L’agriculture à haute valeur ajoutée : principale utilisatrice
Notre interlocuteur au sein de la coopérative d’approvisionnement ne voit pas spécifiquement de problème de concurrence entre les différents types de matières organiques. Les effluents d’élevage répondent à des besoins de fertilisation des plantes plutôt que d’amendement des sols, et les produits industriels se différencient clairement des déchets urbains par leur qualité, les garanties qu’apportent les normes, le travail industriel des matières, le conditionnement … Toujours selon notre interlocuteur, les agriculteurs recherchent des fertilisants dont ils connaissent la composition et les effets ; demandes auxquelles seuls les produits normalisés peuvent répondre. La concurrence avec les matières organiques non transformées mais gratuites s’exerce uniquement sur la canne à sucre qui est approvisionnée en matières organiques avec les résidus agro-industriels de la filière canne. Toutefois le prix très élevé des produits est de toute façon dissuasif pour des grandes surfaces comme la canne à sucre. Ils sont ainsi positionnés sur un marché bien identifié, celui de l’amélioration des sols dans le maraîchage et l’arboriculture « de qualité ». Le fait que l’industrie sucrière réserve les écumes de sucreries, auparavant utilisées principalement par les maraîchers, en priorité aux canniers, ouvre alors un marché potentiel plus large pour les produits organiques. Mais ces produits ne s’adressent toutefois pas à n’importe quel type de maraîchage ou d’arboriculture. Le surcoût de fertilisation amené par leur achat amène en effet une augmentation des prix de vente des produits agricoles, qui doit être justifié auprès du consommateur final. La personne qui fait de l’organique il fait de la qualité et comme à la fin c’est pas valorisé, il préfère partir sur le moins cher possible. Il faudrait pouvoir le vendre plus cher au consommateur final en tant que produit de qualité. Mais ce n’est pas reconnu par les consommateurs. » Coopérative_RUN_Approvisionnement On voit ici clairement le lien fort qui existe entre le format produit et l’agriculture dite de « qualité ». L’obtention de label, comme celui de l’agriculture biologique « AB », est le moyen le plus courant pour justifier de ce surcoût. L’agriculture biologique étant très peu développée à La Réunion, le principal client de la coopérative pour le Régénor est une association regroupant des agriculteurs qui se spécialisent sur une production spécifique liée à un terroir particulier. Le but final de l’association est de faire reconnaitre la spécificité de son produit en obtenant une AOC. Elle présente ainsi des caractéristiques compatibles avec celles des matières organiques industrielles telles qu’elles sont définies dans le format produit. Cette apparait plus nettement lorsque l’on se penche sur les conditions de production des membres de cette association. Pour son responsable, lui-même agriculteur, l’utilisation de matières organiques est réellement une nécessité. Installés sur les terres très pentues d’un des cirques de La Réunion, les sols sur lesquels sont pratiquées les cultures sont régulièrement lessivés par les pluies et s’appauvrissent donc à une vitesse accrue. Les 120 adhérents de l’association consomment ainsi une moyenne de 35 tonnes de Régénor chaque année. Le choix du Régénor s’est fait pour plusieurs raisons. Les aspects pratiques de ce produit sont les premières citées. Le Régénor est livré directement par la coopérative, ce qui n’est pas négligeable aux regards des difficultés d’accès à ce cirque très isolé. De plus, il est livré en sac de 25 kg ce qui permet de l’acheminer facilement sur des terrains peu accessibles. « Sur ma parcelle il y a 200 mètres à descendre à pieds parce que j’ai pas de tracteur, il faut descendre les sacs à dos d’homme. » Association de producteurs_RUN Ce produit permet en plus de réduire les quantités à épandre par rapport aux fumiers ou aux déchets verts que les producteurs. Le second argument avancé par le représentant de l’association est étonnamment le prix. Le Régénor est vendu à 10,5 euros le kilo en granulés et 9,75 euros en poudre. Mais il est subventionné à 70 % par le Conseil Général. Les producteurs de lentilles pratiquant la fertilisation « au trou », c’est-à-dire de façon très localisée au pied des plantes, ils consomment beaucoup moins de fertilisant qu’en épandant des produits de masses sur l’ensemble de la surface cultivée. Le coût total de la fertilisation est alors considérablement réduit. De façon plus surprenante encore, le Régénor est