LES PRINCIPALES CAUSES DES MORTS SUBITES CHEZ LES RUMINANTS
Signes cliniques
La pรฉriode dโincubation varie de 30 ร 90 jours chez les ruminants. Elle dรฉpend de la distance du site dโinoculation au systรจme nerveux central. Les signes cliniques sont inconstants et ne dรฉpassent pas en gรฉnรฉral 10 jours. La rage peut se manifester avec des formes paralysantes et des formes furieuses. La forme paralysante est caractรฉrisรฉe par une ataxie ascendante progressive, de la parรฉsie et la paralysie des extrรฉmitรฉs. Les animaux ont souvent une dรฉmarche chancelante et instable et leur queue est molle ou dรฉviรฉe. Leurs sensations sont attรฉnuรฉes (hypoesthรฉsie).
De la salivation peut รชtre observรฉe due ร la paralysie ou parรฉsie progressive du pharynx. Lโanimal peut prรฉsenter une voix rauque. Le coma et la mort surviennent en gรฉnรฉral subitement en 1 ร 2 jours aprรจs le dรฉcubitus. La mort est gรฉnรฉralement causรฉe par une dรฉtresse respiratoire (CALLAN et VAN METRE, 2004). La forme furieuse est caractรฉrisรฉe par une altรฉration mentale, de lโhyperexcitabilitรฉ et de lโhyperesthรฉsie. Lโanimal peut rรฉpondre excessivement ou agressivement ร des stimulus externes comme la lumiรจre, le bruit, le mouvement ou le toucher. Les taureaux ont souvent une augmentation de leur excitation sexuelle. Les signes progressent et รฉvoluent en paralysie, dรฉcubitus, coma puis mort.
La mort survient subitement et sans signes prรฉcurseurs (CALLAN et VAN METRE, 2004). Chez les brebis et les chรจvres, les symptรดmes sont similaires mais plusieurs cas sont souvent concernรฉs car les chiens ou les renards contaminรฉs mordent gรฉnรฉralement plusieurs animaux. Au contraire, les cas sont surtout sporadiques chez les bovins (CALLAN et VAN METRE, 2004).
Etiologie et circonstances dโapparition
La malade dโAujesky est une maladie virale causรฉe par un Herpesvirus porcin de type 1 affectant en premier lieu les suidรฉs mais qui peut causer aussi des encรฉphalomyรฉlites virales fatales chez dโautres espรจces (CALLAN et VAN METRE, 2004). Les porcs et les sangliers sont les rรฉservoirs de la maladie. Le virus se met alors sous forme latente et se rรฉactive parfois. Les bovins constituent les ยซ culs de sac ยป รฉpidรฉmiologiques et sont trรจs sensibles ร la maladie. Ils doivent รชtre en contact avec les suidรฉs pour รชtre contaminรฉs. Cette maladie est donc plus frรฉquente dans les rรฉgions dโรฉlevage porcin comme la Bretagne mais lโon peut avoir des cas un peu partout avec les sangliers. La maladie peut toucher un ou plusieurs animaux.
Le virus est prรฉsent dans la salive et les jetages nasaux des porcs infectรฉs. Lโinfection se fait ร travers une plaie cutanรฉe (notamment de morsure) ou la membrane des muqueuses. La transmission est en gรฉnรฉral directe mais peut รชtre indirecte via les aรฉrosols car le virus peut se dรฉplacer sur des distances de 2 ร 9 km voire mรชme supposรฉment sur des distances allant jusquโร 40 km (CALLAN et VAN METRE, 2004).
Examens complรฉmentaires
Sur lโanimal vivant, les รฉchantillons consistent en des รฉcoulements nasaux prรฉlevรฉs par รฉcouvillonage. Ce prรฉlรจvement doit รชtre effectuรฉ dรจs les premiers signes cliniques, puis รชtre placรฉ immรฉdiatement en milieu de transport et expรฉdiรฉ au laboratoire sous couvert du froid (2 ร 8ยฐC) dans les 24 heures. Il est possible de faire aussi un lavage trachรฉobronchique. Lors de forme vรฉnรฉrienne, il faut prรฉlever les รฉcoulements vaginaux ou le sperme des taureaux. Sur lโanimal mort, un fragment de chaque organe lรฉsรฉ doit รชtre prรฉlevรฉ dans les 3 heures suivant la mort, ainsi que les organes et tissus lymphoรฏdes suivants : foie, rate, noeuds lymphatiques rรฉtropharyngiens et sous mandibulaires. Lors dโencรฉphalite, les prรฉlรจvements sont effectuรฉs au niveau du cerveau. En cas dโavortements, les cotylรฉdons placentaires sont prรฉlevรฉs.
