Les projets de naissance dans la pratique hospitalière 

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

L’application des projets de naissance

Ce tableau illustre l’application des projets de naissance par les professionnels de santé, il a pu être divisé en quatre sous-parties :
· L’application des projets de naissance en pratique,
· La fréquence des projets de naissance,
· Les freins à l’application des projets de naissance,
· Les leviers des projets de naissance.

Du côté des couples, selon les professionnels

Ce tableau représente le point de vue des couples selon les professionnels de santé, il est divisé en deux sous-parties :
· La motivation des couples,
· Le lien entre les violences obstétricales et les projets de naissance.
Les professionnels distinguent, parmi les motivations des couples à faire ou pas un projet de naissance, trois grandes thématiques.
Premièrement, la notion de besoin est citée par trois professionnels, pour lesquels, le projet de naissance relève d’un besoin du couple, Marion cite « Je pense que pour eux, ils ont besoin de poser les choses » (Marion L.118), pour Hélène c’est « un besoin de se sentir respecter » (Hélène L.81).
Deuxièmement, pour sept autres professionnels, les couples n’ont pas besoin de projets de naissance. Pour la majorité des sages-femmes exerçant en plateau-technique, le projet est inutile dans ce contexte : « Mais après non, de mes plateaux-techniques, il n’y en a aucune qui a écrit quoi que ce soit. Il n’y en avait pas besoin » (Yvonne L.245-246), Béatrice cite « En fait, les gens que l’on suit, ils ont moins besoin de l’exprimer » (Béatrice L.97).
Barbara et Coline relèvent l’implication de l’accompagnement des couples pendant la grossesse dans le besoin d’écrire un projet de naissance : « Mais si elles ont bien été accompagnées, je pense qu’elles n’ont pas besoin de l’écrire » (Coline L.182-183). Pour Karina et Annie, les couples n’expriment pas le souhait de réaliser un projet de naissance : « Il n’y a quasiment aucune demande de la part des patientes » (Annie L.85).
Troisièmement, les notions de confiance et d’autorité médicale sont également exprimées.
Six professionnels considèrent que le projet de naissance reflète un manque de confiance des couples envers l’équipe médicale : « On dirait que les gens ont un manque de confiance en nous et ça pour le coup, ça peut être un frein à la réalisation de leur projet et notre envie de les prendre en charge » (Géraldine L.159-161).
Quatre sages-femmes abordent aussi la question de l’autorité médicale : « c’est aussi savoir se faire respecter et ce n’est plus « les médecins et l’équipe médicale sont les tout puissants » c’est « on se fait aussi respecter » » (Hélène L.75-77) ; « pour moi ça veut dire qu’elles arrivent en étant persuadées qu’il y a deux mondes. Il y a elle et il y a le monde médical et pour pouvoir accéder au monde médical, il faut glisser le projet de naissance » (Yvonne L.193-195).
L’impact de la culture et des conditions sociaux-économiques est abordé par les professionnels, mais aucune tendance ne ressort réellement.
Anne-Sophie cite les conditions sociaux-économiques : « une population très précaire, qui ne parle pas français, forcément ce ne sont pas celles qui font les cours et ce ne sont pas celles qui vont nous demander un projet de naissance » (L.53-55).
Au contraire Karina constate que « ce n’est pas vraiment social, je dirais que c’est plus culturel pour le coup » (L.112).
Cet avis est partagé par Hélène « J’ai une première expérience à Mayotte, ce n’était pas trop répandu là-bas, elles suivent leur instinct, elles n’ont pas besoin de projet de naissance. Je pense qu’il y a vraiment un côté typiquement Français ou Européen, peut-être qu’il en existe aussi aux États-Unis, mais c’est vraiment lié au monde occidental, à la théorisation des choses » (Hélène L.193-197), alors que Paola cite « en France l’attitude n’est pas à ça » (Paola L.176-177).
A propos du lien entre les projets de naissance et les violences obstétricales, sept professionnels ne s’expriment pas sur ce sujet.
Trois professionnels évoquent une corrélation directe entre les projets de naissance et la polémique des violences obstétricales : « Le fait de développer des projets de naissance, ça a encouragé cette histoire de violences obstétricales » (Mélanie L.56-57).
Onze interviewés établissent un rapprochement entre les violences obstétricales et l’augmentation du nombre de projets de naissance : « je pense justement qu’il y a plus de patientes qui font des projets de naissance par rapport à cette polémique » (Jade L.123-124).