moins cher que les effluents pour ces producteurs. En effet, au sein du cirque, il est très difficile de se procurer des fumiers ou lisiers face au faible nombre d’élevages présent dans leur zone. « Le Régénor coûte le même prix que le fumier avec le transport. Il est moins cher grâce à la subvention. » Association de producteurs_RUN La transformation et la concentration industrielle des matières organiques réduit considérablement leurs volumes et leur conditionnement facilite le transport. Cela a un impact important sur le coût des matières dans le cas de zones difficilement accessible comme les cirques de La Réunion et où le transport peut faire varier considérablement le prix finalement payé par l’agriculteur. L’utilisation du Régénor est néanmoins remise en cause par une large partie des membres de l’association. L’annonce de la fin de la subvention du Conseil Général influence fortement les discussions. Mais certains membres ont des arguments directement à l’encontre du produit. La libération de ses éléments fertilisants est basée sur le fait que les granulés se gorgent d’eau et éclatent avec le gel. Or il y a peu de gel dans leur zone et les granulés se dégradent mal. On perçoit ici les limites de la standardisation des produits organiques, qui ne sont pas adaptés à toutes les conditions. De plus l’association est intéressée par un produit qui puisse couvrir pleinement les besoins des plantes en fertilisants, avec des teneurs en NPK plus élevées. Cela permettrait de n’utiliser qu’un seul produit pour l’ensemble de la fertilisation.
La science enrôlée par les pouvoirs publics dans le format « déchet »
La recherche scientifique joue un rôle considérable dans la définition des conditions de valorisation agricole des matières organiques. Dès le retour de la problématique de la réutilisation des déchets dans l’espace public et son « environnementalisation », dans les années 1970, les pouvoirs publics initient des programmes de recherche afin d’encadrer les pratiques et de poser les bases d’une « bonne » gestion : la maitrise les risques (d’Arcimoles et al., 2001). La recherche scientifique est alors encadrée par le programme européen « Cost 68/681 » générant plus de 250 programmes de recherche. En France, c’est le Ministère de l’Environnement, et plus précisément la Direction des Déchets qui prend en charge la coordination des recherches. Un comité scientifique « Sol-Déchets solides » est créé sous la direction du directeur du département agronomie de l’INRA. Durant cette période, l’essentiel des recherches est donc impulsé par les pouvoirs publics et associe des acteurs relevant du monde des déchets et du monde agricole, ou du moins agronomique. Les programmes portent sur trois types de matières organiques : les ordures ménagères, les boues d’épuration et les lisiers. La question de leurs intérêts agronomiques est un des thèmes centraux. La coordination de ce volet spécifique est confiée à un ingénieur agronome recruté dans la Direction Déchet du Ministère de l’Environnement. Là encore il s’agit d’établir des passerelles entre deux mondes appelés à participer à la valorisation. C’est à travers les boues de station d’épuration que la thématique de la valorisation agricole est réapparue sur le devant de la scène, et ce sont logiquement ces matières qui font l’objet du plus grand nombre de programmes de recherches. Leur « retour au sol » est alors la finalité principale du Ministère de l’Environnement et la science est censée donner une légitimité aux pratiques. « A l’échelon national comme à l’échelon européen, les acteurs publics ont la conviction que le balayage, par le biais des expérimentations scientifiques, de l’ensemble des aspects relatifs aux boues résiduaires qu’il s’agisse de leur effets bénéfiques ou négatifs, est une approche devant permettre de confirmer l’intérêt de la pratique d’épandage et surtout d’accéder à un niveau de maitrise du sujet tel que la filière ne puisse être mise en défaut. » (d’Arcimoles et al., 2001, p.66) L’approche finalisée de ces recherches – bien représentée par l’omniprésence de l’INRA – est d’abord tournée vers la production de connaissances permettant de définir des seuils et des normes susceptibles d’être intégrés dans un cadre réglementaire légitimé par son assise scientifique. Cependant les chercheurs éprouvent des difficultés à produire des résultats stables, simples et opérationnels. Les matières organiques, soumises à un processus naturel de dégradation, sont par définition instables et évolutives. La composition d’un fumier « frais », que l’on laisse en