Les quartiers sensibles et leur prise en compte par les pouvoirs publics

Une satisfaction généralisée du cadre de vie et du logement

Présenter les profils des habitants rencontrés est capital afin de débuter l’analyse des entretiens menés. Le profil des habitants, en majorité de jeunes adultes en accession à la propriété qui ne sont pas originaires du quartier, permet d’expliquer et de préciser les résultats qui vont suivre. L’enquête montre l’appréciation positive donnée par les habitants au nouveau lieu de résidence. La satisfaction du cadre de vie et des logements se double d’une volonté de rester dans le quartier pour la majorité d’entre eux. La trajectoire résidentielle passée ainsi que la maîtrise du choix résidentiel présent sont des éléments essentiels à l’heure de saisir les ressorts cette appréciation.

Des profils homogènes : de jeunes primo-accédants dans un quartier relativement inconnu

Malgré la diversité des personnes rencontrées, un profil type revient à de nombreuses reprises. Il s’agit du couple de trentenaires avec ou sans enfants ayant choisi de réaliser leur premier achat immobilier. Pour la plupart de la région, de l’agglomération ou même originaire de Grenoble, ils ne sont pourtant pas familiers du secteur de leur nouveau lieu de résidence et n’y ont pas d’attaches familiales.

De jeunes adultes primo-accédants

Il est tout d’abord utile de préciser le terme de « nouveaux habitants » utilisé depuis le début de l’étude. En effet, cette dénomination provient de la désignation de la zone d’habitations elle-même nouvelle, les bâtiments étant relativement neufs (maximum cinq ou six ans), les terrains étant auparavant occupés par l’usine Schneider. Les « nouveaux » habitants que nous avons rencontré au cours de l’enquête ne sont donc pas si nouveaux. En effet, ils habitent le secteur depuis deux, trois, quatre ou cinq ans, ce qui représente un laps de temps assez important, même si à l’échelle d’une trajectoire de vie, cette durée reste faible.
Ces quelques années paraissent être le temps nécessaire afin de pouvoir appréhender leur satisfaction, le temps pour eux d’envisager leur nouvelle situation, de se défaire de possibles appréhensions et/ou de construire une image du quartier mais également de rencontrer des personnes, de construire des relations sociales ainsi que d’en découvrir les possibilités en termes d’équipements publics et de se créer des habitudes dans le quartier, c’est-à-dire des usages.
