractions dentaires. Si on tient compte de toutes les tranches d’âge et de tous les types de dents, la majeure partie des enquêtes réalisées dans les pays développés [ France (10), Japon (34), Royaume-Uni (1) (2), Finlande (3), Norvège (29), Etats-Unis (4), Italie (5), Hong-kong (13) ], désigne la carie comme la principale cause d’extraction dentaire (20 à 51%), suivie par les parodontopathies (19 à 35,4%).

Dans les pays en voie de développement, les données sont majoritairement relatives à l’indice CAO [ Bangladesh (6), Tanzanie (7), Côte d’Ivoire (17), Polynésie (23), Mozambique et Ouganda (30), Bénin (33), Sénégal (42), Gabon (19) ] et plus rarement aux indications d’extraction dentaire [ Tanzanie (8), Brésil (11), Sénégal (15), Nigeria (38), Antigua (43) ].

GENERALITES SUR LE GABON

Historique

L’histoire du Gabon est peu connue avant 1472, date à laquelle les portugais pénétrèrent dans la région de l’Estuaire. Toutefois, les vestiges préhistoriques retrouvés le long de la côte attestent d’une présence humaine très ancienne. En raison de sa forme semblable à un caban, les portugais baptisèrent le pays « Rio de Gabao », d’où l’origine du mot Gabon. En 1838, après la signature d’un traité entre le roi Rapotchombo et le roi de Brazza, le Gabon devient une colonie française et le restera jusqu’en 1958, date de son autonomie. Il deviendra indépendant le 17 Août 1960. En 1990, après plus de vingt ans de parti unique, le président de la république gabonaise instaure le pluralisme politique.

Géographie

Situé dans la région centrale de l’Afrique, le Gabon est un pays traversé par l’équateur. Il est limité au nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun ; à l’est par le Congo Brazzaville et à l’ouest par les 800 Km bordant l’océan Atlantique. Le pays couvre une superficie de 270 000 Km² avec plus de 75% du territoire occupés par la forêt. Irrigué par de nombreux cours d’eau se jetant dans l’océan Atlantique, le Gabon est drainé par deux bassins fluviaux: celui de l’Ogooué, long de 1200 Km,navigable sur 350Km et le bassin côtier dont les principaux fleuves sont la Noya, le Komo, le Woleu et le Ntem. La température moyenne est de 27°C. Le climat est de type équatorial, chaud et humide, caractérisé par quatre saisons :

– deux saisons pluvieuses dont la petite s’étend de mi-septembre à midécembre et la grande de mi-février à mi-mai ;
– deux saisons sèches dont la petite s’étend de mi-décembre à mi-février et la grande de mi-mai à mi-septembre.

Population

Le peuple gabonais compte une cinquantaine d’ethnies, la plupart de culture Bantou. Les principales sont les Fangs, les Bapounous, les Myénés, les Batékés, les Bengas, les Sékés, les Bakotas, les Bandjabis et les pygmées. Le dernier recensement général actualisé selon les projections de la population et de l’habitat estimait la population du pays à 1.014.976 habitants (18). Le groupe Fang dépasse légèrement 25% de la population totale, suivi de près par le groupe Bapounou (24%). Les étrangers représentent 15% de la population. 73% de la population vit dans les zones urbaines, dont 40% à Libreville la capitale et ses banlieues ; et 27% en zones rurales et en particulier le long des principaux axes routiers et fluviaux. La densité de la population est de 3,8 habitants par km². Le Woleu Ntem est la seule province quasiment mono-ethnique tandis que l’Estuaire est la seule province dans laquelle cohabitent plus de deux groupes ethniques importants. Dans les autres provinces, la presque totalité de la population est formée de deux groupes ethniques.

Situation économique

Grâce à ses ressources minières (pétrole, manganèse, uranium, fer) et forestières importantes et à une population peu nombreuse, le Gabon avait un produit intérieur brut qui le classait parmi les pays riches d’Afrique. De plus, la faune, la flore et la côte du pays représentent des potentiels touristiques non négligeables peu ouverts à l’exploitation. Mais depuis 1985, le Gabon traverse une crise économique due à la baisse conjuguée et périodique du prix du pétrole et des cours du dollar américain. La hausse constante des produits locaux et importés et la non augmentation des salaires des travailleurs, ont entraîné une baisse du pouvoir d’achat. Cette baisse a surtout été observée en milieu urbain où les populations doivent encore importer plus de 80% des biens de consommation et d’équipement, d’où le coût de vie très élevé que connaît le Gabon. Les populations rurales quant à elles, vivent grâce aux produits de leurs cultures vivrières.