tas en bordure de champ durant plusieurs semaines, va fortement évoluer. Et cette évolution se poursuit dans les sols, une fois les matières épandues. Le fumier continue de se dégrader et de se minéraliser. De plus les caractéristiques des matières organiques varient en fonction de leurs conditions de production et sont ainsi difficiles à catégoriser. Par exemple, un fumier de cheval très pailleux est très différent d’un fumier contenant peu de paille130. Des boues issues de STEP auxquelles sont raccordées des entreprises peuvent présenter des caractéristiques très éloignées de boues issues uniquement de l’activité des ménages. Plusieurs jeunes chercheurs du programme ISARD travaillant à la caractérisation des différents « PRO » m’ont confié leurs difficultés face au fait que certaines boues peuvent être plus proches de certains lisiers que d’autres boues, au regard de leur composition en éléments fertilisants par exemple. Une catégorisation d’un point de vue des éléments traces métalliques ou des éléments pathogènes va également conduire à un autre classement, ne recoupant les catégories usuelles établies en fonction de l’origine des matières. Dans les années 1970-80, les recherches sont largement expérimentales, en laboratoire, et déconnectées des réalités très diverses de l’épandage. Les attentes des pouvoirs publics, consistant à poser les bases des « bonnes » pratiques agronomiques et environnementales, impliquent pourtant de prendre en compte la multiplicité des interactions entre ces matières organiques instables et les sols, les plantes, l’eau et l’air. Les premières recherches soulèvent ainsi plus de nouvelles questions que de réponses formelles et définitives. Elles s’installent d’emblée dans un temps long auquel doit s’adapter l’action politique visant la mise en place d’une réglementation à court terme. Dès le milieu des années 1980, la problématique environnementale prenant une ampleur considérable, les travaux sur les risques liés aux éléments traces métalliques, aux micropolluants organiques et agents pathogènes se multiplient au côté des travaux agronomiques plus « classiques » sur les apports fertilisants (d’Arcimoles et al., 2001). La finalité des programmes de recherches impulsés par les institutions environnementales reste la valorisation mais elle passe alors par la démonstration de l’absence de risque plus que par la garantie de l’intérêt agronomique des matières organiques. La première période de recherche scientifique sur les matières organiques, jusqu’au début des années 1990, est marquée par le financement des pouvoirs publics qui donne une forte orientation aux programmes de recherche en fonction de l’objectif de valorisation agricole. Ces programmes visent à établir les conditions de retour au sol des matières organiques, et le principe même de la valorisation ne fait logiquement pas l’objet de controverse. Cela fait dire à Marie d’Arcimoles et ses co-auteurs que : « loin d’être une sphère autonome, à laquelle pourraient se référer les différents participants au débat, la recherche produite fait au contraire l’objet d’un processus d’enrôlement dans le dispositif de promotion de la filière […] ». (2001, p.128). L’enrôlement ne doit pas être entendu ici comme une compromission ou un simple assujettissement des scientifiques aux pouvoirs publics. L’enrôlement consiste plus littéralement à adopter un rôle. C’est un processus de médiation, ou « intéressement », réussi, dans le sens où les scientifiques endossent le rôle qui leur permet de prendre part à la résolution du problème tel qu’il est défini par les « traducteurs », en l’occurrence les pouvoirs publics (Callon, 1986). Au début des années 1990, après une vingtaine d’années de recherches, le Ministère de l’Environnement et l’ADEME nouvellement créée, considèrent que toutes les données scientifiques sont réunies pour généraliser et institutionnaliser les filières d’épandage. L’ADEME entreprend une synthèse et une traduction des résultats scientifiques dans des recommandations opérationnelles à destination des décideurs et des praticiens. Il s’agit ainsi de rationnaliser l’épandage en définissant ses conditions optimales de mise en œuvre. Les données scientifiques sont traduites dans des brochures à destination des professionnels et deviennent des résultats techniques, bientôt transformés en indicateurs, doses, seuils et limites intégrés en tant que principes réglementaires à travers la révision de la loi sur les déchets de 1998. Le processus d’enrôlement de la science dans la valorisation des matières organiques est complet.