Quinze entretiens ont été menés auprès des habitants de la Zac Teisseire-JO. Les personnes rencontrées ont entre 26 et 75 ans et vivent dans cette nouvelle zone d’habitation depuis de deux à cinq ans. Dix d’entre eux vivent en couple et dix ont des enfants, qui n’habitent pas forcément avec eux sur le quartier. La corrélation entre les personnes en couple et celles avec des enfants n’est pas systématique. Par exemple, les trois personnes ayant plus de 55 ans (Paul, François et et Josette) ont des enfants mais vivent sans conjoint (décès ou divorce). Malgré cette apparente diversité, les habitants de la Zac Teisseire-JO interrogés dans le cadre de ce mémoire ont un profil relativement homogène. Ce sont pour la plupart d’entre eux, neuf entretiens sur les quinze menés, des couples de trentenaires primo-accédants sans enfants ou avec des enfants en bas âge ou encore relativement jeunes. Les autres habitants interrogés sont des personnes de plus de 55 ans vivant seuls ou avec leur dernier enfant ou petit enfant adolescent (les trois habitants cités ci-dessus), de jeunes adultes de moins de 30 ans, célibataires qui ne sont pas encore stabilisés (Amélie et Jules en colocation et Kevin vivant seul) et un couple de quarantenaire avec un enfant en bas âge (Farid et Fatima).
Tous les enquêtés sont actifs et la plupart font partie de ce qu’il serait possible d’appeler les classes moyennes . Sans faire partie des catégories sociales les plus aisées, ils possèdent un emploi stable, ont la possibilité d’épargner et peuvent, pour la plupart, devenir propriétaire. Pour chacune des familles rencontrées, les deux parents sont en situation d’emploi, ce qui contraste avec la situation des familles des quartiers environnants, comme nous l’avons évoqué précédemment. Les habitants rencontrés sont ainsi technicien supérieur de bureau d’études (Abdel), médecin généraliste et chef de projet informatique à la Sécurité sociale (Valentin et Marie), professeur des écoles et informaticien (Patrick et Claire) ou encore chargée d’insertion et éducateur spécialisé (Isabelle et Franck). Cependant, cette apparente homogénéité ne saurait occulter la diversité des profils rencontrés. En effet, certains habitants vivent plus de façon plus modeste, ayant des emplois moins qualifiés : chauffeur de bus (Damien), agent des services hospitaliers (Josette) ou encore artisan maçon et secrétaire (Farid et Fatima). Ce type d’emplois se corrèle également généralement, au moins dans le cas de notre étude, au statut d’occupation du logement : ces trois ménages sont locataires du parc social. Une diversité de statut d’occupation existe en effet au sein de la Zac. Ainsi, huit des habitants rencontrés sont propriétaires dont deux par le bais de l’accession sociale. Sept d’entre eux ont accédé pour la première fois à la propriété par l’achat de ce bien : ce sont des « primoaccédants ». Quatre ménages sont locataires du parc social public et trois du parc privé . Cet échantillon correspond à l’actuelle répartition des statuts d’occupation sur la Zac . Parmi les sept primo-accédants, six ont le même profil précédemment décrit : ce sont des jeunes couples avec ou sans enfants. Ces nouveaux habitants se sont donc installés au sein de la Zac Teisseire-JO, alors que le secteur leur était pourtant assez inconnu.

