Les Principes des politiques d’urbanisme: limitation de la consommation d’espace et densification
L’extension rapide des villes et des agglomérations au cours de ces dernières années a créé un courant de réflexions portant sur la gestion économe de l’espace. Des chiffres et des données inquiétants liés au phénomène d’étalement urbain remettent en question la durabilité des territoires français. L’équivalent de la superficie d’un département français est artificialisé tous les 7 ans (Groupement d’intérêt scientifique sur les sols (France, 2011)). En 2015, l’artificialisation du territoire français atteint 9,4 % (Teruti, 2017). C’est un processus difficilement réversible, il est quasiment impossible que les espaces aménagés redeviennent des espaces naturels. Les lois de Solidarité et de Renouvellement Urbain de 2000 et Grenelle I et II de 2009 et 2010, traduisent une prise de conscience du pouvoir législatif qui est ensuite progressivement appropriée par l’ensemble des acteurs publics concernés. « La loi SRU et les principes du développement durable militent en faveur de la ville dense comme frein à l’urbanisation éparpillée consommatrice d’espace et d’énergie » (APUR, 2003). Une forte volonté de faire de la lutte contre l’étalement urbain sous-tend l’objectif de l’urbanisation de la ville de demain. Pour lutter contre cette extension des villes entraînant une augmentation de surfaces artificialisées, les discours politiques de ces dernières années ainsi que les réglementations ont identifiés la densification comme une des principales solutions. La densité est une solution à l’artificialisation, malheureusement personne n’en veut. Largement critiquée, elle est perçue comme la réponse la plus pertinente face à la consommation de l’espace naturel, agricole et forestier, elle est vue comme une des principaux défis du XXIe siècle qu’auront à résoudre les urbanistes et aménageurs. Il s’agit d’une stratégie de densification qui nécessite d’agir et de renouveler le tissu urbain existant. Des exemples sont issus des formes urbaines de l’Auran (agence d’urbanisme de la région nantaise) organisés autour du partage de la connaissance des formes urbaines et de leurs densités, la recherche de solutions innovantes en matière de qualité de vie, d’environnement, et de l’engagement de réflexions sur les enjeux et les outils du renouvellement urbain (Hébrard & Robert, 2010).
« Cette politique de renouvellement urbain vise l’intensification, c’est-à-dire l’ensemble des solutions d’optimisation de la ville existante via la recherche d’une recomposition des îlots, de réorganisation des espaces bâtis, d’introduction de nouvelles fonctions et de solutions de densification de type remplissage des dents creuses ou par surélévation » (ADEME, 2018). Ces stratégies visent à savoir si l’on peut produire des formes qui soient denses (au sens du nombre d’habitants à l’hectare) sans être pourtant perçues comme forte densité.
La densité de la ville contemporaine induite par l’étalement urbain
Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit en ville (Lahure, 2012). Les habitants ont abandonné les campagnes pour s’installer en ville, en banlieue, ou dans des zones intermédiaires entre ville et campagne, dont les contours sont toujours plus difficiles à tracer. L’image négative des centres urbains décrits comme serrés, entassés, sales, foyers d’insécurité, … ne suffit pas à éloigner les populations. Nos contemporains ont généralement toujours plus besoin de se rapprocher la ville afin de profiter de ses nombreux atouts ; rencontres, concentrations d’activités culturelles, d’activités économiques, d’opportunités d’emploi, etc. Le problème demeure de savoir pourquoi subsiste une image négative associée aux centres urbains denses sachant que la plupart des citadins ne l’admettent pas, mais que tout le monde cherche à habiter ces villes, et tout le monde exprime un véritable refus face à la densité (Lahure, 2012).