Les PRO, des résidus organiques à transformer en produit
L’intensification écologique est donc l’approche centrale du nouveau programme de recherche portant sur les liens entre agriculture et environnement. Pour les tenants de l’agriculture écologiquement intensive, l’ANR Systerra est à la fois un moyen pour donner une visibilité et une résonnance considérable à l’intensification écologique en l’imposant comme une thématique centrale de recherche, et un moyen de fonder scientifiquement leur approche par le biais des recherches qu’elle permet de susciter et financer. La place éminente que prends l’ANR dans la recherche française, la position influente de Michel Griffon, et le positionnement de l’intensification comme approche centrale dans le programme de recherche sur l’agriculture, imposent l’IE comme un modèle de recherche pour l’agriculture sur la scène scientifique française.Il faut toutefois relativiser l’influence réelle tenue par cette approche dans les recherches effectives. Si l’IEA recentre fortement la problématique de recherche sur les fonctions productives de l’agriculture en lien avec l’écosystème, elle reste une notion relativement floue qui permet une certaine diversité d’approches. Tout chercheur ayant participé à des réponses à appel à proposition sait que la distance peut être grande entre le projet de recherche et les travaux effectués. Le fonctionnement de l’ANR renforce ce possible écart en obligeant les chercheurs à formuler des projets de recherche très structurés qui ne peuvent que se modifier face à la réalité des données récoltées. Nous allons voir à travers l’analyse du programme ISARD que l’ANR laisse dans les faits une certaine marge de manœuvre dans la construction et la réalisation des projets de recherche. Ainsi comme le souligne Michel Barthélémy dans son compte-rendu d’un débat tenu entre des scientifiques et un représentant de l’ANR à propos de la place et du fonctionnement de l’agence : « […] il semble que le problème ne provienne pas tant de la recherche sur contrats, qui est une réalité déjà ancienne, mais plus exactement du fait de la part sans cesse croissante et bientôt prépondérante qu’une seule agence semble devoir jouer dans le paysage scientifique, par le niveau de ses financements, à l’exception des contrats européens, en imposant ses thèmes et ses codes d’action. Et si, pour l’heure, les mailles du filet sont larges, rien ne dit qu’à l’avenir celles-ci ne puissent pas se resserrer sur les équipes de recherche, une fois l’agence parvenue à maturité. »Avec la volonté des concepteurs d’ISARD d’adopter une posture plus ancrée dans la valorisation agricole et ses effets positifs, le programme Systerra de l’ANR apparaît comme plus propice que le programme « Contaminant, écosystème et santé ». Pour le coordinateur du programme, Systerra est particulièrement intéressant au titre qu’il permet une approche « intégratrice » associant les approches portant sur les sols et celles à l’échelle de la parcelle ou du territoire. Il permet avant tout d’unifier les différentes composantes de son unité de recherche et de renforcer les liens avec les autres équipes nationales et internationales. L’intensification écologique n’est pas au premier abord l’intérêt principal de Systerra. « On s’est orienté vers l’appel d’offre Systerra qui était destiné à promouvoir des démarches un peu globales, intégratrices entre ce qui se faisait sur