Une faible connaissance du quartier par les nouveaux habitants

La plupart des personnes interrogées, douze sur quinze, ne viennent pas de Teisseire, ni des quartiers environnants que ce soit Jouhaux, Malherbe ou encore l’Abbaye. Ils viennent d’autres quartiers de Grenoble (le centre ville, le Parc Paul Mistral, Vigny Musset, avenue Stalingrad, la Villeneuve, Chorier Berriat), d’autres communes de l’agglomération (Eybens, Saint-Martin-d’Hères, Échirolles, Claix), de la région (Lyon, Annecy) ou d’autres pays (Ukraine). Seuls trois ménages vivaient dans des quartiers limitrophes, Jouhaux et l’Abbaye (Farid et Fatima, Josette et Kevin). Ce sont donc principalement des « extérieurs » au quartier Teisseire qui sont venus s’installer dans cette zone nouvelle en jonction avec Jouhaux. Par ailleurs, il est également intéressant de noter, comme autre élément commun au profil des enquêtés, que la majorité ne connaissaient pas particulièrement le quartier en y aménageant.
Aucun d’entre eux ne connaissait, avant d’y emménager, des habitants du quartier ou y avaient une attache particulière. Ils n’ont pas, pour la plupart, chercher à en savoir plus au moment de l’installation, comme en témoigne Isabelle qui a emménagé avec son mari et ses enfants il y a cinq ans, « je ne connaissais pas le quartier plus que ça […] en fait on a eu le coup de cœur pour l’appartement donc on ne s’est pas trop posé de questions », ou Patrick qui a fait le choix avec sa femme d’acheter un appartement sur la Zac : « le quartier, on ne savait pas trop, moi je ne connaissais pas le coin de Teisseire ». Cette observation peut paraître assez surprenante.
En effet, le logement au sein de la Zac constitue, pour sept des ménages interrogés, leur premier achat immobilier, et il aurait été possible de penser qu’un tel choix aurait pu nécessiter de plus amples recherches sur le nouveau quartier. Des habitants, en accession ou non, ont néanmoins cherché à en savoir plus sur Teisseire et la nouvelle zone d’habitation auprès d’amis ou de collègues de travail, ce qui a pu conduire à certaines mises en garde et à des appréhensions, comme nous le verrons par la suite.
La méconnaissance du secteur d’emménagement est assez intéressante car elle contraste avec d’autres études menées sur des terrains similaires. Ainsi, par exemple, les travaux menés par Pierre Gilbert sur l’accession à la propriété dans un programme neuf au sein du quartier populaire des Minguettes alors en rénovation montre l’importance du localisme et de la familiarité pour ceux qui choisissent d’acheter dans le secteur. Ceux qui accèdent à la propriété sont principalement des ménages avec des attaches dans le quartier appartenant aux fractions stables des catégories populaires, et non des classes moyennes comme cela était attendu, à l’inverse des habitants de la Zac Teisseire-JO qui ne sont pas « économiquement contraints » comme ceux rencontrés par Pierre Gilbert. Néanmoins, il est vrai que des différences existent entre les deux terrains d’étude. En effet, la majorité des logements sont en accession libre sur la Zac, tandis qu’ils sont en accession sociale aux Minguettes, ce qui explique que les nouveaux habitants soient légèrement moins aisés que ceux de la Zac. Par ailleurs, contrairement aux Minguettes alors touché par un projet de rénovation urbaine agissant sur le peuplement du quartier, le projet de la Zac n’est qu’une partie du projet, complémentaire à celui de Teisseire, les relogements ayant déjà tous été effectués. Les habitants ne pouvaient donc pas provenir de ce quartier. Malgré ces différences , les deux projets visaient à attirer de nouvelles populations dans un quartier prioritaire en mutation et force est de constater le contraste entre les publics effectivement touchés par ces programmes neufs sur la question de la connaissance du quartier.
Ainsi, les habitants de la Zac Teisseire-JO sont donc bien pour la plupart « nouveaux » dans le secteur. Ils découvrent un nouveau lieu de résidence avec des yeux relativement neufs, même si cela n’empêche pas leurs appréhensions et leurs représentations comme nous le verrons par la suite. Nous allons donc maintenant nous intéresser au regard qu’ils portent sur leur nouveau lieu de résidence.