LE SYSTEME DE SANTE AU GABON 

La santé publique

La couverture sociale de la population (salariés nationaux et expatriés) est assurée par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (C.N.S.S), qui dépend du Ministère du Bien-être. Afin d’accroître l’efficacité médicale et l’hygiène dans les neufs provinces, il a été créé un Service de Protection Maternelle et Infantile et une Inspection générale de la Santé. On compte également deux hôpitaux privés à but non lucratif dont les consultations et les traitements sont en général payants mais à prix modérés: l’hôpital de Bongolo (Mission Américaine) et l’hôpital Schweitzer (Fondation Gabonaise). Le Service des Grandes Endémies (vaccinations, tuberculose etc.) demeure un des principaux moyens d’action de l’organisation sanitaire gabonaise ; ce Service est réparti en secteurs qui correspondent au découpage administratif des provinces. Le programme d’immunisation de la population gabonaise comprend le Programme Elargi de Vaccination (PEV) dont l’objectif est d’atteindre la plus large couverture vaccinale des enfants de moins de quatre ans. Au niveau national et/ou provincial, il existe d’autres intervenants dans le domaine de la santé, avec un secteur d’activité limité :
– Le corps de la paix (éducation, SIDA) ;
– Le Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS) ;
– Le Service Interuniversitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SIMPS) ;
– L’UNICEF qui souhaite renforcer les Soins de Santé Primaire ;
– Le Fonds National des Nations Unies pour la Population (FNUAP) surtout centré sur la Santé Materno-Infantile.

Les infrastructures
Les équipements les plus modernes sont à Libreville, Port-gentil et Franceville. Les Chefs-lieux de province possèdent un hôpital doté de matériel moderne, d’un ou plusieurs médecins et d’un service bucco-dentaire. Les chefs-lieux de départements (Bitam, Lastourville, etc…) sont pourvus d’un centre médical moins équipé. Dans de nombreux villages, on retrouve des dispensaires.

Le personnel médical
En 1980, le Gabon comptait 265 médecins exerçants que sont :
– les nationaux intégrés au Service Public ;
– les coopérants français mis à la disposition du Gouvernement gabonais ;
– les médecins du secteur privé.
La capitale Libreville concentre 164 médecins (61% du total), soit un médecin pour 10 000 habitants, alors que celui de l’Ogooué Lolo compte 1 médecin pour 15 000 habitants.

Le système de santé bucco-dentaire

La création du Service Dentaire National date du 06 Novembre 1982, avec le décret fixant les attributions et la réorganisation du Ministère de la Santé Publique et de la Population. Ce service n’était pas opérationnel avant 1997 date à laquelle un second décret va étendre ses attributions en accordant une priorité au développement de l’hygiène, d’où son appellation en « Service National d’Hygiène Buccodentaire ». Conformément aux dispositions de l’article 33 du décret 1158, sa fonction est de:

– identifier les priorités en matière de promotion de la santé et de lutte contre les affections bucco-dentaires ;
– superviser l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du programme de santé bucco-dentaire ;
– veiller à l’intégration de ce programme au niveau de l’ensemble des formations sanitaires ;
– élaborer, mettre en place et exploiter, en liaison avec la Direction de l’informatique et des statistiques, le système d’informations épidémiologiques ;
– mettre en place un système de surveillance épidémiologique ;
– assurer la formation pratique du personnel et la recherche opérationnelle. Le Service National d’Hygiène Bucco-dentaire est placé sous la hiérarchie de la Direction Générale Adjointe de la Santé, chargée des programmes et des services nationaux. Il est dirigé par un chef de service de nationalité gabonaise, qui est un professionnel de santé publique dentaire.

Les structures existantes 

Le secteur public civil

Ce secteur compte vingt fauteuils dentaires inégalement répartis (Tableau II). Toutefois, on remarque que plusieurs de ces formations sanitaires ne fonctionnent pas par manque de personnel. C’est le cas par exemple d’Okondja. Par ailleurs, il existe des structures où le personnel est insuffisant comme à PortGentil, Tchibanga, Makokou et Lambaréné.

Les secteurs parapublic (C.N.S.S.) et public militaire
– 1 cabinet dentaire à l’Hôpital militaire de Melen à Libreville ;
– 1 cabinet dentaire à la Fondation Jeanne Ebori à Libreville ;
– 1 cabinet dentaire à l’Hôpital Pédiatrique d’Owendo à Libreville.

Le secteur privé
• Le privé non lucratif :
– 1 cabinet dentaire à l’Hôpital du Docteur Albert Schweitzer de Lambaréné ;
– 1 cabinet dentaire à l’Hôpital de la Comilog de Moanda ;
– 1 cabinet dentaire à l’Hôpital de l’Eglise de l’Alliance Chrétienne de Bongolo
• Le privé lucratif :
Il compte environ 20 cabinets dentaires entre Libreville (15), Port-Gentil (3), Franceville (1) et Oyem (1).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : PRESENTATION DU GABON
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE GABON
I.1. Historique
I.2. Géographie
I.3. Population
I.4. Organisation administrative
I.5. Situation économique
CHAPITRE II : LE SYSTEME DE SANTE AU GABON
II.1. La santé publique
II.1.1. Les infrastructures
II.1.2. Le personnel médical
II.2. Le système de santé bucco-dentaire
II.2.1. Les structures existantes
II.2.1.1. Le secteur public civil
II.2.1.2. Les secteurs parapublic et public militaire
II.2.1.3. Le secteur privé
II.2.2. Le personnel du secteur public civil
II.3. La prévention des affections orales au Gabon
II.3.1. La stratégie régionale de l’OMS
II.3.2. La prévention de la santé bucco-dentaire au Gabon
PARTIE II : LES RAISONS D’EXTRACTIONS DENTAIRES AU GABON
CHAPITRE I : POPULATION ET METHODE
I.1. Population cible
I.2. Méthode d’étude
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Distribution et caractéristiques des chirurgiens dentistes
II.2. Distribution et caractéristiques des patients
II.2.1. Caractéristiques générales des patients
II.2.2. Distribution des patients selon l’âge et le sexe
II.2.3. Distribution des patients selon l’ethnie
II.2.4. Distribution des patients selon les villes d’examen et le sexe
II.2.5. Distribution des patients selon le type d’exercice
II.3. Motif de consultation des patients
II.4. Les raisons d’extractions dentaires au Gabon
II.4.1. Dents temporaires
II.4.2. Dents permanentes
II.4.2.1. Répartition des raisons d’extraction
II.4.2.2. Raisons d’extraction des dents permanentes selon l’âge
II.4.2.2.1. Raisons d’extraction selon l’âge
II.4.2.2.2. Evolution de la prévalence des raisons d’extraction
II.4.2.3. Raisons d’extraction selon les villes d’examen
II.4.2.4. Les raisons d’extraction selon le type d’exercice
II.4.2.5. Raisons d’extraction selon le type de dent
II.4.2.5.1. Maxillaire
II.4.2.5.2. Mandibule
II.5. Les dents extraites
II.5.1. Dents temporaires
II.5.1.1. Répartition des extractions par groupe d’âge
II.5.1.2. Evolution du taux d’extraction selon l’âge
II.5.2. Dents permanentes
II.5.2.1. Distribution des extractions selon le type de dents
II.5.2.2. Distribution des extractions selon le sexe
II.5.2.2.1. Dents extraites selon l’âge
II.5.2.2.1.1. Dents extraites selon l’âge et le sexe
II.5.2.2.1.2. Dents extraites selon l’âge et le type de dents
II.5.2.2.1.2.1. Distribution du type de dents selon l’âge
II.5.2.2.1.2.2. Evolution de la prévalence des extractions selon l’âge
II.5.2.2.1.2.3. Dents extraites selon la ville d’examen et l’âge
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1. Validité de l’étude
III.1.1 Les biais de sélection de la population cible
III.1.2. Les biais d’information
III.1.3. Caractère généralisable des résultats
III.2. Analyse et interprétation des résultats
III.2.1. La population cible : les chirurgiens dentistes
III.2.2. Les patients
III.2.3. Raisons des extractions dentaires
III.2.3.1. Dents temporaires
III.2.3.2. Dents permanentes
III.2.4. Dents extraites
III.2.4.1. Dents temporaires
III.2.4.2. Dents permanentes
III.3. Etude comparative
III.3.1. Comparaison avec les études menées dans les pays développés
III.3.1.1. Dents temporaires
III.3.1.2. Dents permanentes
III.3.2. Comparaison des études menées dans les pays en développement
III.3.3. Comparaison des indices CAO
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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