Les quatre concepts du méta paradigme infirmier
selon J. Fawcett Comme évoqué précédemment, le méta paradigme infirmier, comme le conçoit Fawcett (1984), comporte quatre concepts: la personne, la santé, les soins et l’environnement. Fawcett (1996) définit la personne comme le bénéficiaire des soins infirmiers et non comme un co-créateur de sa santé, l’environnement comme extérieur à la personne et non intrinsèque à la personne, la santé comme un état de bien-être s’étendant sur un continuum et non comme un devenir. Enfin, Fawcett définit le soin comme les actions faites par les infirmières au nom de ou en conjonction avec la personne, et comme les buts et résultats des actions de soins qui sont un processus systématique de collecte de données, de diagnostics, de planification, d’interventions et d’évaluations, ce qui reflète une conception du paradigme de la totalité. (Major, 2000. p.12). En reprenant la question de départ, les liens suivants peuvent être établis avec les concepts décrits précédemment : La personne: Dans ce travail, le concept de la personne est au centre de la problématique. Il fait référence à la personne âgée vivant en institution mais également aux personnes ressources autour de celle-ci (entourage, soignants…).
Par conséquent, le métaparadigme de l’être humain est un pilier principal ; car il intègre tant la personne à l’origine de maltraitance que la personne qui en est victime. Tout individu est un être digne qui mérite la bientraitance et la bienfaisance. Cependant, lors de situations de maltraitance, le respect de l’individu bénéficiaire de soin n’est pas un élément appliqué dans son entièreté. L’environnement : L’environnement est représenté dans la problématique traitée par l’institution. Une fois les personnes logées en institution, ce lieu est considéré comme leur lieu de vie. Il comprend à la fois un environnement physique, mais aussi un environnement social dont font partie les voisins/es de chambre, le personnel ménager et hôtelier, le personnel soignant, la famille, etc.
A nouveau, soulevons ici le fait que la maltraitance provient fréquemment de l’environnement proche de la personne, d’individus qu’elle connaît bien (Berg, Moreau & Giet, 2005). Les auteures de ce travail pensent que l’environnement peut influencer la problématique de la maltraitance à plusieurs niveaux. D’abord au niveau du lieu lui-même ; si celui-ci est mal « soigné » , cela peut être considéré comme une forme de maltraitance. Ensuite, la charge de travail, le manque de temps, d’espace, et les facteurs reliés au personnel peuvent également être source de maltraitance. Tous ces facteurs environnementaux sont à prendre en considération. Ils influencent grandement la prise en charge de la personne, et il faut veiller à ce qu’ils soient gérés de manière optimale. Les soins : Ils sont importants dans le cadre de la problématique car la personne âgée vivant en établissement médico-social est nécessiteuse de soins à des degrés divers.
Elle a droit à des soins de qualité, qui respectent sa dignité. Le concept de soin fait également référence à la prévention et à la diminution des risques de maltraitance. En ce qui concerne la personne âgée, il y a non-seulement les soins techniques, mais également les soins de la vie courante tels que la toilette, les mobilisations, les repas, etc. Leur réalisation nécessite du personnel qualifié ainsi qu’un travail pluridisciplinaire avec des médecins, des infirmières, des assistants en soins et santé communautaire (ASSC) et des aides-soignants. Le soin est, selon les auteures, le moment le plus propice à la survenue d’actes maltraitants. On peut imaginer qu’un personnel incompétent, non formé ou encore un manque d’effectif, sont autant de situations pouvant engendrer des soins inadaptés. Ceux-ci n’étant pas de qualité et pouvant aller jusqu’à correspondre à des actes de maltraitance. La santé : Bien qu’il soit possible que la personne âgée se porte bien et soit encore indépendante dans la majorité des activités de la vie quotidienne, sa situation de santé peut l’amener à entrer en établissement médico-social. Les causes peuvent être variées, comme une difficulté à se faire à manger, ou de la difficulté à se déplacer. Le processus de vieillissement a toujours une influence sur le niveau de santé de la personne, car c’est un processus dégénératif, qui peut avoir comme conséquence des pathologies actuelles. De plus, des pathologies sous-jacentes peuvent être présentes et influer sur l’état de santé d’une personne. La santé des individus est l’un des buts premiers des soins infirmiers, mais lors de cas de maltraitance, la santé se trouve altérée plutôt qu’améliorée. C’est ici l’occasion de définir la visée de ce travail qui est de promouvoir la santé globale de la personne âgée soignée au niveau physique, psychologique, social et spirituel par la prévention de la maltraitance.