Contexte de la recherche
La notion de densité: concepts, définitions et mesure
La densité: une notion polysémique
Le concept de densité est souvent connoté négativement (APUR, 2003). Il est souvent utilisé pour justifier un dysfonctionnement social. Mais la densité, peut être aussi synonyme de richesse, de diversité, d’animation et de possibilité d’échanges (Jacob, 1977). Elle témoigne d’une véritable vie sociale des quartiers, des échanges, des relations de solidarité, etc. « A cette ambiguïté s’ajoute celle d’une interprétation perceptive de la densité ; il n’est pas rare de voir opposer la densité supposée excessive des grands ensembles à celle plus « humaine » des quartiers traditionnels » (APUR, 2003). Dans cette approche, il y a la subjectivité du locuteur, mais aussi la confusion entre hauteur des bâtiments et la densité. La densité ne se traduit pas automatiquement par les logements collectifs en hauteur (Hébrard & Robert, 2010). La densité fait souvent référence à l’urbanisme des grands ensembles, c’est pour cela qu’elle est associée à des images fortement négatives ; surpopulation, insécurité… et ressentie comme oppressante, serrée, etc. Pourtant il est nécessaire de rappeler que la densité vécue par les habitants est très différente et peu compatible avec la densité réelle (la densité mesurable ex : densité de logement etc.). Deux formes bâties distinctes remettent en cause la densité réelle : la maison radieuse de Le Corbusier avec 50 logements par hectare et le village de Trentemoult avec 61 logements par hectare démontrent qu’une même densité peut s’exprimer sous des formes très différentes (Hébrard & Robert, 2010). En effet les quartiers perçus comme les plus « denses » le sont souvent moins que d’autres quartiers dont le cadre de vie est plus apprécié.
Pour parler de densité il faut partir de base d’une ou de plusieurs définitions partagées. Selon le dictionnaire français, c’est la qualité de ce qui est dense, de ce qui est fait d’éléments nombreux et serrés, ce qui contient beaucoup de matière par rapport à l’espace occupé, sous une forme concise, resserrée. Il se réfère au mot « dense » qui rassemble beaucoup d’éléments en peu de place. Issus du Latin « densitas, densus » l’origine du mot renvoie au XIIIe siècle qui signifie épaisseur. Au XVIIe siècle, la densité apparaît comme une notion de physique ancienne. Scientifiquement : La densité est un rapport entre une quantité mesurable et une unité (de masse, de volume, de surface, de longueur ou de temps). Economiquement : La densité est un nombre des moyens de communication ou des communications par unité de surface ou de longueur. Démographiquement : La densité est un nombre d’habitants par unité de surface, généralement le kilomètre carré. Densité de la population ; densité rurale. Ainsi de suite … Les dictionnaires confirment les domaines variés dans lesquels le terme est utilisé, mais aucune définition ne décrit la dimension sensible. Toutefois qu’on essaye de la traiter en urbanisme, elle apparaît sous une des 3 catégories suivantes : la densité humaine, densité d’occupation du sol et la dimension subjective de la perception de la densité. Sachant qu’il existe aussi une confusion entre les 3 catégories.
Densité et unité de référence
La densité en urbanisme, est donc une notion qui peut s’interpréter sous une multitude de formes selon l’objet d’étude voulu. On peut parler de densité : résidentielle, bâtie ou « internes », humaine ou de population, de logement, d’activité humaine, d’emploi, de contenant ou de contenu, brute, nette, perçue, vécu, subjective, ressentie, sensible etc. (APUR, 2003) (ADEME, 2018).
Il convient de préciser le sens. D’après la bibliographie le calcul de densité, est le rapport théorique entre un indicateur quantitatif et une surface d’étude. L’indicateur quantitatif se base sur une référence (une quantité mesurable tel que le nombre de logements, de bâtiments etc. qu’on peut quantifier) et la surface d’étude sur un contexte (dans une zone précise, limitée, une certaine superficie) .
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Table des matières
Introduction
Les Principes des politiques d’urbanisme: limitation de la consommation d’espace et densification
La densité de la ville contemporaine induite par l’étalement urbain
CHAPITRE 1: Présentation de la recherche
1. Contexte de la recherche
1.1 La notion de densité: concepts, définitions et mesure
1.1.1 La densité: une notion polysémique
1.1.2 Densité et unité de référence
1.2 Perception de la densité
2. Problématique
CHAPITRE 2 : Etat de l’art
2.1 Etat de l’art
2.2 Hypothèse
CHAPITRE 3 : Méthodologie de la recherche
3.1 Présentation des sites préliminaires
3.2 Mise en forme du questionnaire
3.2.1 Méthode d’enquête : choix du type du questionnaire
3.3 Enquête
3.3.1 Réalisation de l’enquête
3.3.2 Retours des premières enquêtes
3.3.3 Protocole d’enquête
CHAPITRE 4 : Résultats
4.1 Catégorisation des cas d’études
4.1.1 Présentation des résultats
4.1.2 Analyse des résultats
4.2 Les dimensions quantitatives
4.2.1 Présentation des résultats
4.2.2 Analyse des résultats
4.3 Synthèse
4.4 Limites
CHAPITRE 5 : Conclusion
5.1 Conclusion
5.2 Discussion
5.3 Perspectives
CHAPITRE 6 : Bibliographie
CHAPITRE 7 : Annexes