Avec ces prรฉlรจvements, il sโagit de faire un isolement et une identification du virus, suite ร lโensemencement de cultures cellulaires (GARIN, 1996) Il est possible aussi de rรฉaliser un diagnostic indirect grรขce ร une prise de sang de 5 ou 10 mL rรฉalisรฉe sur un tube anticoagulant. Diffรฉrentes techniques peuvent alors รชtre utilisรฉes telles que la sรฉroneutralisation, la fixation du complรฉment, lโimmunofluorescence directe, lโhรฉmagglutination passive. La technique ELISA peut รชtre faite sur des mรฉlanges de sรฉrum ou sur le lait (individuel ou mรฉlange) (GARIN, 1996)..
Lรฉsions
A lโexamen externe, un gonflement important et rapide du cadavre est visible mais nโest pas pathognomonique dโune entรฉrotoxรฉmie. Il est en effet trรจs frรฉquent de retrouver ce ballonnement lors de cas de mortalitรฉ brutale (MANTECA, 2007). A lโouverture du cadavre, la putrรฉfaction du cadavre est prรฉcoce et intense car les Clostridies ont dรฉjร envahi lโorganisme (voir figure 2). Cependant, pour bien distinguer la putrรฉfaction prรฉcoce de la putrรฉfaction normale du cadavre il convient de rรฉaliser une autopsie du cadavre le plus tรดt possible aprรจs la mort de lโanimal. Ce phรฉnomรจne de putrรฉfaction et dโautolyse prรฉcoce est gรฉnรฉralisรฉ et retrouvรฉ sur plusieurs organes. Une dรฉgรฉnรฉrescence du parenchyme hรฉpatique (figure 3) est souvent observรฉe ainsi quโune histolyse prรฉcoce du tissu rรฉnal (MANTECA, 2007). Les reins sont alors mous et fluctuants (figure 4). A lโouverture de la capsule, une bouillie rouge noirรขtre est observรฉe : le rein est dit ยซ pulpeux ยป (ASSIE et al; 2006).
Quelquefois, seule la corticale est congestionnรฉe et ramollie. En pรฉriode nรฉonatale, les lรฉsions macroscopiques les plus rencontrรฉes sont essentiellement des lรฉsions intestinales de nature congestivo-hรฉmorragique et parfois nรฉcrotique (voir figure 5 et 6). Le tube digestif, de la caillette au rectum, est trรจs congestionnรฉ et son contenu est hรฉmorragique. Cela est dโautant plus marquรฉ au niveau du jรฉjunum et de lโilรฉon (ASSIE et al; 2006). La production brutale des Clostridies provoque une abrasion du sommet des villositรฉs provoquant une hรฉmorragie. Les noeuds lymphatiques mรฉsentรฉriques sont toujours trรจs rรฉactionnels, hypertrophiรฉs et hรฉmorragiques. Des pรฉtรฉchies et des suffusions sur les sรฉreuses (pรฉritoine, pรฉricarde et endocarde) et sur la plupart des organes peuvent รชtre observรฉes. Il peut aussi y avoir des รฉpanchements sรฉreux et parfois hรฉmorragiques dans les cavitรฉs abdominales, thoraciques et pรฉricardiques (ASSIE et al; 2006).
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Table des matiรจres
Liste des figures
Liste des tableaux
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE LES PRINCIPALES CAUSES DES MORTS SUBITES CHEZ LES RUMINANTS
I Causes infectieuses
A Virus
Rage
Maladie dโAujeszky
Coryza gangrรฉneux
Rhinotrachรฉite infectieuse bovine
B Bactรฉries
Entรฉrotoxรฉmies
a Entรฉrotoxรฉmie en รฉlevage bovin
b Entรฉrotoxรฉmie en รฉlevage ovin
Hรฉmoglobinurie bacillaire
Charbon symptomatique (Blackleg) ou oedรจme malin
Hรฉpatite nรฉcrosante
Botulisme
Charbon bactรฉridien
Mรฉningo-encรฉphalite infectieuse thrombo-embolique
Leptospirose
Salmonellose
Mammites colibacillaires
Listรฉriose (forme septicรฉmique)
II Causes parasitaires
A Dictyocaulose
B Autres causes parasitaires
III Causes mรฉtaboliques
A Tรฉtanie hypomagnรฉsiรฉmique
B Myopathie dโorigine nutritionnelle
C Nรฉcrose du cortex cรฉrรฉbral
D Acidose lactique du rumen
IV Causes chimiques
A Intoxications par des produits chimiques
Intoxication par des dรฉchets industriels
a Plomb
b Arsenic
Intoxication par des gaz : sulfure dโhydrogรจne
Intoxication par des engrais
a Azote non protรฉique
b Nitrates/nitrites
Intoxication par les herbicides : chlorate de sodium
Intoxication par les nuisibles
a Strychnine
b Mรฉtaldรฉhyde
Intoxication par les mรฉdicaments