Une appréciation globalement positive du nouveau lieu de résidence

L’enquête montre que les nouveaux habitants apprécient leur nouveau lieu de résidence en mettant en avant des atouts tant sur le plan du logement que du cadre de vie. La majorité d’entre eux déclarent ainsi s’y plaire et souhaitent y rester.

Les atouts mis en avant

La grande majorité des interrogés exprime une satisfaction quant à leur nouveau lieu de résidence. « C’est bien » est une expression qui revient de nombreuses fois dans les entretiens et qui est généralement le premier élément exprimé au début de la rencontre. Cette appréciation ne doit pas être prise à la légère et traduit une satisfaction de fond exprimée par les habitants. Ainsi, Josette habitant seule dans un logement du parc social se dit « drôlement contente », Damien résidant avec sa compagne et sa fille « plus que satisfait », Sara et Abdel « assez à l’aise » tandis que Laurence, primo-accédante et habitant avec son mari et sa fille explique qu’ils sont « bien dans l’appartement ». Il est également possible de citer Patrick qui ne connaissait pas le quartier avant d’y emménager et qui explique que « coup de dés ou pas coup de dés on a découvert un quartier plutôt sympathique parce qu’il y a une certaine solidarité, on est dans un quartier plutôt populaire, tout de suite on se connaît bien entre voisins », une autre personne décrit « un quartier paisible ».
En effet, de nombreux avantages sont mis en avant au cours des entretiens, atouts qui portent tout autant sur le nouveau logement des personnes que sur le quartier et sa localisation au sein de la ville et de l’agglomération. Les habitants interrogés valorisent ainsi la tranquillité du lieu, son calme, les espaces verts au niveau des allées, des cours intérieures et du parc de Ouagadougou qui jouxte la Zac Teisseire-JO mais également la qualité de la morphologie urbaine qui se traduit par des formes variées et des bâtiments « à taille humaine, quatre étages maximum [avec] très peu de foyers par immeuble » . Les habitants apprécient également le fait que les bâtiments soient neufs. En effet, pour nombre d’entre eux, cela a été un argument supplémentaire pour venir s’installer ici, en plus de la TVA à prix réduit, du fait de la proximité avec la ZRU, permettant d’accéder à ce type de confort à moindre coût. C’est par exemple le cas de Isabelle et Franck, couple de trentenaires avec trois enfants, qui cherchaient à acheter pour la première fois dans de l’ancien, mais qui sont néanmoins venus visiter l’appartement du fait du prix, alors équivalent à ceux dans de l’ancien du fait de la réduction fiscale. Le couple a finalement pris la décision de s’y installer. Les logements sont également globalement très appréciés notamment du fait de leur commodité, des importantes surfaces, de la présence de balcons ou encore de la vue sur les montagnes environnantes.
Néanmoins, il est quand même important de dire, que malgré cette globale satisfaction concernant les logements, plusieurs habitants témoignent de certains défauts auxquels ils ne s’attendaient pas en achetant ou louant dans du neuf.
De nombreux termes élogieux sont cependant présents dans les entretiens. « Coup de cœur », « on a craqué » sont par exemple deux expressions qui reviennent dans plusieurs entretiens afin de décrire la première visite l’appartement. Le prix est ainsi un aspect décisif mais ce n’est pas l’unique motif de décision : les appartements ont plu dans leur organisation et leur confort. La présence de commerces de proximité, tels que la boulangerie ou le Simply,ainsi que d’équipements, comme la Poste sont appréciés et mis en avant au cours des entretiens. Enfin, la localisation du quartier, en bordure de centre-ville tout en restant très proche de celui-ci (20 minutes en bus) est soulignée. La mixité des populations dans le quartier est également un élément positif cité par plusieurs habitants, sauf pour l’un des habitants qui n’apprécie guère la proximité avec des classes plus populaires . Ainsi, Valentin et Marie expliquent par exemple ainsi qu’ils sont « contents de la population, [ils trouvent] qu’il y a de la mixité, du coup [il y a] des gens de tous les horizons, c’est super agréable ». La question scolaire ne semble pas avoir été prise en compte dans le choix du nouveau lieu de résidence, malgré l’importance de cet aspect comme nous le verrons par la suite.
Comme le résume Amélie, auteur dramaturge vivant en collocation avec un ami, « c’était tout neuf, on a une super vue, il y a une petite cour intérieure, il y a le garage, le garage à vélo, enfin bref c’est confortable, quand tu regardes autour il y a pleins de verdure, on est pas loin du centre ville, tu prends le bus t’y es direct, pareil c’est pas loin de la montagne de l’autre côté donc quelque part c’est le compromis idéal pour habiter en ville ». Il est intéressant de noter que la plupart des éléments explicités par les habitants interrogés sont ceux mis en avant par la ville de Grenoble dans ses plaquettes de commercialisation et de communication concernant cette nouvelle d’habitation, « 4 très bonnes raisons de découvrir ce futur quartier », qui insistent sur l’accès direct au centre ville, l’adaptation des appartements aux modes de vie actuels, la qualité de vie et la haute qualité environnementale (HQE).Pour ces raisons, une majorité d’habitants souhaitent rester dans le quartier.