les territoires et les choses plus biophysiques… alors c’est sûr qu’ils ont employé des termes avec lesquels tout le monde n’est pas forcément d’accord, comme intensification écologique, alors logiquement on l’a utilisée dans la réponse. » Chercheur_ISARD_1 Comme je l’ai déjà évoqué, certains chercheurs au sein même du programme ne sont pas pleinement convaincus de l’intérêt de cette notion. En tous cas l’intensification écologique n’est clairement pas considérée comme un paradigme à suivre. Ainsi lorsque je présente l’IEA comme un « modèle » dans un projet d’article que je soumets à l’équipe, un des chercheurs revient sur cette conception ainsi : « Est-ce vraiment un modèle ? C’est plutôt une orientation de recherche pour le moment. » Chercheur_ISARD_4 En effet, au-delà de l’affichage dans les objectifs du projet, si l’on reprend le déroulé de l’argumentaire du document programmatique ISARD, le projet se détache assez rapidement de l’approche d’intensification écologique tel qu’elle est développée par Michel Griffon (2006 ; 2011). Le constat de départ est bien le même que l’appel à projet Systerra : la croissance démographique. Mais quand l’intensification écologique se concentre sur les besoins en production agricole issus de cette croissance, ISARD insiste sur l’augmentation de la production de déchet. Il s’agit donc d’abord de gérer cette augmentation et ses conséquences. Plusieurs modes de gestion sont évoqués et seuls la réduction à la source et le tri – recyclage sont retenus comme des voies prometteuses. Malgré la référence aux politiques européennes de gestion des déchets priorisant la réduction à la source dans l’ordre des modes de gestion privilégiés, cette voie est écartée au profit du recyclage, considéré comme plus propice pour traiter les déchets organiques qui deviennent alors une ressource pour l’agriculture. Il s’agit en effet pour ISARD de favoriser l’utilisation des déchets organiques en tant qu’amendements et/ ou fertilisants susceptibles d’améliorer les fonctions écologiques du sol et rejoindre ainsi l’objectif global de l’’intensification écologique. Présentée ainsi, cette optique laisse entrevoir des effets pervers. En intégrant les déchets comme facteurs productifs on ne favorise pas la réduction des volumes à la source. Dans une logique de substitution des engrais organiques aux engrais minéraux, les matières organiques peuvent devenir un élément productif à part entière et donc nécessaire. Cette logique de substitution n’est toutefois pas l’objectif du programme ISARD, ou du moins pas de façon explicite et communément partagée. En fonction des disciplines, des terrains d’études et des convictions des chercheurs, l’objectif du programme et la place de l’agriculture ne sont pas tout à fait les mêmes. Pour les chimistes et biologistes, l’agriculture se traduit par les sols et « les cultures entendues au sens large, désignant tout usage d’un sol agricole »
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Table des matières
Introduction
La valorisation des déchets par l’intensification écologique de l’agriculture
Des « déchets » aux « produits résiduaires organiques »
De l’opposition intérêts-risques à la pluralité des formats et des mondes de valorisation
PREMIERE PARTIE. VERS UNE APPROCHE PLURALISTE DES « FORMATS » DE VALORISATION AGRICOLE DES MATIERES ORGANIQUES
Chapitre 1. Les matières organiques, ressources, déchets ou produits ?