Définition et perception des projets de naissance

Une définition variée

Aucun professionnel de santé interrogé n’a la même définition du projet de naissance. L’idée principale reste la même, c’est-à-dire la formulation des désirs et demandes des couples ou uniquement de la femme pour la naissance de son enfant. Les précisions restent quant-à elle très hétérogènes, notamment sur l’inclusion ou pas, de l’avis du père dans le projet, de la période concernée ainsi que de la forme de ce dernier. L’ensemble des professionnels s’accorde sur la forme écrite du projet mais quelque-uns incluent également une forme verbale. Pour certains, seul le jour de l’accouchement est concerné, d’autres incluent également les premiers jours de vie du nouveau-né.
Ces connaissances illustrent la conception actuelle du projet de naissance en France. En effet, dans les nombreux écrits consultés sur le sujet, la variabilité des définitions disponibles confirme l’absence de définition universellement reconnue.
Deux définitions reprennent quand même les notions abordées par les professionnels. Premièrement, la Haute Autorité de Santé, dans ses recommandations professionnelles de mai 2008 cite : « Un projet de naissance est l’énoncé des souhaits des parents quant au déroulement de la grossesse et de la naissance de leur enfant. Il inclut l’organisation des soins, le suivi médical, la préparation à la naissance et à la parentalité, les modalités d’accouchement, les possibilités de suivi pendant la période post-natale y compris les conditions d’un retour précoce à domicile et les recours en cas de difficultés. Il peut être formalisé par un document écrit et rédigé par les parents » (HAS, 2008).
Pour Sophie Gamelin-Lavois « Le projet de naissance permet aux futurs parents de se projeter dans le moment de l’accouchement et de l’accueil de bébé. C’est l’occasion pour eux de réfléchir à ce qu’ils souhaitent, d’exprimer leur désirs, de clarifier le contrat de soins avec le personnel médical et de le négocier (jusqu’à la dernière minute), et enfin d’être acteurs de ces moments. Il peut évoluer dans le temps, être oral ou écrit. Il est recommandé d’en faire une synthèse de quelques points essentiels à inclure dans le dossier médical » (Gamelin-Lavois, 2009).
En Angleterre, Simkin précise que contrairement aux stéréotypes détenus par beaucoup, les projets de naissance ne sont pas toujours pour une approche naturelle de la naissance et sans « intervention médicale ». Ainsi, certaines femmes très inquiètes demandent de nombreuses interventions parfois même inutiles, pour les rassurer (Simkin, 2007).
Les différences identifiées dans les définitions ci-dessus reflètent bien les contradictions et l’approximation de la définition du projet de naissance.
Le projet de naissance sous forme de document écrit, proposé par la maternité d’accueil est aussi désigné, par les professionnels, comme un bon outil qui favoriserait la promotion des projets de naissance.
Ce dernier point de vue est nettement moins partagé dans la littérature.
En effet, Simkin (2007), définit ces projets de naissance comme étant des listes restreintes, faisant illusion de choix auprès des couples, tout en étant réellement impersonnels et sans signification. Elle ajoute, que les projets de naissance basés sur de telles listes ne sont souvent pas pris au sérieux par les professionnels.
Dans l’ensemble de la littérature consultée, aucun type particulier de personne faisant des projets de naissance ne ressort distinctement. Lorsque le sujet est abordé, tous les couples engagés dans le processus de parentalité sont pris en compte.
Au contraire dans l’étude, les professionnels considèrent que les couples avec des projets de naissance répondent à un profil particulier.
Effectivement, pour neuf professionnels interrogés ce sont des couples qui sont dans une réelle démarche de réflexion autour de la naissance de leur enfant.
Ensuite, pour dix autres professionnels l’avis est plus tranché en allant jusqu’à citer les couples comme des « bobo, baba-cool ».
Géraldine note « du coup ça les met dans un profil particulier (rire), mais souvent ce sont des dames qui préfèrent accoucher naturellement, qui ont une idée un peu fleur bleue de leur accouchement, qui veulent du naturel et qui vont être un peu exigeantes aussi » (L. 9-11).
L’existence de préjugés concernant les projets de naissance se dessine alors.