La volonté de poursuivre sa trajectoire dans le quartier

L’enquête montre ainsi que plus d’un tiers des habitants interrogés souhaitent rester dans leur nouveau logement et leur nouveau quartier , ce qui est, bien entendu, à mettre en corrélation avec leur satisfaction. Les habitants se plaisent dans le quartier, ils apprécient ces commodités et ces aménités, ce qui concorde avec les impressions exprimées par les professionnels du quartier Teisseire, évoquées en première partie de cette étude. Les habitants ont peu à peu pris leurs marques et envisagent désormais de poursuivre leur trajectoire au sein de ce quartier, même s’ils ont dû, pour un certain nombre d’entre eux, surpassé certaines appréhensions comme nous le verrons par la suite.
Pour un autre tiers des interrogés, le choix de la Zac Teisseire-JO n’est qu’une étape dans leur parcours résidentiel. Même s’ils sont satisfaits de leur nouveau lieu de résidence, ils envisagent de déménager. Ils ne mettent pas cette décision en corrélation avec le quartier ou leur possible insatisfaction. En effet, ils déménagent afin de se rapprocher d’un lieu de travail (Isabelle et Franck), d’obtenir un logement plus grand du fait d’une augmentation de la taille de la famille (Sara et Abdel, Valentin et Marie) ou pour s’installer à la campagne (Patrick et Claire) ou dans une plus petite ville (Laurent et Martine), le quartier ayant été conçu comme une étape avant leur installation définitive. « Nous de toute façon, ce qu’on s’est dit c’est que c’était un projet temporaire, on ne souhaite pas rester ici tout le temps […] je ne me sens pas l’âme d’un citadin, je le savais déjà » (Patrick). Pour ces habitants, le quartier ne constitue donc pas l’aboutissement de leur trajectoire résidentielle.
Pour finir, quatre des habitants interrogés sont néanmoins plus mitigés quant à l’appréciation du quartier et donc quant à la suite de leur parcours dans celui-ci. Daria, jeune ukrainienne venue rejoindre son mari en France et vivant actuellement dans un logement en location privée, préférerait changer de quartier. Elle ne s’y sent pas complètement à son aise, semble avoir peur la nuit, et souhaite changer de secteur quand ils devront choisir un appartement à acheter. Laurent explique lui être satisfait du quartier mais nuance néanmoins son propos en le comparant à son ancien quartier plus riche en relations sociales dans un cadre de vie jugé meilleur. Deux ménages ne se plaisent vraiment pas dans le quartier et souhaitent déménager. Pour Jeanne, employée en laboratoire de recherche en couple avec un enfant, son logement étant son premier en accession, le quartier est une déception tant du point de vue du logement, du manque de mixité sociale ou des risques de mauvaises fréquentations de son enfant : « on croyait à plein de principes de la mixité sociale, on disait que à Grenoble c’est une belle ville, pourquoi on ne s’installe pas ici, après ben voilà le quartier il y a des petits soucis sociaux mais vraiment il faut que ça disparaisse, c’est que nous… les jeunes qui souhaitent démarrer leur vie, ils ont une situation correcte c’est eux qui peuvent changer les choses, on croyait vraiment à la mixité sociale […] on s’installe et après on a eu des petits problèmes […] on a l’impression que c’est une construction qui est destiné aux gens qui se satisfont du minimum […] il y a des défauts de partout […] je pouvais pas mettre mon enfant dans l’école du quartier parce que voilà j’ai peur ». Pour Farid et Fatima, couple de quarantenaires avec un enfant en bas âge et locataires du parc public, les actes de vandalisme sont pesants, de même que les mauvaises relations avec le voisinage. Enfin, il est possible de noter que pour une dernière habitante interrogée, Laurence, le choix de rester ou non dans le quartier est encore incertain. Elle se dit satisfaite du quartier, elle s’y plaît mais elle reste néanmoins sur ses gardes : si de nouveaux coups de feu se font entendre, son choix sera de déménager. Il n’existe pas de corrélation entre les profils de ces différents ménages.
Malgré ces avis bien plus mitigés ou même clairement négatifs pour certains, notre enquête montre dans l’ensemble que les habitants sont globalement satisfaits de leur nouveau logement et de leur nouveau quartier. L’analyse de leur discours et des mots utilisés nous poussent notamment à mettre en lien cette appréciation avec leur trajectoire résidentielle. De fait, une concordance entre la marge de manœuvre dans la trajectoire résidentielle, l’appréciation du quartier et la volonté de partir ou d’y rester est constatée.

Une satisfaction à mettre en lien avec la trajectoire résidentielle

Pour la plupart des personnes rencontrées étant aujourd’hui satisfaites de leur cadre de vie, la décision de venir s’installer au cœur de la Zac Teisseire-JO est un choix réfléchi et non contraint. Il a fait l’objet d’arbitrages et s’intègre dans les choix de vie des familles ou des personnes. Pour certains, ce nouveau logement est également synonyme de changement de statut d’occupation mais pour la plupart des habitants il représente surtout un gain qualitatif par rapport à leur ancien lieu de vie.

