La reconnaissance mondiale de la biodiversité à l’origine du développement de cette notion
Notre développement rapide et le progrès de la science nous ont amenés à nous questionner sur l’impact de nos activités sur notre environnement. Ce questionnement est le fruit d’une longue réflexion qui a rayonné mondialement ces cinquante dernières années. En 1972, la Conférence de Stockholm a abouti à la déclaration de Stockholm. Elle reconnaît la nécessité d’adopter « une conception commune et des principes communs » pour guider les peuples en vue de préserver et améliorer l’environnement. Pour y parvenir, elle élabore une série de principes pour une « gestion écologiquement rationnelle de l’environnement ». Dans les quatre premiers articles, on peut noter les prémices de la notion de développement durable ainsi que ceux de la reconnaissance mondiale la diversité biologique. Grâce à cette déclaration, les questions écologiques sont placées au rang des préoccupations mondiales. Elle fut suivie en 1987 du Rapport Brundtland qui fut écrit à la demande de la Commission mondiale sur l’environnement voulant un « programme global de changement ». Ce rapport définit la politique pour parvenir à un développement durable. Il s’agit « d’un développement qui répond aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». En 1992, le Sommet de la Terre à Rio aboutit à la Déclaration de Rio. Elle met en évidence la préoccupation sur la détérioration de l’environnement et l’interdépendance, de plus en plus grande, entre progrès économique à long terme et la protection de l’environnement. Cette déclaration vulgarise la notion de développement durable. C’est lors de ce sommet qu’il est aussi construit la Convention sur la diversité biologique ayant une valeur contraignante pour les Etats signataires. Ses trois enjeux sont la conservation de la diversité biologique, une utilisation durable de ses éléments et un partage juste et équitable des bénéfices des ressources génétiques. L’objectif principal est de « développer des stratégies nationales pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique ». Cette convention est la première reconnaissance de droit international : la conservation de la diversité biologique est une préoccupation pour l’ensemble de l’humanité et participe au processus de développement. Elle sera signée en 1994 par la France. Cette prise de conscience mondiale a permis la mise en place en Europe puis en France de structures et programmes relatifs à la protection de l’environnement, en particulier celle de la biodiversité. Cependant, en 2002 à Johannesburg, il fut constaté le peu d’actions significatives menées en faveur de l’environnement. En raison de ce constat , l’Union Européenne a décidé d’atteindre un objectif ambitieux d’ici 2010 : l’arrêt de l’érosion de la biodiversité. En France , cela s’est traduit par des actions comme le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel de la Biodiversité mis en place par l’ar rêté du 26 mars 2004 et, surtout, le plan d’action « urbanisme » de la stratégie nationale pour la biodiversité 2004 -2010.
Les raisons de la reconnaissance mondiale de la biodiversité
La prise de conscience mondiale de l’importance de la biodiversité s’est répercutée à différents niveaux par diverses stratégies et mesures. Cela amène à se questionner sur l’enjeu que constitue la biodiversité. Pour répondre aux enjeux sociaux et économiques, la biodiversité est une nécessité en raison de sa valeur utile actuellement et à long terme. En effet, l’Homme, en tant que partie du monde vivant, dépend de la biodiversité pour sa propre existence. Effectivement, cette dernière :
– est un facteur de productivité agricole, pouvant être améliorée par les populations locales;
– fournit des produits naturels respectueux de l’environnement, notamment lors de la lutte biologique et dans la pharmacopée
– inspire l’innovation industrielle.
