LES PRINCIPALES AFFECTIONS RESPIRATOIRES DES OVINS
Symptômes et lésions
On distingue plusieurs formes dans la pneumonie enzootique (PONCELET, 1997) :
– La forme suraiguë septicémique : Elle se traduit par des morts subites asymptomatiques ou parfois accompagnées d’un jetage spumeux sanguinolent colorant le chanfrein, d’une forte douleur thoracique. Elle atteint principalement les jeunes animaux à la mamelle (âgés de moins de 2 à 3 mois), mais aussi et plus rarement les adultes. À l’autopsie, une très forte congestion pulmonaire est observée, accompagnée de pétéchies et de suffusions sur les séreuses et le myocarde. Les lésions d’hépatisation pulmonaire ne sont pas toujours présentes.
– Les formes aiguë, subaiguë et chronique : Elles touchent des animaux plus âgés et associent abattement, hyperthermie (41°C), polypnée, dyspnée, larmoiement et jetage mucopurulent. À l’auscultation, qui n’est pas toujours évidente à réaliser, on retrouve des râles bronchiques humides en région antéro-ventrale. L’évolution clinique est variable : l’animal peut mourir en quelques heures, voire en deux à trois jours. Certains moutons, mal ou trop tardivement soignés, passent au stade chronique et constituent une population de non-valeurs économiques. À l’autopsie, les lésions pulmonaires dominent avec une hépatisation envahissante des lobes apicaux. Le test de flottaison est positif. Les lésions typiques sont des lésions de pneumonie broncho-alvéolaire fibrineuse ou fibrino-hémorragique avec la présence de foyers de nécrose rouge sombre, à contours irréguliers, limités par un liseré blanchâtre. Les noeuds lymphatiques médiastinaux sont hypertrophiés. Des formes exceptionnelles associées à des pasteurelles ont pu être observées telles que des encéphalites, méningites, arthrites, gastroentérites.
Diagnostic
Les éléments essentiels à prendre en compte sont l’épidémiologie, la clinique et l’autopsie. La mise en évidence de M. haemolytica à partir d’écouvillonnage nasal n’a aucune signification diagnostique puisque la bactérie est présente dans les cavités nasales d’animaux sains (DOUART, 2002). La technique à privilégier est l’aspiration transtrachéale ou encore le lavage broncho-alvéolaire. Une fois la bactérie isolée, il est intéressant, dans un contexte de pathologie collective, d’établir un antibiogramme pour le traitement à suivre. La petite taille des ovins et leur faible valeur individuelle permet un accès plus facile à l’autopsie, à la différence des bovins. Sacrifier un ou plusieurs animaux malades peut nous renseigner sur l’état clinique du troupeau et aider au diagnostic. L’autopsie, riche de renseignements, est parfois le seul moyen disponible pour un diagnostic précis, un prélèvement pour une analyse bactériologique et pour la réalisation d’un antibiogramme. Les prélèvements à réaliser sur l’animal mort sont : le poumon lors d’atteinte respiratoire, le poumon, le foie, la rate lors de forme septicémique. Ils doivent être entrepris sur des animaux n’ayant pas bénéficié d’une thérapie anti-infectieuse. Le diagnostic différentiel des pasteurelloses est vaste, il convient de différencier les formes évoquées dans les paragraphes précédents. Le tableau 3 établit le diagnostic différentiel de la pneumonie enzootique en fonction de la forme constatée (PONCELET, 1997).
Vaccination et prophylaxie
La prévention des pneumonies infectieuses doit s’inscrire dans une démarche globale de conduite d’élevage, en associant des mesures de maîtrise des paramètres d’ambiance et de stress qui s’avèrent être des facteurs favorisant l’émergence des pasteurelloses à des mesures médicales. Ces mesures seront détaillées dans la troisième partie. Nous abordons ici la vaccination contre les pasteurelloses. La vaccination contre les pasteurelloses est possible, les vaccins ovins couvrant le plus de sérotypes spécifiques sont à privilégier. En effet, certains vaccins utilisables chez les bovins possèdent l’indication « petits ruminants », mais leur activité est limitée : ils réduisent la mortalité chez les agneaux, mais n’empêchent pas l’apparition des formes respiratoires (DOUART, 2002). Le vaccin ayant récemment eu une autorisation de mise sur le marché (AMM) ovine est l’OvilisPastovax, commercialisé par MSD Santé Animale. Sa composition est adaptée à la grande diversité des pasteurelles ovines isolées. Le vaccin s’administre à la dose de 2 mL par voie sous-cutanée au niveau de la face latérale du cou. Le protocole de vaccination est indiqué dans le tableau 4 (CASAMITJANA, 2000).
Diagnostic
Le diagnostic est basé sur l’épidémiologie (animaux de moins d’un an) et les signes cliniques. La recherche de Mycoplasma ovipneumoniae et des pasteurelles est réalisée uniquement à partir de lésions pulmonaires ou d’un lavage trachéobronchique. Il nécessite une mise en culture immédiate dans des milieux classiques et spécifiques, à condition que les animaux n’aient pas reçu de traitement antibiotique. Les milieux utilisés pour la recherche des mycoplasmes étant différents de ceux des pasteurelles, il est nécessaire d’indiquer cette recherche au laboratoire. À l’autopsie ou à l’abattoir, les lésions caractéristiques permettent de conclure sur le diagnostic : les lobes pulmonaires antérieurs présentent une hépatisation grise à rouge brunâtre. Une pleurésie peut également être notée. Un examen histologique confirme l’infection myc plasmique grâce à l’observation de manchons de cellules lymphoïdes qui entourent les voies respiratoires et les vaisseaux. De même que pour la pneumonie enzootique, la réalisation d’un écouvillonnage nasal n’a aucune signification (portage fréquent des mycoplasmes et des pasteurelles dans les cavités nasales).
