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TYPES DE PATURAGES ET INFRASTRUCTURES PASTORALES
Milieu ร vocation agricole, la commune de Ouadiour abrite en son sein des zones oรน prรฉdominent des activitรฉs agropastorales, ce qui fait que dans lโorganisation de son espace les parcours du bรฉtail y occupent une place non nรฉgligeable. Cette structuration de lโespace prend en compte la nature des pรขturages, lโaccรจs aux points dโabreuvement du bรฉtail et les infrastructures de bases associรฉes ร lโรฉlevage.
Types de pรขturages
Les fortes densitรฉs humaines et la prรฉdominance dโune agriculture extensive ont fini par entrainer un manque drastique de surfaces pastorales. Lโespace a fait lโobjet dโune appropriation paysanne presque achevรฉe. Les terres qui restent le domaine de prรฉdilection des animaux en pรขture relรจvent de mesures de protection anciennes qui obรฉissent aux traditions et du traรงage fait par lโadministration nationale malgrรฉ lโavancรฉe dโune boulimie fonciรจre opรฉrรฉe par les ยซ Lamanes8 ยป et les chefs religieux.
Quatre types de pรขturages sont dรฉnombrรฉs dans la zone : les pรขturages naturels, les jachรจres, les pรขturages post-culturaux et les pรขturages aรฉriens.
Les pรขturages naturels
Ils sont constituรฉs des bois villageois qui constituent des rรฉserves naturelles protรฉgรฉes et mises en dรฉfens par les populations avec des interdits. Ces zones de mise en dรฉfens abritent dโimportantes mares qui sont gorgรฉes dโeaux pendant lโhivernage. Ces espaces peuvent รชtre retrouvรฉs dans la zone de Loumbel Kelly au niveau de Loumbel Mbaye, ร Mboudaye, ร Thiabรฉ Diรจne, Thiabรฉ Wolof, Barkael et dans les vallรฉes mortes de Doyoli et de Niomrรฉ. Les diffรฉrents bois villageois sont reliรฉs les uns les autres par des pistes de parcours du bรฉtail permettant aux animaux dโy avoir accรจs soit pour la pรขture ou pour sโabreuver.
Les jachรจres
Les jachรจres sont les espaces laissรฉs en friche, mis au repos pour une rรฉgรฉnรฉration du sol et lutter contre lโappauvrissement des sols.
Avec lโaccroissement des zones de cultures liรฉ ร la forte densitรฉ de la population et la diversification des cultures, les jachรจres se font de plus en plus rares. Les jachรจres ne formant pas un tenant sont trรจs discontinues et dโaccรจs trรจs difficile parce que se trouvant trรจs souvent encerclรฉes par les champs. Elles ne sont frรฉquentรฉes pendant cette pรฉriode que par les troupeaux ร effectif faible pouvant passer au niveau des chemins qui mรจnent dans les champs et conduits le plus souvent ร lโaide dโune corde attachรฉe au cou. Ces animaux sont en gรฉnรฉral parquรฉs dans les maisons. Cette situation sโobserve ร lโest de Loumbel Kelly oรน les faibles densitรฉs humaines ont permis lโinstallation de quelques jachรจres. Le mรชme phรฉnomรจne est aussi observable entre Thiabรฉ Diรจne et Thiรฉnaba Wolof, entre Thiรฉnaba Wolof et Gossas oรน les distances qui sรฉparent les villages ne permettent pas une occupation complรจte de lโespace par les cultures. Toutefois ces zones inaccessibles pendant lโhivernage constituent des rรฉserves potentielles de fourrages de qualitรฉ pour les ovins dรจs la fin des travaux champรชtres et pendant la saison sรจche. Ces espaces herbeux ne sont pas seulement exploitรฉs par les animaux mais constituent des espaces de recherche dโherbe pour nourrir les animaux en stabulation ou pour vendre dans la ville riveraine de Gossas. Les jachรจres permettent aussi au Groupement dโUtilisation du Matรฉriel Agricole en Commun (GUMAC) de Ouadiour de pouvoir faire la coupe avec leur motofaucheuse.
Les pรขturages post-culturaux
Les pรขturages post-culturaux sont constituรฉs des rรฉsidus des cultures laissรฉs par les paysans aprรจs les rรฉcoltes. Cโest donc lโensemble des champs ouverts autorisant le passage des animaux. Ces derniers sont attirรฉs par les adventices qui se sont dรฉveloppรฉes dans les champs aprรจs les derniers sarclages, les rejets des souches et une partie de la fane dโarachide, de niรฉbรฉ et quelques รฉpis de mil non rรฉcoltรฉs ou oubliรฉs dans les champs. Ce pรขturage post-cultural constitue, pour les animaux ayant passรฉ lโhivernage dans la zone du Ferlo, une cure salรฉe. Les รฉleveurs, quโils soient sรฉdentaires ou transhumants accordent une importance particuliรจre ร ce type de pรขturage car permettant de complรฉter lโembonpoint des animaux avant lโinstallation dรฉfinitive de la saison sรจche.
Ce matรฉriel post-cultural constitue une concurrence car il est recherchรฉ par les paysans eux-mรชmes. Ils reviennent dans les champs pour ramasser les tiges de mil pour la confection des palissades et les herbes hautes pour couvrir la charpente des cases.
Le pรขturage aรฉrien
La base alimentaire des pรขturages en milieu sahรฉlien est gรฉnรฉralement constituรฉe de graminรฉes qui finissent par รชtre appรขtรฉes en saison sรจche. Il ne reste que les espรจces ligneuses qui fournissent feuilles รขgรฉes broutรฉes sur les arbres et les arbustes, feuilles sรฉchรฉes tombรฉes au sol, fruits verts broutรฉs sur les arbustes, fruits secs sur les arbustes ou au sol, les fleurs, lโรฉmondage des arbres en pรฉriode de soudure constituent le pรขturage aรฉrien9. Cette alimentation vient complรฉter les besoins en azote surtout en saison sรจche quand la paille des graminรฉes commence ร perdre sa valeur fourragรจre. Le pรขture aรฉrien commence ร subir de sรฉrieuses menaces liรฉes ร la coupe prรฉcoce des arbustes pour en faire des clรดtures ou pour avoir du bois de chauffe destinรฉ au combustible local ou la vente dans les gros villages ou villes comme Fass, Thiรฉnaba et Ouadiour.