Les modes de savoirs infirmiers selon B. Carper
Après avoir éclairé la problématique à la lumière du métaparadigme infirmier, le lien entre cette problématique et les savoirs disciplinaires infirmiers sont développés ultérieurement. Les savoirs infirmiers ont été définis et sont fondés sur plusieurs modalités. Ils proviennent de la recherche scientifique et sont définis comme étant la clef de la discipline infirmière. Plusieurs modes de savoirs ont été développés par Carper (1978) : le mode empirique, le mode éthique, esthétique et personnel. White (1995), pour sa part, a jugé pertinent d’ajouter le mode socio-politique. Plus récemment Chinn et Kramer (2008) ont décidées de nommer ce même mode « émancipatoire » (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010). Le mode empirique fait référence à la recherche et à la démarche scientifique. Ces dernières sont en liens directs avec les connaissances, les observations et l’exploration de différents phénomènes. Il s’agit d’organiser la pratique selon des données scientifiques (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010). Pour traiter et définir le sujet de la maltraitance il est alors important d’être au fait des recherches, définitions, observations et connaissances existantes dans la littérature, afin de baser les soins sur des données scientifiques. Ces savoirs sont essentiels dans le cadre de la problématique, car ils permettent le développement des connaissances sur le sujet, ce qui va permettre d’affiner la question de départ. Le deuxième type de savoir est le mode éthique ; il est décrit comme étant la prise en considération des valeurs et de la morale que nécessitent des situations de soins. Il comprend ce qui est bon, juste et est basé sur des principes et des codes (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010).
La problématique traitée se développe dans le mode éthique par ses relations à des concepts qui sont eux-mêmes en lien avec le système de valeurs (ex : non-malfaisance, bienfaisance) et qui nécessitent des connaissances au sujet des positions philosophiques. Cette dimension permet d’acquérir une réflexion éthique et de pouvoir déterminer dans un positionnement professionnel ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. L’analyse de situations présentant potentiellement des formes de maltraitance s’établira ainsi au regard du mode éthique afin de déterminer si l’attitude du soignant est adaptée et empreinte de respect vis-à-vis de la personne âgée. Si tel est le cas, alors le mode éthique est respecté et l’attitude est décrite comme moralement et éthiquement juste. Cependant, si tel n’est pas le cas, alors l’attitude est éthiquement incorrecte et potentiellement punissable. Pour ce qui est du mode personnel, il s’articule sur l’expérience personnelle de l’infirmière. Il englobe ce qu’elle connaît d’elle-même, tant par son intellect que son intuition, cela lui permettant de comprendre de façon sensible une situation de soins donnée (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010). Le lien qui peut être établi avec la question de départ est que le mode personnel soulève des questions liées aux expériences antérieures telles que; Une situation de maltraitance a-t-elle déjà été rencontrée dans la pratique passée de l’infirmière ? Était-ce heurtant ? Quelles ont été les réactions et ont-elles été efficaces ou non ? Ce mode influence la manière d’appréhender les situations et d’y réagir. Il permet par exemple de mettre en place certains actes ayant déjà permis la résolution de problèmes auparavant. Cela peut être des savoir-faire ou des savoir-être permettant de déceler un risque de maltraitance afin d’y réagir adéquatement. Le mode esthétique, quant à lui, fait référence à l’appréciation d’une situation. Il nécessite de la créativité pour « rejoindre » l’autre et rendre possible ou transformer une expérience. En d’autres termes, il représente l’expression artistique provenant du vécu de l’infirmière : la beauté d’un geste, l’intensité d’une interaction et l’habileté manifestée au moment de la coordination d’activités de soins.
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Table des matières
1. Introduction
2. Problématique
2.1 Origine de la problématique
2.2 Pertinence pour les soins infirmiers
2.2.1 Inscription du travail dans la discipline
2.2.1.1 Les quatre concepts du métaparadigme infirmier selon J. Fawcett
2.2.1.2 Les modes de savoirs infirmiers selon B. Carper
2.3 Revue exploratoire – Concept général
2.3.1 Revue exploratoire de littérature – La maltraitance envers les personnes âgées
2.3.2 Revue exploratoire de littérature – La prévention de la maltraitance
2.3.3 Revue exploratoire d’enquête – Avis d’experts
2.4 Les principaux concepts retenus
2.5 Perspectives pour la pratique
3. Concepts et champs disciplinaires infirmiers
3.1 Définition des concepts retenus
3.1.1 La personne âgée
3.1.2 La vulnérabilité
3.1.3 La maltraitance
3.1.4 L’établissement médico-social
3.1.5 La bientraitance
3.1.6 Les principes éthiques
3.1.7 La prévention
3.2 Choix d’un cadre théorique
3.2.1 La théorie choisie
3.2.1.1 Définition du caring
3.2.1.2 Théorie de J.Watson
3.2.2 Lien entre la théorie et la problématique
4. Méthode
4.1 Méthode PICOT
4.2 Recherches scientifiques
5. Synthèse des résultats et discussion
5.1 Synthèse des résultats
5.2 Discussion des résultats en lien avec la question PICOT
5.3 Perspectives pour la pratique infirmière
6. Conclusion
6.1 Apports du travail de Bachelor
6.2 Limites
6.3 Perspectives pour la recherche
7. Références
Appendice A : Questionnaire délivré aux établissements
Appendice B : Grilles adaptées du Fortin (2010)
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