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Table des matières
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
INTRODUCTION
LES PRINCIPALES AFFECTIONS RESPIRATOIRES DES OVINS
LES AFFECTIONS BACTERIENNES
Les pasteurelloses et la pneumonie enzootique
1.1. Étiologie
1.2. Caractéristiques épidémiologiques
1.3. Symptômes et lésions
1.4. Diagnostic
2.La pneumonie atypique ou pneumonie non progressive
2.1. Étiologie
2.2. Caractéristiques épidémiologiques
2.3. Symptômes
3.Les infections à mycoplasmes
3.1. Présentation des mycoplasmes
3.2. Le syndrome agalactie contagieuse
3.3. Les autres mycoplasmoses pulmonaires
4.La lymphadénite caséeuse ou maladie des abcès
4.1. Étiologie
4.2. Caractéristiques épidémiologiques
4.3. Symptômes
4.4. Lésions
4.5. Diagnostic
LES AFFECTIONS VIRALES
1.Le maedi ou pneumonie progressive
1.1. Étiologie
1.2. Caractéristiques épidémiologiques
1.3. Symptômes
1.4. Lésions
1.5. Pathogénie
1.6. Diagnostic
1.7. Traitement et prophylaxie
1.8. Programme de certification
2.L’adénomatose pulmonaire
2.1. Étiologie
2.2. Caractéristiques épidémiologiques
2.3. Symptômes et évolution
2.4. Pathogénie
2.5. Lésions
2.6. Diagnostic
2.7. Prophylaxie
3.L’adénocarcinome de la pituitaire ou cancer des sinus
3.1. Étiologie
3.2. Caractéristiques épidémiologiques
3.3. Symptômes et évolution
3.4. Lésions
3.5. Diagnostic
4.Le virus parainfluenza-3 ovin
4.1. Étiologie
4.2. Caractéristiques épidémiologiques
4.3. Symptômes
4.4. Pathogénie
4.5. Lésions
4.6. Diagnostic
4.7. Traitement
Le virus respiratoire syncytial
Les adénovirusL’ecthyma contagieux
La fièvre catarrhale ovine
LES AFFECTIONS PARASITAIRES
1.L’oestrose
1.1. Étiologie
1.2. Caractéristiques épidémiologiques
1.3. Symptômes
1.4. Lésions
1.5. Pathogénie
2.La dictyocaulose
2.1. Étiologie
2.2. Caractéristiques épidémiologiques
2.2.1. Animaux sensibles
2.3. Situation épidémiologique et facteurs favorisants
2.4. Symptômes et lésions
3.Les protostrongyloses
3.1. Étiologie
3.2. Caractéristiques épidémiologiques
3.4. Diagnostic
LES AUTRES TYPES D’AFFECTIONS
La rhinite et/ou sinusite infectieuse enzootique
La pharyngite et la laryngite
Le S.O.N.O
BILAN : LES PRINCIPALES AFFECTIONS RESPIRATOIRES DES OVINS EN FONCTION DES CLASSES D’AGE.
DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
ANAMNESE
Identification et recueil des commémoratifs
Examen clinique
HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES ET DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
1.Dans l’élevage, au chevet du malade
1.1. Écouvillonnage nasal
1.2. Aspiration transtrachéale
1.3. Thoracocentèse
1.4. Biopsie
2.Au cabinet vétérinaire
2.1. Imagerie médicale : pertinence de la radiographie et de l’échographie
2.2. Autres examens
3.Examens de laboratoire
3.1. Examen cytologique
3.2. Examen bactériologique
3.3. Examen histologique
L’AUTOPSIE
Description de la technique d’autopsieInterprétation des lésions
Intérêt de l’autopsie
DEMARCHE THERAPEUTIQUE ET CONDUITE A TENIR
APPROCHE THERAPEUTIQUE ET CURATIVE IMMEDIATE
Principales molécules anti-infectieuses disponibles en première intention
Association d’anti-inflammatoires
Conduite du traitement et limites
PHASE RETROSPECTIVE DE DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
Importance de cette étapeL’examen sérologique souvent d’un intérêt médiocre
Techniques d’identification directe des agents pathogènes à privilégier
PHASE PROSPECTIVE DE PREVENTION ET DE PRISE EN COMPTE DES FACTEURS DE RISQUE
1.Appréciation du risque bâtiment
1.1. Appréciation de l’ambiance climatique
1.2. Caractéristiques techniques de la bergerie en rapport avec l’ambiance climatique
1.3. Conduite d’élevage à risques
1.4. Méthodes d’appréciation de l’ambiance du bâtiment et interprétation
2.Prophylaxie vaccinale et médicale
2.1. Vaccination
2.2. Prophylaxie médicale
2.3. Conclusion : conduite à tenir
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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