1.1 De ressource à déchet : rupture entre ville et agriculture
1.1.1 Les déchets, une problématique urbaine
1.1.2 Une ressource essentielle pour l’agriculture
1.1.3 « L’invention des déchets urbains »
1.1.4 Les engrais chimiques remplacent les déchets
1.2 De « déchet-santé » à « déchet-environnement » : la valorisation agricole
1.2.1 Le retour des déchets dans l’espace public à travers la problématique environnementale
1.2.2 La valorisation agricole en dehors du monde des déchets
1.2.2.1 Les effluents d’élevage et les sous-produits industriels ne sont pas des déchets
1.2.2.2 Le développement des boues de station d’épuration
1.2.2.3 L’ANRED et la valorisation des boues comme fertilisants agricoles
1.3 L’écologisation de l’agriculture par les déchets
1.3.1 L’écologisation de l’agriculture
1.3.2 La valorisation agricole des boues, entre service environnemental et risques
1.3.2.1 L’épandage des « boues-déchets » comme service environnemental
1.3.2.2 L’épandage des « boues-déchets » comme risques
1.3.3 Les effluents d’élevage entre déchets et ressources
1.3.3.1 Les effluents d’élevage entrent dans le processus d’écologisation
1.3.3.2 L’écologisation comme outil de modernisation agricole
1.3.3.3 Un statut juridique peu clair, entre déchet et matière fertilisante
1.4 La « logique produit » : un nouveau référentiel de sécurité ?
1.4.1 L’échec de la « logique déchet » en tant que référentiel de sécurité
1.4.2 Logique « produit » et normalisation
Chapitre 2. Déployer les formes de valorisation à travers le programme ISARD
2.1 Vers une pluralité de formats de valorisation
2.1.1 Les déchets, un défi à l’ordre moderne
2.1.2 L’apport des sociologies pragmatistes à la question de l’écologisation et de l’ordre
2.1.3 Les formats comme principes d’ordonnancement
2.1.4 Ajustements et incompatibilités entre une pluralité de formats
2.2 Déployer le programme ISARD pour analyser le format « produit » dans la pluralité des formats
2.2.1 Un programme scientifique comme porte d’entrée
2.2.2 Déployer l’ISARD pour retrouver la pluralité
2.3 Les terrains, entre monographies et études de cas
2.3.1 L’île de La Réunion et la pluralité des formats
2.3.2 La plaine de Versailles, « logique produit » et contexte urbain
2.3.3 La ville de Majunga (Madagascar), « logique produit » et diversité des mondes agricoles
Chapitre 3. Trois formats de valorisation, entre concurrence et ajustement : le cas de La Réunion
3.1 Suivre les filières de retour au sol des matières organiques dans différents mondes
3.1.1 Les matières organiques « noyées » dans l’approche déchet
3.1.2 Entrer par la fertilisation pour suivre la diversité des matières organiques : le cas de La Réunion
3.1.3 Des logiques de gestion endogènes aux mondes de production
3.2 Le format « déchet » ou la centralisation techniciste
3.2.1 Une approche politique et réglementaire
3.2.2 Une logique technique et centralisatrice incompatible avec le monde agricole
3.2.2.1 L’incinération, considérée comme sûre mais peu acceptée du grand public
3.2.2.2 La méthanisation
3.2.2.3 La stabilisation avant enfouissement, une logique endogène
3.2.3 La valorisation agricole, entre dispositifs réglementaires contraignants et distance sociale
3.2.3.1 Des dispositifs techniques et réglementaires contraignants
3.2.3.2 La proximité géographique et sociale comme facteur décisif
3.3 Le format « ressource » ou le maintien des effluents dans une gestion de proximité
3.3.1 Les coopératives agricoles de production propriétaires du format
« ressource »
3.3.2 Le contrôle des plans d’épandage pour le maintien du format « ressource »
3.3.2.1 La prise en charge des plans d’épandage par les coopératives agricoles
3.3.2.2 Le contrôle des déplacements des matières organiques par les plans d’épandage
3.3.3 La concurrence autour des terres épandables de la filière canne à sucre
3.4 Le format « produit traditionnel » ou la standardisation des matières organiques industrielles