La biodiversité a donc un véritable potentiel de développement économique mais elle rend également des services gratuits indispensables en raison de l’interaction des écosystèmes avec leur environnement. Par exemple, elle interagit avec le climat. De nos jours, au vu de la situation actuelle, certains parlent de 6ème crise d’extinction des espèces. Cette dernière serait inédite puisqu’ elle serait due à l’impact d’une seule espèce : l’Homme. Parallèlement, on sait qu’il faut 5 à 25 millions d’années pour réparer les dégâts d’une crise et toute perte de biodiversité est irréversible. L’ense mble de ces données permettent d’expliquer l’ampleur du problèm e et le danger encouru pour l’Homme . La perte de biodiversité est donc un problème au même titre que le changement climatique et la déforestation. On comprend de cette manière l’enjeu que co nstitue la préservation de la biodiversité ainsi que les stratégies et mesures prises en faveur de cette dernière. Néanmoins, les connaissances actuelles sur la biodiversité sont faibles. Il s’agit d’une notion qui fait débat par sa complexité et les nombreux enjeux qu’elle soulève. Ainsi, la prise de conscience actuelle de son importance a amené à divers programmes de recherche. Ces derniers visent une meilleure connaissance de cette biodiversité afin d’agir de manière plus appropriée.
Toutefois, aucun sujet ne porte sur la biodiversité dans les documents de planification du territoire. Pourtant ces derniers sont les premiers outils pouvant mettre en œuvre une protection efficace contre l’érosion de biodiversité. Par conséquent, le mémoire de recherche sur « la prise en compte de la biodiversité dans les documents d’urbanisme » permet d’éclairer un pan de la recherche non étudié jusque là. La plupart des recherches s’interroge sur la biodiversité en elle-même. Il s’agit dans ce cas de voir comment la notion de protection de la biodiversité est mise en œuvre sur le territoire.
LES DIFFICULTES LORS DE LA PRISE EN COMPT E DE LA BIODIVERSITE
L’enjeu soulevé par la préservation de la biodiversité est communément admis de nos jours. Cependant, le manque de connai ssance sur la biodiversité est à l’origine de barrières pour une meilleure prise en compte de la biodiversité, notamment dans les documents d’urbanisme.
Deux types de conservation des espèces pour p réserver la biodiversité
Actuellement, il existe seulement deux types de conservation de la biodiversité, chacune très empreinte de la vision occidentale de la Nature. La protection de la biodiversité sépare le monde en deux : l’humain et le non humain. En effet, la Nature n’évolue pas en relation avec l’Homme d’où une mise sous cloche de cette Nature qui la soustraie de toutes les activités humaines. A cette difficulté d’intégrer la Nature dans la gestion du territoire s’ajoute le problème du faible choix de solutions pour préserver la biodiversité :
– la conservation in situ, dans le milieu, qui est une méthode de plus en plus privilégiée par nos sociétés.
– la conservation ex situ, en dehors du milieu, qui nécessite des structures comme la banque de gènes ou la banque de semences. La conservation in situ doit trouver un compromis avec les activités humaines. En effet, protéger la Nature engendre parfois des modifications de la réglementation de l’espace, et donc de son utilisation. On comprend ainsi l’avantage de faire participer la population locale. Il s’agit d’un moyen d’optimiser à long terme la préservation.
Une difficulté d’évaluer la biodiversité
La dernière difficulté rencontrée pour prendre en compte complètement la biodiversité d’un territoire est celle de l’évaluation. Il s’agit du premier pas afin d’établir une conservation adaptée par la suite. Il existe pour cela des critères et des approches différentes qui influent sur le résultat final mais ces méthodes sont toutes longues et couteuse.
Les critères essentiels lors de l’évaluation de la biodiversité
Il existe deux critères pour mesurer la biodiversité :
– La richesse en espèces (nombre d’espèces présentes), importante pour la résistance des écosystèmes face aux chocs.