La perception des projets de naissance

L’influence des préjugés

La perception des projets de naissance par les professionnels de la périnatalité semble empreinte de préjugés, qui touchent l’ensemble des praticiens et toutes les générations confondues. Il existe alors parfois un lien direct entre ces préjugés et les réactions des professionnels face aux projets. L’accueil réservé aux couples qui présentent un projet de naissance est très variable selon les équipes soignantes : au mieux les préférences des femmes sont prises en compte, sinon les couples se voient rapidement confrontés à des réticences voire des préjugés négatifs à leur encontre (Johannot. A, Stocker. J, 2016).
La majorité des professionnels signalent des préjugés directement liés à la présence d’un projet de naissance : « Avec l’expérience j’ai constaté que celles qui avaient des projets de naissance ça finissait mal. C’est un peu la blague que l’on se fait entre nous, on se dit « ah…elle a un projet de naissance, dommage pour elle (rire) »… » (Géraldine L.98-100). Une notion reprise par Cynthia Rousset dans son mémoire de fin d’études : « une des notions mise en valeur dans certaines études est que les femmes ayant réalisé un projet de naissance sont plus à même de subir des interventions. Une des raisons évoquées pour justifier cela est la fermeture intellectuelle des équipes obstétricales » (Rousset. C, 2012).
« Il ne faut pas non plus que ce soit dans un but de stigmatisation. Du coup, on est toujours entre deux, est-ce que l’on met une étiquette sur cette dame du genre « elle est bobo-écolo, elle ne veut pas de péridurale » ou « elle, c’est une violée, traumatisée… » je trouve ça un peu difficile » (Tatiana L.113-116).
D’autres constatent les effets du projet de naissance sur les réactions du personnel soignant : « Il y a des équipes parfois qui peuvent réagir un peu dans l’agressivité selon comment est écrit ou rédigé le projet de naissance » (Béatrice L.27-29) ; « Quand elles arrivent avec un projet de naissance dans une équipe c’est super mal perçu » (Yvonne L.53-54).
Dans son article issu du journal d’obstétrique, de gynécologie et des soins néonataux, Lothian affirme que les soignants considèrent souvent ces femmes comme difficiles et exigeantes et leurs projets de naissance comme rigides et irréalistes (Lothian, 2006).

Des réactions multiples

La grande majorité des professionnels décrit des réactions ambivalentes vis-à-vis des projets de naissance :
· Pesant
· Péremptoire
· Intéressant
· Énervant
· Irritant
· Embêtant
· Génial
· Très bien
· Important
· Handicapant
· Gênant
· Source de peur
· Rebutant
Sont autant de qualificatifs utilisés pour décrire leur ressenti à l’égard de ces projets souvent influencé par des préjugés.
Malgré l’intérêt évidant de cet outil, les mots ci-dessus exprimés par les professionnels, témoignent bien de la difficulté rencontrée par ces derniers à s’approprier les projets de naissance.
En effet, pour Yvonne « c’est très bien dans la mesure où ça veut dire qu’elles y ont réfléchi, qu’elles ont préparé quelque chose. Elles ont une idée de ce que ça va être, donc c’est plutôt bien, sauf quand ça devient un petit peu trop rétréci ou un petit peu trop idéalisé » (L.11-13), elle ajoute « c’est imposer à une équipe des choses, c’est mettre une pression à une équipe. Quand elles arrivent avec un projet de naissance où c’est marqué « je ne veux pas d’épisiotomie, d’ocytocine, de forceps ou encore autres choses.. » déjà ça énerve » (L.58-60).
Au contraire, Béatrice affirme être très à l’aise avec ça et plutôt dans l’accueil de ces projets. Réactions également retrouvées dans la littérature. D’après Sue Brailey, les projets de naissance n’ont pas que des avantages : en salle d’accouchement, ils peuvent perturber, dérouter et parfois irriter le personnel soignant (Sue Brailey, 2006).