Les points dโabreuvement des animaux
Les eaux de surface de la commune de Ouadiour sont constituรฉes de mares et de bas-fonds qui sont alimentรฉes par les eaux de pluies. Durant la saison sรจche, elles sโassรจchent ร partir du mois de novembre. On dรฉnombre plus de 22 mares dans la zone et la localitรฉ de Loumbel Kelly regroupe ร elle seule 19 mares.
Les eaux souterraines sont exploitรฉes par les puits dans la nappe phrรฉatique qui a une profondeur qui varie entre 50 et 80m. La conservation de ces puits et leur entretien permettent aux รฉleveurs et aux populations dโavoir de lโeau en cas de panne de forage. Les forages de Ouadiour et de Loumbel Kelly exploitent la nappe du maรซstrichtien, mais seul le forage de Ouadiour est actuellement fonctionnel. Il alimente en eaux 97 bornes privรฉes, 50 bornes publiques et 22 abreuvoirs. Ce rรฉseau dโadduction dโeaux a favorisรฉ la rรฉduction du dรฉplacement des animaux et la diminution des maladies liรฉes ร lโeau.
Dans la commune de Ouadiour, lโabreuvement des animaux repose sur lโutilisation des mares, des puits et des forages.
Les mares
La commune de Ouadiour compte 22 mares temporaires, 2 bas-fonds et une vallรฉe morte avec pour source principale dโalimentation les eaux pluviales. Jusquโen 2006, on comptait 65 mares dans toute la commune dโaprรจs la convention locale de la gestion des ressources naturelles du territoire communal de Ouadiour. Cependant la quasi-moitiรฉ a disparu et il nโen reste que 22 mares de nos jours. Elles sont localisรฉes principalement dans 2 zones. La zone de Loumbel Kelly ร elle seule compte 19 mares, une vallรฉe morte nommรฉe Diabang et 3 autres mares dans la zone de Doyoli. Il est ร noter lโexistence de deux bas-fonds, lโun ร Thiรฉnaba appelรฉ YABAKE et lโautre long de 800m se situe entre Ouadiour et Nianguรฉ. La durรฉe de rรฉtention de lโeau est variable et dรฉpend de lโรฉtendue de la zone de captage, du sous-sol, de lโรฉvaporation et de la profondeur. Si certaines peuvent garder de lโeau jusquโau mois de janvier comme celles de Mboudaye, Loumbel Kelly et Loumbel Mbaye, dโautres sโassรจchent trรจs vite. Cette zone de Loumbel Kelly abrite les plus importantes mares alors que les zones de Ouadiour, de Doyoli et Niomrรฉ se singularisent par leur manque de mares. Cette situation est due en grande partie ร la nature du sol. Lโimportance des mares dans la zone sud est liรฉe ร la nature argileuse de ses sols permettant une rรฉtention des eaux et leur conservation parce que limitant lโinfiltration. En saison des pluies, elles contribuent ร lโabreuvement du bรฉtail et diminuent ainsi les factures dโeau ร payer au niveau de lโASUFOR. Ces mares assurent lโabreuvement du bรฉtail pendant lโhivernage et jusquโร une partie de la saison sรจche et permettent aux รฉleveurs de se rapprocher des zones de pรขture. Certaines des mares sont menacรฉes par lโexpansion des surfaces cultivรฉes qui les isolent des zones de parcours du bรฉtail. Le non accรจs des animaux ร ces mares a du mรชme coup diminuรฉ voire รฉliminรฉ les ravins qui drainaient les eaux. Les mares, nโรฉtant plus approvisionnรฉes suffisamment en eaux et ensevelies par le sable venant des champs qui les entourent, finissent par disparaitre. Il faut noter aussi que ces mares favorisent la prolifรฉration des maladies pendant lโhivernage.
Les puits
Les puits de la commune rurale ont 2 principales sources dโeau aquifรจre. On a dโabord la nappe phrรฉatique. Dโune profondeur de 30 ร 50 m selon les zones elle alimente les puits traditionnels et modernes. Elle se localise essentiellement dans les villages de Ouadiour, Thiรฉnaba Gossas et Keur Khaly MBOUMP
Ensuite, il y a la nappe des calcaires รฉocรจnes qui est dโune profondeur de 50 ร 80 m. La qualitรฉ de son eau est fortement minรฉralisรฉe voire saumรขtre, ce qui fait quโelle est impropre ร la consommation.
Les forages
La nappe maestrichtienne qui est captรฉe entre 300 et 400m de profondeur est la principale source des forages de la commune. La commune de Ouadiour dispose de deux forages : celui de Ouadiour et celui de Loumbel Kelly.
La construction du forage de Ouadiour date de 1985. Il a รฉtรฉ inaugurรฉ le 8 mai 1985 par Monsieur le ministre Samba Yรฉla DIOP, ministre de lโhydraulique. Grรขce ร la coopรฉration belge le forage a รฉtรฉ rรฉhabilitรฉ avec le concours du Projet dโAmรฉnagement de Renforcement des Points dโEaux dans le Bassin Arachidier (PARPEBA) et le Projet de Rรฉhabilitation et Equipement des Sites de Forages en Milieu Rural (PRESFMR). Cette rรฉhabilitation a permis la construction dโun chรขteau dโeau dโune capacitรฉ de 200m3 / 15-12m, la mise en terre dโun rรฉseau de 29km, la desserte de 31villages. Le coรปt du projet est de 203 millions de FCFA. Pour une bonne organisation de la gestion de lโeau, des adductions et du contrรดle des fonds, lโAssociation des Usagers du Forage (ASUFOR) a vu le jour le 27 mars 1999 et lโouvrage a รฉtรฉ mis en service le 6 juillet 1999, la rรฉception des travaux de lโextension effectuรฉe le 3 avril 2006. Cet ouvrage permit dโallรฉger les souffrances des villageois. Avec la politique dโadduction dโeau, 90% des villages sont reliรฉs au rรฉseau grรขce aux actions dโASUFOR. Pour lโรฉquipement hydraulique de la commune, on relรจve 2 rรฉseaux dโadduction, lโAEMV (Adduction dโEau Multi-Villages) et lโAEV (Adduction dโEau Village). Lโhydrographie de la commune sโavรจre suffisante, lโAEMV alimente presque la totalitรฉ des diffรฉrentes zones (Ouadiour, Thiรฉnaba,Doyoli, Niomrรฉ) et la prรฉsence de lโAEV qui se trouve dans la zone de Loumbel Kelly. A cรดtรฉ des bornes fontaines publiques qui รฉtaient au nombre de 50, la commune a installรฉ 97 bornes fontaines privรฉes. En saison sรจche, les troupeaux dโovins ne font plus de longues distances pour se rendre aux points dโeau. La plupart des moutons sont abreuvรฉs dans les concessions.
