Dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la réflexion menée par les acteurs de développement tend à insister sur le rôle social et économique des Petites et Moyennes Entreprises (PME), qui s’inscrivent dans le tissu économique local. Les PME font depuis quelques années l’objet d’une attention croissante de la part des pouvoirs publics. Acteurs importants de l’économie en termes d’innovation et de création d’emplois, elles pourraient l’être davantage encore si elles parvenaient à trouver les conditions de leur développement dans de meilleures conditions et, pour certaines d’entre elles, à se constituer en leaders mondiaux. Les PME contribuent en effet au développement d’un pays non seulement en participant de manière significative au Produit Intérieur Brut (PIB) et à l’emploi mais aussi en permettant l’insertion sociale des jeunes et des femmes, en fournissant en général aux ménages les plus pauvres des biens et des services diversifiés à des prix abordables. Le contexte de financement des PME met en exergue deux types d’entités qui sont en interaction : les PME et les institutions financières. De par l’intégration de Madagascar aux marchés régionaux tels : le COmmon Market of Eastern and Southern Africa (COMESA), le Southern Africa Development Community (SADC), les activités des entreprises nationales sont menacées par la venue des nouveaux produits concurrents sur le marché. La concurrence devient de plus en plus rude au niveau de ces entreprises nationales conduisant ainsi à des financements externes. Les institutions financières existantes à Madagascar sont constituées globalement par les banques, les institutions de micro finance, les assurances, les sociétés de participation, la caisse d’épargne, la Caisse nationale de Prévoyance Sociale (CNAPS) et les Centres de Chèques postaux (CCP). La banque et la Micro finance constituent les entités les plus courantes en terme de financement des PME. L’appréciation de la situation des PME dans l’économie suscite toujours un large débat : obstacles à l’obtention des prêts, coût du crédit, niveau des fonds propres, dépendance à l’égard des clients ou des fournisseurs les plus importants, mais aussi dynamisme, flexibilité, potentiel de croissance. Elles occupent en effet, une place spécifique dans le système productif, avec une position économique, et financière, souvent contrainte par la nature des relations avec les clients, les fournisseurs et les donneurs d’ordres.
LE CONCEPT DU FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE
Le commerce et les financements internationaux jouent un rôle clé dans le développement d’un pays. « La promotion et l’expansion des échanges, désormais reconnues comme les facteurs les plus importants de développement, ont été à l’origine de la croissance spectaculaire de la plupart des économies d’Asie du Sud- Est ; cela doit aller de pair avec la promotion du financement du commerce » . D’une manière générale, le défi de tous les pays, surtout les Pays En Développement (PED), est de lutter contre un problème macroéconomique majeur : “le chômage” et, de créer de nouveaux emplois, et si possibles des emplois à haute valeur ajoutée. Dans ce cadre, le rôle des PME est de la plus haute importance. C’est pour cette raison que nous nous sommes intéressés au financement des PME.
LES THEORIES DE RATIONNEMENT DE CREDIT
Tout en connaissant pertinemment que le marché du crédit se distingue du marché des biens en terme de décalage entre la livraison du bien, qui est la somme prêtée, et le paiement, qui est le remboursement du capital et versement du taux d’intérêt. Il nous est utile alors d’avoir un aperçu général sur les théories du rationnement de crédit. « Une entreprise peut se voir refuser un financement bancaire, même si elle est prête à payer pour cela un taux d’intérêt élevé. Ce phénomène, désigné sous le terme de «rationnement du crédit», reste difficile à évaluer, puisque demande et offre de crédit ne sont pas directement observables » . Dans ce chapitre, nous allons voir d’abord la notion et les types de rationnement de crédit ensuite nous allons exposer la modélisation du rationnement de crédit et enfin nous évoquerons les asymétries d’information et le rationnement de crédit.
SITUATION DU RATIONNEMENT DE CREDIT
Les banques jouent un rôle important dans le financement de l’économie et leur activité d’intermédiation les expose à des risques dont l’analyse et la maîtrise ne sont pas aisées. Les mutations que connaissent l’activité bancaire ainsi que la diversification des produits et des services offerts par les banques pour faire face à la concurrence et augmenter leur rentabilité, ont fortement augmenté leur exposition aux risques. En ce qui concerne le risque de crédit, il se trouve au cœur même de l’activité bancaire et constitue l’un de ses enjeux majeurs. Il s’agit du risque de perte lié à la défaillance d’une contrepartie et donc à son incapacité de faire face à ses engagements vis-à-vis de la banque. Il est inhérent au métier de banquier. Ce risque est critique pour un établissement de crédit car le défaut d’un petit nombre de clients importants peut suffire à le mettre en difficulté. Néanmoins, il est essentiel pour la banque car s’il est bien analysé et géré, il peut représenter l’une des principales sources de profit. Cette section sera consacrée à la notion et aux différents types du rationnement de crédit.