Une utilité pas toujours unanime

Quand seulement Coline considère le projet de naissance comme totalement inutile, douze autres professionnels lui reconnaissent une utilité certaine.
En effet, le projet de naissance ressort comme étant un outil de base, qui peut servir de support de discussion entre les soignants et les couples et guider les professionnels lors de leur prise en charge le jour de l’accouchement : « Je pense que c’est même très important. Après qu’il soit écrit ou pas, la patiente qui a un peu réfléchi, je trouve ça très utile, ça nous guide nous aussi, on a moins une prise en charge standardisée, plus adaptée aux souhaits de la personne et du couple, donc c’est bien » (Aurélie L.63-66).
Le projet de naissance ne doit pas se limiter à une liste de demandes mais plutôt être un outil pour faciliter la communication entre les femmes et celles qui s’occuperont d’elles pendant le travail. Il peut aider les sages-femmes et les médecins à reconnaître les femmes en tant qu’individus et apprécier leur individualité plus rapidement (Lothian, 2006).
Il apparaît comme un outil, tant d’éducation que de communication, visant à favoriser le choix éclairé des couples et le partenariat avec la sage-femme (Johannot, Stocker, 2016).
Malgré ces qualités, une grande partie des professionnels émettent néanmoins des réserves et apportent des précisions sur son utilisation pour obtenir une utilité maximale.
Le projet de naissance est utile plus particulièrement lors du suivi de grossesse, il permet de travailler sur les peurs, les envies et les idées préconçues des couples afin d’envisager et d’arriver le jour de l’accouchement le plus sereinement possible : « Pour moi, un projet de naissance, c’est une base de travail avec les personnes qui suivent la grossesse, ce n’est pas utile en maternité le jour de l’accouchement » (Yvonne L.340- 342) ; « Je pense que cela peut-être un bon outil de travail. Pour autant, venir avec un projet que l’on a pas discuté avec l’équipe le jour de l’accouchement, en fait, ça crispe les positions » (Paola L.54-56).
Brown et Lumley précisent que le projet de naissance reflète l’histoire personnelle des femmes, avec leurs rêves, leurs peurs, leurs aspirations et leurs inquiétudes. L’élaboration de ce projet encourage les femmes à réfléchir à leurs souhaits pour la naissance de leur bébé ainsi que de se familiariser avec l’ensemble des options disponible avant le début du travail (Brown et Lumley, 1998).
Dans certaines situations un effet délétère des projets de naissance est également décrit : « Dans l’autre sens, il peut y avoir un côté négatif, si justement le projet de naissance peut paraître un peu agressif et perçu comme des ordres. A ce moment-là, la sage-femme peut-être un peu moins dans le lien, alors que le but pour moi du projet de naissance, c’est de créer un lien avec la sage-femme, pour permettre une prise en charge plus adaptée. Il y a des situations où j’ai vu que c’était plutôt négatif d’avoir fait un projet de naissance. » (Tatiana L.133-138).
Lothian met aussi en garde sur ce point : la communication est souvent étouffée plutôt que promue, il y a de la méfiance des deux côtés. Le projet de naissance peut créer une barrière entre la sage-femme et le couple (Lothian, 2006).