Un choix maîtrisé…

Les raisons qui ont poussé les habitants rencontrés à déménager et à chercher un nouveau logement sont multiples. Dans certains cas, la raison de déménagement s’explique par une inadaptation du précédent logement comme par exemple la recherche d’un rez-dechaussée pour une personne âgée (Paul) ou la taille trop réduite de l’appartement (Amélie et Jules, François, Farid et Fatima, Kevin), la recherche d’un autre cadre de vie (Damien), la volonté de s’autonomiser des parents (Daria et Pierre, Sara et Abdel), de devenir propriétaires (Amélie et Jules, Valentin et Marie, Cyril et Jeanne, Patrick et Claire, Isabelle et Franck), de se rapprocher des services et des équipements de la ville (Laurent et Martine) ou encore en raison d’un loyer trop élevé dans le logement précédent (Josette). Si un facteur est souvent prédominant pour expliquer la volonté de changer de lieu de résidence, il existe souvent plusieurs raisons qui s’entremêlent, entrent en jeu et poussent finalement à la décision de la recherche d’un nouvel appartement. Ainsi, pour Abdel, 31 ans et technicien supérieur en bureau d’études, la volonté de partir de chez ses parents domiciliés à Saint-Martin-d’Hères s’est accompagné de celle de devenir propriétaire, tandis que pour François, 60 ans, divorcé et ingénieur génie civil, l’exiguïté de l’appartement allait de pair avec des occupations du hall d’entrée par des jeunes qui l’ont conduit plusieurs fois à appeler la police, sans pour autant permettre une résolution du problème.
Une fois la décision de partir prise, les habitants ont entamé la recherche d’un nouveau logement par eux-mêmes (annonces sur Internet ou directement sur les bâtiments), au travers d’une agence immobilière ou encore par le biais de leur bailleur social pour les locataires du parc public. Dans la grande majorité des cas, le choix de la Zac Teisseire-JO n’a pas été un choix contraint mais bien un choix raisonné. Les habitants ont hiérarchisé leurs préférences et ont choisi leur logement de façon réfléchie. Pour certains plusieurs visites ont été effectuées, pour d’autres la visite du logement au sein de la Zac était leur première mais a été décisive.
Pour les locataires du parc social également, le processus semble avoir été maîtrisé. Josette par exemple, cinquantenaire et locatrice auprès d’Actis, souhaitait déménager, son logement étant devenu trop grand et trop cher à la suite du départ de ses enfants. Elle a d’abord refusé les deux premières propositions de logement qui lui ont été faites, dont l’une située au centre historique du quartier Teisseire. Ceux-ci étaient, en effet, moins chers mais apparemment en très mauvais état, Josette parle ainsi de « taudis ». Le logement de la Zac, sa troisième proposition, a finalement été la bonne, même si elle n’avait plus le choix de refuser, et se dit désormais « drôlement contente » de son nouvel appartement.

