Les enjeux de la bancassurance
Les banques offrent de plus en plus de produits d’assurance à leurs clients : par exemple, la souscription d’une assurance des moyens de paiement (perte de carte bancaire, de chéquier …) ou l’assurance de perte de revenus (chômage, invalidité …) associée à la tenue d’un compte courant. Elles distribuent des produits d’épargne, de prévoyance et d’assurancedommages. De leur côté, les compagnies d’assurance se livrent à une concurrence effrénée pour développer des produits bancaires dans le cadre d’une activité appelée « assurbanque ». C’est ainsi que certaines compagnies d’assurance proposent le crédit, le livret et s’apprête à lancer le compte bancaire. En tout état de cause, la bancassurance traduit une idée de collaboration entre la banque et l’assurance, chacune cherche à travers cette stratégie à proposer une offre financière la plus possible. L’idée fondamentale est donc de proposer aux clients une offre globale patrimoniale en épargne à long terme en crédit et en service. Cette offre valorise les services et leur donne des outils supplémentaire. Dans ce chapitre intitulé «enjeux de la bancassurance », nous étudierons le secteur de la bancassurance, on mettra en évidence le concept, ses fondements théoriques, ses enjeux et donner un aperçu historique de la bancassurance, et nous terminerons par les facteurs ayant favorisé le développement de la bancassurance.
Si les banques et les assurances ont longtemps vécu séparées, on assiste depuis ces vingt dernières années à une disparition des frontières, le paysage de la finance connait de profondes mutations et le temps ou les établissements de crédit se contentaient de distribuer des produits bancaires tandis que les assureurs se cantonnaient à commercialiser des contrats d’assurance est révolu. La tendance est aujourd’hui à la convergence entre les métiers de la banque et de l’assurance : il s’agit du phénomène bancassurance. La bancassurance désigne les différents modes de rapprochement entre les établissements bancaires et les sociétés d’assurance. L’objectif peut être simplement commercial (dans ce cas la banque vendent des contrats d’assurance) mais il peut être aussi structurel, allant jusqu’à la création de conglomérats financiers.
Alan Leach définit la bancassurance comme étant « l’implication et la participation des banques, des caisses d’épargnes et des organismes de crédit immobilier dans la fabrication, le marketing et la distribution des produit d’assurance22» La bancassurance peut faire l’objet de plusieurs définitions, la plus classiques mais aussi la plus restrictive, consiste à définir la bancassurance comme « une activité de distribution d’assurance aux guichets des banque ».23 Une définition moins restrictive consiste à envisager la bancassurance « comme un mode de distribution de produits d’assurance aux guichets des banques, des établissement financières et de la grande distribution par le biais de ses filiales financières 24». Ce nouveau néologisme d’origine française comme une large gamme d’accord entre les banques et les compagnies d’assurance, qui dans tous les cas comprend la fourniture des produits bancaires et assurantiels à la même source ou aux mêmes clientèles, en générale le terme de bancassurance est utilisé pour désigner les efforts des banques pour pénétrer le marché de l’assurance.
Origine de la bancassurance
Il est généralement admis que la bancassurance est née en France lorsque la banque de crédit mutuel de l’est a commencé à la pratiquer en 1970 -1972. Elle s’est aussi avérée très porteuse en ce sens qu’elle a permis au crédit mutuel de devenir progressivement un acteur majeur sur la scène des assurances françaises. La suite, en 1973, la compagnie bancaire s’est dotée d’une filiale vie appelée CARDIF. Celle-ci a choisi d’opérer comme ensemblier, la maison mère n’ayant pas à proprement parler de réseau bancaire. Les banques populaires ce sont lancées en 1978, puis la BNP et la société générale en 1980. Les grandes banques de dépôts, à statut commerciale ou mutualiste, qui entre temps ne s’étaient pas déjà embarquées dans l’aventure s’y sont alors mises à marches forcées. En 2000, la bancassurance représente 35 % des primes d’assurance vie ; 60 % des primes d’épargne ; 7 % pour l’assurance dommages et 69 % du chiffre d’affaires nouvelles en épargne individuelle. Ce succès a fait de la France le plus grand marché d’assurance épargne individuelle en Europe. De leur côté, les Espagnols se lancent dans l’aventure au début des années 80, quand le groupe BANCO DE BILBAO acquiert une part majoritaire de EUROSEGUROS. Mais le contrôle n’est dans un premier temps que financier, puisque la législation espagnole interdit aux banques de vendre de l’assurance vie.