3.4.1 Valorisation des « co-produits » de la canne et écologie industrielle
3.4.1.1 « Co-produits » industriels et « déchets organiques » dans l’industrie cannière
3.4.1.2 L’élargissement du champ de la valorisation à travers le rachat par une coopérative agricole
3.4.2 La sélection de « matières premières » par l’industrie des engrais
3.4.3 Les coopératives agricoles d’approvisionnement : relais de commercialisation
3.4.4 L’agriculture à haute valeur ajoutée : principale utilisatrice
Conclusion de la première partie
DEUXIEME PARTIE. L’INTENSIFICATION ECOLOGIQUE DE L’AGRICULTURE PAR LA NORMALISATION DES PRODUITS « RECYCLES »
Chapitre 4. De nouvelles attentes sociales : l’intensification écologique de l’agriculture
4.1 De l’enrôlement des scientifiques dans le format « déchet », à leur attachement à la « logique produit »
4.1.1 La science enrôlée par les pouvoirs publics dans le format « déchet »
4.1.2 Acteurs privés et composts prennent place dans la recherche
4.1.3 L’apparition des « Produits Résiduaires Organiques »
4.1.4 De l’enrôlement aux attachements
4.2 De la multifonctionnalité à l’intensification écologique : la production comme finalité
4.2.1 Une approche ouverte des liens entre agriculture, environnement et société : le programme « ADD »
4.2.2 La production agricole redevient l’orientation centrale de la recherche : le programme SYSTERRA
4.2.3 Systerra : fonder l’intensification écologique comme modèle de la recherche sur l’agriculture
4.3 ISARD, l’intégration des matières et des acteurs dans une « logique produit »
4.3.1 La naissance d’ISARD : pour une approche positive et intégrée de la valorisation
4.3.2 L’intensification écologique, les services écosystémiques et la « logique produit »
4.3.3 Les PRO, des résidus organiques à transformer en produit
Chapitre 5. La normalisation industrielle comme mode de garantie
5.1 La norme comme dispositif d’agro-éco-industrialisation des matières organiques
5.1.1 Emergence d’un secteur économique industriel du recyclage agricole
5.1.2 L’écologisation des matières organiques par un process industriel
5.1.3 L’agricolisation des matières organiques par analogie avec les normes sur les engrais
5.1.4 Les boues-amendements : l’intensification écologique comme argument commercial
5.2 La valorisation par les normes : nouveau référentiel des politiques publiques des déchets
5.2.1 Les limites du format « déchet » dans une situation hyper-urbaine : la région Île-de-France
5.2.2 Le PREDMA ou la normalisation comme réponse aux limites du format « déchet »
5.3 Le format « produit recyclé » mis en œuvre à travers l’écologie territoriale : le cas de Versailles
5.3.1 Les élus s’inscrivent dans une association pour une approche transversale du territoire
5.3.2 L’écologie territoriale pour une valorisation agricole des produits « recyclés »
Chapitre 6. Les coopératives agricoles comme opérateurs de conversion
6.1 Les modalités de conversion de l’agriculture conventionnelle
6.1.1 Une histoire endogène de la normalisation : la nécessaire transformation des effluents d’élevage
6.1.2 Les produits « recyclés » prennent place dans un discours technicoéconomique conventionnel
6.1.2.1 Le lisier en bouchon : la substitution aux engrais minéraux sur un créneau très spécifique
6.1.2.2 Déchets verts et farines animales : la plus-value de la matière organique
6.2 Les attachements des agriculteurs au format « produit recyclé »
6.2.1 Les agriculteurs proches de leur coopérative utilisent les produits « recyclés »
6.2.2 Eléments pour l’élaboration d’une typologie des agriculteurs face à la valorisation
6.3 Composer des engrais organiques, recomposer les mondes
6.3.1 L’industrie des engrais s’engage dans la fabrication de produits « recyclés »
6.3.2 Le rapprochement entre l’industrie des engrais et les coopératives pour formater les matières organiques agricoles
6.3.3 Pression des pouvoirs publics et limites du format « déchet »