Les zones de parcours du bรฉtail
Zone ร vocation agro-pastorale, la commune de Ouadiour, dans lโorganisation de son espace, se matรฉrialise avec des champs entrecoupรฉs par des zones de parcours formant une ceinture autour des villages. Ces zones de parcours non seulement relient les lieux de parcage des animaux aux zones de pรขturages, mais aussi les zones de parcours aux points dโabreuvements comme les mares, les puits et les forages. Elles deviennent en mรชme temps des couloirs dโaccรจs car permettant le passage des troupeaux transhumants qui prennent les axes de transhumance hivernaux. Parmi ces zones de parcours nous pouvons noter :
-Le tronรงon nord-sud, de Boss ร la sortie de Gossas jusquโร Fass, qui longe la R.N 4 et de chaque cรดtรฉ de la route, un couloir de plus 20m est inoccupรฉ par les cultures permettant la circulation des animaux. Le tronรงon joue un rรดle important dans lโรฉlevage de la zone. Non seulement il facilite le dรฉplacement des troupeaux transhumants qui viennent du Ferlo pour rejoindre la commune en passant par Gossas, mais aussi permet aux troupeaux de la zone de Ouadiour dรฉpourvue de pรขturages de pouvoir avoir un espace de pรขture pendant lโhivernage. Cette zone de parcours se trouve fortement renforcรฉe par lโimportance de ses jachรจres permettant aux animaux de se dรฉplacer, de paรฎtre sans bloquer la circulation des vรฉhicules ou crรฉer des accidents. La seule menace au niveau de cet axe se trouve entre Ouadiour et Loumbel kelly. Lร , on note une vรฉritable promiscuitรฉ entre รฉleveurs et agriculteurs dโune part, et entre รฉleveurs et conducteurs dโautre part. Sur cette partie, le non-respect de la distance rรฉglementaire de 20m entre les champs et la route a fait que les animaux sont obligรฉs de passer sur le goudron entrainant ainsi des accidents et une mortalitรฉ frรฉquente dans le cheptel.
-En dehors de cet axe principal, il existe des zones de parcours secondaires, des couloirs dโaccรจs. A lโintรฉrieur de la C.R de Ouadiour plusieurs pistes serpentent les villages pour desservir lโensemble des points dโabreuvements, les zones de pรขturages et faire la liaison dโune commune ร une autre. Il sโagit de la piste qui quitte la R.N 4 ร partir de Loumbel Kelly2 en direction de lโouest. Elle traverse les villages de Bell Sakhaye de Loumbel Mbaye pour rejoindre les villages de Mboudaye, de Thiabรฉ Diรจne en se divisant en deux embranchements.
Une branche sud – nord-ouest va desservir les villages de Kothiaw, de Sambockh pour sโengouffrer ร lโintรฉrieur du domaine agricole de Thiรฉnaba oรน les mares anciennement pratiquรฉes commencent ร disparaรฎtre ร cause de lโoccupation des cultures. Il sโagit des mares de Mbello Mboudaye, de Padiasse et de Maniane. La deuxiรจme branche de sens nord-sud va en direction des villages de Yargouye, deThiabรฉ Diรจne, de Thiabรฉ Sanou, fait une boucle en encerclant tout le village de Thiabรฉ Diรจne avec des pistes secondaires qui font la jonction avec les autres pistes. Cette piste va rejoindre la R.N4 en passant par le sud de Yargouye et de Bell Sankhaye. Elle traverse le goudron pour se diriger vers lโest en desservant les zones de Doyoli et de Niomrรฉ avant dโentrer dans le domaine de la C.R de Ndiรฉnรฉ Lagane.
Les diffรฉrents types de pรขtures, malgrรฉ leur variรฉtรฉ ne permettent pas aux troupeaux dโavoir une couverture alimentaire complรจte. Cette situation se trouve aggravรฉe par la compรฉtition pour une mรชme ressource entre les animaux et les prรฉlรจvements par les populations pour des usages domestiques. Lโensemble des รฉquipements pastoraux dans la zone permettent une bonne couverture des infrastructures de bases mรชme si on note par ailleurs une carence en matiรจre de structures sanitaires. Lโensemble de ces conditions nous permettront dโรฉtudier la pratique de lโรฉlevage pour voir son impact sur cette activitรฉ.
PRATIQUE DE LโELEVAGE
Lโรฉlevage des ovins dans la commune de Ouadiour demeure une activitรฉ trรจs ancienne. Associรฉ ou dissociรฉ ร lโagriculture, sa pratique obรฉit ร un systรจme de production qui suit un itinรฉraire technique qui prend en compte la conduite, la transhumance, la complรฉmentation, la lutte et la reproduction. Cette pratique conditionne en grande partie lโorganisation de lโespace.
Place de lโรฉlevage ovin dans la vie des populations
Lโรฉlevage ovin occupe une place importante dans la vie des populations de la commune rurale de Ouadiour. Plus de 70% des mรฉnages sโadonnent ร cette activitรฉ. Selon le PLD de Ouadiour 2010, lโรฉlevage ovin occupe 48,41% du cheptel. Il assure 50% des revenus des familles qui le pratiquent. Cet รฉlevage se pratique de maniรจre extensive et est associรฉ ร lโagriculture. Cette pratique se retrouve surtout chez les sรฉrรจres et les peuls qui lโassocient ร la transhumance saisonniรจre qui sโadapte mieux aux ressources pastorales du milieu. En milieu Wolof, cโest un รฉlevage domestique avec des effectifs rรฉduits.