… qui s’intègre dans une évolution positive de la trajectoire résidentielle

Il est intéressant de décrire brièvement les trajectoires résidentielles des habitants, car celles-ci permettent, en partie, d’appréhender et de comprendre leurs représentations du quartier et leurs rapports aux autres. Six des interrogés ne changent pas de statut d’occupation entre leur ancien et leur nouveau logement : trois restent locataires du parc public, deux restent locataires du parc privé et un reste propriétaire. Huit d’entre eux ont une trajectoire qu’ils qualifient de positive en ayant changé de statut d’occupation, même si la notion de « trajectoire ascendante » est sujet à débat, le mythe de l’accession à la propriété ayant conduit à de multiples dérives. Sept interrogés sont ainsi devenus propriétaires en déménageant au sein de la Zac Teisseire-JO et un autre s’est autonomisé en partant de chez ses parents pour louer un logement dans le parc privé. Enfin, un dernier cas a une trajectoire résidentielle du parc privé au parc public, évolution très mal vécue par ce couple avec un enfant en bas âge.
La satisfaction du nouveau lieu de résidence transparaît au travers des mots utilisés par les habitants afin de le comparer avec leur situation passée. Ainsi, les défauts de leur précédent logement sont mis en juxtaposition avec les atouts précédemment cités. Certains soulignent notamment la tranquillité et le calme de la nouvelle zone en l’opposant aux inconvénients du centre ville qu’ils ont fuis, que ce soit au niveau de la qualité des immeubles – « parce qu’avant j’habitais dans le centre ville donc c’était des vieux immeubles, le chauffage voilà quoi » (Damien)- ou de l’anonymat et du bruit – « arrivé ici, c’est différent, on dirait qu’il y a un peu plus de vie, le quartier vit un peu plus, les gens sont moins stressés […] ça donne plus envie de sortir, il y a moins de bruit » (Kevin). D’autres habitants parlent ainsi d’un « tout autre confort » (Paul) ou encore d’un logement qui n’a « rien à voir » avec l’ancien (Sara et Abdel). Il est également possible de donner l’exemple de cette habitante de 39 ans, technicienne à la mairie de Grenoble qui souligne la présence d’équipements publics et d’associations dans le quartier Teisseire et l’oppose ainsi de cette manière à son précédent lieu d’habitation situé dans le quartier Vigny Musset à Grenoble considéré « trop dortoir » (Laurence). Ainsi, même si de nombreux habitants ont conservé le même statut d’occupation, leur trajectoire résidentielle peut-être qualifiée de positive car elle représente pour eux une évolution qualitative notable de leur situation. Pour ceux qui accèdent à la propriété, l’évolution de la situation est considérée comme une étape importante dans leur trajectoire personnelle, même si la plupart mettent surtout en avant le fait que cela leur permet de réaliser des économies, les loyers étant particulièrement chers, comme en témoignent Valentin et Marie qui vivent depuis 2009 au sein de la Zac : « symboliquement déjà c’est bien et puis après c’est commencer à préparer un peu l’avenir […] l’impression de payer à pertes tous les mois quand on est locataire, là on paie, on investit ». Un des primo-accédants, Patrick, fait néanmoins état des difficultés qu’il a pu connaître en devenant propriétaire, notamment sur la question des charges qu’il n’avait pas prise en compte dans sa globalité.

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Table des matières
Remerciements
Sommaire
Introduction
Première partie : Les quartiers prioritaires, entre inertie et mutations
Chapitre 1 : Les quartiers sensibles et leur prise en compte par les pouvoirs publics
I-Que sont les quartiers sensibles ?
II-La politique de la ville : d’une politique innovante à des critiques et des évolutions
III-Les débats relatifs à la mixité sociale
Chapitre 2 : Les représentations et les modes d’habiter en question
I-Représentations sociales et lieux de vie
II-Vivre dans un quartier et dans la ville
Chapitre 3 : La Zac Teisseire-Jeux Olympiques et le quartier de Teisseire
I-Un quartier grenoblois en renouvellement urbain : le quartier Teisseire
II-La focalisation sur le nouveau secteur de la Zac Teisseire-Jeux Olympiques
Deuxième partie : La Zac Teisseire-JO : de la satisfaction à la distinction
Chapitre 1 : Une satisfaction généralisée du cadre de vie et du logement
I-Des profils homogènes : de jeunes primo-accédants dans un quartier relativement inconnu
II-Une appréciation globalement positive du nouveau lieu de résidence
III-Une satisfaction à mettre en lien avec la trajectoire résidentielle
Chapitre 2 : La Zac et Teisseire, une relation de distinction ?
I-Une localisation floue, multiple et forte d’implication
II-Des représentations ambivalentes des quartiers aux alentours
III-Un processus de distanciation plus ou moins volontaire
Chapitre 3 : Des usages et des pratiques du quartier assez modérés
I-Des usages modérés du quartier… mais comme partout ? L’utilisation limitée des équipements et des sorties tournées vers le centre ville
II-Le clivage sur la question scolaire
III-Dans le quartier, des relations sociales limitées ou entre pairs
Conclusion
Bibliographie
Liste des sigles
Table des annexes
Table des matières

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