Deux évolutions possibles

Au cours des dernières années, on distingue deux évolutions concernant l’avis des professionnels de santé sur les projets de naissance.
Certains professionnels admettent évoluer positivement grâce aux différentes rencontres, expériences faites au cours de leur carrière : « Au début, je trouvais que c’était vraiment inutile, voire même que ça allait nous faire perdre du temps. Maintenant, j’ai changé complètement d’avis. Je trouve que c’est juste primordial pour les gens » (Agnès L.186-188).
D’autres expriment un sentiment opposé : « Quand j’ai eu les cours la dessus à l’école, je ne voyais pas de problème. Je me disais que c’était super, que tout le monde devrait pouvoir l’écrire. Après, j’ai fait des stages à l’hôpital. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec les professionnels de santé ou alors d’en suivre l’application et là, j’ai vu le côté négatif des sages-femmes de l’hôpital qui pouvaient dire « elle nous embête cette patiente avec son projet de naissance » » (Tatiana L.193-197).
Le changement d’avis positif en négatif concerne essentiellement les jeunes professionnels en début de carrière.
Simkin décrit une tension persistante au cours des dernières années entre les professionnels soignant et les couples qui sont en demande de projets de naissance. Elle va même jusqu’à dire que les différentes réactions des praticiens face aux projets de naissance représentent bien le gouffre séculaire établit entre les soignants et les patients (Simkin, 2007).

Les projets de naissance en pratique libérale

Un rôle de médiation

Les projets de naissance ne semblent pas avoir une place prédominante lors de la prise en charge du suivi de grossesse avec un professionnel libéral. Seulement huit professionnels sur vingt-deux abordent systématiquement le sujet avec les couples alors que leur rôle d’information est majeur. Cynthia Rousset met en évidence dans son mémoire de fin d’études la place importante de la sage-femme parmi tous les professionnels de la périnatalité pour informer la femme / le couple sur la possibilité d’élaborer un projet de naissance (Rousset.C, 2012).
Au contraire, lorsque les professionnels se retrouvent face à un couple avec un projet de naissance, leur prise en charge est nettement plus active. Un rôle de reformulation et d’accompagnement sont décrits : « J’ai aussi ce regard de comment ça se passe à l’hôpital et du coup, je peux si c’est fait par écrit, le reformuler pour que ce soit plus adapté à leurs pratiques ou alors mieux perçu » (Tatiana L.144-146). Le rôle du professionnel dans la bonne mise en relation entre le couple et l’équipe hospitalière semble alors majeur.
Il est important de rappeler que la professionnelle qui accompagnera la femme dans l’élaboration d’un projet de naissance et ce, ensuite tout au long de la préparation à la naissance, se doit de vérifier au préalable que les demandes exprimées sont compatibles avec les habitudes de la structure d’accouchement choisie par la femme (Capgras.D, Dugnat.M, 2007).
La majorité des professionnels soulignent l’importance de l’entretien prénatal précoce et des cours de préparation à l’accouchement dans la promotion des projets de naissance.
L’entretien prénatal précoce (du 1er trimestre) permet de faire découvrir le projet de naissance quand il n’est pas connu : entretien prénatal et projet de naissance sont donc complémentaires. Lors de l’entretien prénatal précoce, les femmes sont le plus souvent en capacité d’évoquer leur conception de la naissance à venir, ce qu’elles pensent, ce qu’elles souhaitent, ce qu’elles en attendent, pour peu qu’on leur laisse le loisir de s’exprimer. Pour certaines femmes, la possibilité d’élaborer un véritable projet de naissance sera possible seulement plus tard (Capgras.D, Dugnat.M, 2007).
Karina confirme que l’entretien prénatal peut s’avérer trop précoce : « Pas forcément trop tôt, parce que leurs préoccupations au début et en fin de grossesse ne sont pas les mêmes, mais à l’abord du troisième trimestre, au moment du début des cours de préparation je trouve que c’est le bon moment » (Karina L.222-225).
L’entretien prénatal précoce ainsi que la préparation à la naissance semblent être des facteurs qui favorisent l’information par les professionnels de santé (Cynthia Rousset, 2012).