Cette barrière réglementaire disparaît en 1991. L ‘Allemagne et l’Italie s’y intéresseront beaucoup plus tard, en effet, la bancassurance italienne s’est caractérisée par la rapidité de son développement. C’est la loi Amato de 1990, qui, autorisant les banques à détenir des participations dans des compagnies d’assurance. La Belgique les établissements de crédit belges ont suivi différentes stratégies pour accéder au marché des assurances. Certains d’entre eux (Bacob et Cera, par exemple) ont conclu de simples accords de coopération avec l’assureur de leur groupe financier. D’autres grandes banques belges ont opté pour la création de joint venture avec des compagnies d’assurances appartenant souvent au même holding financier. Néanmoins, d’un point de vue purement historique, les véritables pionniers furent les Britanniques avec la création de Barclays Life en septembre 1965. En revanche, ce concept de bancassurance a séduit plus d’une banque sur le continent et très rapidement les grands acteurs du marché se sont lancés dans la création de filiales, introduisant ainsi le modèle dans leurs pays respectifs. Dans de nombreux pays, le sujet est devenu incontournable pour les banquiers et les assureurs qui cherchent à reproduire les succès existants. Tous les pays dont la bancassurance est développée comme le cas de la France, cherche toujours à installer des filiales dans les pays ou la bancassurance commence à voir le jour.
La bancassurance en Europe
• En France En France, ce sont les Assurances du Crédit Mutuel (ACM), qui sont les précurseurs, en obtenant l’agrément de la bancassurance, le 26 janvier 1971. En effet, le coût engendré par l’assurance, portant sur les prêts que le crédit mutuel consentait à ses clients, était relativement important. Dès lors, est apparu une volonté de gérer directement les assurances crédit pour en recevoir les bénéfices. Le Crédit Mutuel à commencé à se développer vers la fin du XIXe siècle en Alsace et en Lorraine. La réussite de la bancassurance en France a été favorisée par la combinaison de plusieurs facteurs : la fiscalité attractive, le scepticisme croissant des français à l’égard de leur système de prévoyance et l’étendue du réseau bancaire français qui facilite les relations avec les clients. Le Crédit Lyonnais a réalisé d’importants investissements dans le domaine des assurances, en devenant propriétaire dès les années 1970, de la MEDICALE de France, une société d’assurance. Par ailleurs, Le Crédit Agricole vend avec succès les produits d’assurance de ses deux filiales Predica (en ce qui concerne les assurances vie) et Pacifica (en ce qui concerne les assurances non vie).
• En Suisse La convergence des banques et les sociétés d’assurance Suisse s’est faite par étapes depuis une vingtaine d’années. Les deux entreprises se sont livrées à une compétition d’élimination. A la suite de la saturation qui se dessinait dans les affaires d’assurance dommage, les sociétés d’assurance se sont mises à la recherche de nouveaux marchés. On note qu’en Suisse, la bancassurance se développe aussi bien dans les différents segments de clients individuels et de clients d’entreprises que dans les affaires de placement avec les grandes entreprises toutes catégories confondues, ainsi que les assurances, y participent à des degrés divers.
• La bancassurance dans les autres pays européenne La bancassurance occupe, aujourd’hui plus de 65% du chiffre d’affaire de l’assurance vie, environ 17 milliards d’euros en 2001 en Espagne. La spécificité propre du marché espagnol provient du fait que les caisses d’épargnes régionales détiennent 50% du marché de l’épargne. La bancassurance italienne s’est caractérisée par la rapidité de son développement. C’est la loi Amato de 1990, qui autorise aux banques de détenir des participations dans les compagnies d’assurance. A cela s’est ajouté, entre 1995 et 1998, un contexte fiscal favorable aux produits d’assurance vie. Enfin, un important réseau bancaire bien réparti sur le territoire, ajouté à la confiance des Italiens en leurs banquiers, ont permis au modèle de poursuivre sa croissance. La bancassurance au Portugal enregistre la plus forte pénétration, avec 82% de part de marché d’assurance. En Allemagne, le marché reste dominé par les réseaux d’agents généraux. Le faible succès de la bancassurance peut être expliqué par des contraintes réglementaires liées aux produits d’assurance vie. En Belgique, la bancassurance a connu une croissance rapide ces dernières années. Elle à été soutenue par des investissements de compagnies étrangères, principalement luxembourgeoises. Elle a également profité d’un marché vie en forte croissance. Avec 56% de part de marché en vie, la bancassurance est désormais le premier réseau de distribution. Elle est caractérisée par une forte proportion de produits individuels et un équilibre entre les produits d’épargne et les produits de prévoyance.
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Table des matières
PARTIE THEORIQUE
Introduction générale
Chapitre 1 : Cadre conceptuelle de l’assurance et de la banque
Section 1 : Généralité sur la banque
Introduction
1. Définition de la banque
2. Le rôle de la banque
3. Type de banque
3.1. Les banques de dépôts
3.2. Les banques d’investissements
3.3.Les banques commerciale
4. Fonctions d’une banque
4.1. La fonction d’intermédiation
4.2. La fonction relationnelle
4.3. Les fonctions de liquidité
5. Les métiers de la banque
5.1.La clientèle
5.2.L’impact du risque
5.3.La zone de l’exercice du métier
5.4.Le mode de collecte des ressources
Section 2 : Généralité sur l’assurance
Introduction
1. Définition de l’assurance
2. Le rôle social et économique de l’assurance
3. Définition des termes usuels
4. Typologie des contrats d’assurance
4.1.Les assurances de bien et de responsabilité
4.2.Les assurances de personnes
Conclusion
Chapitre 2 : Les enjeux de la bancassurance
Introduction
Section 1 : Fondement théorique de la bancassurance
1. Définition de la bancassurance
Tables des matières
2. Origine de la bancassurance
3. La bancassurance dans le monde
3.1.La bancassurance en Europe
3.2. La bancassurance dans les autres continents
4. Les produits offerts par la bancassurance
4.1.Les produits constituant le prolongement des opérations bancaires
4.1.1. Les produits d’assurance liés aux crédits
4.1.2. Les produits d’assurance liés aux dépôts
4.1.3. Les produits d’assurance liés aux instruments de paiements
4.2.Les produits d’épargne à forte dominante financière
4.2.1. Les produits complexes
4.2.2. Les produits simples
4.3.Les produits de prévoyance
4.4.Les produits d’assurance de dommages
4.5.Les produits packagés
Section 2 : Les apports et les inconvénients de la bancassurance
1. Les apports pour les banques
1.1.Les apports pour les banques
1.1.1. La rentabilisation des ressources
1.1.2. Les commissions
1.2.Les rentabilisations de ressources humaines
1.3. Les effets de taille et de gamme
1.4.La fidélisation de la clientèle
1.5.Un moyen de diversification
1.6.Le renforcement des fonds propres
2. Les apports pour les compagnies d’assurance
2.1.une meilleure appréciation des risques
2.2.Le renforcement des fonds propres
2.3.L’amélioration de la rentabilité
2.4.L’accès à une large clientèle
3. Les apports pour le client
3.1.La commodité de l’accès
3.2.L’amélioration de l’offre
3.3.L’amélioration du service après vente
3.4.Une meilleure rentabilité des placements
4. Les inconvénients
4.1.Les limites pour les compagnies d’assurance
4.1.1. Le transfert du centre de décision
4.1.2. Le secret bancaire
4.1.3. Le traitement des sinistres et la sélection des risques
5. Les limites pour les banques
5.1.La cannibalisation des produits bancaires
5.2.Les risques sur l’image de la banque
5.3. La divergence de culture commerciale
5.4.La formation du personnel
6. facteurs ayant favorisé le développement de la bancassurance
6.1.Demande de nouveau produit financier par les particuliers
6.2.Baisse de la marge d’intermédiation des banques et besoin de financement
6.3.Exploitation des synergies en matière de distribution
6.4.Exploitation des synergies en matière de production
Conclusion
PARTIE PRATIQUE
Chapitre 3 : La bancassurance en Algérie cas de la CNEP-banque
Introduction
Section 1 : le marché bancaire et assuranciel en Algérie
1. les différentes étapes de l’évolution du secteur Algérien des assurances
1.1. la période 1962-1989
1.2. L’ouverture et la libéralisation du marché
1.3. Les intervenants dans le marché Algérien de l’assurance
2. Les différentes étapes de l’évolution du secteur Algérien des banques
2.1. Le système bancaire national
2.2. Le monopole de l’Etat
2.3. La privatisation du secteur
2.4. La loi n° 90-10 du 14 avril relative à la monnaie et au crédit
2.5. L’ordonnance n°03-11 du 26 aout 2003 relative à la monnaie et au crédit
2.6. L’ordonnance n°10-04 du 26 aout 2010 relative à la monnaie et au crédit
3. Les acteurs du système bancaire et financier en Algérie
4. Le cadre réglementaire de la bancassurance en Algérie
Section 2 : présentation des deux organismes : CNEP-banque et Cardif EL Djazair et l’accord de partenariat
1. Présentation de la CNEP-banque
1.1. Historique de la CNEP-banque
2. Présentation de Cardif
2.1.Les produits distribués par Cardif
2.2. Présentation de Cardif EL Djazair
3. Présentation de l’agence 209
4. L’accord de partenariat entre Cardif EL Djazair / CNEP-banque
Section 3 : Les produits distribuée par la CNEP-banque
1. Définition de l’ADE
1.2. Nature et risque couvert
1.3. Condition et modalité d’adhésion
2. Définition de SAHTI
2.2.Contenu de l’offre de SAHTI
2.3.Tarification
3. Définition de CTP
3.1. Processus et condition d’adhésion
3.2. Les capitaux assurés
3.3. Formalisation de l’adhésion
Section 4 : état des lieux de la bancassurance au sein de la CNEP-banque
1. état des lieux des produits distribué par la CNEP-banque
1.1. ADE
1.2.CTP
1.3.SAHTI
2. La part de chaque produit
3. La production du réseau de Bejaia
3.1. La production de CTP
3.2. La production de SAHTI
4. Composition du portefeuille de SAHTI et CTP pour 2015
4.1. Le portefeuille CTP pour la production 2015
4.2.Le portefeuille SAHTI pour la production 2015
5. Les obstacles empêchant le développement de la bancassurance en Algérie
5.1.Les obstacles d’ordre culturel
5.2.Les obstacles à caractère réglementaire
6. Les appuis pour le développement de la bancassurance en Algérie
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des abréviations
Liste des tableaux
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