Pratiques de conduite sur parcours
Tous les ovins, ร lโexception des jeunes et des mรจres sur le point de mettre bas, vont chaque jour au pรขturage. La durรฉe du parcours varie selon les localitรฉs, les saisons et les ethnies.
En saison sรจche, les animaux utilisent lโensemble du finage. Ils sont dans les champs rรฉcoltรฉs, les jachรจres et les parcours naturels. Dans les localitรฉs de Ouadiour et de Thiรฉnaba qui ont des troupeaux collectifs, les moutons du village sont rassemblรฉs chaque matin ร la place du village. Ils quittent le matin pour la pรขture ร 9h pour revenir le soir vers 17h. Ils ont un berger collectif ou ยซ Sardou11 ยป qui peut รชtre du village, des villages voisins ou un รฉtranger qui a une attache avec un autochtone pour รฉviter les vols. Le temps court de parcours de ces moutons et la mixitรฉ avec les chรจvres expliquent en partie la faible performance de ce systรจme dโรฉlevage. Ce systรจme domestique se caractรฉrise alors par son non intรฉgration ร lโagriculture, les animaux sont parquรฉs dans les maisons derriรจre les cases, par un manque de suivi sanitaire entrainant ainsi une prolifรฉration et une recrudescence des maladies. Cโest un รฉlevage dont plus de 70% des effectifs sont dรฉtenus par les femmes.
Dans les zones de Loumbel Kelly, Doyoli et Niomrรฉ, les ovins quittent les bergeries ร partir de 6h voire 7h du matin pour ne revenir que le soir vers 19h. Sous la conduite dโun berger qui est le plus souvent un membre de la famille, les animaux passent la journรฉe en brousse. Pour lโallaitement, les agneaux sont conduits vers leurs mรจres ร 17h. Ces agneaux sรฉparรฉs de leurs mรจres le matin ont leur propre berger. Ces animaux parquรฉs dans les champs cultivรฉs participent ร la fertilisation des sols. Ce systรจme de production ovin a lโavantage de mieux contrรดler la santรฉ et la reproduction des animaux, une bonne utilisation du pรขturage disponible avec une possibilitรฉ de dรฉplacer les ovins et leur habitat autour du finage.
Pendant lโhivernage, les animaux sont surveillรฉs par un berger communautaire ou par un berger individuel ou mis ร piquet sur des parcours naturels et quelques jachรจres. Vers la fin de lโhivernage, les ovins utilisent les champs libรฉrรฉs par les cultures, le pรขturage post-cultural.
La conduite du troupeau
Dans lโรฉlevage traditionnel, plusieurs acteurs interviennent : le propriรฉtaire, le gestionnaire, le berger et les membres de la famille.
-Le propriรฉtaire : Il dรฉtient le troupeau. Il peut le partager avec dโautres membres de la famille. Gรฉnรฉralement cโest le plus รขgรฉ du mรฉnage ou de la concession.
-Le ยซ garthinguรฉ12 ยป pour les transhumants, est le responsable du troupeau. Il contrรดle les entrรฉes et sorties, assure la complรฉmentation et dรฉcide du dรฉplacement de lโenclos des moutons dโun point du champ ร un autre ou dโun champ ร un autre. Il fixe le dรฉpart pour la transhumance. En milieu peul et sรฉrรจre, il est propriรฉtaire, cโest le fils du chef de famille.
-Le berger est chargรฉ de la conduite du troupeau dans les pรขturages. Il peut รชtre payรฉ ou ne pas lโรชtre.
Le berger salariรฉ est employรฉ par les รฉleveurs de chaque village. Ici, les moutons et les chรจvres ne sont pas sรฉparรฉs. Sous la conduite du berger ils vont en pรขture ensemble. Il dรฉbute le gardiennage en fin mai dรฉbut juin jusquโร la fin du mois de dรฉcembre qui coรฏncide avec la fin des rรฉcoltes. Son payement est trรจs variable de 400 FCFA ร 500 FCFA par tรชte. Ce qui sโรฉlรจve ร 15000 FCFA voir 20000 FCFA par mois, ou une somme globale de 100 000 FCFA ร 150 000 FCFA les 7 mois. Il peut รชtre employรฉ par un seul propriรฉtaire qui lโembauche pour une durรฉe de 7 mois pour une somme de 150 000FCFA ร 175 000FCFA. Ce berger salariรฉ est intรฉgrรฉ dans la maison. Sa nourriture et ses besoins primaires comme le thรฉ et le tabac sont pris en charge par le propriรฉtaire.
Le berger non salariรฉ conduit le troupeau dโun mรฉnage ou dโune concession. Ils sont gรฉnรฉralement deux ou plusieurs membres de la famille. Les bergers, membres de la famille du propriรฉtaire sont des actionnaires du troupeau et ne sont pas payรฉs. Leurs besoins sont pris en charge par le propriรฉtaire qui assure habillement, thรฉ et tabac.
Conduite du troupeau dans les pรขturages postculturaux et taille des ยซ kaad ยป en pรฉriode de soudure constituant un pรขturage aรฉrien.
La semi-transhumance
En raison de la rรฉduction des surfaces pastorales pendant lโhivernage, les agro-pasteurs sโadonnent ร la semi-transhumance. A lโapproche de lโhivernage, des mouvements saisonniers conduisent les รฉleveurs de la zone ร quitter leur terroir pour amener le bรฉtail dans la zone sylvo-pastorale. Il est donc intรฉressant dโรฉtudier lโitinรฉraire de ces dรฉplacements et analyser lโorganisation sociale de ces รฉleveurs.
Les mouvements de la semi-transhumance
Trois principaux mouvements pastoraux quittent chaque annรฉe la commune de Ouadiour pour se rendre dans la zone sylvo-pastorale. Leur diffรฉrence rรฉside dans la pรฉriode de dรฉpart et lโitinรฉraire du parcours.