Définition du rationnement de crédit
Une entreprise peut se voir refuser un financement bancaire, même si elle est prête à payer pour cela un taux d’intérêt élevé. Ce phénomène, désigné sous le terme de «rationnement du crédit», reste difficile à évaluer, puisque demande et offre de crédit ne sont pas directement observables. Le terme rationnement de crédit se définit comme une « situation d’équilibre durable où le taux d’intérêt en vigueur n’est pas celui qui égalise l’offre et la demande ». Il y a rationnement du crédit lorsqu’ « un emprunteur potentiel n’est pas servi alors qu’il est prêt à en payer les composantes prix (taux d’intérêt) et les composantes hors prix (la fourniture de garantie) d’un contrat de prêt ». « Le rationnement du crédit signifie également qu’ «une banque refuse de prêter aux conditions de quantité et de taux demandés ». « Le terme rationnement est fréquemment utilisé dans la littérature économique. Il signifie qu’une banque refuse de prêter à un emprunteur potentiel aux conditions demandées (quantités et taux d’intérêt) ». Le terme rationnement de crédit peut signifier qu’une banque refuse de prêter aux conditions de quantité et de taux demandées. Il s’ensuit alors de cette définition que les institutions de crédit sont obligées de rationner le crédit afin d’identifier les clients à risque, qui devront être écartés et ceux qui méritent l’octroi de crédit.
Les types de rationnement de crédit
Il existe en général, quatre types de rationnement de crédit :
Le rationnement de crédit de type I
Dans cette situation de rationnement du crédit, la banque accorde à l’emprunteur un montant inférieur à celui demandé. « L’emprunteur doit payer un taux d’intérêt plus élevé s’il veut obtenir un crédit d’un montant plus important. Les raisons de ce comportement sont expliquées par le modèle de Keeton en 1979 ».
Le rationnement du crédit de type 2 ou rationnement pur
J. Stiglitz et Weiss ont analysé ce modèle et ont défendu l’idée sous laquelle, « parmi des emprunteurs identiques, certains reçoivent un prêt et d’autres non. Les emprunteurs potentiels qui ont été rejetés ne pourront pas emprunter, même s’ils indiquent leur volonté de payer plus que les taux d’intérêts du marché. Dans ce cas, la demande est supérieure à l’offre et l’ajustement se fait par les quantités mais non par les prix.
Le rationnement du crédit de type 3
Ce troisième type du rationnement du crédit se produit lorsque la banque refuse de prêter au taux d’intérêt désiré par l’emprunteur. L’appréciation différente que la banque et l’emprunteur portent sur la probabilité de réussite du projet est à l’origine de ce rationnement.
Le rationnement du crédit de type 4 ou Red-lining
Stiglitz et Weiss ont développé ce type de rationnement du crédit. Les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui obtiennent du crédit. Ils sont exclus du marché du crédit car soit la banque n’a pu évaluer leur degré de risque, soit ils sont trop risqués. Quel que soit le taux d’intérêt en vigueur, ils ne peuvent pas obtenir de prêt. Il s’agit dans ce cas, d’un refus de prêter même si les banques disposent de suffisamment de ressources. Le red-lining correspond au rationnement du crédit observé dans la réalité. Nous avons vu dans cette section la définition et les différents types de rationnement de crédit et la section suivante sera consacrée à la modélisation du rationnement de crédit.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LE CONCEPT DU FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE
CHAPITRE I : LES THEORIES DE RATIONNEMENT DE CREDIT
SECTION 1 : SITUATION DU RATIONNEMENT DE CREDIT
SECTION 2 : LA MODELISATION DU RATIONNEMENT DE CREDIT
SECTION 3 : ASYMETRIE D’INFORMATION ET RATIONNEMENT DE CREDIT
CHAPITRE II : LES DIFFERENTS TYPES DE FINANCEMENTS EXISTANTS ADAPTES AUX PME
SECTION 1 : GENERALITES SUR LES PME
SECTION 2 : THEORIES SUR LES RISQUES LIES AU CREDIT
SECTION 3 : LES FINANCEMENTS EXISTANTS POUR LES PME
PARTIE II : LES PROBLEMATIQUES DU FINANCEMENT DES PME
CHAPITRE I : LES PROBLEMES DE RATIONNEMENT DE CREDIT DANS LES INSTITUTIONS FINANCIERES
SECTION 1 : METHODOLOGIE DE TRAVAIL
SECTION 2 : LA PRESENCE DES RISQUES LIES A L’OCTROI DE CREDIT
SECTION 3 : LA PRESENCE DE RATIONNEMENT DE CREDIT
CHAPITRE II : LES REALITES ET PERSPECTIVES DU FINANCEMENT DES PME
SECTION 1 : LES REALITES DES FINANCEMENTS AU NIVEAU DES PRETEURS
SECTION 2 : LES PROBLEMES PERCUS PAR LES PME
SECTION 3 : LES MESURES D’ACCOMPAGNEMENT ET LES PERSPECTIVES EN MATIERE DE FINANCEMENT DES INSTITUTIONS DE CREDIT
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
LISTE DES ANNEXES
RESUME ANALYTIQUE