– L’égalité de la représentation des espèces (aucune population d’espèce en surreprésentation ou sous représentation), importante pour le bon fonctionnement des écosystèmes. La biodiversité a donc un rôle protecteur et régulateur des écosystèmes. Par ailleurs, la différence génétique peut aussi être un moyen de mesure important. Les espèces menacées ne sont pas toujours celles qui ont la plus grande différence génétique avec celles non menacées contrairement à des espèces dites seulement vulnérables. Ainsi, préserver ces espèces menacées au détriment des espèces vulnérables ne favorise pas la variabilité des ressources génétiques et donc la biodiversité. Ce problème est souvent dû à la valeur accordée par la société aux espèces en danger. Cependant ces critères (richesses en espèces, égalité de représentation des espèces, différence génétique) n’évaluent qu’un état momentané de la biodiversité. Il est aussi essentiel de mettre en évidence l’évolution ou le fonctionnement écosystémique ayant amené à l’état de la biodiversité actuelle. Cela permet aussi d’établir les perspectives d’évolution de celle-ci. Ainsi, les espaces privilégiés de la biodiversité doivent favoriser le flux des populations d’espèces, les ressources trophiques et éviter le dérangement. Il s’agit souvent d’espaces protégés.
Lors de la mesure de la biodiversité, trois aspects sont aussi à prendre en compte :
– L’échelle : richesse en espèces au niveau de l’écosystème ou au niveau géographique, régional et les modifications de la diversité
– La composition : la population minimale d’une espèce pour survivre
– Le fonctionnement écologique de l’espèce (le repos, la nourriture, la reproduction, le territoire et les habitats…)
– Point de vue lors de la préservation : pratique, morale, esthétique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA BIODIVERSITE, UN TERME RECENT SOULEVANT DE NOMBREUX PROBLEMES
I. Contexte général
1. La reconnaissance mondiale de la biodiversité à l’origine du développement de cette notion
2. Les raisons de la reconnaissance mondiale de la biodiversité
II. Les difficultés lors de la prise en compte de la biodiversité
1. Deux types de conservation des espèces pour préserver la biodiversité
2. La préservation de la biodiversité soulevant des questions sans réponse
3. Une difficulté d’évaluer la biodiversité
a. Les critères essentiels lors de l’évaluation de la biodiversité
b. Les différentes approches lors de l’évaluation de la biodiversité
c. Les limites de l’évaluation de la biodiversité
III. Biodiversité et document d’urbanisme, des notions floues à définir
1. Qu’est-ce que la biodiversité ?
a. Définition
b. Les pistes de recherches éliminées
2. Qu’est-ce qu’un document d’urbanisme ?
a. Définition
b. Les pistes de recherche éliminées
DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE SUIVIE
I. Un paradoxe : une prise en compte de l’environnement sans y intégrer a priori la biodiversité
1. Un cadre juridique très impliqué dans la préservation de la biodiversité
2. La préservation de la biodiversité, un sujet peu abordé dans les outils de protection de l’environnement à disposition des PLU
II. Problématique et hypothèse
III. La méthode suivie
1. Le domaine de la recherche
2. L’objectif de la recherche
3. La méthode d’élaboration de la grille de comparaison
4. Choix des territoires
5. Les grilles de lecture du POS et du PLU
TROISIEME PARTIE : ETUDE DE CAS, RESULTATS ET ANALYSE
I. Nantes, la métropole durable de demain
1. Carte d’identité de Nantes
2. Tableaux de lecture du rapport de présentation et du PADD
a. POS
b. PLU
3. Tableaux de lecture du règlement
a. POS
b. PLU
4. Les grilles de comparaison
5. Bilan
II. Chinon, la protection de ses paysages
1. Carte d’identité de Chinon
2. Tableaux de lecture du rapport de présentation et du PADD
a. POS
b. PLU
3. Tableaux de lecture du règlement
a. POS
b. PLU
4. Les grilles de comparaison
5. Bilan
III. Mauves-sur-Loire, le poumon vert de l’agglomération nantaise
1. Carte d’identité de Mauves-sur-Loire
2. Tableaux de lecture du rapport de présentation et du PADD
a. POS
b. PLU
3. Tableaux de lecture du règlement
a. POS
b. PLU
4. Grilles de comparaison
5. Bilan
IV. Bilan
1. Une méthode d’élaboration de la grille de comparaison généralisable
2. L’hypothèse initiale infirmée
3. Deux visions différentes de la préservation des espaces naturels, donc de la biodiversité
4. Une approche qualitative posant la question de l’objectivité
CONCLUSION
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