-Le premier mouvement de direction nord -sud quitte la commune ร partir des mois de fรฉvrier et mars pour se rendre dans les localitรฉs au sud de Kaolack. Ils vont sรฉjourner dans les zones de Passy, de Keur Madiabel, de Nioro et de Mbirkilane. Lร , Ils vont y trouver encore du pรขturage poste-cultural, un tapis herbacรฉ bien fourni ainsi quโun pรขturage aรฉrien composรฉ des feuilles mortes et des fruits des รฉpineux comme le Soump, le Nebneb et les jujubiers.Ils vont rester dans ces milieux jusquโaux mois de mai, juin pour se dรฉplacer vers lโest dans les zones de Kaffrine et de Koungueul oรน la vรฉgรฉtation de savane arborรฉe et la disponibilitรฉ de lโherbe permet de traverser la pรฉriode de soudure. La troisiรจme et derniรจre รฉtape, sera leur dรฉplacement dans la zone du Ferlo. Ils se retrouvent dans les localitรฉs comme Linguรจre, Letndรฉ, Dahra, Barkรฉdji. Avec lโinstallation dรฉfinitive de lโhivernage ร partir du mois dโaoรปt, ils vont y rester jusquโen dรฉbut octobre pour prendre le chemin du retour.
-Le deuxiรจme mouvement de direction ouest โ sud-est quitte la commune vers les mois de mai et juin pour rencontrer le premier groupe dans les localitรฉs de Kaffrine et de Koungueul. Ces deux groupes vont รชtre ensemble et auront le mรชme itinรฉraire jusquโร leur retour dans la commune. A savoir, faire la zone du Ferlo et prendre le chemin du retour ร partir dโoctobre.
-Le troisiรจme et dernier groupe va quitter la commune aux mois de juillet et aoรปt pour se rendre directement dans la zone du Ferlo. Ils vont sรฉjourner dans les mรชmes localitรฉs que les premiers. Ce qui est important de noter ici cโest le fait que lโensemble de ces groupes se retrouve pendant lโhivernage dans une mรชme zone. La zone sylvo-pastorale non seulement est รฉtendue mais prรฉsente des avantages certains en matiรจre dโรฉlevage des ovins. Pendant lโhivernage les animaux ont un pรขturage composรฉ de graminรฉes, un milieu trรจs bien aรฉrรฉ favorable ร la divagation des animaux, mais aussi lโespacement des pluies permet aux moutons de profiter de ce tapis herbacรฉ court et รฉviter certaines maladies hivernales liรฉes ร lโeau et ร la chaleur. Le retour des transhumants coรฏncide avec la rรฉcolte du mil. Cette transhumance rรจgle ร la fois le problรจme du dรฉsรฉquilibre entre les surfaces pastorales et les zones de cultures et les conflits entre รฉleveurs et agriculteurs. Elle permet aussi de varier les types de fourrages consommรฉs.
Lโorganisation sociale des รฉleveurs
La semi-transhumance qui est de courtes durรฉes sโรฉtend des mois de mars, juin, juillet au mois dโoctobre. Elle mobilise ร la fois des moyens humains, matรฉriels et financiers pour faire face aux difficultรฉs quโils vont rencontrer durant leur pรฉrรฉgrination.
Lโorganisation sociale des รฉleveurs repose en gรฉnรฉral sur des liens de parentรฉ, de voisinage, mais aussi de confiance mutuelle. Ils partent en groupe de 3 ร 4 troupeaux. Chaque troupeau a un chef accompagnรฉ de 2 ร 3 membres de sa famille. Ces derniers sont chargรฉs de la conduite des animaux tandis que, le chef sโoccupe du transport de la nourriture, du matรฉriel de cuisine, des aliments de complรฉmentation et des agneaux qui viennent de naรฎtre. Ce transport est assurรฉ par une ou deux paires dโรขnes. Les รขnes vont se relayer la charrette qui transporte les bagages. Il est aussi la personne morale qui est en contact avec les populations des villages dans lesquels ils sรฉjournent. Nโรฉtant pas accompagnรฉ de femmes, les travaux mรฉnagers sont assurรฉs ร tour de rรดle en tenant compte des jours de gardiennage des bergers une fois le campement installรฉ. Ils sont autonomes du point de vue nourriture, abreuvement mais trouvent toujours un tuteur autochtone pour รชtre acceptรฉs dans la localitรฉ et parer ร dโรฉventuels problรจmes avec les populations. La stabilitรฉ qui รฉmane des liens de parentรฉ et de la solidaritรฉ au sein du groupe est un facteur de sรฉcuritรฉ puisquโelle leur permet de rรฉsister aux menaces et aux pressions รฉtrangรจres pouvant nuire ร leur activitรฉ.
Pratiques de complรฉmentation
Pour la complรฉmentation du bรฉtail, les produits comme la fane dโarachide, la paille fauchรฉe, les grains de coton et les concentrรฉs sont utilisรฉs. La fane dโarachide et la paille fauchรฉe sont faiblement utilisรฉes. Elles ne reprรฉsentent respectivement que 11,76% et 03,92%. Ces produits sont destinรฉs ร la nourriture des chevaux et des รขnes qui assurent lโagriculture attelรฉe. Le niรฉbรฉ fourrager est gรฉnรฉralement utilisรฉ pour engraisser les bรฉliers destinรฉs ร la vente surtout pendant les fรชtes de Tabaski. Il est utilisรฉ par 13,72% des รฉleveurs. Les grains de coton et les concentrรฉs qui sont vendus dans le marchรฉ sont chers et sont plus utilisรฉs pour la complรฉmentation des ovins. Les grains de coton sont de lโordre de 25,49% et les concentrรฉs reprรฉsentent 45,09%. La complรฉmentation est surtout pratiquรฉe en fin de saison sรจche et est destinรฉe aux femelles allaitantes et aux moutons faibles et malades.