6.3.3.1 Les vinasses de distillerie entre valorisation agricole et valorisation énergétique
6.3.3.2 Les déchets des communes, une situation intenable
6.3.4 Un programme scientifique pour compos(t)er l’ensemble des acteurs
6.3.4.1 Défaillance des pouvoirs publics face à la nécessité de réunir les acteurs
6.3.4.2 Les scientifiques se substituent aux pouvoirs publics
Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE. LA DIFFUSION DU FORMAT « PRODUIT RECYCLE » : LIMITES ET IMPACTS
Chapitre 7. De déchet à produit, la perte de contrôle pour une partie du monde agricole
7.1 Une série de déplacements à l’encontre du monde agricole
7.1.1 Déplacement du contrôle réglementaire des matières organiques
7.1.2 Déplacement des compétences de gestion de la circulation des matières organiques
7.1.3 Déplacement des matières et déconnexion de l’agriculture urbaine et périurbaine
7.2 Les Chambres d’agriculture : des « missions de valorisation » aux « organismes indépendants »
7.2.1 Des « missions de valorisation » aux « missions déchets »
7.2.2 La dissolution des « missions déchets » dans les services environnement des Chambres d’agriculture
7.2.3 Les « organismes indépendants » : recentrage sur des missions de contrôle des déchets
7.2.4 L’environnement n’est plus le « pré carré » des Chambres d’agriculture
Chapitre 8. De ressource à produit, la déconnexion entre producteurs et consommateurs
8.1 La déconnexion entre matières et acteurs : le cas du fumier de cheval à Versailles
8.1.1 Le développement des centres équestres ralenti par les fumiers
8.1.2 Externaliser un déchet gênant : les entreprises spécialisées
8.1.3 Les « contrats pailles-fumiers » locaux, une alternative adaptée
8.1.4 Le compostage reste néanmoins une piste privilégiée
8.1.5 Le projet de compostage ou le risque de la déconnexion entre paille et fumier
8.2 La déconnexion entre matières et territoires : le cas des effluents de Salazie (La Réunion)
8.2.1 Le format « produit recyclé » comme solution face à l’impossible mise en conformité avec le format « déchet »
8.2.2 De la contrainte financière à l’opportunité économique : spécialisation et concentration des élevages
8.2.3 Le territoire de production déconnecté de celui de la consommation
Chapitre 9. Majunga : un modèle unique pour une pluralité de mondes agricoles ?
9.1 Vers la coexistence territoriale d’une pluralité de mondes agricoles ?
9.2 Le compostage des déchets urbains de Majunga pour assainir la ville
9.2.1 Majunga : de la « cité aux fleurs » à la « ville propre »
9.2.2 Le compostage, une fin en soi ?
9.2.2.1 Des attentes sociales tournées prioritairement vers l’assainissement
9.2.2.2 Le compostage comme moyen de réduction des volumes de déchets
9.2.2.3 Avec les crédits carbone la production de compost devient une source de financement en soi
9.3 Le déplacement des utilisateurs de matières organiques : de l’agriculture familiale à l’agro-industrie de firme
9.3.1 Une faible utilisation par les maraîchers par manque de connaissance
9.3.2 Un dispositif de captation qui repose sur une impossible coopération
9.3.3 L’agro-industrie de firme : un débouché qui ne nécessite pas de travail de conversion
9.4 La captation du gisement de matières organiques au détriment des acteurs du format « ressource »
9.4.1 La plateforme de compostage : un « aspirateur » à matières organiques
9.4.2 Le déplacement de la valeur des matières organiques conduit au conflit
9.4.3 Le déplacement des utilisateurs et les conditions de coexistence des formats et des mondes agricoles
Conclusion générale
La valorisation agricole entre « déchet » et « ressource » : des compromis attachés aux territoires
Le format « produit recyclé » : une agro-écologisation par l’industrie et le marché
Le format produit recyclé en tant qu’innovation : entre attachement et détachement
De la création d’un monde commun aux conditions de coexistence d’une pluralité de mondes
Bibliographie
Glossaire
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