L’approche motivationnelle
L’approche motivationnelle a été développée en 1991 par Wiiliam Miller et Stephen Rollnick dans les pays anglo-saxons. Cette approche centrée sur la personne est en constante évolution, elle est souvent utilisée lors de comportements addictifs et dans l’éducation thérapeutique. Elle est appropriée dans les situations où la personne ressent une certaine ambivalence face à un comportement précis qui pose problème. Selon Larousse (2016), l’ambivalence est définie comme « tendance à éprouver ou à manifester simultanément deux sentiments opposés à l’égard d’un même objet ». Devant le changement, faire part d’un discours ambivalent est naturel. Très souvent dans la pratique, les professionnels ont le réflexe correcteur. Ceci signifie qu’ils ont tendance à émettre des arguments positifs au changement à la place de la personne. Selon l’Association Française De l’Entretien Motivationnel (AFDEM) (2016), cette pratique a un effet contre-productif, car les personnes auront l’impression d’être privées de leur autonomie et développeront une contre-argumentation afin de ne pas changer leur comportement (AFDEM, 2016).
L’approche motivationnelle comprend quatre processus consécutifs, mais qui se chevauchent. Ces quatre processus sont l’engagement dans la relation, la focalisation, l’évocation et la planification (AFDEM, 2016).
Les processus de l’entretien motivationnel
Le premier processus se nomme l’engagement dans la relation. Il décrit le temps de la rencontre entre le patient et le professionnel. Durant ce premier temps, il est essentiel d’établir une alliance thérapeutique. Ce processus est influencé par les contraintes externes, l’état émotionnel intérieur du soignant et du soigné, ce qui va être mis en œuvre, les mots ainsi que les attitudes du professionnel (AFDEM, 2016).
Le deuxième processus est la focalisation, c’est lors de cette phase que le professionnel s’accorde avec la personne sur la direction visée par l’accompagnement. Parfois, les objectifs du patient et du soignant sont différents, il est important d’arriver à se mettre d’accord sur les différents objectifs. Il y a trois styles qui peuvent être choisis : une approche directive, une approche non directive ou une guidance. Cette dernière est conseillée par l’entretien motivationnel. Le fait de guider à l’aide d’échanges et de discussions permet de se mettre d’accord sur ce qui est envisageable et réaliste de cibler en vue du changement. Ce processus est continu, il faut parfois y revenir pour réajuster les objectifs (AFDEM, 2016).
L’évocation est le troisième processus. C’est durant cette étape que le professionnel aide le patient à verbaliser ses arguments et ses motivations propres à changer des comportements. C’est le centre de l’approche motivationnelle, c’est là que le professionnel doit être attentif au discours-changement du patient. Durant l’évocation, le patient fait preuve d’ambivalence. Il peut avoir un discours-maintien où il exprime les raisons qui peuvent l’empêcher de changer de comportement et en même temps un discours-changement où il exprime les raisons qui lui donnent envie de changer de comportements (AFDEM, 2016).
Deux formes de discours-changement existent: le discours préparatoire et le discours de mobilisation. Le discours préparatoire est reconnaissable par le fait qu’il contient les désirs, les capacités, les raisons et les besoins de la personne. Le discours mobilisation amorce le début de changement de comportements. Le professionnel doit être vigilant à quel discours le patient utilise afin de voir si c’est nécessaire d’aider le patient à dénouer son ambivalence ou pas. Pour cela, le professionnel peut utiliser plusieurs méthodes telles qu’imaginer une situation extrême, rappeler le passé, imaginer l’avenir et souligner le discours-changement (AFDEM, 2016) .
Le dernier processus est la planification. Elle commence une fois que le patient à un discours-changement dans le mode mobilisation. Il est important de consolider l’engagement de la personne dans le changement de comportement et d’établir un plan d’action. Durant cette étape, le professionnel fait ressortir les capacités et les ressources de la personne face à la situation. Le professionnel a aussi pour rôle d’informer le patient sur les différentes possibilités d’actions possibles, mais toujours en laissant au patient son autonomie (AFDEM, 2016).
Les principes de l’entretien motivationnel
L’approche motivationnelle s’appuie sur quatre grands principes qui sont le partenariat, le non-jugement, l’altruisme et l’évocation. Elle a pour but d’accroître la motivation au changement en tenant compte de l’ambivalence de la personne, ses valeurs et ses perceptions. L’entretien motivationnel est conduit vers un objectif déterminé, il est directionnel (AFDEM, 2016) .
Le professionnel ne doit pas adopter une posture d’expert, mais un partenariat entre le soignant et le soigné doit être créer. Le soignant est « expert » de son domaine, il possède des savoirs techniques et le soigné est expert de sa propre situation, il se connaît et reconnaît ses réactions, ses limites et ce qu’il peut supporter .
Le non-jugement est un principe découlant du travail de Carl Rogers, il est essentiel dans l’approche motivationnelle. Dans ce principe, plusieurs aspects sont importants. Le premier est le regard inconditionnellement positif. Le fait que le professionnel porte un regard positif et confiant sur le patient lui permettra d’évoluer. Le professionnel doit chercher à comprendre le monde intérieur du soignant, cela s’appelle l’empathie approfondie. Le respect et le soutien de l’autonomie ainsi que la valorisation sont des aspects importants du non-jugement (AFDEM, 2016).
L’évocation signifie que le professionnel doit aider le patient à exprimer ses ressources, car ce dernier a toutes les ressources nécessaires en lui pour dénouer cette ambivalence.
L’altruisme est le dernier principe de l’approche motivationnelle. Il est essentiel, car l’approche motivationnelle se dirige vers la recherche du mieux-être de l’autre c’est-à-dire du patient et pas du professionnel (AFDEM, 2016).
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Table des matières
1. Introduction
2. Problématique
2.1. Question de recherche
2.2. Objectifs
3. Cadre conceptuel
3.1. Les addictions
3.2. Les substances
3.3. Le rétablissement
3.4. Le rôle infirmier
4. Cadres de référence
4.1. L’alliance thérapeutique
4.2. L’approche motivationnelle
4.2.1. Les processus de l’entretien motivationnel
4.2.2. Les principes de l’entretien motivationnel
5. Méthode
5.1. Choix du devis: revue de littérature
5.2. Les étapes de la revue de littérature
5.3. Critères de sélection
5.3.1. Critères d’inclusion
5.3.2. Critères d’exclusion
5.4. Mots Mesh
5.5. Stratégies de recherche
CONCLUSION
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