a Organochlorรฉs
b Organophosphorรฉs
c Carbamates
d Accidents allergiques dโorigine mรฉdicamenteuse
B Intoxication par les plantes
Plantes cyanogรฉnรฉtiques
If (Taxus Baccata)
Galรฉga (Galega officinalis)
Oenanthe safranรฉe (Oenanthe crocata)
Vรฉratre (Veratrum album)
Colchique (Colchicum automnale)
Laurier rose (Nerium oleander)
V Causes physiques
A Mรฉtรฉorisations gazeuse et spumeuse
B Ulcรจre de la caillette
C Rรฉticulo-pรฉricardite traumatique
D Foudroiement
E Electrocution
VI Causes diverses
A Syndrome de dรฉtresse respiratoire aiguรซ
B Affections intestinales : torsion, volvulus ou dilatation dโorganes digestifs
C Affections cardiaques
Atteinte du myocarde
a Blackleg myocardique
b Autres atteintes du myocarde
Atteinte de lโendocarde
Malformations congรฉnitales
D Hรฉmorragie ร point de dรฉpart gรฉnital
DEUXIEME PARTIE DEMARCHE DIAGNOSTIQUE : CONDUITE A TENIR FACE A UN RUMINANT MORT
I Evaluer les circonstances dโapparition
A Epidรฉmiologie analytique
B Les animaux concernรฉs
Race, mode dโรฉlevage
Age et facteurs individuels
C Cas isolรฉ ou pseudo-enzootique
Cas isolรฉ
Cas multiples
D Environnement de lโanimal et conditions dโรฉlevage
Lieu et circonstance de la mort : pรขture ou stabulation
a Morts subites survenant principalement au pรขturage
b Morts subites survenant principalement en stabulation
Rรฉpartition et รฉvolution dans lโespace des maladies infectieuses
Type dโรฉlevage et insuffisances techniques
Conditions รฉconomiques et sociales
Installations
Traitement phytosanitaire
Interrelations animales
Pollution industrielle
Climat et saisons
Rรฉgions gรฉographiques
E Analyse de la ration alimentaire
Apport en excรจs
Dรฉfaut dโapport
Aliments contaminรฉs
F Points dโapprovisionnement en eau
Nature de lโapprovisionnement
Nature des canalisations et matรฉriaux des abreuvoirs
Prรฉsence dโindustries ou de productions industrielles en amont
G Changement dans la conduite dโรฉlevage
Changement dโalimentation
Introduction de bovins sur de nouvelles pรขtures
Mise en oeuvre de traitements ou de vaccinations
II Evaluer les lรฉsions
A Examen du cadavre et de son environnement
Disposition du cadavre
Traces รฉventuelles dโagonie
Traces de dรฉplacement des cadavres
Traces dโรฉcoulement par les orifices naturels
Aspect des muqueuses
Degrรฉ de distension abdominale
B Nรฉcessitรฉ de pratiquer une autopsie
Appareil digestif
a Rumen
b Caillette
c Intestins
d Autres
Affections cardiaques
a Endocarde
b Myocarde
c Pรฉricarde
Mammites
Appareil gรฉnital
Appareil respiratoire
Systรจme nerveux
Appareil cutanรฉo-musculaire
Syndromes ictรฉro-hรฉmoglobinuriques
C Absence de lรฉsions spรฉcifiques
Troubles mรฉtaboliques
Intoxications
Causes physiques
Lรฉsions nerveuses centrales
III Effectuer des prรฉlรจvements
A Bactรฉriologie
Mรฉthodes de prรฉlรจvement
Dans quels cas faire une analyse bactรฉriologique
Un exemple : diagnostic bactรฉriologique des entรฉrotoxรฉmies
B Histologie
Mรฉthodes de prรฉlรจvement
Dans quels cas faire une analyse histologique
C Toxicologie
Choix des prรฉlรจvements
a Sur lโanimal mort
b Sur le terrain
Particularitรฉs en cas dโintoxication vรฉgรฉtale
Prรฉparation et conditionnement des prรฉlรจvements
Moment et voie dโexpรฉdition des prรฉlรจvements
A quel laboratoire sโadresser ?
TROISIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL DES MORTS SUBITES CHEZ LES RUMINANTS
I Virus
II Bactรฉries
III Causes parasitaires
IV Causes mรฉtaboliques
V Intoxications
VI Causes physiques
VII Autres causes
QUATRIEME PARTIE : ASPECT JURIDIQUE
I Le rรดle du vรฉtรฉrinaire expert
A Rapport dโexpertise judiciare
B Rapport dโexpertise ร lโamiable
II Assurances et aspects lรฉgislatifs
A Rรดles des assurances
B Exemple de lโexpertise du foudroiement
Expertise
Estimation de lโanimal
C Aspects lรฉgislatifs sur le devenir des cadavres
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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