Pratique de la lutte et de la reproduction
Le contrรดle de la reproduction est selon PURY. P : (1969) lโamรฉlioration le plus important. La lutte, la plupart des รฉleveurs enquรชtรฉs ne la prรฉparent pas. Le gรฉniteur nโest pas sรฉparรฉ des brebis pour lui donner force et vigueur. Il est toujours avec le troupeau en toute saison. Ce genre de pratique fait que les mises bas sont rapprochรฉes et frรฉquentes. Les femelles ร faire lutter ne sont pas elles aussi bien nourries et dรฉparasitรฉes. Les รฉleveurs enquรชtรฉs nous ont fait savoir que la lutte ne commence quโen dรฉbut dโhivernage. Durant cette pรฉriode, les herbes poussent et les moutons sont bien nourris. Les reproductions vont avoir lieu aux mois de novembre, dรฉcembre et se prolonger jusquโau mois de fรฉvrier. Les agneaux qui sont nรฉs ont une croissance trรจs rapide parce quโร cette pรฉriode, lโherbe est abondante et les femelles ont beaucoup de lait. Par contre, les luttes qui sโeffectuent aux mois de janvier, fรฉvrier et mars entrainent des gestations ร risques si les femelles pleines ne sont pas complรฉmentรฉes car leurs pรฉriodes de mises bas vont coรฏncider avec la pรฉriode de soudure. Dans ce cas de figure, les agneaux meurent ou ont une croissance ralentie. Cโest pourquoi les pรฉriodes de luttes et de reproduction doivent รชtre maรฎtrisรฉes par les รฉleveurs. ยซ Lโalimentation doit apporter ร lโanimal tout ce qui est nรฉcessaire pour vivre, grandir et se reproduire13 ยป.La reproduction du troupeau repose sur son amรฉlioration. Lโamรฉlioration du troupeau est une pratique trรจs ancienne chez les รฉleveurs. Ils ont toujours sรฉlectionnรฉ dans leur troupeau le meilleur gรฉniteur. Pour le choix du mรขle, plusieurs critรจres sont retenus par les รฉleveurs:
๏ญ รชtre de naissance double ;
๏ญ รชtre le descendant dโune bonne laitiรจre ;
๏ญ รชtre de couleur blanche ou blanc-noir ;
๏ญ avoir une longue queue ;
๏ญ avoir de longs testicules ;
๏ญ la tรชte grosse et bien relevรฉe.
Il est choisi aussi de par sa taille, sa forme car le choix du bรฉlier dรฉtermine la qualitรฉ de lโagneau. Ainsi lโรฉleveur veut ยซ amener le troupeau ร produire davantage de ce qui se vend le mieux sur le marchรฉ (la viande) 14ยป. Les femelles sont toujours conservรฉes. Lโรฉleveur a souvent tendance ร vendre une jeune femelle dont la gestation nโest pas rapide alors que la femelle รขgรฉe est plus sรปre de donner le plus rapidement de descendants. Ces derniรจres ne sont vendues quโaprรจs 8 ร 9 gestations si le mouton est en bonne santรฉ.
Association agriculture- รฉlevage
Dans la commune rurale de Ouadiour, lโagriculture et lโรฉlevage sont deux activitรฉs qui sont รฉtroitement liรฉes. Cette liaison peut รชtre de complรฉmentaritรฉ ou de concurrence dans leur utilisation de lโespace.
Relation de complรฉmentaritรฉ
A la fin des rรฉcoltes, les champs libรฉrรฉs sont occupรฉs par les ovins. Les animaux profitent des rรฉsidus des cultures. A lโintรฉrieur des champs, ils y trouvent รฉgalement de lโherbe qui sโest dรฉveloppรฉ aprรจs les derniers sarclages. Les champs dโarachide, de niรฉbรฉ, dโoseilles et de pastรจques qui sont les derniers ร รชtre libรฉrรฉs fournissent des fanes, des feuilles et des graines laissรฉs sur place. Durant cette pรฉriode, les moutons sont bien engraissรฉs et grandissent vite car le pรขturage est abondant et trรจs diversifiรฉ : ยซ le mouton mange lโherbe sur pied. Il choisit celle quโil prรฉfรจre(les plus tendres, plus jeunes, plus digestibles, plus nutritifs). Si le pรขturage est limitรฉ, les prรฉfรฉrences du mouton le conduisent ร manger toujours les mรชmes espรจces.15 ยป
Les troupeaux dโovins qui sont parquรฉs dans les maisons ou dans les champs participent ร la reconstitution des sols รฉpuisรฉs par la monoculture arachidiรจre grรขce ร leur apport en fumures organiques. Les moutons parquรฉs ร domicile ont des enclos pรฉriodiquement balayรฉs. Le fumier ainsi obtenu est transportรฉ par charrettes dans les champs afin de les fertiliser. Le parcage dans les champs libรฉrรฉs (cf. Photo 2) par les rรฉcoltes en dรฉbut de saison sรจche ou dans les jachรจres rรฉservรฉes en saison des pluies est trรจs dรฉveloppรฉ dans la zone.
Le parcage des ovins dans les champs est une pratique trรจs courante chez les agropasteurs de la commune. Il permet une fertilisation des sols et offre aux moutons un espace de vie aรฉrรฉ.
โข Dans la commune rurale, lโรฉlevage extensif est fortement associรฉ ร lโagriculture. En effet, 57,61% des รฉleveurs parquent leurs ovins dans les champs. En saison sรจche, lโenclos des moutons est dรฉplacรฉ ร chaque fois que la surface est complรจtement couverte (7jours) de crรฉtins de moutons. Cette pratique de parcage a pour avantage de permettre aux moutons dโavoir une bonne aรฉration en ces temps de chaleur, dโรชtre en contact direct avec les pรขturages et en mรชme temps de fertiliser les champs avec les crรฉtins et les urines. Cโest pour cette raison que J.M, POWELL et al affirment queยซ lโapplication simultanรฉe de fumier et dโurine aux sols augmente plus la productivitรฉ des cultures quโun apport sรฉparรฉ de ces รฉlรฉments. Des modes de gestion tels que le parcage des animaux sur les terres agricoles permettent de retourner le fumier et lโurine ร la terre.16 ยป Ces champs trรจs productifs reรงoivent le mil, le sorgho, le maรฏs la premiรจre annรฉe et lโannรฉe suivante lโarachide, le niรฉbรฉ ou la pastรจque. Certains agro-pasteurs prรฉfรจrent faire deux rรฉcoltes de mil avant dโy cultiver de lโarachide.
Relation de concurrence pour le contrรดle de lโespace
Pour bien comprendre la concurrence entre ces deux activitรฉs, il est intรฉressant de revisiter les diffรฉrents modes dโappropriation des terres dans la commune et les mobiles qui animaient ces acteurs.
Le systรจme traditionnel dโappropriation des terres รฉtaient basรฉs sur plusieurs modes ou mรฉthodes. Parmi ces mรฉthodes on peut citer entre autres lโutilisation du feu, du sabot et de la hache. Ces moyens dโappropriations donnaient des droits qui avaient pour noms les moyens utilisรฉs. Cโest ainsi que selon nos enquรชtes dans la C R de Ouadiour nous avons pu identifier quelques mรฉthodes dโappropriations traditionnelles ร Thiรฉnaba Gossas et ร Loumbel Kelly.
-Lโinstallation des Tidjianes dans la zone de Thiรฉnaba Gossas fut lโลuvre de Sรฉrigne Amady Ngonรฉ Ndague Seck qui, venant du Cayor, sโest installรฉ au marigot de Ndiamboul prรจs de Gossas. A partir de ce village, il a allumรฉ un feu qui va couvrir la zone de Thiรฉnaba, une partie de Oudiour et une partie de la zone de Loumbel Kelly. Cโest ce droit de feu coutumier qui a confรฉrรฉ aux Tidjianes de Thiรฉnaba Gossas le contrรดle foncier dโune partie importante de cette zone.
-Parallรจlement ร lโinstallation des Tidjianes, il ya aussi la prรฉsence des Mourides au niveau de Loumbel Kelly. Massamba KEBE, propriรฉtaire terrien, aprรจs sa mort a laissรฉ ร son fils Ibra KEBE ses tenures qui sโรฉtendent de Loumbel Kelly aux voisinages des terres dรฉtenues par les sรฉrรจres et les Peuls de Thiabรฉ Diรจne et de Loumbel Mbaye. Codรฉ DIENG, neveu de Ibra KEBE, restant sur les terres de son oncle, voulant quitter Loumbel Kelly pour aller habiter ร Kaolack demande ร Sรฉrigne Modou Amin, pรจre de Sรฉrigne Djily MBACKE actuel dรฉtenteur des terres de venir sโinstaller ร Loumbel Kelly occuper les terres de ses ancรชtres.
Ces deux vagues dโoccupations de lโespace en installant des Daaras sont devenus par la suite de grands villages. Ils ont jouรฉ un rรดle catalyseur dans le processus dโappropriation des terres ร des fins agricoles rรฉduisant ainsi les domaines fonciers jusque-lร imparfaitement mis en valeur. Ces mouvements religieux ont trouvรฉ sur place des รฉleveurs peulhs et des agropasteurs sรฉrรจres qui venaient du Sine, du Baol et dont la visรฉe premiรจre รฉtait lโรฉlevage et lโagriculture sur les terres fertilisรฉes par les troupeaux.
Les premiers occupants quโils soient religieux ou des gens venus du Sine et du Baol, vont accueillir rรฉguliรจrement des vagues de nouveaux arrivants auxquels ils sont liรฉs par un pacte dโallรฉgeance ou de parentรฉ. Ces rรฉseaux vont favoriser la mise en valeur des espaces au profit des premiers occupants et lโaccรจs ร la terre aux arrivants par le biais de dons de terres.
Cette effervescence va bouleverser les donnรฉes environnementales et sociologiques du milieu : le dรฉplacement des รฉleveurs pour la transhumance et la restriction des pรขturages.
Aujourdโhui, la rarรฉfaction des espaces pastoraux dans la commune rurale de Ouadiour tient ร deux facteurs :
– la pression dรฉmographique sur un espace limitรฉ qui est ร lโorigine dโune redistribution pรฉriodique des terres au sein des unitรฉs de production familiale, la location ou le bail de terrain ร usage agricole et une rรฉduction drastique des jachรจres ;
– la mise en application de la loi sur le domaine national qui reconnaรฎt comme propriรฉtaire de la terre celui qui la met en valeur. Dans cette mise en valeur lโexploitation du pรขturage par les รฉleveurs est exclue. Cette nouvelle donne fait que lโรฉleveur nโa pas de droit foncier. Ce qui aggrave le manque de surfaces pastorales.
Organisation de lโespace
La prรฉdominance de deux activitรฉs, lโagriculture et lโรฉlevage extensifs vont jouer grandement dans la structuration de lโespace. Pour la mise en valeur des potentialitรฉs locales, lโorganisation de lโespace va prendre en compte les rรฉalitรฉs socio-รฉconomiques du milieu.
La commune rurale de Ouadiour regroupe 35 villages divisรฉs en 5 zones gรฉographiques. Chaque zone reprรฉsente des rรฉalitรฉs socio-รฉconomiques et est polarisรฉe par un village centre. Le terroir de chaque zone se singularise avec le partage du finage entre les maisons, les champs cultivรฉs et le parcours du bรฉtail. Les maisons dispersรฉes dans les zones de Loumbel Kelly, de Niomrรฉ et de Doyoli sont liรฉes ร la pratique dโun รฉlevage extensif associรฉ ร une agriculture extensive. Ces localitรฉs sont habitรฉes en majoritรฉ par des Sรฉrรจres et des Peulhs. Les densitรฉs humaines les plus importantes se rencontrent dans les zones de Loumbel Kelly Thiรฉnaba avec respectivement 29,02 et 24,75 %.Elles se retrouvent dans la partie ouest et sud de la commune non encore touchรฉes par le mouvement de dรฉplacement massif des populations rurales vers la ville sainte de Touba. Par contre la faible occupation humaine des zones de Doyoli et Niomrรฉ qui sont de lโordre de 11,88% et14, 48 % peut sโexpliquer doublement. Le facteur premier est liรฉ ร la disparition des escales du train Dakar- Kidira qui faisait le dynamisme de ces contrรฉes ร partir de ses escales comme Bill Mbackรฉ et Darou Fall. La concurrence de la route a fait que ces points ne jouent plus leurs rรดles dโantan : points de commerce et de gare de voyage. Les populations qui vivaient de ce commerce, trouvant dโautres activitรฉs ร Touba ont fini par dรฉmรฉnager. Lโautre facteur explicatif est liรฉ ร la pรฉjoration climatique. La plupart des populations qui habitaient la zone รฉtaient venus avec lโimpรฉrialisme mouride de la culture de lโarachide. La succession des mauvaises saisons au cours des annรฉes 1970 ร 1980 a fini par les dรฉcourager. Mais aussi cette pรฉriode a coรฏncidรฉ avec le dรฉpart massif de migrants vers lโEurope. Ayant fait fortune, ils ne sont plus revenus dans leurs villages natals prรฉfรฉrant construire ร Touba et venir prendre la famille. Le fait marquant ร Ouadiour et ร Thiรฉnaba cโest leur habitat groupรฉ surtout dans les zones peuplรฉes en majoritรฉ de Wolofs. Au centre du village, il y a la mosquรฉe et tout autour les maisons en laissant des rues en direction de la mosquรฉe ou du puits. Les champs sont disposรฉs tout autour des maisons et gรฉnรฉralement le premier cercle appartient au chef de village ou le marabout qui sont les dรฉtenteurs des terres. Les champs les plus รฉloignรฉs du village sont cultivรฉs par les talibรฉs, les parents et autres arrivants. Par contre, les villages qui se situent dans les zones de Loumbel Kelly, une partie de Ouadiour, de Doyoli et de Niomrรฉ se singularisent par leur caractรจre dispersรฉ. Cette situation est due en grande partie ร la liaison agriculture / รฉlevage.
Ces populations agro-pasteurs ont besoin dโespace et chaque exploitant agricole, pour mieux rentabiliser sa production et en tirer le maximum de profit, veut sโisoler permettant ainsi une meilleure fertilisation des sols et un bon contrรดle de la divagation des animaux รฉvitant ainsi les conflits. Mais lโensemble de ces villages exploitent des ressources communes que sont les pรขturages et les sources dโeaux. Pour รฉviter les conflits liรฉs au voisinage, le terroir est maillรฉ par un ensemble de piste de parcours traversant les champs cultivรฉs et liant les zones de pรขturage aux points dโeaux et les zones de pรขturage au parcage. Mais lโaugmentation de la population qui a de plus en plus besoin dโespaces de culture grignote de jour en jour le parcours du bรฉtail, ce qui ne manque pas de poser des problรจmes de cohabitation entre รฉleveurs et agriculteurs et dโalimentation des animaux.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I.PROBLEMATIQUE
1. Contexte et justification du sujet
2. Discussion des concepts
3. OBJECTIFS
a) Objectif gรฉnรฉral
b) Objectifs spรฉcifiques
4. Hypothรจses de recherche
II.METHODOLOGIE
1. Revue documentaire
2. Collecte des donnรฉes secondaires
3. Enquรชtes
4. Traitement et analyse des donnรฉes
PREMIERE PARTIE : CONDITIONS GENERALES DE LA PRATIQUE DE LโELEVAGE OVIN19
CHAPITRE I : MILIEU PHYSIQUE
1. Le relief et les sols
2. Climat et pluviomรฉtrie
3. La vรฉgรฉtation
1. Types de pรขturages
1.1 Les pรขturages naturels
1.2 Les jachรจres
1.3 Les pรขturages post-culturaux
1.4 Le pรขturage aรฉrien
2. Les points dโabreuvement des animaux
2.1 Les mares
2.2 Les puits
2.3 Les forages
3. Les infrastructures sanitaires
4. Les zones de parcours du bรฉtail
CHAPITRE III : PRATIQUE DE LโELEVAGE
1. Place de lโรฉlevage ovin dans la vie des populations
2. Pratiques de conduite sur parcours
3. La conduite du troupeau
4. La semi-transhumance
4.1 Les mouvements de la semi-transhumance
4.2 Lโorganisation sociale des รฉleveurs
5. Pratiques de complรฉmentation
6. Pratique de la lutte et de la reproduction
7. Association agriculture- รฉlevage
7.1 Relation de complรฉmentaritรฉ
7.2 Relation de concurrence pour le contrรดle de lโespace
8. Organisation de lโespace
DEUXIEME PARTIE : LES PROBLEMES DE LA FILIERE OVINE DANS LA COMMUNE DE
OUADIOUR
CHAPITRE I : LES CONTRAINTES LIEES AUX FACTEURS PHYSIQUES ET HUMAINS
1. Les facteurs physiques
2. Les facteurs humains
CHAPITRE II : PROBLEMES SOCIO-ECONOMIQUES
1. La commercialisation des moutons
2. Le vol du bรฉtail
3. La transhumance pastorale dans la commune de Ouadiour
3.1 Mouvements de la transhumance pastorale
3.2 Lโorganisation sociale des รฉleveurs transhumants
3.3 Les impacts de la transhumance pastorale dans la commune
CHAPITRE III : LES PROBLEMES TECHNIQUES
1.Le caractรจre extensif de lโรฉlevage ovin
2.La faiblesse de lโinvestissement privรฉ et public
3.Les maladies
3.1 Pathologie des petits ruminants
4.Le cadre politique et juridique
TROISIEME PARTIE : EFFORTS DE SOLUTIONS ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT
DE LA FILIERE OVINE
CHAPITRE I : LES EFFORTS DE SOLUTIONS
1.Le plan local de dรฉveloppement
2.Le Projet dโAppui ร lโElevage (PAPEL)
CHAPITRE II : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE OVINE
1.Association des Groupements de Producteurs Ovins(AGROPROV)
1.1 Les objectifs
1.2 Localisation et cibles
1.3 Les ressources
1.4 La situation actuelle
2. La production dโagneau de qualitรฉ du Programme de Dรฉveloppement des Marchรฉs Agricoles
du Sรฉnรฉgal (PDMAS).
2.1 Objectifs
2.2 Les ressources humaines, matรฉrielles et infrastructures
2.3 Le modรจle technique de la conduite des bergeries
2.4. Les mรฉcanismes de gestion
2.5 Les rรฉsultats attendus
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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