Un rôle de modération

Les sages-femmes libérales expriment des réticences à informer et à promouvoir les projets de naissance. Ceci à pour conséquence de modérer leur nombre du fait de l’importance de ces professionnels dans la réalisation des projets.
« Je pense que c’est un outil dangereux, s’il est utilisé, comme il est utilisé la plus part du temps. Ça peut au contraire renforcer la méfiance des patients vis-à-vis des professionnels et les jugements des professionnels vis-à-vis des patients » (Lison L.171-173). « Je pense que certaines sages-femmes et certaines libérales essayent de réguler un petit peu ça et disent aux femmes la même chose que ce que je leur dis. C’est à dire, qu’elles ne sont pas obligées d’écrire quelque chose, que le mieux c’est de le dire oralement, ou alors, de modifier leur tournure de phrases à l’écrit » (Yvonne L.231-234).
Les sages-femmes indépendantes, qui proposent le suivi global, n’encouragent pas systématiquement les patientes à rédiger un projet de naissance. Mais elles s’enquièrent des préoccupations des couples au fil des rencontres prénatales et les consignent dans leur dossier (Johannot. A, Stocker. J, 2016).

Les projets de naissance dans la pratique hospitalière

Dans les services de maternité, l’utilisation du projet de naissance ne fait pas partie de la pratique courante des sages-femmes. Son recueil n’est pas compris dans l’anamnèse standard et il n’a pas d’emplacement dévolu dans les dossiers de soins. Toutefois, les souhaits des couples sont généralement recherchés oralement par la plupart des sages-femmes, mais ils concernent souvent des préoccupations pratiques telles que le souhait de bénéficier d’une péridurale ou le désir du papa de couper le cordon (Johannot. A, Stocker. J, 2016).
La majorité des professionnels affirment néanmoins inclure le projet de naissance au dossier médical de la patiente, après avoir repris les points importants de ce dernier et informé le couple des possibilités ou pas, de réalisation de certaines demandes.
Prise en charge confirmée par Simkin, qui affirme que la préparation d’un projet de naissance inclut la discussion entre la femme et son soignant et son placement ultérieur dans le dossier médical de la femme (Simkin, 2006).
Plusieurs situations décrites par les interviewés sont également retrouvées dans la littérature. Pour certains, la prise en charge reste identique qu’il y ait un projet de naissance ou pas. La plupart des recherches suggèrent qu’il n’existe aucune différence de prise en charge entre les femmes qui ont un projet de naissance de celles qui n’en ont pas (Lothian, 2007).
D’autres, au contraire, décrivent une altération de la prise en charge notamment par une rupture de la communication et du lien entre le soignant et le couple.
Plutôt que d’améliorer les relations, les projets de naissance peuvent irriter le personnel, ce qui affecte la situation obstétricale. D’autres études ont eu des résultats similaires sur l’effet négatif des projets de naissance sur la communication soignant/soigné (Simkin, 2006).
Enfin, la moitié des professionnels signalent quand même une modification positive de leur prise en charge avec une attention particulière portée au projet des couples : « Ça nous guide nous aussi, on a moins une prise en charge standardisée, plus adaptée aux souhaits de la personne et du couple » (Aurélie L.64-65).

La fréquence des projets de naissance

D’après le sondage réalisé auprès des professionnels au cours de l’étude, les projets de naissance restent rares, que ce soit dans la pratique libérale ou hospitalière.
Quelques nuances sont ressorties notamment sur des différences de fréquences selon le niveau de la maternité ou encore le type de projet (verbal ou écrit). Cependant ces réflexions concernent seulement quelques professionnels et n’ont pas été retrouvées dans la littérature.
En effet, l’enquête nationale périnatale de 2016 rapporte que les femmes sont assez peu nombreuses à rédiger un projet de naissance (3,7 %) ou à exprimer des demandes particulières à leur arrivée à la maternité (ENP, 2016).
Cependant, Cynthia Rousset (2012) précise que les femmes formulent leur projet de naissance à l’équipe qui réalise l’accouchement dans 44 % des cas. En conséquence, il existe bien souvent une sous-évaluation du nombre des projets de naissance.
Alors qu’une utilité certaine des projets de naissance semble exister dans la pratique libérale, une utilisation rare, prudente et parfois compliquée apparaît en milieu hospitalier. Ces résultats s’expliqueraient par le biais de freins et de leviers à respecter.

Les freins aux projets de naissance

Les nombreux freins à la mise en application des projets de naissance exprimés dans les témoignages lors de l’étude, sont appuyés par la littérature.
Le principal frein est lié à la survenue d’une pathologie au cours du travail. La majorité des professionnels le cite en premier lieu pour justifier l’impossibilité de satisfaire le projet de naissance des couples.
Brown et Lumley affirment dans leur revue que certaines femmes ont rapporté que lorsque leur projet de naissance n’a pas pu être respecté cela été du, soit à une complication imprévue soit parce que les soignants n’ont pas lu et porté attention aux préférences des femmes (Brown, Lumley, 1998).
En effet, ce premier frein n’est pas l’unique responsable et les réactions négatives des professionnels face aux projets de naissance jouent également un rôle important. Cependant celles-ci peuvent s’expliquer par plusieurs raisons.
La formulation du projet de naissance tient une part essentielle : « Je trouvais que la demande écrite était un peu péremptoire, enfin ce n’était pas une discussion avec la patiente. Elle est arrivée comme si c’était presque des ordres » (Roxane L.30-32).
Il en est de même selon Sophie Gamelin-Lavois, consultante périnatale. Elle considère que bien souvent, si le projet de naissance est mal reçu par le corps médical, c’est en raison d’une mauvaise formulation (injonctions) ou qu’il met en jeu la question de la confiance qui est un enjeu majeur de la relation de soins : le médecin voit dans le Projet une remise en cause de sa compétence plus qu’une invitation à l’échange ou à la coopération (Gamelin-Lavois 2009).

Les conditions de travail ainsi que les pratiques actuelles augmentent encore la difficulté

Au-delà de l’avis des professionnels concernant les projets de naissance, la situation de surcharge de travail en maternité de plus en plus fréquente (c’est à dire plus de deux femmes par sage-femme, sans aucune activité surajoutée), amène les sages-femmes à ne plus être à ce jour en situation optimale pour assurer la sécurité sanitaire des mères et de leurs fœtus/nouveaux-nés en se mettant elles aussi en danger (Stora, 2000).
Les professionnels se retrouvent confrontés à des protocoles médicaux à respecter ou encore au risque de responsabilité médico-légale (Sue Brailey, 2006).
Lothian (2006) cite dans son article que les sages-femmes se plaignent du fait que les femmes accouchent avec des attentes impossibles à satisfaire : « Si elle souhaite une naissance normale, sans interventions de routine, elle vient au mauvais endroit » . La gestion actuelle des naissances ne laisse pas le temps aux sages-femmes de soutenir les femmes, ni d’avoir tous les moyens nécessaires pour promouvoir, protéger et soutenir une naissance normale. Les sages-femmes sont contraintes par les restrictions hospitalières qui limitent le choix pour les femmes.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Résultats 
 Définitions et perceptions du projet de naissance
 Application du projet de naissance
 Du côté des couples
Analyse et discussion 
 Biais et limites
 Définition et perception des projets de naissance
– Une définition varié
– La perception des projets de naissance
o L’influence des préjugé
o Des réactions multiples
o Une utilité pas toujours unanime
o Deux évolutions possibles
 L’application des projets de naissance
– Les projets de naissance en pratique libérale
o Un rôle de médiation
o Un rôle de modération
– Les projets de naissance dans la pratique hospitalière
– La fréquence des projets de naissance
– Les freins aux projets de naissance
– Les leviers des projets de naissance
o Les avantages inhérents aux projets de naissance
o Les pré-requis aux projets de naissance
 Du côté des couples, selon les professionnels
– Les sources de motivations
o Un réel besoin
o Une question de confiance
o La place de la culture
– Les violences obstétricales
Conclusion 
Bibliographie

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *