Les procédés polyphoniques dans le procès-verbal et Désert

Les procédés polyphoniques dans Le Procès-verbal et Désert 

Les procédés polyphoniques sont nombreux dans Le Procès-verbal et Désert. Cependant, nous nous intéressons uniquement dans cette étude, au discours rapporté et à la figuralité.

Polyphonie et discours rapporté 

Dans Le Procès-verbal et Désert, le discours rapporté au style direct attire l’attention du lecteur. Mais les voix qui s’expriment au style direct sont parfois diverses et anonymes que pour les distinguer, la nécessité de faire recours à d’autres analyses s’impose.

Polyphonie et discours direct 

Dans un article intitulé Les Fruits Divers : polyphonie énonciative et hétérogénéité textuelle, André Petit Jean, à la suite de Laurent Dano- Boileau , distingue l’énonciation primaire et l’énonciation racontée. La première pour Laurent Boileau, est le niveau d’énoncé le plus enchâssant la seconde pouvant être définie par analogie comme le niveau d’énoncé le plus enchâssé. Dans le premier, on trouve ce qu’on appelle le narrateur qui peut avoir trois situations. Il peut être anonyme, explicité ou effacé.

Mais, quelle que soit la situation dans laquelle se trouve le narrateur de l’énonciation primaire, il reste cette voix d’énonciateur qui repère les objets de son discours par rapport à sa situation d’énonciation et qui les décrit selon l’angle de vue qui est le sien. Si les faits sont rapportés par le seul énonciateur primaire, on parle de monophonie, si par contre, il s’agit d’un hétéroénonciateur qui côtoie des homo énonciateurs, c’est-à-dire les nombreuses autres voix qui parlent au style direct ou semi- direct, il s’agit de la polyphonie. C’est ce dernier aspect de la question, c’est-à dire l’aspect polyphonique du discours rapporté qui nous intéresse dans ce chapitre. Pour y voir plus claire, examinons d’abord le discours direct dans Désert et nous verrons que :

– Outre l’absence des incises de types, X dit : « je pars », qui laisse le lecteur devant des discours directs sans source énonciative ;
– D’autres problèmes se posent comme :
– La présence de discours directs réduits à un seul mot sans valeur informative ;
– Des discours directs qui, au lieu de contribuer à libérer la parole, ne font que la bloquer avec ses multiples répétitions dues aux hésitations, les ruptures au niveau des thèmes avec des personnages qui basculent d’un thème à un autre sans lien les uns avec les autres comme dans cet extrait de Désert qui donne le discours direct entre Lalla et Paul Estève ( deuxième texte), où le lecteur passe :
– De la réaction passionnelle de Paul Estève : « Ça, ça ma fait quelque chose ! C’est terrible » ;
– A la phase qui consiste à se présenter (où le rituel de la présentation « C’est … je m’appelle Paul, Paul Estève, et vous ? Vous parlez français ? » .

« Quand je vous ai vu tomber, comme ça, devant moi, ça, ça m’a fait quelque chose ! C’est la première fois que cela vous arrive ? Je veux dire, c’est terrible, avec tout ce monde, là, dans l’avenue, les gens qui étaient derrière vous ont failli vous marcher dessus, et ils ne se sont même pas arrêtés, c’est… Je m’appelle Paul, Paul Estève et vous ? Vous parlez français ? ».

La polyphonie pré-énonciative 

La multiplicité variationniste de la personne dans Le Procès-verbal et Désert intrigue plus d’un lecteur. L’auteur n’hésite pas à passer de Je ou Tu au Vous, du Tu au Il (s) ou On sans aucune rupture dans le processus énonciatif. Le lecteur n’arrive pas à expliquer ces changements brusques qui créent parfois un choc psychologique. Nous avons trouvé dans la théorie du texte pré-énonciative d’Olivier Sautet des arguments intéressants qui pourraient justifier cette stratégie énonciative. Avant de revenir sur cette théorie, prenons des exemples pour voir comment se manifeste cette référence anaphorique. Le premier exemple est un extrait du Procès-verbal. Il est le suivant :

Nous en parlerons ensemble si cela Te dit. Si Tu ne veux pas retrouver tout de suite, écris nous une longue lettre, à Ton père et à moi-Mais je t’en pris, Adam, ne nous laisse pas sur la mauvaise impression d’un mot griffonné à la hâte sur la terrasse d’un café. Ne nous laisse pas sur notre inquiétude et sur notre déception […] – Dis- moi ce que tu comptes faire, où tu veux travailler, comment tu te débrouilles, où tu as l’intention d’aller – J’ai vu dans les journaux qu’ils demandent des instituteurs en Afrique Noire et en Algérie ; » .

Il s’agit de ce passage du Procès-verbal dans lequel la maman d’Adam tente de faire revenir à la raison son fils qui semble désintéresser de tout. Dans ce petit extrait, nous identifions cinq références personnelles différentes. L’auteur passe du « Nous » qui prend la parole au « Tu » narré de son interlocuteur dont on attend la réaction. Le récit progresse ainsi avec un discours narré au style direct. Dans le discours narrant, l’auteur fait référence contre toute attente à un « Ils ». Ici l’auteur joue avec la référence pronominale de sorte qu’on arrive difficilement à identifier des noms, quelles personnes anaphorent Ils ?

La multiplicité variationniste prend une dimension déroutante. Toutefois dans Désert, on arrive à identifier les noms. Voici un extrait qu’illustre cette caractéristique de l’énonciation Leclézienne :

« Est-ce que tu parles sa langue ?
Je ne sais pas dit Lalla.
Lalla dit quelques mots de chleuh, et la jeune femme la regarde un moment, puis elle lui répond :« Dis-lui que ses papiers ne sont pas en règle, il manque l’autorisation pour le bébé » .

Dans cet extrait, il y’a un « je » qui s’adresse à un « Tu » pour lui demander de jouer un rôle d’interprète afin de lui faciliter ou rendre possible son commerce avec une jeune femme. On peut donc distinguer deux locuteurs : locuteur 1 et locuteur 2 qui forment les deux pôles de la relation inter discursive : un « Je » locuteur et un »« TU allocutaire comme « est-ce que tu parles sa langue » ?

Si on parvient à identifier les noms dans Désert, tel n’est pas toujours le cas dans Le Procèsverbal. Le « Ils » survenu contre toute attente dans le premier extrait (celui du Procès-verbal) en est une parfaite illustration. Mieux, on peut se poser la question à savoir qu’elles personnes anaphorent le « Ils » Il faut peut-être convoquer Olivier Sautet qui, défendant l’approche guillaumienne de la psychomécanique, parle de polyphonie pré-énonciative. Dans l’article commun qu’il partage avec Frédéric Calas, Catherine Fromilhague, Anne-Marie Gara gnon et Laurent Surini, ils partent de la distinction de la langue et du discours dans une approche différente de celle de Saussure.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Première partie : Les procédés polyphoniques dans le procès-verbal et Désert
Chapitre I : Polyphonie et discours rapporté
1-1 Polyphonie et discours direct
1-2 La polyphonie pré- énonciative
Chapitre II : polyphonie et figuralité
2-1 L’aposiopèse
2-2 L’ironie polyphonique
Deuxième partie : Le point de vue dans le Procès-verbal et Désert
Chapitre III : Les représentations du point de vue
3-1 Le point de vue représenté
3-1-1 Point de vue représenté et stratégie de prédication
3-1- 2 Point de vue représenté et aspectualisation
3-1-3 Point de vue représenté et compte rendu direct de perception
3-2 Le point de vue asserté
Chapitre IV : point de vue et doxa
4-1 Point de vue et préjugés
4-2 Point de vue et stéréotypes
Conclusion
Bibliographie

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *