LES PROBLEMES DE LA FILIERE OVINE DANS LA COMMUNE DE OUADIOUR

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TYPES DE PATURAGES ET INFRASTRUCTURES PASTORALES

Milieu ร  vocation agricole, la commune de Ouadiour abrite en son sein des zones oรน prรฉdominent des activitรฉs agropastorales, ce qui fait que dans lโ€™organisation de son espace les parcours du bรฉtail y occupent une place non nรฉgligeable. Cette structuration de lโ€™espace prend en compte la nature des pรขturages, lโ€™accรจs aux points dโ€™abreuvement du bรฉtail et les infrastructures de bases associรฉes ร  lโ€™รฉlevage.

Types de pรขturages

Les fortes densitรฉs humaines et la prรฉdominance dโ€™une agriculture extensive ont fini par entrainer un manque drastique de surfaces pastorales. Lโ€™espace a fait lโ€™objet dโ€™une appropriation paysanne presque achevรฉe. Les terres qui restent le domaine de prรฉdilection des animaux en pรขture relรจvent de mesures de protection anciennes qui obรฉissent aux traditions et du traรงage fait par lโ€™administration nationale malgrรฉ lโ€™avancรฉe dโ€™une boulimie fonciรจre opรฉrรฉe par les ยซ Lamanes8 ยป et les chefs religieux.
Quatre types de pรขturages sont dรฉnombrรฉs dans la zone : les pรขturages naturels, les jachรจres, les pรขturages post-culturaux et les pรขturages aรฉriens.

Les pรขturages naturels

Ils sont constituรฉs des bois villageois qui constituent des rรฉserves naturelles protรฉgรฉes et mises en dรฉfens par les populations avec des interdits. Ces zones de mise en dรฉfens abritent dโ€™importantes mares qui sont gorgรฉes dโ€™eaux pendant lโ€™hivernage. Ces espaces peuvent รชtre retrouvรฉs dans la zone de Loumbel Kelly au niveau de Loumbel Mbaye, ร  Mboudaye, ร  Thiabรฉ Diรจne, Thiabรฉ Wolof, Barkael et dans les vallรฉes mortes de Doyoli et de Niomrรฉ. Les diffรฉrents bois villageois sont reliรฉs les uns les autres par des pistes de parcours du bรฉtail permettant aux animaux dโ€™y avoir accรจs soit pour la pรขture ou pour sโ€™abreuver.

Les jachรจres

Les jachรจres sont les espaces laissรฉs en friche, mis au repos pour une rรฉgรฉnรฉration du sol et lutter contre lโ€™appauvrissement des sols.
Avec lโ€™accroissement des zones de cultures liรฉ ร  la forte densitรฉ de la population et la diversification des cultures, les jachรจres se font de plus en plus rares. Les jachรจres ne formant pas un tenant sont trรจs discontinues et dโ€™accรจs trรจs difficile parce que se trouvant trรจs souvent encerclรฉes par les champs. Elles ne sont frรฉquentรฉes pendant cette pรฉriode que par les troupeaux ร  effectif faible pouvant passer au niveau des chemins qui mรจnent dans les champs et conduits le plus souvent ร  lโ€™aide dโ€™une corde attachรฉe au cou. Ces animaux sont en gรฉnรฉral parquรฉs dans les maisons. Cette situation sโ€™observe ร  lโ€™est de Loumbel Kelly oรน les faibles densitรฉs humaines ont permis lโ€™installation de quelques jachรจres. Le mรชme phรฉnomรจne est aussi observable entre Thiabรฉ Diรจne et Thiรฉnaba Wolof, entre Thiรฉnaba Wolof et Gossas oรน les distances qui sรฉparent les villages ne permettent pas une occupation complรจte de lโ€™espace par les cultures. Toutefois ces zones inaccessibles pendant lโ€™hivernage constituent des rรฉserves potentielles de fourrages de qualitรฉ pour les ovins dรจs la fin des travaux champรชtres et pendant la saison sรจche. Ces espaces herbeux ne sont pas seulement exploitรฉs par les animaux mais constituent des espaces de recherche dโ€™herbe pour nourrir les animaux en stabulation ou pour vendre dans la ville riveraine de Gossas. Les jachรจres permettent aussi au Groupement dโ€™Utilisation du Matรฉriel Agricole en Commun (GUMAC) de Ouadiour de pouvoir faire la coupe avec leur motofaucheuse.

Les pรขturages post-culturaux

Les pรขturages post-culturaux sont constituรฉs des rรฉsidus des cultures laissรฉs par les paysans aprรจs les rรฉcoltes. Cโ€™est donc lโ€™ensemble des champs ouverts autorisant le passage des animaux. Ces derniers sont attirรฉs par les adventices qui se sont dรฉveloppรฉes dans les champs aprรจs les derniers sarclages, les rejets des souches et une partie de la fane dโ€™arachide, de niรฉbรฉ et quelques รฉpis de mil non rรฉcoltรฉs ou oubliรฉs dans les champs. Ce pรขturage post-cultural constitue, pour les animaux ayant passรฉ lโ€™hivernage dans la zone du Ferlo, une cure salรฉe. Les รฉleveurs, quโ€™ils soient sรฉdentaires ou transhumants accordent une importance particuliรจre ร  ce type de pรขturage car permettant de complรฉter lโ€™embonpoint des animaux avant lโ€™installation dรฉfinitive de la saison sรจche.
Ce matรฉriel post-cultural constitue une concurrence car il est recherchรฉ par les paysans eux-mรชmes. Ils reviennent dans les champs pour ramasser les tiges de mil pour la confection des palissades et les herbes hautes pour couvrir la charpente des cases.

Le pรขturage aรฉrien

La base alimentaire des pรขturages en milieu sahรฉlien est gรฉnรฉralement constituรฉe de graminรฉes qui finissent par รชtre appรขtรฉes en saison sรจche. Il ne reste que les espรจces ligneuses qui fournissent feuilles รขgรฉes broutรฉes sur les arbres et les arbustes, feuilles sรฉchรฉes tombรฉes au sol, fruits verts broutรฉs sur les arbustes, fruits secs sur les arbustes ou au sol, les fleurs, lโ€™รฉmondage des arbres en pรฉriode de soudure constituent le pรขturage aรฉrien9. Cette alimentation vient complรฉter les besoins en azote surtout en saison sรจche quand la paille des graminรฉes commence ร  perdre sa valeur fourragรจre. Le pรขture aรฉrien commence ร  subir de sรฉrieuses menaces liรฉes ร  la coupe prรฉcoce des arbustes pour en faire des clรดtures ou pour avoir du bois de chauffe destinรฉ au combustible local ou la vente dans les gros villages ou villes comme Fass, Thiรฉnaba et Ouadiour.

Les points dโ€™abreuvement des animaux

Les eaux de surface de la commune de Ouadiour sont constituรฉes de mares et de bas-fonds qui sont alimentรฉes par les eaux de pluies. Durant la saison sรจche, elles sโ€™assรจchent ร  partir du mois de novembre. On dรฉnombre plus de 22 mares dans la zone et la localitรฉ de Loumbel Kelly regroupe ร  elle seule 19 mares.
Les eaux souterraines sont exploitรฉes par les puits dans la nappe phrรฉatique qui a une profondeur qui varie entre 50 et 80m. La conservation de ces puits et leur entretien permettent aux รฉleveurs et aux populations dโ€™avoir de lโ€™eau en cas de panne de forage. Les forages de Ouadiour et de Loumbel Kelly exploitent la nappe du maรซstrichtien, mais seul le forage de Ouadiour est actuellement fonctionnel. Il alimente en eaux 97 bornes privรฉes, 50 bornes publiques et 22 abreuvoirs. Ce rรฉseau dโ€™adduction dโ€™eaux a favorisรฉ la rรฉduction du dรฉplacement des animaux et la diminution des maladies liรฉes ร  lโ€™eau.
Dans la commune de Ouadiour, lโ€™abreuvement des animaux repose sur lโ€™utilisation des mares, des puits et des forages.

Les mares

La commune de Ouadiour compte 22 mares temporaires, 2 bas-fonds et une vallรฉe morte avec pour source principale dโ€™alimentation les eaux pluviales. Jusquโ€™en 2006, on comptait 65 mares dans toute la commune dโ€™aprรจs la convention locale de la gestion des ressources naturelles du territoire communal de Ouadiour. Cependant la quasi-moitiรฉ a disparu et il nโ€™en reste que 22 mares de nos jours. Elles sont localisรฉes principalement dans 2 zones. La zone de Loumbel Kelly ร  elle seule compte 19 mares, une vallรฉe morte nommรฉe Diabang et 3 autres mares dans la zone de Doyoli. Il est ร  noter lโ€™existence de deux bas-fonds, lโ€™un ร  Thiรฉnaba appelรฉ YABAKE et lโ€™autre long de 800m se situe entre Ouadiour et Nianguรฉ. La durรฉe de rรฉtention de lโ€™eau est variable et dรฉpend de lโ€™รฉtendue de la zone de captage, du sous-sol, de lโ€™รฉvaporation et de la profondeur. Si certaines peuvent garder de lโ€™eau jusquโ€™au mois de janvier comme celles de Mboudaye, Loumbel Kelly et Loumbel Mbaye, dโ€™autres sโ€™assรจchent trรจs vite. Cette zone de Loumbel Kelly abrite les plus importantes mares alors que les zones de Ouadiour, de Doyoli et Niomrรฉ se singularisent par leur manque de mares. Cette situation est due en grande partie ร  la nature du sol. Lโ€™importance des mares dans la zone sud est liรฉe ร  la nature argileuse de ses sols permettant une rรฉtention des eaux et leur conservation parce que limitant lโ€™infiltration. En saison des pluies, elles contribuent ร  lโ€™abreuvement du bรฉtail et diminuent ainsi les factures dโ€™eau ร  payer au niveau de lโ€™ASUFOR. Ces mares assurent lโ€™abreuvement du bรฉtail pendant lโ€™hivernage et jusquโ€™ร  une partie de la saison sรจche et permettent aux รฉleveurs de se rapprocher des zones de pรขture. Certaines des mares sont menacรฉes par lโ€™expansion des surfaces cultivรฉes qui les isolent des zones de parcours du bรฉtail. Le non accรจs des animaux ร  ces mares a du mรชme coup diminuรฉ voire รฉliminรฉ les ravins qui drainaient les eaux. Les mares, nโ€™รฉtant plus approvisionnรฉes suffisamment en eaux et ensevelies par le sable venant des champs qui les entourent, finissent par disparaitre. Il faut noter aussi que ces mares favorisent la prolifรฉration des maladies pendant lโ€™hivernage.

Les puits

Les puits de la commune rurale ont 2 principales sources dโ€™eau aquifรจre. On a dโ€™abord la nappe phrรฉatique. Dโ€™une profondeur de 30 ร  50 m selon les zones elle alimente les puits traditionnels et modernes. Elle se localise essentiellement dans les villages de Ouadiour, Thiรฉnaba Gossas et Keur Khaly MBOUMP
Ensuite, il y a la nappe des calcaires รฉocรจnes qui est dโ€™une profondeur de 50 ร  80 m. La qualitรฉ de son eau est fortement minรฉralisรฉe voire saumรขtre, ce qui fait quโ€™elle est impropre ร  la consommation.

Les forages

La nappe maestrichtienne qui est captรฉe entre 300 et 400m de profondeur est la principale source des forages de la commune. La commune de Ouadiour dispose de deux forages : celui de Ouadiour et celui de Loumbel Kelly.
La construction du forage de Ouadiour date de 1985. Il a รฉtรฉ inaugurรฉ le 8 mai 1985 par Monsieur le ministre Samba Yรฉla DIOP, ministre de lโ€™hydraulique. Grรขce ร  la coopรฉration belge le forage a รฉtรฉ rรฉhabilitรฉ avec le concours du Projet dโ€™Amรฉnagement de Renforcement des Points dโ€™Eaux dans le Bassin Arachidier (PARPEBA) et le Projet de Rรฉhabilitation et Equipement des Sites de Forages en Milieu Rural (PRESFMR). Cette rรฉhabilitation a permis la construction dโ€™un chรขteau dโ€™eau dโ€™une capacitรฉ de 200m3 / 15-12m, la mise en terre dโ€™un rรฉseau de 29km, la desserte de 31villages. Le coรปt du projet est de 203 millions de FCFA. Pour une bonne organisation de la gestion de lโ€™eau, des adductions et du contrรดle des fonds, lโ€™Association des Usagers du Forage (ASUFOR) a vu le jour le 27 mars 1999 et lโ€™ouvrage a รฉtรฉ mis en service le 6 juillet 1999, la rรฉception des travaux de lโ€™extension effectuรฉe le 3 avril 2006. Cet ouvrage permit dโ€™allรฉger les souffrances des villageois. Avec la politique dโ€™adduction dโ€™eau, 90% des villages sont reliรฉs au rรฉseau grรขce aux actions dโ€™ASUFOR. Pour lโ€™รฉquipement hydraulique de la commune, on relรจve 2 rรฉseaux dโ€™adduction, lโ€™AEMV (Adduction dโ€™Eau Multi-Villages) et lโ€™AEV (Adduction dโ€™Eau Village). Lโ€™hydrographie de la commune sโ€™avรจre suffisante, lโ€™AEMV alimente presque la totalitรฉ des diffรฉrentes zones (Ouadiour, Thiรฉnaba,Doyoli, Niomrรฉ) et la prรฉsence de lโ€™AEV qui se trouve dans la zone de Loumbel Kelly. A cรดtรฉ des bornes fontaines publiques qui รฉtaient au nombre de 50, la commune a installรฉ 97 bornes fontaines privรฉes. En saison sรจche, les troupeaux dโ€™ovins ne font plus de longues distances pour se rendre aux points dโ€™eau. La plupart des moutons sont abreuvรฉs dans les concessions.

Les zones de parcours du bรฉtail

Zone ร  vocation agro-pastorale, la commune de Ouadiour, dans lโ€™organisation de son espace, se matรฉrialise avec des champs entrecoupรฉs par des zones de parcours formant une ceinture autour des villages. Ces zones de parcours non seulement relient les lieux de parcage des animaux aux zones de pรขturages, mais aussi les zones de parcours aux points dโ€™abreuvements comme les mares, les puits et les forages. Elles deviennent en mรชme temps des couloirs dโ€™accรจs car permettant le passage des troupeaux transhumants qui prennent les axes de transhumance hivernaux. Parmi ces zones de parcours nous pouvons noter :
-Le tronรงon nord-sud, de Boss ร  la sortie de Gossas jusquโ€™ร  Fass, qui longe la R.N 4 et de chaque cรดtรฉ de la route, un couloir de plus 20m est inoccupรฉ par les cultures permettant la circulation des animaux. Le tronรงon joue un rรดle important dans lโ€™รฉlevage de la zone. Non seulement il facilite le dรฉplacement des troupeaux transhumants qui viennent du Ferlo pour rejoindre la commune en passant par Gossas, mais aussi permet aux troupeaux de la zone de Ouadiour dรฉpourvue de pรขturages de pouvoir avoir un espace de pรขture pendant lโ€™hivernage. Cette zone de parcours se trouve fortement renforcรฉe par lโ€™importance de ses jachรจres permettant aux animaux de se dรฉplacer, de paรฎtre sans bloquer la circulation des vรฉhicules ou crรฉer des accidents. La seule menace au niveau de cet axe se trouve entre Ouadiour et Loumbel kelly. Lร , on note une vรฉritable promiscuitรฉ entre รฉleveurs et agriculteurs dโ€™une part, et entre รฉleveurs et conducteurs dโ€™autre part. Sur cette partie, le non-respect de la distance rรฉglementaire de 20m entre les champs et la route a fait que les animaux sont obligรฉs de passer sur le goudron entrainant ainsi des accidents et une mortalitรฉ frรฉquente dans le cheptel.
-En dehors de cet axe principal, il existe des zones de parcours secondaires, des couloirs dโ€™accรจs. A lโ€™intรฉrieur de la C.R de Ouadiour plusieurs pistes serpentent les villages pour desservir lโ€™ensemble des points dโ€™abreuvements, les zones de pรขturages et faire la liaison dโ€™une commune ร  une autre. Il sโ€™agit de la piste qui quitte la R.N 4 ร  partir de Loumbel Kelly2 en direction de lโ€™ouest. Elle traverse les villages de Bell Sakhaye de Loumbel Mbaye pour rejoindre les villages de Mboudaye, de Thiabรฉ Diรจne en se divisant en deux embranchements.
Une branche sud – nord-ouest va desservir les villages de Kothiaw, de Sambockh pour sโ€™engouffrer ร  lโ€™intรฉrieur du domaine agricole de Thiรฉnaba oรน les mares anciennement pratiquรฉes commencent ร  disparaรฎtre ร  cause de lโ€™occupation des cultures. Il sโ€™agit des mares de Mbello Mboudaye, de Padiasse et de Maniane. La deuxiรจme branche de sens nord-sud va en direction des villages de Yargouye, deThiabรฉ Diรจne, de Thiabรฉ Sanou, fait une boucle en encerclant tout le village de Thiabรฉ Diรจne avec des pistes secondaires qui font la jonction avec les autres pistes. Cette piste va rejoindre la R.N4 en passant par le sud de Yargouye et de Bell Sankhaye. Elle traverse le goudron pour se diriger vers lโ€™est en desservant les zones de Doyoli et de Niomrรฉ avant dโ€™entrer dans le domaine de la C.R de Ndiรฉnรฉ Lagane.
Les diffรฉrents types de pรขtures, malgrรฉ leur variรฉtรฉ ne permettent pas aux troupeaux dโ€™avoir une couverture alimentaire complรจte. Cette situation se trouve aggravรฉe par la compรฉtition pour une mรชme ressource entre les animaux et les prรฉlรจvements par les populations pour des usages domestiques. Lโ€™ensemble des รฉquipements pastoraux dans la zone permettent une bonne couverture des infrastructures de bases mรชme si on note par ailleurs une carence en matiรจre de structures sanitaires. Lโ€™ensemble de ces conditions nous permettront dโ€™รฉtudier la pratique de lโ€™รฉlevage pour voir son impact sur cette activitรฉ.

PRATIQUE DE Lโ€™ELEVAGE

Lโ€™รฉlevage des ovins dans la commune de Ouadiour demeure une activitรฉ trรจs ancienne. Associรฉ ou dissociรฉ ร  lโ€™agriculture, sa pratique obรฉit ร  un systรจme de production qui suit un itinรฉraire technique qui prend en compte la conduite, la transhumance, la complรฉmentation, la lutte et la reproduction. Cette pratique conditionne en grande partie lโ€™organisation de lโ€™espace.

Place de lโ€™รฉlevage ovin dans la vie des populations

Lโ€™รฉlevage ovin occupe une place importante dans la vie des populations de la commune rurale de Ouadiour. Plus de 70% des mรฉnages sโ€™adonnent ร  cette activitรฉ. Selon le PLD de Ouadiour 2010, lโ€™รฉlevage ovin occupe 48,41% du cheptel. Il assure 50% des revenus des familles qui le pratiquent. Cet รฉlevage se pratique de maniรจre extensive et est associรฉ ร  lโ€™agriculture. Cette pratique se retrouve surtout chez les sรฉrรจres et les peuls qui lโ€™associent ร  la transhumance saisonniรจre qui sโ€™adapte mieux aux ressources pastorales du milieu. En milieu Wolof, cโ€™est un รฉlevage domestique avec des effectifs rรฉduits.

Pratiques de conduite sur parcours

Tous les ovins, ร  lโ€™exception des jeunes et des mรจres sur le point de mettre bas, vont chaque jour au pรขturage. La durรฉe du parcours varie selon les localitรฉs, les saisons et les ethnies.
En saison sรจche, les animaux utilisent lโ€™ensemble du finage. Ils sont dans les champs rรฉcoltรฉs, les jachรจres et les parcours naturels. Dans les localitรฉs de Ouadiour et de Thiรฉnaba qui ont des troupeaux collectifs, les moutons du village sont rassemblรฉs chaque matin ร  la place du village. Ils quittent le matin pour la pรขture ร  9h pour revenir le soir vers 17h. Ils ont un berger collectif ou ยซ Sardou11 ยป qui peut รชtre du village, des villages voisins ou un รฉtranger qui a une attache avec un autochtone pour รฉviter les vols. Le temps court de parcours de ces moutons et la mixitรฉ avec les chรจvres expliquent en partie la faible performance de ce systรจme dโ€™รฉlevage. Ce systรจme domestique se caractรฉrise alors par son non intรฉgration ร  lโ€™agriculture, les animaux sont parquรฉs dans les maisons derriรจre les cases, par un manque de suivi sanitaire entrainant ainsi une prolifรฉration et une recrudescence des maladies. Cโ€™est un รฉlevage dont plus de 70% des effectifs sont dรฉtenus par les femmes.
Dans les zones de Loumbel Kelly, Doyoli et Niomrรฉ, les ovins quittent les bergeries ร  partir de 6h voire 7h du matin pour ne revenir que le soir vers 19h. Sous la conduite dโ€™un berger qui est le plus souvent un membre de la famille, les animaux passent la journรฉe en brousse. Pour lโ€™allaitement, les agneaux sont conduits vers leurs mรจres ร  17h. Ces agneaux sรฉparรฉs de leurs mรจres le matin ont leur propre berger. Ces animaux parquรฉs dans les champs cultivรฉs participent ร  la fertilisation des sols. Ce systรจme de production ovin a lโ€™avantage de mieux contrรดler la santรฉ et la reproduction des animaux, une bonne utilisation du pรขturage disponible avec une possibilitรฉ de dรฉplacer les ovins et leur habitat autour du finage.
Pendant lโ€™hivernage, les animaux sont surveillรฉs par un berger communautaire ou par un berger individuel ou mis ร  piquet sur des parcours naturels et quelques jachรจres. Vers la fin de lโ€™hivernage, les ovins utilisent les champs libรฉrรฉs par les cultures, le pรขturage post-cultural.

La conduite du troupeau

Dans lโ€™รฉlevage traditionnel, plusieurs acteurs interviennent : le propriรฉtaire, le gestionnaire, le berger et les membres de la famille.
-Le propriรฉtaire : Il dรฉtient le troupeau. Il peut le partager avec dโ€™autres membres de la famille. Gรฉnรฉralement cโ€™est le plus รขgรฉ du mรฉnage ou de la concession.
-Le ยซ garthinguรฉ12 ยป pour les transhumants, est le responsable du troupeau. Il contrรดle les entrรฉes et sorties, assure la complรฉmentation et dรฉcide du dรฉplacement de lโ€™enclos des moutons dโ€™un point du champ ร  un autre ou dโ€™un champ ร  un autre. Il fixe le dรฉpart pour la transhumance. En milieu peul et sรฉrรจre, il est propriรฉtaire, cโ€™est le fils du chef de famille.
-Le berger est chargรฉ de la conduite du troupeau dans les pรขturages. Il peut รชtre payรฉ ou ne pas lโ€™รชtre.
Le berger salariรฉ est employรฉ par les รฉleveurs de chaque village. Ici, les moutons et les chรจvres ne sont pas sรฉparรฉs. Sous la conduite du berger ils vont en pรขture ensemble. Il dรฉbute le gardiennage en fin mai dรฉbut juin jusquโ€™ร  la fin du mois de dรฉcembre qui coรฏncide avec la fin des rรฉcoltes. Son payement est trรจs variable de 400 FCFA ร  500 FCFA par tรชte. Ce qui sโ€™รฉlรจve ร  15000 FCFA voir 20000 FCFA par mois, ou une somme globale de 100 000 FCFA ร  150 000 FCFA les 7 mois. Il peut รชtre employรฉ par un seul propriรฉtaire qui lโ€™embauche pour une durรฉe de 7 mois pour une somme de 150 000FCFA ร  175 000FCFA. Ce berger salariรฉ est intรฉgrรฉ dans la maison. Sa nourriture et ses besoins primaires comme le thรฉ et le tabac sont pris en charge par le propriรฉtaire.
Le berger non salariรฉ conduit le troupeau dโ€™un mรฉnage ou dโ€™une concession. Ils sont gรฉnรฉralement deux ou plusieurs membres de la famille. Les bergers, membres de la famille du propriรฉtaire sont des actionnaires du troupeau et ne sont pas payรฉs. Leurs besoins sont pris en charge par le propriรฉtaire qui assure habillement, thรฉ et tabac.
Conduite du troupeau dans les pรขturages postculturaux et taille des ยซ kaad ยป en pรฉriode de soudure constituant un pรขturage aรฉrien.

La semi-transhumance

En raison de la rรฉduction des surfaces pastorales pendant lโ€™hivernage, les agro-pasteurs sโ€™adonnent ร  la semi-transhumance. A lโ€™approche de lโ€™hivernage, des mouvements saisonniers conduisent les รฉleveurs de la zone ร  quitter leur terroir pour amener le bรฉtail dans la zone sylvo-pastorale. Il est donc intรฉressant dโ€™รฉtudier lโ€™itinรฉraire de ces dรฉplacements et analyser lโ€™organisation sociale de ces รฉleveurs.

Les mouvements de la semi-transhumance

Trois principaux mouvements pastoraux quittent chaque annรฉe la commune de Ouadiour pour se rendre dans la zone sylvo-pastorale. Leur diffรฉrence rรฉside dans la pรฉriode de dรฉpart et lโ€™itinรฉraire du parcours.
-Le premier mouvement de direction nord -sud quitte la commune ร  partir des mois de fรฉvrier et mars pour se rendre dans les localitรฉs au sud de Kaolack. Ils vont sรฉjourner dans les zones de Passy, de Keur Madiabel, de Nioro et de Mbirkilane. Lร , Ils vont y trouver encore du pรขturage poste-cultural, un tapis herbacรฉ bien fourni ainsi quโ€™un pรขturage aรฉrien composรฉ des feuilles mortes et des fruits des รฉpineux comme le Soump, le Nebneb et les jujubiers.Ils vont rester dans ces milieux jusquโ€™aux mois de mai, juin pour se dรฉplacer vers lโ€™est dans les zones de Kaffrine et de Koungueul oรน la vรฉgรฉtation de savane arborรฉe et la disponibilitรฉ de lโ€™herbe permet de traverser la pรฉriode de soudure. La troisiรจme et derniรจre รฉtape, sera leur dรฉplacement dans la zone du Ferlo. Ils se retrouvent dans les localitรฉs comme Linguรจre, Letndรฉ, Dahra, Barkรฉdji. Avec lโ€™installation dรฉfinitive de lโ€™hivernage ร  partir du mois dโ€™aoรปt, ils vont y rester jusquโ€™en dรฉbut octobre pour prendre le chemin du retour.
-Le deuxiรจme mouvement de direction ouest โ€“ sud-est quitte la commune vers les mois de mai et juin pour rencontrer le premier groupe dans les localitรฉs de Kaffrine et de Koungueul. Ces deux groupes vont รชtre ensemble et auront le mรชme itinรฉraire jusquโ€™ร  leur retour dans la commune. A savoir, faire la zone du Ferlo et prendre le chemin du retour ร  partir dโ€™octobre.
-Le troisiรจme et dernier groupe va quitter la commune aux mois de juillet et aoรปt pour se rendre directement dans la zone du Ferlo. Ils vont sรฉjourner dans les mรชmes localitรฉs que les premiers. Ce qui est important de noter ici cโ€™est le fait que lโ€™ensemble de ces groupes se retrouve pendant lโ€™hivernage dans une mรชme zone. La zone sylvo-pastorale non seulement est รฉtendue mais prรฉsente des avantages certains en matiรจre dโ€™รฉlevage des ovins. Pendant lโ€™hivernage les animaux ont un pรขturage composรฉ de graminรฉes, un milieu trรจs bien aรฉrรฉ favorable ร  la divagation des animaux, mais aussi lโ€™espacement des pluies permet aux moutons de profiter de ce tapis herbacรฉ court et รฉviter certaines maladies hivernales liรฉes ร  lโ€™eau et ร  la chaleur. Le retour des transhumants coรฏncide avec la rรฉcolte du mil. Cette transhumance rรจgle ร  la fois le problรจme du dรฉsรฉquilibre entre les surfaces pastorales et les zones de cultures et les conflits entre รฉleveurs et agriculteurs. Elle permet aussi de varier les types de fourrages consommรฉs.

Lโ€™organisation sociale des รฉleveurs

La semi-transhumance qui est de courtes durรฉes sโ€™รฉtend des mois de mars, juin, juillet au mois dโ€™octobre. Elle mobilise ร  la fois des moyens humains, matรฉriels et financiers pour faire face aux difficultรฉs quโ€™ils vont rencontrer durant leur pรฉrรฉgrination.
Lโ€™organisation sociale des รฉleveurs repose en gรฉnรฉral sur des liens de parentรฉ, de voisinage, mais aussi de confiance mutuelle. Ils partent en groupe de 3 ร  4 troupeaux. Chaque troupeau a un chef accompagnรฉ de 2 ร  3 membres de sa famille. Ces derniers sont chargรฉs de la conduite des animaux tandis que, le chef sโ€™occupe du transport de la nourriture, du matรฉriel de cuisine, des aliments de complรฉmentation et des agneaux qui viennent de naรฎtre. Ce transport est assurรฉ par une ou deux paires dโ€™รขnes. Les รขnes vont se relayer la charrette qui transporte les bagages. Il est aussi la personne morale qui est en contact avec les populations des villages dans lesquels ils sรฉjournent. Nโ€™รฉtant pas accompagnรฉ de femmes, les travaux mรฉnagers sont assurรฉs ร  tour de rรดle en tenant compte des jours de gardiennage des bergers une fois le campement installรฉ. Ils sont autonomes du point de vue nourriture, abreuvement mais trouvent toujours un tuteur autochtone pour รชtre acceptรฉs dans la localitรฉ et parer ร  dโ€™รฉventuels problรจmes avec les populations. La stabilitรฉ qui รฉmane des liens de parentรฉ et de la solidaritรฉ au sein du groupe est un facteur de sรฉcuritรฉ puisquโ€™elle leur permet de rรฉsister aux menaces et aux pressions รฉtrangรจres pouvant nuire ร  leur activitรฉ.

Pratiques de complรฉmentation

Pour la complรฉmentation du bรฉtail, les produits comme la fane dโ€™arachide, la paille fauchรฉe, les grains de coton et les concentrรฉs sont utilisรฉs. La fane dโ€™arachide et la paille fauchรฉe sont faiblement utilisรฉes. Elles ne reprรฉsentent respectivement que 11,76% et 03,92%. Ces produits sont destinรฉs ร  la nourriture des chevaux et des รขnes qui assurent lโ€™agriculture attelรฉe. Le niรฉbรฉ fourrager est gรฉnรฉralement utilisรฉ pour engraisser les bรฉliers destinรฉs ร  la vente surtout pendant les fรชtes de Tabaski. Il est utilisรฉ par 13,72% des รฉleveurs. Les grains de coton et les concentrรฉs qui sont vendus dans le marchรฉ sont chers et sont plus utilisรฉs pour la complรฉmentation des ovins. Les grains de coton sont de lโ€™ordre de 25,49% et les concentrรฉs reprรฉsentent 45,09%. La complรฉmentation est surtout pratiquรฉe en fin de saison sรจche et est destinรฉe aux femelles allaitantes et aux moutons faibles et malades.

Pratique de la lutte et de la reproduction

Le contrรดle de la reproduction est selon PURY. P : (1969) lโ€™amรฉlioration le plus important. La lutte, la plupart des รฉleveurs enquรชtรฉs ne la prรฉparent pas. Le gรฉniteur nโ€™est pas sรฉparรฉ des brebis pour lui donner force et vigueur. Il est toujours avec le troupeau en toute saison. Ce genre de pratique fait que les mises bas sont rapprochรฉes et frรฉquentes. Les femelles ร  faire lutter ne sont pas elles aussi bien nourries et dรฉparasitรฉes. Les รฉleveurs enquรชtรฉs nous ont fait savoir que la lutte ne commence quโ€™en dรฉbut dโ€™hivernage. Durant cette pรฉriode, les herbes poussent et les moutons sont bien nourris. Les reproductions vont avoir lieu aux mois de novembre, dรฉcembre et se prolonger jusquโ€™au mois de fรฉvrier. Les agneaux qui sont nรฉs ont une croissance trรจs rapide parce quโ€™ร  cette pรฉriode, lโ€™herbe est abondante et les femelles ont beaucoup de lait. Par contre, les luttes qui sโ€™effectuent aux mois de janvier, fรฉvrier et mars entrainent des gestations ร  risques si les femelles pleines ne sont pas complรฉmentรฉes car leurs pรฉriodes de mises bas vont coรฏncider avec la pรฉriode de soudure. Dans ce cas de figure, les agneaux meurent ou ont une croissance ralentie. Cโ€™est pourquoi les pรฉriodes de luttes et de reproduction doivent รชtre maรฎtrisรฉes par les รฉleveurs. ยซ Lโ€™alimentation doit apporter ร  lโ€™animal tout ce qui est nรฉcessaire pour vivre, grandir et se reproduire13 ยป.La reproduction du troupeau repose sur son amรฉlioration. Lโ€™amรฉlioration du troupeau est une pratique trรจs ancienne chez les รฉleveurs. Ils ont toujours sรฉlectionnรฉ dans leur troupeau le meilleur gรฉniteur. Pour le choix du mรขle, plusieurs critรจres sont retenus par les รฉleveurs:
๏€ญ รชtre de naissance double ;
๏€ญ รชtre le descendant dโ€™une bonne laitiรจre ;
๏€ญ รชtre de couleur blanche ou blanc-noir ;
๏€ญ avoir une longue queue ;
๏€ญ avoir de longs testicules ;
๏€ญ la tรชte grosse et bien relevรฉe.
Il est choisi aussi de par sa taille, sa forme car le choix du bรฉlier dรฉtermine la qualitรฉ de lโ€™agneau. Ainsi lโ€™รฉleveur veut ยซ amener le troupeau ร  produire davantage de ce qui se vend le mieux sur le marchรฉ (la viande) 14ยป. Les femelles sont toujours conservรฉes. Lโ€™รฉleveur a souvent tendance ร  vendre une jeune femelle dont la gestation nโ€™est pas rapide alors que la femelle รขgรฉe est plus sรปre de donner le plus rapidement de descendants. Ces derniรจres ne sont vendues quโ€™aprรจs 8 ร  9 gestations si le mouton est en bonne santรฉ.

Association agriculture- รฉlevage

Dans la commune rurale de Ouadiour, lโ€™agriculture et lโ€™รฉlevage sont deux activitรฉs qui sont รฉtroitement liรฉes. Cette liaison peut รชtre de complรฉmentaritรฉ ou de concurrence dans leur utilisation de lโ€™espace.

Relation de complรฉmentaritรฉ

A la fin des rรฉcoltes, les champs libรฉrรฉs sont occupรฉs par les ovins. Les animaux profitent des rรฉsidus des cultures. A lโ€™intรฉrieur des champs, ils y trouvent รฉgalement de lโ€™herbe qui sโ€™est dรฉveloppรฉ aprรจs les derniers sarclages. Les champs dโ€™arachide, de niรฉbรฉ, dโ€™oseilles et de pastรจques qui sont les derniers ร  รชtre libรฉrรฉs fournissent des fanes, des feuilles et des graines laissรฉs sur place. Durant cette pรฉriode, les moutons sont bien engraissรฉs et grandissent vite car le pรขturage est abondant et trรจs diversifiรฉ : ยซ le mouton mange lโ€™herbe sur pied. Il choisit celle quโ€™il prรฉfรจre(les plus tendres, plus jeunes, plus digestibles, plus nutritifs). Si le pรขturage est limitรฉ, les prรฉfรฉrences du mouton le conduisent ร  manger toujours les mรชmes espรจces.15 ยป
Les troupeaux dโ€™ovins qui sont parquรฉs dans les maisons ou dans les champs participent ร  la reconstitution des sols รฉpuisรฉs par la monoculture arachidiรจre grรขce ร  leur apport en fumures organiques. Les moutons parquรฉs ร  domicile ont des enclos pรฉriodiquement balayรฉs. Le fumier ainsi obtenu est transportรฉ par charrettes dans les champs afin de les fertiliser. Le parcage dans les champs libรฉrรฉs (cf. Photo 2) par les rรฉcoltes en dรฉbut de saison sรจche ou dans les jachรจres rรฉservรฉes en saison des pluies est trรจs dรฉveloppรฉ dans la zone.
Le parcage des ovins dans les champs est une pratique trรจs courante chez les agropasteurs de la commune. Il permet une fertilisation des sols et offre aux moutons un espace de vie aรฉrรฉ.
โ€ข Dans la commune rurale, lโ€™รฉlevage extensif est fortement associรฉ ร  lโ€™agriculture. En effet, 57,61% des รฉleveurs parquent leurs ovins dans les champs. En saison sรจche, lโ€™enclos des moutons est dรฉplacรฉ ร  chaque fois que la surface est complรจtement couverte (7jours) de crรฉtins de moutons. Cette pratique de parcage a pour avantage de permettre aux moutons dโ€™avoir une bonne aรฉration en ces temps de chaleur, dโ€™รชtre en contact direct avec les pรขturages et en mรชme temps de fertiliser les champs avec les crรฉtins et les urines. Cโ€™est pour cette raison que J.M, POWELL et al affirment queยซ lโ€™application simultanรฉe de fumier et dโ€™urine aux sols augmente plus la productivitรฉ des cultures quโ€™un apport sรฉparรฉ de ces รฉlรฉments. Des modes de gestion tels que le parcage des animaux sur les terres agricoles permettent de retourner le fumier et lโ€™urine ร  la terre.16 ยป Ces champs trรจs productifs reรงoivent le mil, le sorgho, le maรฏs la premiรจre annรฉe et lโ€™annรฉe suivante lโ€™arachide, le niรฉbรฉ ou la pastรจque. Certains agro-pasteurs prรฉfรจrent faire deux rรฉcoltes de mil avant dโ€™y cultiver de lโ€™arachide.

Relation de concurrence pour le contrรดle de lโ€™espace

Pour bien comprendre la concurrence entre ces deux activitรฉs, il est intรฉressant de revisiter les diffรฉrents modes dโ€™appropriation des terres dans la commune et les mobiles qui animaient ces acteurs.
Le systรจme traditionnel dโ€™appropriation des terres รฉtaient basรฉs sur plusieurs modes ou mรฉthodes. Parmi ces mรฉthodes on peut citer entre autres lโ€™utilisation du feu, du sabot et de la hache. Ces moyens dโ€™appropriations donnaient des droits qui avaient pour noms les moyens utilisรฉs. Cโ€™est ainsi que selon nos enquรชtes dans la C R de Ouadiour nous avons pu identifier quelques mรฉthodes dโ€™appropriations traditionnelles ร  Thiรฉnaba Gossas et ร  Loumbel Kelly.
-Lโ€™installation des Tidjianes dans la zone de Thiรฉnaba Gossas fut lโ€™ล“uvre de Sรฉrigne Amady Ngonรฉ Ndague Seck qui, venant du Cayor, sโ€™est installรฉ au marigot de Ndiamboul prรจs de Gossas. A partir de ce village, il a allumรฉ un feu qui va couvrir la zone de Thiรฉnaba, une partie de Oudiour et une partie de la zone de Loumbel Kelly. Cโ€™est ce droit de feu coutumier qui a confรฉrรฉ aux Tidjianes de Thiรฉnaba Gossas le contrรดle foncier dโ€™une partie importante de cette zone.
-Parallรจlement ร  lโ€™installation des Tidjianes, il ya aussi la prรฉsence des Mourides au niveau de Loumbel Kelly. Massamba KEBE, propriรฉtaire terrien, aprรจs sa mort a laissรฉ ร  son fils Ibra KEBE ses tenures qui sโ€™รฉtendent de Loumbel Kelly aux voisinages des terres dรฉtenues par les sรฉrรจres et les Peuls de Thiabรฉ Diรจne et de Loumbel Mbaye. Codรฉ DIENG, neveu de Ibra KEBE, restant sur les terres de son oncle, voulant quitter Loumbel Kelly pour aller habiter ร  Kaolack demande ร  Sรฉrigne Modou Amin, pรจre de Sรฉrigne Djily MBACKE actuel dรฉtenteur des terres de venir sโ€™installer ร  Loumbel Kelly occuper les terres de ses ancรชtres.
Ces deux vagues dโ€™occupations de lโ€™espace en installant des Daaras sont devenus par la suite de grands villages. Ils ont jouรฉ un rรดle catalyseur dans le processus dโ€™appropriation des terres ร  des fins agricoles rรฉduisant ainsi les domaines fonciers jusque-lร  imparfaitement mis en valeur. Ces mouvements religieux ont trouvรฉ sur place des รฉleveurs peulhs et des agropasteurs sรฉrรจres qui venaient du Sine, du Baol et dont la visรฉe premiรจre รฉtait lโ€™รฉlevage et lโ€™agriculture sur les terres fertilisรฉes par les troupeaux.
Les premiers occupants quโ€™ils soient religieux ou des gens venus du Sine et du Baol, vont accueillir rรฉguliรจrement des vagues de nouveaux arrivants auxquels ils sont liรฉs par un pacte dโ€™allรฉgeance ou de parentรฉ. Ces rรฉseaux vont favoriser la mise en valeur des espaces au profit des premiers occupants et lโ€™accรจs ร  la terre aux arrivants par le biais de dons de terres.
Cette effervescence va bouleverser les donnรฉes environnementales et sociologiques du milieu : le dรฉplacement des รฉleveurs pour la transhumance et la restriction des pรขturages.
Aujourdโ€™hui, la rarรฉfaction des espaces pastoraux dans la commune rurale de Ouadiour tient ร  deux facteurs :
– la pression dรฉmographique sur un espace limitรฉ qui est ร  lโ€™origine dโ€™une redistribution pรฉriodique des terres au sein des unitรฉs de production familiale, la location ou le bail de terrain ร  usage agricole et une rรฉduction drastique des jachรจres ;
– la mise en application de la loi sur le domaine national qui reconnaรฎt comme propriรฉtaire de la terre celui qui la met en valeur. Dans cette mise en valeur lโ€™exploitation du pรขturage par les รฉleveurs est exclue. Cette nouvelle donne fait que lโ€™รฉleveur nโ€™a pas de droit foncier. Ce qui aggrave le manque de surfaces pastorales.

Organisation de lโ€™espace

La prรฉdominance de deux activitรฉs, lโ€™agriculture et lโ€™รฉlevage extensifs vont jouer grandement dans la structuration de lโ€™espace. Pour la mise en valeur des potentialitรฉs locales, lโ€™organisation de lโ€™espace va prendre en compte les rรฉalitรฉs socio-รฉconomiques du milieu.
La commune rurale de Ouadiour regroupe 35 villages divisรฉs en 5 zones gรฉographiques. Chaque zone reprรฉsente des rรฉalitรฉs socio-รฉconomiques et est polarisรฉe par un village centre. Le terroir de chaque zone se singularise avec le partage du finage entre les maisons, les champs cultivรฉs et le parcours du bรฉtail. Les maisons dispersรฉes dans les zones de Loumbel Kelly, de Niomrรฉ et de Doyoli sont liรฉes ร  la pratique dโ€™un รฉlevage extensif associรฉ ร  une agriculture extensive. Ces localitรฉs sont habitรฉes en majoritรฉ par des Sรฉrรจres et des Peulhs. Les densitรฉs humaines les plus importantes se rencontrent dans les zones de Loumbel Kelly Thiรฉnaba avec respectivement 29,02 et 24,75 %.Elles se retrouvent dans la partie ouest et sud de la commune non encore touchรฉes par le mouvement de dรฉplacement massif des populations rurales vers la ville sainte de Touba. Par contre la faible occupation humaine des zones de Doyoli et Niomrรฉ qui sont de lโ€™ordre de 11,88% et14, 48 % peut sโ€™expliquer doublement. Le facteur premier est liรฉ ร  la disparition des escales du train Dakar- Kidira qui faisait le dynamisme de ces contrรฉes ร  partir de ses escales comme Bill Mbackรฉ et Darou Fall. La concurrence de la route a fait que ces points ne jouent plus leurs rรดles dโ€™antan : points de commerce et de gare de voyage. Les populations qui vivaient de ce commerce, trouvant dโ€™autres activitรฉs ร  Touba ont fini par dรฉmรฉnager. Lโ€™autre facteur explicatif est liรฉ ร  la pรฉjoration climatique. La plupart des populations qui habitaient la zone รฉtaient venus avec lโ€™impรฉrialisme mouride de la culture de lโ€™arachide. La succession des mauvaises saisons au cours des annรฉes 1970 ร  1980 a fini par les dรฉcourager. Mais aussi cette pรฉriode a coรฏncidรฉ avec le dรฉpart massif de migrants vers lโ€™Europe. Ayant fait fortune, ils ne sont plus revenus dans leurs villages natals prรฉfรฉrant construire ร  Touba et venir prendre la famille. Le fait marquant ร  Ouadiour et ร  Thiรฉnaba cโ€™est leur habitat groupรฉ surtout dans les zones peuplรฉes en majoritรฉ de Wolofs. Au centre du village, il y a la mosquรฉe et tout autour les maisons en laissant des rues en direction de la mosquรฉe ou du puits. Les champs sont disposรฉs tout autour des maisons et gรฉnรฉralement le premier cercle appartient au chef de village ou le marabout qui sont les dรฉtenteurs des terres. Les champs les plus รฉloignรฉs du village sont cultivรฉs par les talibรฉs, les parents et autres arrivants. Par contre, les villages qui se situent dans les zones de Loumbel Kelly, une partie de Ouadiour, de Doyoli et de Niomrรฉ se singularisent par leur caractรจre dispersรฉ. Cette situation est due en grande partie ร  la liaison agriculture / รฉlevage.
Ces populations agro-pasteurs ont besoin dโ€™espace et chaque exploitant agricole, pour mieux rentabiliser sa production et en tirer le maximum de profit, veut sโ€™isoler permettant ainsi une meilleure fertilisation des sols et un bon contrรดle de la divagation des animaux รฉvitant ainsi les conflits. Mais lโ€™ensemble de ces villages exploitent des ressources communes que sont les pรขturages et les sources dโ€™eaux. Pour รฉviter les conflits liรฉs au voisinage, le terroir est maillรฉ par un ensemble de piste de parcours traversant les champs cultivรฉs et liant les zones de pรขturage aux points dโ€™eaux et les zones de pรขturage au parcage. Mais lโ€™augmentation de la population qui a de plus en plus besoin dโ€™espaces de culture grignote de jour en jour le parcours du bรฉtail, ce qui ne manque pas de poser des problรจmes de cohabitation entre รฉleveurs et agriculteurs et dโ€™alimentation des animaux.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
I.PROBLEMATIQUE
1. Contexte et justification du sujet
2. Discussion des concepts
3. OBJECTIFS
a) Objectif gรฉnรฉral
b) Objectifs spรฉcifiques
4. Hypothรจses de recherche
II.METHODOLOGIE
1. Revue documentaire
2. Collecte des donnรฉes secondaires
3. Enquรชtes
4. Traitement et analyse des donnรฉes
PREMIERE PARTIE : CONDITIONS GENERALES DE LA PRATIQUE DE Lโ€™ELEVAGE OVIN19
CHAPITRE I : MILIEU PHYSIQUE
1. Le relief et les sols
2. Climat et pluviomรฉtrie
3. La vรฉgรฉtation
1. Types de pรขturages
1.1 Les pรขturages naturels
1.2 Les jachรจres
1.3 Les pรขturages post-culturaux
1.4 Le pรขturage aรฉrien
2. Les points dโ€™abreuvement des animaux
2.1 Les mares
2.2 Les puits
2.3 Les forages
3. Les infrastructures sanitaires
4. Les zones de parcours du bรฉtail
CHAPITRE III : PRATIQUE DE Lโ€™ELEVAGE
1. Place de lโ€™รฉlevage ovin dans la vie des populations
2. Pratiques de conduite sur parcours
3. La conduite du troupeau
4. La semi-transhumance
4.1 Les mouvements de la semi-transhumance
4.2 Lโ€™organisation sociale des รฉleveurs
5. Pratiques de complรฉmentation
6. Pratique de la lutte et de la reproduction
7. Association agriculture- รฉlevage
7.1 Relation de complรฉmentaritรฉ
7.2 Relation de concurrence pour le contrรดle de lโ€™espace
8. Organisation de lโ€™espace
DEUXIEME PARTIE : LES PROBLEMES DE LA FILIERE OVINE DANS LA COMMUNE DE
OUADIOUR
CHAPITRE I : LES CONTRAINTES LIEES AUX FACTEURS PHYSIQUES ET HUMAINS
1. Les facteurs physiques
2. Les facteurs humains
CHAPITRE II : PROBLEMES SOCIO-ECONOMIQUES
1. La commercialisation des moutons
2. Le vol du bรฉtail
3. La transhumance pastorale dans la commune de Ouadiour
3.1 Mouvements de la transhumance pastorale
3.2 Lโ€™organisation sociale des รฉleveurs transhumants
3.3 Les impacts de la transhumance pastorale dans la commune
CHAPITRE III : LES PROBLEMES TECHNIQUES
1.Le caractรจre extensif de lโ€™รฉlevage ovin
2.La faiblesse de lโ€™investissement privรฉ et public
3.Les maladies
3.1 Pathologie des petits ruminants
4.Le cadre politique et juridique
TROISIEME PARTIE : EFFORTS DE SOLUTIONS ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT
DE LA FILIERE OVINE
CHAPITRE I : LES EFFORTS DE SOLUTIONS
1.Le plan local de dรฉveloppement
2.Le Projet dโ€™Appui ร  lโ€™Elevage (PAPEL)
CHAPITRE II : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE OVINE
1.Association des Groupements de Producteurs Ovins(AGROPROV)
1.1 Les objectifs
1.2 Localisation et cibles
1.3 Les ressources
1.4 La situation actuelle
2. La production dโ€™agneau de qualitรฉ du Programme de Dรฉveloppement des Marchรฉs Agricoles
du Sรฉnรฉgal (PDMAS).
2.1 Objectifs
2.2 Les ressources humaines, matรฉrielles et infrastructures
2.3 Le modรจle technique de la conduite des bergeries
2.4. Les mรฉcanismes de gestion
2.5 Les rรฉsultats attendus
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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